- Vous aimez donc les livres, Miss Agathe ? me demande Adrian
(…)
- Qu’aurais-je pu faire sans eux ? Les livres sont une bénédiction !
Pour moi, c'est aussi cela, la physique, ces instants volés à mes obligations de jeune fille sage et dévouée. Je ne suis moi-même qu'à deux endroits : au milieu des livres et sous le ciel nocturne, rêvant de toucher les étoiles.
Votre univers se compose d'étoiles, le mien est fait de mots. L'immensité de ces univers reflète le décalage entre ce que nous avons être possible et les limites réelles de nos existences. Et pourtant, dans ces moments, vous vous prenez à espérez qu'il en soit autrement.
Dans la recette du bonheur, il doit y avoir du thé, des scones, des roses et des livres.
Le thé est une délicieuse tradition et il serait dommage de ne pas profiter de chaque seconde.
Cette bibliothèque est une mine d'or ! Il faudrait plusieurs vies pour tout lire en détail. J'ai la sensation que chaque nouveau livre m'ouvre un océan de possibilités.
- Vous avez surtout tellement peur de l'esprit féminin que vous leur fermez l'accès aux études supérieures.
Il hausse les sourcils :
- Pas le moins du monde. Je ne vois pas de quoi vous parlez, les cursus pour femmes existent depuis de nombreuses années.
-Pour que vous puissiez vous assurer que jamais elles ne vous surclassent dans les vôtres ! Pour vous dédouaner de toute notion de telle égalité! Vous en faites des infirmières plutôt que des médecins. Alors qu'elles pourraient devenir ingénieures, elles restent des ouvrières qualifiées et des éternelles secondes. Savoir, c'est pouvoir, et cela vous terrifie !
Ma place dans le monde ne dépend pas tant du peu que les gens me donnent mais plutôt de ce que je m’autorise à prendre et des barrières dont je choisi de m’affranchir.
Laissez-moi vous aimer, même de loin.