Dans chaque communauté, arrivent des intrus, se faufilent des inconnus, disparaissent des connus. En chaque homme ou femme, perdure une partie d'ombre, sournoise, perfide,cupide,honteuse ou violente, prête à surgir de la boite de Pandore à tout instant.
Amos Oz (romancier et journaliste Israélien récompensé par le prix Fémina étranger pour
La boite noire, "partisan d'une solution d'un double état au conflit israélo-palestinien") campe le décor de ses nouvelles aigre-douces: Scènes de la vie villageoise dans le village "séculaire" et paisible (vu de l'extérieur) de Tel-Ilan.
Avec un sens exacerbé du détail descriptif (ex: Wolf Maftzir, l'inconnu sans gêne de la première nouvelle a de "rares cheveux filasses", une peau fripée"..comme un "jabot de dindon", de "longs bras de chimpanzé"... ce qui nous le rend antipathique dés le prime abord),
Amos Oz, prend quelques figures de proue du village: la doctoresse, une enseignante et son père "ancien membre de la Knesset",un étudiant arabe,le maire,la fille d'un écrivain,un agent immobilier,la bibliothécaire,un adolescent perturbé,un couple dont le fils s'est suicidé,les membres d'une chorale...pour les mettre dans une situation déstabilisante.
C'est à qui rêve de liberté retrouvée en trouvant un moyen commode de se débarrasser d'un parent par trop encombrant,c'est à qui attend en vain, c'est à qui entend des bruits suspects,c'est à qui éjacule précocément par trop d'émotivité,c'est à qui veut s'approprier un bien pour le détruire et faire une affaire juteuse, c'est à qui voit un jeune nu et "bien membré" danser comme un fou sur la colline....c'est à qui voit les conséquences que de simples pensées entrainent et font émerger.
Bizarres, et glauques, ces nouvelles,pouvant être lues comme un roman laissent une impression de malaise sous-jacent. Chacun porte-til en lui "une présence rampant dans les ténèbres" semble interroger l'auteur si justement?
De quel côté se trouve le bien ou le mal? Juif ou arabe? Chacun a sans doute un peu des deux en lui sans distinction de race ni de religion.Celui qui pense à mal n'entend-il pas les bombardements siffler au-dessus de sa tête?