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3,72

sur 1049 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Au nom du père, au nom des pauvres. « Qui a tué mon père », remarquez l'absence de point d'interrogation, est une prière marxiste, un “Notre Pére” laïque et une déclaration d'amour d'un fils à son père.

C'est aussi un livre politique radical, Edouard Louis prend la parole et la donne au gens de peu, aux déclassés.

Car ce qui frappe chez Louis, c'est à quel point il réussit à mettre des mots et des noms sur l'injustice qui frappe des hommes et des femmes invisibles, des êtres humains complètement oubliés par la classe dominante.

Le romancier Édouard Louis (2016)


"Le mois dernier, je suis venu te voir dans lapetite ville du Nord où tu habites maintenant.
C'est une ville laide et grise. La mer est à quelques kilomètres à peine mais tu n'y vas jamais. Je ne
t'avais pas vu depuis plusieurs mois – c'était i ly a longtemps. Au moment où tu m'as ouvert la
porte je ne t'ai pas reconnu."

Pas de gras, pas de superflu dans ce texte, Edouard Louis, à corps, à coeur et à cri, devient la voix de son père. C'est l'histoire d'un fils et d'un père qui n'ont plus honte de se regarder.

C'est un véritable pamphlet sur ce monde libéral qui broie les individus...

Un vrai texte touchant et fort sur le quart-monde oublié. On pense parfois à la démarche de J.D Vance et son roman”Hillbilly élégie” bien sur avec le coté rentre dedans de cet Edouard Louis.

"Le matin de mon anniversaire, j'ai trouvé au pied du lit un grand coffret blanc, avec écrit dessus en lettres d'or : Titanic. À l'intérieur il y avait la cassette, mais aussi un album photo sur le film, peut-être une figurine du paquebot. C'était un coffret de collection, sûrement trop cher pour toi, et donc pour nous, mais tu l'avais acheté et déposé près de mon lit, enveloppé dans une feuille de papier. Je t'ai embrassé sur la joue et tu n'as rien dit, tu m'as laissé regarder ce film près d'une dizaine de fois par semaine pendant plus d'un an."

Quatre-vingt pages fulgurantes et nécessaires.

Ne m'en voulez pas , je n'en dirais pas plus plus car , à tout expliquer, on en enlève un peu de la force de la découverte de ce texte ô combien poignant.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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L'auteur, dans ce court récit autobiographique bouleversant décortique, explore le psychisme de son pére : " Pendant toute mon enfance, p. 15, j'ai espéré ton absence " .
Il n'a appris ,à connaître son géniteur ___ écrit- il "____ Que par accident ou " Par les autres ", il exprime cette douleur avec force et l'a redécouvert méconnaissable à 50 ans , le corps ravagé par un accident de travail qui lui avait tué le dos il y a des années déjà, à l'usine....
Le romancier devient alors la voix de son pére.
Le propos s'élargit presque à chaque page, à une large réflexion , plutôt , à mon sens , un Pamphlet Politique sur la vie de la cité , l'authenticité et la vérité de notre démocratie ....
Comment traite - t- on ces misérables qu'incarne si bien son pére , tous ceux que les gouvernants nomment souvent " les assistés " : handicapés, au chômage , malades ou accidentés ?
Les laissés - pour compte ?
Ce sont les victimes impuissantes de l'injustice , selon l'auteur , de cette société libérale qui exclut indifféremment de loi en loi et étouffe , broie les plus fragiles ......

" Pour les dominants , le plus souvent la politique est une question esthétique , une manière de se penser, une manière de voir le monde, de construire sa personne . Pour nous c'était vivre ou mourir ....."
Édouard Louis décode à sa maniére la relation de conflit avec son paternel via les cruautés d'un modèle fou : ce pére méconnu et mal aimé qui nous fait toucher la violence de notre société à travers un déterminisme social cruel générant le malentendu entre les hommes et les tragédies qu'il peut provoquer ....
Cet ouvrage conte aussi et ____c'est pour moi le plus important____ le retour vers le pére, l'histoire lente et longue d'un pardon, d'une réconciliation, d'une tendresse reconquise , d'une ouverture , d'une reconnaissance , l'histoire d'un pére et d'un fils qui n' ont plus honte maintenant de se regarder . Un pére qui l'avait " renié " pour son manque " de masculinité "...un pére qu'il magnifie désormais par l'écriture ...
Entre non - dits et souvenirs touchants ce récit est un long cri contre l'injustice , un pamphlet virulent , cru, d'un fils qui accuse exprimant une violence sociale qui touche et interpelle , mêlant pauvreté et politique .( Etait - ce utile de citer des noms à la fin de l'ouvrage ? )
Je peux me tromper mais c'est gênant pour le lecteur .....



" L'histoire de ton corps accuse l'histoire politique ".
Son pére à une existence négative: " Tu n'as pas eu d'argent , tu n'as pas pu étudier , tu n'as pas pu voyager, tu n'as pas pu réaliser tes rêves . Il n'y a dans le langage presque que des négations pour exprimer la vie .."
J'ai lu et écrit un commentaire à propos de " En finir avec Eddy Bellegueule " , je n'ai pas encore lu " Histoire de la violence " .
Pas facile d'écrire à propos de ce petit livre...ce n'est que mon avis bien sûr .





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Eh bien moi cela me rassure qu'une jeunesse ne bêle pas à tout comme des moutons. Parce qu'il faut dire que depuis Balavoine, Coluche, peu d'artiste et écrivain en ont pour dire tout haut aux politiques ce que la plupart pense. Les non-dits et différents entre un fils et un père qui se meurt. Un livre court et autobiographique qui amène peu à peu pourquoi et à cause de qui son père est devenu ainsi, après un accident de travail. Les dernières pages ont une force coup de poing.
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Intimiste, incisif, percutant. Chaque mot est sélectionné avec acuité et la parcimonie, qui est de règle dans ce récit, ouvre paradoxalement sur une abondance de sentiments complexes. Ce roman est un véritable réquisitoire qui fait la suture d'une société abîmée, pourfendue et sous l'égide d'un déterminisme social dévastateur. Au demeurant, si Sartre déclarait que « L'homme qui se croit déterminé se masque sa responsabilité », Édouard Louis expose, notamment par le caractère affirmatif et non interrogatif du titre de son ouvrage, les griefs d'un monde libéral participant à, sinon la dépossession, la démolition des corps qu'il gouverne. Par ailleurs, l'auteur parvient brillamment à happer le·la lecteur·rice dans les différentes séquences du livre qui éprouvera à son tour la violence des non-dits. Ce pamphlet est un fer qui vient cautériser les plaies familiales, c'est l'histoire d'une restauration, vibrante d'amour pour un père dont l'auteur tente de rétablir l'identité et de réanimer un coeur rompu par les griffes sociétaires. La fin, surprenante et criante, est à couper le souffle.
Lien : https://eprisedeparoles.word..
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C'est le second récit d'Edouard Louis auquel je me confronte, et le moins qu'on puisse dire c'est qu'on ne sort pas de cette lecture indifférent.

Une fois de plus, Qui a tué mon père s'intéresse aux gueux de notre époque, ceux qui sont "tenu à l'écart du monde" comme il le dit. Des gens qui hurlent plutôt que de parler, des êtres frustrés et en colère de vivre et qui se vengent en étant plus agressifs, blessants et surtout pas instruits car ce n'est pas leur monde.
L'histoire de famille d'Edouard Louis, c'est une histoire marquée par les addictions et la violence (physique ou verbale) et les départs des hommes qui étouffent et se sentent trop à l'étroit dans cette vie - en cela, Edouard Louis a bien perpétué une forme de tradition familiale. L'histoire de cette famille, c'est aussi l'histoire d'une lutte constante pour échapper à ce qu'on est et à ce qui nous est prédestiné : l'échec et la pauvreté. Un combat souvent perdu d'avance tant les déterminismes et le conformisme au groupe (ni raté ni pédé) sont forts. Et après ce combat où à cause des coups de la vie et les coups des politiciens déconnectés de cette réalité, souvent on y laisse sa peau, et le peu de santé qui reste n'est que pitoyable survie.

C'est le récit de vies gâchées où tout se résume à ne pas perdre la face car c'est tout ce qu'on a. Des vies gouvernées par la honte : la honte d'être pauvre, la honte d'être efféminé, la honte d'être un raté, la honte d'avoir un délinquant dans la famille qu'on ne contrôle pas, la honte d'aimer, la honte d'être un fainéant. La honte d'être né là et de ne pas pouvoir s'en extraire au risque d'être seul et éternel étranger dans un endroit, un milieu qu'il faudra s'approprier.

C'est un récit très court qu'on lit d'une traite, et heureusement qu'il n'est pas plus long.
Socialement et émotionnellement, c'est très dur. le jeune auteur n'hésite pas à nommer toutes les réformes des gouvernements de bobos parisiens qui ont conduit son père à devenir une épave parmi les épaves. Et on reconnaît toute l'intelligence et la finesse d'analyse qu'il y avait dans En finir avec Eddy Bellegueule.
D'un point de vue littéraire, on pourrait se dire que c'est un conte moderne sur la famille et les enfants qui pour grandir reproduisent ce que nous sommes ou nous échappent. Et depuis ce milieu, ce n'est pas synonyme d'insouciance - contrairement aux milieux plus bourgeois où manger sain et à sa faim est une évidence, tout comme se cultiver, voyager et être accepté et respecté.

C'est un récit militant qui vaut tous les discours sur la précarité et les inégalités sociales. Et maintenant je pense que j'emprunterai le récit sur sa mère, qui est dépeinte ici comme le rempart à la fureur masculine.
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J'aime beaucoup ce qu'écrit Édouard Louis et je ne comprends pas les critiques que j'ai entendues sur "Qui a tué mon père" (au Masque et la plume sur France Inter notamment) parce qu'il ne dit pas la même chose que dans son premier roman autobiographique "En finir avec Eddy Bellegueule" où le portrait de son père était beaucoup plus négatif. C'est ça la littérature, cela veut dire qu'il y a forcément une part de fiction, un angle variable sous lequel on peut voir les autres, et tant mieux.
Bref, j'ai apprécié ce livre court qui est une commande de Stanislas Norday pour le théâtre. Pourtant ce n'est pas vraiment une pièce mais plutôt un monologue en trois actes, un fils qui parle de son père. Il a peu de souvenirs avec lui et se rend compte qu'il ne sait rien de sa vie. Quand il renoue après plusieurs années sans le voir, il est sous le choc de voir son corps meurtri, usé par un travail harassant alors qu'il n'a qu'une cinquantaine d'années.
Il en fait un sujet universel sur l'oppression et le mépris des plus modestes par ceux qui ont le pouvoir. Il nomme des responsables politiques français et dénonce leurs décisions qui "broient le dos" de son père. Cela n'a pas plu notamment à Martin Hirsch qui a écrit un livre pour lui répondre.
Moi je partage les accusations d'Édouard Louis sur la destruction sociale des corps les plus vulnérables.


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Court pamphlet sur la société actuelle d'Edouard Louis en croisant décisions politiques et leur impact sur son père.
C'est sans doute cette partie (la dernière) qui est la plus percutante : les effets d'une décision politique sur le père de l'auteur. C'est très violent. Mais trop court.
La plus longue partie (au début) ressemble plus à un résumé d'En finir avec Eddy Bellegueule.
Donc oui pourquoi pas, mais sans plus. Comme d'habitude avec l'auteur néanmoins, de très jolies formules au service du fond.
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Après avoir lu En finir avec Eddy Bellegueule, j'étais curieuse de découvrir son deuxième roman Qui a tué mon père.
Il me semble que c'est plus un roman autobiographique voire un essai autobiographique et politique, presque un pamphlet. Édouard Louis raconte l'histoire de son père, sa trajectoire et comment il en est prisonnier. Ce n'est pas le premier livre sur le thème du père néanmoins sa vision du monde est particulière, très engagée et intéressante. Je trouve sa démarche courageuse et humaine. Il n'est pas comme tout le monde, son point de vue diverge, il dérange car il est passé d'un monde à l'autre. Il donne la parole à ceux qui ne savent pas s'exprimer et que nous n'entendons pas. Oui la misère existe encore en France de nos jours, elle a un autre visage c'est tout.
Ce roman/essai a le mérite de parler d'une réalité méconnue et qu'on ne veut pas voir, son angle politique fait réfléchir sur la société et le rôle de chacun.
C'est une lecture dérangeante, percutante que j'encourage à découvrir. le livre est très court et se lit facilement.
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Pas de point d'interrogation pour ponctuer ce titre car il ne s'agit pas d'une question mais d'une réponse sous la forme d'un pamphlet contre les politiciens français de tous bords pratiquant tous une politique néo-libérale : Emmanuel Valls, Myriam El-Khomri, François Hollande, Nicolas Sarkozy, Emmanuel Macron. Tous sont les coupables désignés par le titre. Dans le texte, l'auteur s'adresse à son père « « Tu appartiens à cette catégorie d'humains à qui la politique réserve une mort précoce. »
Mais ce n'est pas qu'un pamphlet. L'oeuvre débute par le retour de l'auteur chez son père et le choc du premier regard : il ne reconnait plus son père tant il est brisé, à bout de souffle, presque grabataire. L'auteur entreprend alors dans un long monologue adressé à ce père méconnaissable, de rassembler les souvenirs qui les unissent et qui les ont séparés aussi : « Pendant toute mon enfance j'ai espéré ton absence. Je rentrais de l'école en fin d'après-midi, aux alentours de cinq heures. Je savais qu'au moment où je m'approchais de chez nous, si ta voiture n'était pas garée devant notre maison, cela voulait dire que tu étais parti au café ou chez ton frère et que tu rentrerais tard, peut-être au début de la nuit. Si je ne voyais pas ta voiture sur le trottoir devant la maison je savais qu'on mangerait sans toi, que ma mère finirait par hausser les épaules et nous servir le repas et que je ne te verrais pas avant le lendemain. Tous les jours, quand je m'approchais de notre rue, je pensais à ta voiture et je priais dans ma tête : faites qu'elle ne soit pas là, faites qu'elle ne soit pas là, faites qu'elle ne soit pas là ».
En 2001, le malaise du père voyant son fils danser devant ses collègues, un autre soir où l'auteur encore enfant avait trouvé une photo de son père déguisé en majorette alors que depuis toujours, il disait qu'« un homme ne doit jamais se comporter comme une femme » C'est que ce père avait quitté l'école de bonne heure pour aller travailler à l'usine, signe de masculinité à son époque. La pauvreté, le corps brisé, peut être même l'alcoolisme sont les résultats de ce sacrifice à la masculinité. Or ce père est lui-même le fils d'un père alcoolique et pauvre. le déterminisme social est implacable ! Et les souvenirs s'égrènent ainsi au gré de leur apparition, sans linéarité chronologique. Ils disent le malentendu entre père et fils et aussi l'amour qui les unissait sans s'exprimer vraiment.

Lien : http://www.lirelire.net/2019..
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Dans ce court récit, Edouard Louis évoque la vie de son père avec beaucoup de délicatesse. C'est l'histoire d'un homme raciste et homophobe, d'un alcoolique incapable d'exprimer ses sentiments et dont les colères souvent matamoresques feraient rire si on ne pleurait pas déjà. Mais pas uniquement. A travers une peinture fine des déterminismes de classe, des échecs qui ne touchent que les pauvres, des espoirs contrariés, l'auteur finit par rendre attachant un personnage que tout concourt à nous faire détester. C'est un bel exercice de style, un improbable cri d'amour. le genre de livre à lire pour résister à ceux qui se gaussent des "sans dents" ou pensent qu'il suffit de traverser la rue pour trouver un emploi.
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