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3,7

sur 565 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Qu'ajouter sur ce livre après les critiques magnifiques de tant de mes amis.
Un roman envoutant qui décrit une journée hors du temps sur ce cargo qui rejoint les Antilles, que cette commandante mène d'une main de fer pour assurer son autorité de femme dans ce monde d'hommes. Et pourtant elle a dit d'accord à cette proposition de baignade.
Et, la journée commence donc par un arrêt au milieu de l'océan, pour une plongée au coeur de l'océan pour ces hommes. Ils vont nager nus dans l'eau, cet élément fondateur :
" Ils naissent adultes et de leur plein gré, les pieds en avant, les bras le long du corps, et dans la gorge un chant retenu, un chant débutant. "

Un moment hors du temps, hors des règles, hors du carcan des habitudes. un moment euphorisant mais aussi très vite inquiétant :
"Mais, pour d'aucuns, c'est trop tard : ils ont eu la pensée nette des kilomètres sous leurs pieds, et ce qu'ils ne s'attendaient pas à rencontrer ici, le vertige, est arrivé. Plus de différence entre les corps suspendus au-dessus des ponts et de tous les parapets, les corps en montagne qui escaladent cherchant le vide, et leur corps à eux, ici et maintenant, leur corps d'innocente baignade. Plus de différence entre les étages angoissants du suicide et la nage prudente autour du canot. L'idée s'est ouverte sous leurs pieds, et dans leur ventre, un déchirement."

Et la suite de la journée bascule : une personne de plus sur le bateau, un banc de brume inexpliqué, les moteurs qui ralentissent sans que l'équipage ne puisse détecter de panne. L'atmosphère devient étrange et cette femme plonge aussi, non dans l'océan mais dans l'irréalité, dans le ventre du bateau, dans le coeur de celui-ci qu'elle entend battre, dans ses souvenirs, dans cette peine jamais exprimée de la mort de son père.

Je me suis laissée bercée par cette fable, cette écriture poétique, cette journée entre rêve et réalité.

Merci à Chrystèle, Bernard, Onee, Sandrine, Yves et tous les autres qui par leurs mots m'ont donné envie de découvrir ce livre
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« Dans le geste connu, le geste de travail, dans le geste refait chaque jour, un espace s'est glissé. Un tout petit espace blanc inexistant jusqu'alors, une seconde suspendue. Et dans la seconde suspendue, la seconde imprécise, toute la suite de la vie s'est engouffrée, a pris ses aises, a déroulé ses conséquences. »
Ode à cette seconde suspendue, à ce temps qui s'arrête, au moment où une pause devient faille. Une commandante de bord autorise une baignade à ses marins au milieu de l'océan et l'étrange survient.
Un roman d'atmosphère, mystérieux, aussi brumeux que l'épaisse nasse entourant le navire. Un texte poétique, inattendu et apaisant.
Sur la mer comme dans la vie (et en littérature), parfois, il faut seulement se laisser porter 😉
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Elle est commandante de cargo. Elle gère une équipe d'hommes et un mastodonte flottant. Elle a fait sa place avec son professionnalisme et sa rigueur. Pas de place pour l'improvisation. Tout est réglé.
Pourtant elle va dire oui à son équipage qui lui demande l'autorisation de s'offrir une baignade dans l'océan.
Oui, coupez les moteurs, allez vous baigner.
Cette parenthèse dans une routine millimétrée va être à l'origine d'un glissement. Des choses étranges vont venir altérer la machine bien huilée.

Ce roman est une ode au pas de côté, au petit grain de sable que l'on s'interdit de glisser dans nos vies, au croche pied que l'on ne se fait jamais. Remise en question de la rigueur que l'on s'inflige, possibilité d'inventer quelque chose de nouveau, acceptation de la perte de contrôle…

« Ultramarins » nous amène dans une douce dérive. A la limite du fantastique, l'autrice réinvente la faille spatio temporelle et l'on rejoint la terre légèrement étourdi par la poésie de l'écriture. Roman d'ambiance envoûtant, récit de l'indicible qui surprend et égare le lecteur pour mieux le retenir dans les mailles de son filet.
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Un moment d'espace-temps suspendu.
Je me suis envolée avec ce livre.
Faut-il toujours tout contrôler...Quel est le risque à se laisser totalement aller, parfois... Se laisser aller au fil des évènements et se dire que leur conclusion sera possiblement tout aussi valable quels que soient nos agissements.
Que les forces qui nous habitent et nous gouvernent naissent des épreuves que l'on a traversées, et qu'elles sont parfois assez puissantes, mêmes refoulées un temps, pour prendre la direction de nos vies. Telle la "petite voix" qui s'impose à la commandante de ce navire de marchandises et la pousse à accepter la proposition de l'un de ses marins de s'offrir une parenthèse, un moment de baignade en haute mer, lui et tous ses collègues.
Elle dit "d'accord" du bout des lèvres, le répète plus fermement. Imaginez-vous au beau milieu de votre journée de boulot faire la proposition, sous forme de boutade, à votre patron, de partir une heure vous dégourdir le corps et l'esprit, accompagné de tous vos collègues. Stop production. Stop rentabilité.
Elle dit oui. Au danger. A la parenthèse. Elle a atteint un degré de professionnalisme qui n'est plus remis en cause, bien qu'elle soit une femme dans un métier masculin, elle maîtrise tout, devance les éventuels problèmes et mue par une étrange confiance, le goût du dépassement, peut-être, elle prend un risque, s'engage dans une voie parallèle à ce que l'on attend de son grade de capitaine. Un besoin de sortir de la routine du travail, de s'offrir, à elle aussi, de quitter le stade mécanique professionnel pour se connecter à l'humanité de cet équipage dont elle partage la vie quelques jours. Un cadeau en quelque sorte fait aux autres et à elle même, en récompense à sa réussite professionnelle, une ouverture à...Bien plus que ce à quoi elle aurait pu s'attendre, tout comme son humble lecteur. Comme si elle avait ainsi ouvert une brèche, une dimension par laquelle la vie s'infiltre et ouvre un univers, dont le sens nous échappe, et qu'il convient de l'accepter ainsi, sans lutter...Suivre le courant simplement.
Parler d'une autre dimension n'a rien d'incongru, ici, et a ferré mon attention, moi qui adore le fantastique :-) Un fil étrange et angoissant, par moments, se tend à partir de cette baignade, où les ressentis exacerbés des marins, de l'exaltation, au vertige, est un moment de lecture très immersif et puissant. La traversée de l'Atlantique par une vieille carcasse de marchandises et son équipage n'aura plus rien de banal à partir de ce moment. L'autrice traite de façon moderne et singulière l'image que l'on a tous des vaisseaux pirates et fantomatiques, sombres et inquiétants, comme possédés par la mer, jouant sur une toile de fond qui nous est familière, mais en redistribuant totalement les cartes.
le mystère va ainsi s'épaissir autour de ce bateau et de sa capitaine. J'ai aimé cette capitaine, j'ai été sensible à son cheminement comme rarement je le suis dans mes lectures. Son désir de s'ouvrir au monde, de décider sans forcément le conscientiser au départ, et ça n'en est que plus réaliste, d'une sorte d'affront et de résilience face à sa propre histoire, m'a bouleversée. Se laisser aller complètement, poser de lourds bagages, pour vivre plus pleinement, ce peut-être le cheminement de toute une vie. Et quand c'est ainsi relaté avec grâce on a même envie que ce soit inspirant. Ah oui, car en plus d'être singulier dans son mélange des genres, ce livre a en plus la qualité d'avoir été écrit avec la poésie et la légèreté d'une belle plume.
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Impression d'après-virus et compte-rendu au travers du prisme des confinements successifs.

Un roman sur les marins, mais pas uniquement ceux qui prennent la mer, non, les marins « qui pour certains n'ont jamais vu la mer, et ne s'appelleraient jamais eux-mêmes de ce nom qu'ils ne connaissent pas. Ils portent quelque chose des disparus alors même qu'on leur parle, qu'on les tire vers la vie pour conjurer l'angoisse, alors même qu'on les touche et leur soutire des promesses», des femmes et des hommes qui, même rivés au sol, sont d'ici sans en être et attendent l'errance, le départ permanent, l'horizon infini.

Un roman sur la haute mer, un lieu où l'on côtoie plus de morts que de vivants, où nous-mêmes nous sommes plongés entre deux eaux, ni tout à fait vivants puisque nous ne sommes plus occupés à construire, si éloignés des préoccupations des vivants, et pourtant pas encore morts puisqu'encore la proie de besoins et de rêves. Rêve de liberté, rêve de marcher dans les fonds abyssaux de l'océan, « exploit plus rare que d'arpenter la lune ».

Un roman où l'eau joue un rôle central, après le très beau « un corps tropical », de Philippe Marczewski. Ici aussi l'histoire se base – en partie du moins – sur un besoin de se libérer des contraintes (les épisodes de confinements ont-ils quelque chose à voir ?), de se sentir flotter en communion avec ce monde si grand. Ou peut-être se situe-t-on ici à l'opposé: une expérience corporelle pour tenter de retrouver le corps maternel, le cocon originel de notre mère. de notre mer.

Ici pointe en plus peut-être ce besoin d'éprouver l'immensité, de se frotter au danger, de défier la mort, une mort physiquement proche, et non pas une mort vue sur les écrans de télévision ou de smartphone, une mort à portée de main presque. Une mort pour peut-être mieux renaitre au monde, « libérés de tout, audacieux, forts, athlètes, heureux, chanceux, élus, endurants, uniques et vivants ».

C'est magnifiquement écrit et j'aurai pu recopier les deux premiers tiers en citations. C'est un roman très tactile (à nouveau, une conséquence des confinements qui nous a tenu éloignés les uns des autres, qui nous a privé de contacts physiques ?), à fleur de peau, peau contre peau. Les hommes « glissent dans l'eau. Pointe de pieds puis corps entier, douleur vive de la fraîcheur et du sel qui brûle, comme s'il était plus cuisant au contact des peaux. Cages thoraciques compressées par l'immense océan : on dirait que la masse énorme, et par endroits grise, ne se laisse pas pénétrer si facilement, il n'y a qu'à voir comment, depuis le départ, elle referme systématiquement l'eau derrière le cargo qui pourtant met toute sa force pour la fendre. On ne la déchire pas comme un tissu, on n'y laisse pas d'empreinte comme dans le sable, ou dans la neige. »

Le souci, c'est que c'est un roman … et donc il faut une intrigue, enfin en général, et selon les standards actuels de l'édition. Alors les trois premiers épisodes, la nage, le surnuméraire et l'avarie, sont sublimes et délicieux à lire mais une fois qu'il y a de l'action, la poésie se barre et fait place aux explications et aux justifications qui rompent le charme hypnotique de l'écriture. le lecteur sort de sa rêverie et revient penaud dans la réalité. Dans le genre, Philippe Marczewski avait beaucoup mieux négocié cette contrainte du roman et réussit une fin (ouverte) en apothéose.

Cela reste néanmoins un souvenir très agréable.
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Ultramarins, c'est avant tout une atmosphère, ou plutôt des atmosphères, au point que les faits semblent presque anecdotiques, comme s'ils n'arrivaient que pour provoquer le plaisir, l'angoisse, l'isolement, la méfiance, etc. Et tout ce ressenti est merveilleusement restitué par la plume de Mariette Navarro. Ayant lu qu'elle est dramaturge et qu'Ultramarins est son premier roman, j'ai presque été surprise par la rareté des dialogues dans ce livre tout en descriptions pleines de poésie.
Le bateau apparaît comme un personnage à part entière, pas seulement de manière métaphorique, mais presque concrètement aux yeux de la commandante et de certains marins. Elle perçoit les battements de coeur du navire qui semble même manifester sa propre volonté par moments.
Les autres personnages forment deux groupes : la commandante face à son équipage, ou la femme seule face à la masse des hommes dont aucun ne se distingue vraiment. On sent la distance nécessaire entre les deux, impliquant une certaine solitude pour la commandante, mais c'est seulement lorsqu'elle baisse enfin la garde et se confie à son second (le seul membre de l'équipage qui soit réellement identifié parmi les marins) qu'on voit un retour à la normale.
Rationnellement, je sais que c'est un très bon roman avec un sujet original servi par une très une belle plume, mais il m'a manqué ce petit truc indéfinissable qui aurait pu m'emporter...
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UltramarinsMariette Navarro****

Ça commence par un plongeon rapide comme une envie soudaine, dans le ventre de la mer dans les profondeurs de la tête où des pensées s'approchent, se croisent et s'interrogent sur le chemin-puzzle d'une vie, sur les « pourquoi » et les « parce que » qui ne sont pas de réponses franches, mais c'est comme ça. L'océan peut être la réponse, pas très claire peut être, pas définitive non plus.
Des refrains reviennent sans cesse, des répétitions en flux continu, un film muet se déroule lentement avec des images tissées pour expliquer et faire comprendre l'inexplicable.
Le commandant du cargo est une commandante et son équipage d'hommes lui demande l'autorisation pour se jeter à l'eau, un appel de l'eau, une récréation. Elle dit « D'accord .» « Elle ne sait pas si c'est à l'intérieur d'elle que se logeait le désir de céder ou si quelqu'un dans l'équipage, d'un mot ou d'un regard, a pénétré sa froideur nécessaire. »
Prendre l'eau comme compagnon de vie, accepter son exigence d'exclusivité et cette solitude à deux, apprendre à construire un certain vivre ensemble coriace mais furieusement honnête. Règles strictes qui demandent respect, répétition des rituels, des geste précis et rapides pour agir et maîtriser l'eau, le bateau et soi-même. Tout est parfaite cohérence. Jusqu'au moment où cette cohérence se fait expulser par une envie forte, terrible et soudaine de se jeter à l'eau.
« Ils commencent donc par là. Par la suspension. Ils mettent pour la toute première fois, les deux pieds dans l'océan. Ils s'y glissent. A des milliers de kilomètres de toute plage. Personne ne le saura jamais, mais c'est maintenant qu'ils naissent, de l'air vers l'eau, expulsés volontaires de leur condition verticale et de leur âge. L'espace d'une seconde ils renversent l'ordre des choses... »
Ça arrive comme une libération, les corps se débrident, demandent une nouvelle sensation, s'en réjouissent, s'ouvrent, respirent à fond «  Ils naissent adultes et de leur plein gré… et dans la gorge un chant retenu, un cri débutant. »
Rien ne se passe, plein de choses se passent, l'eau demande le refus des règles à bord, pour un moment de respiration nouvelle, d'écoute de son corps, « une envie de nudité dans l'eau, une envie bête et précise, assez pour devenir leur obsession… la peau poussant à la folie, la peau cherchant la légèreté et la fraîcheur salutaire. » Et brusquement le trouble devant cette absence de logique, devant cette dérive, ce pas de côté « Mais ils ont beau ficeler la logique, observer autour d'eux, ils savent qu'ils se mentent. Ils ne s'attendaient pas à cet étourdissement, ce trouble si soudain de toutes leurs facultés. Ils ne pensaient qu'à la merveille. »
A l'écart du chemin connu des sentiers battus, et une entrée en apnée dans les « petites choses » de la vie, qui demandent attention. Des moments de solitude avec soi-même durent indéfiniment, des fenêtres inconnues s'ouvrent vers un instant magique, unique, pour frôler les abysses et caresser le vertige.
Le temps est au ralenti, se dilate et découvre un abysse marin, des profondeurs intimes de ce qui ne s'avouera peut être jamais, en fait une radiographie, un agrandissement au microscope, comment le dire par des mots, comment se faire comprendre comment partager certains bonheurs uniques qui vivent l'espace d'un instant ?
La commandante a dit « d'accord », les corps se sont libérés et ont répondu à l'appel, le non était interdit.
Le pas de côté nous inquiète dans l'habitude, la routine et les règles, nous en libère, nous angoisse devant l'incontrôlable.
Dans la dérive il n'y a pas d'habitude, c'est la surprise, l'accident, la découverte, une ouverture insoupçonnée, pleine de promesse et d'espoir ou lourde de déception, c'est un moment unique qui arrive dans la répétition, dans le rituel des gestes et des choses « la répétition est d'avance un changement » dit Yannis Ritsos (merci The_Noir pour la découverte de ce poète).
« ...son exaltation, sa passion soudaine, naissante et immédiate… pour tout ce qui réussit d'un coup à prendre son indépendance, et à n'expliquer rien. Elle [la commandante] éclate de rire, et c'est sa façon de crier son amour pour tout ce qui ne se donne pas à décoder, tout ce qui décide de faire sa propre poésie sans surveillance, et peu importe si c'est la mort au bout. »
Dans la répétition du quotidien, un pas de côté déplacé et incongru peut faire peur « peur de quoi ? D'une porte que cela ouvrirait, l'étrangeté un terrain glissant, un univers tellement grand qu'il l'engloutirait aussitôt, oui, c'est ça, une aspiration dans l'espace et ses infinités. », et le doute se révèle à chaque fois vivifiant.
Le roman est envoûtant, happée dès la première page, je suis restée en apnée jusqu'à la dernière, j'aurais pu tenir encore, fascinée par le style et sa légèreté, emportée par des réflexions riches et multiples dans des bulles de savon. Émotion bienfaisante.
Ultramarins, roman maritime ? Je ne crois pas, l'eau peut être un prétexte, un symbole de cet appel irrésistible auquel répondent le corps et l'esprit, un miracle, une inexplicable animation d'un être, quand il s'ouvre dans un dialogue fort et muet avec le monde et lui-même, miracle fragile et enviable.

Merci beaucoup Chrystelle/HordeduContrevent pour le hublot magique que tu m'as ouvert vers cet océan qui fait chanceler nos certitudes, nous effraie, nous libère et nous rassure à la fois.
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Elle est fille de commandant et pour elle jamais il n'a été question d'une vie terrestre, sur terre elle a l'impression d'être l'élément de trop. Elle commande depuis trois ans un cargo avec de nouvelles équipes régulièrement, quand on lui demande avec qui elle veut embarquer, elle choisit les ours, les timides. Quand à la fin du dîner, après quatre jours de mer, le second a proposé de couper les moteurs, de descendre un canot, de s'offrir une petite baignade, une voix sortie d'elle dit sans réfléchir : « D'accord. » Nager dans l'océan comme une seconde naissance, pendant une heure ils ont perdu le fil de tout. Mais quand ils remontent à bord, ils sont 21 au lieu des 20 qui avaient embarqué dans le canot. Et puis un banc de brume, non signalé sur les radars qui s'installe et le navire qui ralentit sans aucune raison mécanique, tout fonctionne parfaitement.

Un roman envoûtant, une atmosphère étrange. Mariette Navarro nous offre une traversée à l'intérieur d'une âme qui va perdre tous ses repères dans l'immensité de l'océan. Alors commence pour le lecteur un voyage dans une autre dimension, à travers ce portrait d'une femme qui navigue dans un milieu exclusivement masculin. L'équipage qui s'accorde un moment de liberté en nageant nu dans la mer est l'occasion pour l'auteure de nous offrir toute la beauté et la poésie de sa plume. Un huis clos, un voyage intérieur, un roman inclassable et c'est sans aucun doute ce qui fait sa force.


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La belle surprise du mois: voilà une lecture "obligatoire" dans le cadre d'un jury et dans lequel je suis entrée à reculons; mais à peine franchie la première page, paf! plongée abyssale et métaphysique, très physique, sensuelle même.
Plouf! serait en fait plus juste, le roman s'ouvre sur une scène de baignade collective inopinée, indispensable, stupéfiante, gorgée de liberté et de terreur, à la surface d'un océan dont l'auteure rend à merveille l'attraction des kilomètres d'eaux lourdes sous les frêles silhouettes des hommes.
Une baignade qui va dérouter le monde de son axe, changer le cours des choses et la course du cargo, faire éclore une énergie cachée que la commandante va ressentir sous sa peau, dans ses os, l'ouvrant elle et ses hommes à une expérience de lâcher prise merveilleusement salvatrice dans un monde sous contrôle.
Et m'ouvrant moi à une expérience de lecture envoûtante aux multiples bienfaits, en même temps qu'à un questionnement entêtant : "Il y a les vivants, il y a les hommes, et il y a les marins" dit l'auteure; et moi, qui suis-je?
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Bravo Mariette Navarro
Parmi les centaines de livres de chaque rentrée littéraire, rares sont ceux qui arrivent à créer un univers vraiment original
Pourtant, ce n'était pas gagné.Écrire un roman sur un porte-conteneur demande un certain culot
Et pourtant , la magie opère .L'idée géniale est d'arrêter l'énorme bateau en pleine mer pour un bain improvisé pour tout l' équipage, pendant que la commandante reste à bord
Ce n'est pas seulement un bateau , c'est aussi le temps qui s'arrête pour tous les marins, une occasion d' appuyer sur bouton pause dans leur quotidien routinier
Dès lors, plus rien n'est comme avant. le bateau n'obéit plus aux ordres, la brume s'installe, le doute aussi d'autant qu'un passager mystère apparaît. Qui est-il ?Où va le bateau fantôme ?Pourquoi cette baignade ludique en plein océan provoque cette ambiance étrange et onirique ?
En bon lecteur discipliné, j'attends donc l' explication finale
Mais Ultramarins est vraiment un livre pas comme les autres
Laissez-vous aller dans cette ambiance mystérieuse ou angoissante suivant votre tempérament
Laissez surtout votre imaginaire en roue libre
Voguez avec Mariette Navarro
Quant à savoir où cela vous mènera, mystère
Une belle surprise pour un livre unique et envoûtant
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