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Critique de Cancie


Originaire du Jura, Thibaut Morel a passé toutes ses années universitaires à Besançon. Sa première affectation est au collège Voltaire de Planoise, comme Conseiller Principal d'Éducation. Il sait que Planoise, la gigantesque cité de Besançon, située à cinq bons kilomètres de cette ville ressemble plus à une cité autonome qu'à un de ses quartiers, mais il pense que pour se faire accepter dans ce quartier, la meilleure façon est d'y vivre, d'en partager le quotidien, les affres.
À peine a-t-il emménagé qu'il constate que l'appartement en face du sien est un four tenu par des trafiquants albanais, les frères Mehmeti et qu'ils ont la baffe facile. Dans ce four, ni héroïne, ni cocaïne, que du shit.
Lorsque ces derniers se font descendre lors d'un règlement de comptes et que Thibault découvre où était planqué le shit, lui et sa voisine Myriam Ramla prennent rapidement la décision de relancer le trafic : « On coupe, on compresse, on découpe, on emballe, on vend », et de distribuer une part des bénéfices aux plus démunis du quartier. Une sorte de Robin des bois ! Un Robin des bois qui, plus tard fera preuve de pas mal d'esprit capitaliste et sera un vrai logiciel d'entrepreneur !
Le portrait brossé de la vie à Planoise, cette ville dans la ville, est effarant. Mais Jacky Schwartzmann, avec ce talent inimitable qu'on lui connaît, réussit le tour de force de nous le présenter crûment, sans fard, dans toute sa réalité mais avec fantaisie et surtout cet humour caustique qu'il manie si bien qu'il n'en est que plus efficace et sérieux.
Très fort, trop fort ce Jacky Schwartzmann ! Il parvient à nous faire trembler pour Thibault, ce CPE improvisé dealer à une échelle de plus en plus croissante, et à nous faire redouter que son commerce on ne peut plus illicite ne soit découvert et qu'il soit appréhendé. Nous voilà aux côtés des cailleras ! Mais bon, à notre décharge, des cailleras qui oeuvrent pour les plus démunis…
« … l'argent de la drogue va compenser les carences de la société, qui laisse sur le carreau les gamins pas plus cons ou plus mauvais que les autres. »
C'est d'ailleurs toute la vie de ce quartier presque une zone de « non droit » que l'auteur décrit avec détail de même que la vie à l'intérieur du collège. Beaucoup de psychologie et de bienveillance aussi lorsqu'il parle des collégiens, la difficulté pour le corps enseignant d'expliquer à des gamins de quinze ans qu'il est préférable de travailler dur à l'école quand ils peuvent assouvir leur rêves pleins de fric en se lançant dans le trafic.
Si l'auteur excelle à évoquer ce monde de dealers, il parvient tout aussi bien à décrire la famille de Thibault et à l'immiscer dans l'aventure. Ainsi nous ferons connaissance avec ses parents, le père et ses deux passions la lutte des classes et l'équipe de France de foot, la mère professeure des écoles à l'âme prolétaire et surtout ce frangin Simon dont l'unique valeur est le travail.
Après m'être régalée avec Pension complète et Kasso de Jacky Schwartzmann, cela a été un vrai bonheur de me plonger dans son dernier livre Shit ! dont l'intrigue se déroule dans le quartier où il a grandi, ce qui confère à mon sens un supplément d'âme à ce polar humoristique et tellement jouissif!
Un immense merci à Babelio et aux éditions du Seuil/Cadre noir pour ce merveilleux moment de lecture.
À noter une couverture très suggestive et un bandeau signé Thomas VDB « Un Breaking Bad hilarant à Besançon » faisant référence à une série télévisée américaine multi récompensée.

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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