AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782710328070
206 pages
La Table ronde (22/08/2005)
4.17/5   6 notes
Résumé :

J'ai cru reconnaître la jeune fille rêveuse aux belles épaules qui est entrée dans la taverne ce soir-là. Elle s'est assise à la table du coin, où je pouvais l'observer, et, lorsque le cabaretier s'est approché d'elle avec le falot, j'ai surpris dans son regard comme un éclat de larmes. Elle a penché le visage vers la lumière, et les traits étonnamment purs et doux de la Madeleine du Maître ... >Voir plus
Que lire après Une adolescence en GueldreVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Entre rêve et réalité, entre passé et présent, l'auteur évoque la fugue qu'il a faite à douze ans, et les liens qu'il a tissés avec les Prins, la famille qui l'a recueilli.

La peinture est au centre de ce récit, par l'omniprésence du portrait de Sainte Madeleine, attribué à un peintre anonyme du 16ème siècle flamand et par l'écriture qui dépeint si bien les paysages de Gueldre et les rues d'Amsterdam.
Commenter  J’apprécie          30

Citations et extraits (5) Ajouter une citation
I
LE CARNET BLEU


Extrait 3

Si je vieillis, pourrai-je oublier la littérature ? Han un moment garde le silence. Chaque matin, dit-il ensuite, serait le premier matin du monde. Mais nous n’avons que l’illusion poétique de l’innocence. De quoi sommes-nous coupables ? Car il faut bien se sentir coupable pour imaginer l’innocence, non ? Je me demande si je ne suis pas aussi devenu géologue pour éluder ce genre de questions. Me contenter de la matière terrestre. L’embêtant c’est que l’homme c’est encore de la matière terrestre. Veux-tu faire une partie d’échecs ? Là-bas je ne joue qu’avec moi-même.
À la fin du jour le ciel s’est éclairci. Nous avons un peu marché dans la lande, jusqu’à l’orée des sapins. Le sable crissait comme du givre. Han a parlé du sable, quelques mots savants, et puis il a haussé les épaules en me montrant le ciel à l’occident. On dirait une vitre de mica, ou un diamant brut, qu’en penses-tu ? Translucide, mais pas vraiment, à cause de ce peu de vent qui éblouit. Mais les ombres des sapins devenaient noires, et tout était immobile autour de nous jusqu’à ce qu’une chouette lance des appels, et qu’un souffle, à peine un frisson, balance les cimes de la sapinaie.

                                    * * *

p.15-16
Commenter  J’apprécie          60
Nous ne sommes, disait-il encore, amoureux que d'une image, et j'attendais que l'image devienne mouvement, et je savais pourtant que le mouvement détruirait l'image.
Commenter  J’apprécie          70
I


LE CARNET BLEU

Extrait 4

J’écris dans ce carnet pour rajeunir. Ou pour me voir vieillir ? Avec Han, les parties d’échecs sont comme de longues promenades silencieuses.
Ou plutôt des flâneries sans aucune arrière-pensée. Les parades sont imprévisibles, nous ne ménageons pas nos arrières, nous revenons sur nos pas, nous renonçons à des stratégies, et notre insouciance nous mène dans des détours inédits. Ce n’est pas comme avec son frère. Jan est champion de Hollande, et, ce que je sais, ou crois savoir, c’est de lui que je l’ai appris. Quand je joue avec Han, je peux tout oublier. Avec lui il n’y a pas de vainqueur. Cette semaine, et la prochaine, Jan est à Pontarlier, chez sa fiancée, que je n’ai jamais vue. Même en photo, je me demande pourquoi. Ce sont des fiançailles suspectes, elles durent depuis trois ans, et la fiancée demeure invisible. J’ai l’impression que pour Jan c’est très pratique. Il ne m’a jamais proposé de m’emmener dans le Jura, non, alors que partout ailleurs, si j’en ai envie je l’accompagne. Évidemment la frontière suisse c’est loin, et puis il y a la fiancée qui n’a pas de visage, pas de nom, à peine un prénom dont l’orthographe même semble aléatoire.

p.16-17
Commenter  J’apprécie          00
 
 
« … les larmes inapprivoisées de l’enfance
murmurent toute la vie… »
A N D R É D H Ô T E L .

I

LE CARNET BLEU
Extrait 1

Hier, il y avait un ciel blanc de neige suspendue. Commencer l’année par le seul mot sensible : hier. Ou jadis. Je ne serai jamais un homme de demain. Déjà je suis, je me sens, un jeune homme d’hier. Ce sont peut-être mes derniers éveils dans ma mansarde de Bezuidenhout. Il faut consacrer l’hiver à se souvenir. Dans le jardin les massifs de bruyère ont gardé malgré le froid comme un filigrane mauve, une ombre de résille sur le sable pâle. Han est arrivé des montagnes de l’Atlas, il y a quelques jours. Il dit que là aussi le sable et la neige diffusent une lumière mauve, le soir, le matin, et que la
pierre absorbe l’éclat du jour, avant de le réfléchir en mirages tremblants. On a, dit-il, alors le sentiment de vivre dans un miroir. Et toi, me dit-il encore, que racontes-tu ? Je réponds que c’est cela, justement, que j’aimerais : vivre dans un miroir.
  — Au pays des merveilles ?


p.13-14
Commenter  J’apprécie          00
I
LE CARNET BLEU

Extrait 2

Il sourit mais ce n’est pas un sourire moqueur. Il dit que lui aussi éprouvait ce désir, et que c’est l’enfance qui l’a conduit là-bas, d’où il vient, où il ne pense qu’à repartir. Et que, dans la solitude, l’enfance est préservée comme les images d’un monde ancien, qui ne veulent pas mourir. Il est devenu géologue, dit-il encore, pour explorer des rêves d’enfant, les siens, peut-être aussi ceux de tous les hommes, bien que ce soit difficile à concevoir, l’idée de creuser dans la nuit de tous les
hommes. Il s’agit même en vérité de creuser plus profond encore, jusqu’au premier homme dans sa nuit. Et jusqu’à la nuit qui précède l’homme. Alors, pour faire le malin, je récite le premier vers de La chanson d’Ève :

C’est le premier matin du monde.

p.14
Commenter  J’apprécie          00

Lire un extrait
Videos de Jean-Claude Pirotte (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Claude Pirotte
« […] J'ai reçu de François Dhôtel (1900-1991), sous la forme d'un « tapuscrit » photocopié […], la merveilleuse suite de poèmes que voici. Je me suis dit qu'André Dhôtel, à la mort de qui je n'ai jamais cru, se dévoilait soudain plus vivant que jamais, avec la lumière pailletée de son regard et son sourire en coin. […] Maintenant ces poèmes sont là, qui n'ont rien de testamentaire, même si l'on devine que leur auteur peu à peu s'absente - mais c'est pour mieux affirmer une présence imprescriptible. Voici ces poèmes, dans l'ordre où je les ai reçus. […] Les poèmes naissent de la couleur du ciel, du temps qu'il faut, d'un écho des jours ordinaires et miraculeux, comme les impromptus qu'aimait tant Dhôtel, ou les petites pièces de Satie. […] Au rythme séculaire des premières lectures éblouies,
« Voici donc le chant de la jeunesse oubliée et des souvenirs perdus » […] » (Jean-Claude Pirotte)
«  […] Des paroles dans le vent en espérant que le vent est poète à ses heures et nous prêtant sa voix harmonise nos artifices.
Nos strophes seraient bien des branches avec mille feuilles que l'air du large fera parler peut-être un jour où personne n'écoutera.
Car l'essentiel serait qu'on n'écoute jamais et qu'on ne sache pas qui parle et qui se tait. […] » (Espoir, André Dhôtel)
0:00 - Abandon 2:00 - Attente 3:30 - En passant (II) 4:50 - La preuve 5:30 - L'inconnu 6:15 - Splendeur (II) 6:46 - Générique
Référence bibliographique : André Dhôtel, Poèmes comme ça, éditions le temps qu'il fait, 2000.
Image d'illustration : https://clesbibliofeel.blog/2020/04/08/andre-dhotel-idylles/
Bande sonore originale : Scott Buckley - Adrift Among Infinite Stars Adrift Among Infinite Stars by Scott Buckley is licensed under a Creative Commons Attribution 4.0 International License.
Site : https://www.scottbuckley.com.au/library/adrift-among-infinite-stars/
#AndréDHôtel #PoèmesCommeÇa #PoésieFrançaise
+ Lire la suite
autres livres classés : romanVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (18) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (2 - littérature francophone )

Françoise Sagan : "Le miroir ***"

brisé
fendu
égaré
perdu

20 questions
3704 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , littérature française , littérature francophoneCréer un quiz sur ce livre

{* *}