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Originaire du Jura, Thibaut Morel a passé toutes ses années universitaires à Besançon. Sa première affectation est au collège Voltaire de Planoise, comme Conseiller Principal d'Éducation. Il sait que Planoise, la gigantesque cité de Besançon, située à cinq bons kilomètres de cette ville ressemble plus à une cité autonome qu'à un de ses quartiers, mais il pense que pour se faire accepter dans ce quartier, la meilleure façon est d'y vivre, d'en partager le quotidien, les affres.
À peine a-t-il emménagé qu'il constate que l'appartement en face du sien est un four tenu par des trafiquants albanais, les frères Mehmeti et qu'ils ont la baffe facile. Dans ce four, ni héroïne, ni cocaïne, que du shit.
Lorsque ces derniers se font descendre lors d'un règlement de comptes et que Thibault découvre où était planqué le shit, lui et sa voisine Myriam Ramla prennent rapidement la décision de relancer le trafic : « On coupe, on compresse, on découpe, on emballe, on vend », et de distribuer une part des bénéfices aux plus démunis du quartier. Une sorte de Robin des bois ! Un Robin des bois qui, plus tard fera preuve de pas mal d'esprit capitaliste et sera un vrai logiciel d'entrepreneur !
Le portrait brossé de la vie à Planoise, cette ville dans la ville, est effarant. Mais Jacky Schwartzmann, avec ce talent inimitable qu'on lui connaît, réussit le tour de force de nous le présenter crûment, sans fard, dans toute sa réalité mais avec fantaisie et surtout cet humour caustique qu'il manie si bien qu'il n'en est que plus efficace et sérieux.
Très fort, trop fort ce Jacky Schwartzmann ! Il parvient à nous faire trembler pour Thibault, ce CPE improvisé dealer à une échelle de plus en plus croissante, et à nous faire redouter que son commerce on ne peut plus illicite ne soit découvert et qu'il soit appréhendé. Nous voilà aux côtés des cailleras ! Mais bon, à notre décharge, des cailleras qui oeuvrent pour les plus démunis…
« … l'argent de la drogue va compenser les carences de la société, qui laisse sur le carreau les gamins pas plus cons ou plus mauvais que les autres. »
C'est d'ailleurs toute la vie de ce quartier presque une zone de « non droit » que l'auteur décrit avec détail de même que la vie à l'intérieur du collège. Beaucoup de psychologie et de bienveillance aussi lorsqu'il parle des collégiens, la difficulté pour le corps enseignant d'expliquer à des gamins de quinze ans qu'il est préférable de travailler dur à l'école quand ils peuvent assouvir leur rêves pleins de fric en se lançant dans le trafic.
Si l'auteur excelle à évoquer ce monde de dealers, il parvient tout aussi bien à décrire la famille de Thibault et à l'immiscer dans l'aventure. Ainsi nous ferons connaissance avec ses parents, le père et ses deux passions la lutte des classes et l'équipe de France de foot, la mère professeure des écoles à l'âme prolétaire et surtout ce frangin Simon dont l'unique valeur est le travail.
Après m'être régalée avec Pension complète et Kasso de Jacky Schwartzmann, cela a été un vrai bonheur de me plonger dans son dernier livre Shit ! dont l'intrigue se déroule dans le quartier où il a grandi, ce qui confère à mon sens un supplément d'âme à ce polar humoristique et tellement jouissif!
Un immense merci à Babelio et aux éditions du Seuil/Cadre noir pour ce merveilleux moment de lecture.
À noter une couverture très suggestive et un bandeau signé Thomas VDB « Un Breaking Bad hilarant à Besançon » faisant référence à une série télévisée américaine multi récompensée.

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Le bandeau « Un Breaking Bad hilarant à Besançon », faisant référence à l'excellente série Netflix relatant les déboires de Walter White, résume parfaitement le contenu du roman et annonce immédiatement la couleur. Après lecture, je confirme d'ailleurs avoir passé un excellent trip…c'est de la bonne !

Le Walter White version française de Jacky Schwartzmann se nomme donc Thibault Morel, Conseiller Principal d'Éducation au collège Voltaire de Planoise, un quartier, disons « sensible », de Besançon. Bien décidé à pleinement s'intégrer dans cette banlieue défavorisée, il emménage dans un HLM, malheureusement réputé pour être un « point de deal » de cannabis. C'est d'ailleurs dans l'appartement en face du sien que les Mehmeti, les deux frères albanais à la tête du réseau, ont élu domicile. Lorsque les deux caïds se font descendre par la concurrence, Thibault Morel et sa voisine Myriam Ramla décident de reprendre ce business très lucratif en main et d'utiliser les profits pour venir en aide aux plus démunis de la cité…

En voulant jouer au Robin des Bois du quartier, Thibault Morel va évidemment mettre le doigt dans un engrenage particulièrement loufoque, mais également très didactique pour ceux qui envisageraient éventuellement de se lancer dans le trafic du cannabis. du recrutement au blanchiment d'argent, en passant par les problèmes de logistique et même de marketing, « Shit ! » s'attaque avec beaucoup d'humour à l'univers des narcotrafiquants.

Mais, ce roman d'initiation aussi burlesque que rocambolesque brosse cependant également un portrait assez précis de cette cité mêlant plus de 50 nationalités différentes et de l'établissement scolaire dont Thibault est le CPE. Des associations d'entraide aux zones de deal, en passant par le soutien scolaire et l'insécurité, Jacky Schwartzmann propose une immersion, certes sans concession et parsemée d'un humour particulièrement caustique, mais alliant également justesse et finesse.

Enfin, à l'aide d'une plume acide et foncièrement drôle, de personnages attachants et d'une intrigue burlesque et parfaitement rythmée, « Shit ! » dresse surtout le bilan catastrophique d'un système totalement défaillant en termes d'intégration et de mixité.
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Un « accident du travail » brise la carrière prometteuse de deux trafiquants de drogue albanais implantés dans le quartier de Planoise au sud de Besançon … les voisins de palier raflent le cash et repèrent (avant l'arrivée de la police) la planque astucieuse où sont armes et stupéfiants.

C'est ainsi que Thibault Morel et Myriam Ramla, locataires dans la même cage d'escalier, héritent d'un joli capital. Généreux et désintéressés, ils aident leur entourage, épongent les dettes les plus criantes et constatent rapidement que la pauvreté des familles vivant dans cette ZUS exige des mesures concrètes et non des annonces ou des discours sur « la politique de la ville ».

Pragmatiques et soucieux du bien-être de leur entourage, Thibault et Myriam, à l'insu de leur plein gré, mettent le doigt dans un engrenage qui les conduit à devenir chefs d'entreprise, à recruter, à importer, à déployer une supply chain amont et aval, aussi discrète que sure. Créatifs et doués en marketing ils innovent et proposent de nouveaux services (livraison à domicile) et offrent une carte de fidélité. Ils incarnent la dynamique entrepreneuriale de la France en marche.

Un tel succès ne laisse pas indifférentes la police et la concurrence, et oblige Thibault à brouiller les cartes et muscler son dispositif pour survivre dans ce monde de brutes et offrir au lecteur un dénouement aussi imprévu que mérité !

Cette intrigue sous-titrée « Un breaking Bad hilarant à Besançon » pourrait être promue comme « devenir narcotrafiquant pour les nuls » car SHIT est très didactique et ce n'est pas un hasard si Thibault Morel est un CPE (Conseiller d'Education) apprécié par l'éducation nationale.

A mi-chemin entre Frédéric Dard et Olivier Norek, Jacky Schwartzmann réussit un polar cocasse, passionnant, original, avec une fin particulièrement réussie.

C'est aussi un reportage au coeur d'un quartier sensible habité par plus de cinquante nationalités, une plongée dans un établissement scolaire accueillant des élèves qui ne maitrisent ni la langue, ni la culture française, une immersion dans le monde associatif investi dans le soutien scolaire et l'aide à des familles souvent éclatées. L'auteur a vécu dans cet environnement dont il possède les codes et les mots car c'est un observateur attentif et objectif.

C'est enfin une excursion en Franche Comté, à Besançon, au coeur de ma région, dont Jacky Schwartzmann parle le dialecte et décrit l'accent sans glottophobie.
Alors, certes, tout ceci n'est pas très légal, et la fin ne justifie pas les moyens, mais ce roman met en scène des personnages, astucieux, charitables, dynamiques, généreux, optimistes, pro actifs, sympathiques et çà fait du bien en ce contexte anxiogène et sinistre que l'actualité déverse quotidiennement sur nos têtes.
Le style très oral de l'auteur ne sera probablement pas honoré d'un prix décerné par L Académie Française mais pourrait lui valoir un prochain Prix Nobel de Littérature.

SHIT m'a stupéfait et est meilleur (à mes yeux) que KASSO que j'avais beaucoup apprécié. Merci à SEUIL et BABELIO de m'en offrir la primeur.

PS : ma lecture de KASSO
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T'en veux ?
Besançon n'est pas Medellin, mais on n'y deale quand même pas que de la cancoillotte. Dans le quartier de la Planoise, on verse aussi dans le stupéfiant et pas que pour assaisonner des saucisses de Morteau. du blé en herbe, aurait dit Colette.
L'immeuble dans lequel s'installe Thibault, le nouveau CPE du collège de ce charmant territoire, se situe au coeur de la cité et d'un trafic de shit piloté par des caïds du drive qui ont le sens des affaires mais pas celui de l'hospitalité. L'humaniste voulait vivre dans le même biotope que ses élèves. Il va être servi et son immersion devient vite une parodie de Voyage en terre inconnue, mais sans le retour à la nature, la nuit dans la yourte, le bol de lait de yack et le générique braillard. Dans le hall d'entrée de son immeuble, le jeune idéaliste doit présenter un justificatif de domicile pour rejoindre son appartement avec quelques baffes en guise de bises au bizuth.
Vous connaissiez Robin des Bois, vous n'oublierez pas Thibault de la Cité. le gars fan d'accrobranche qui se baladait dans un collant vert difficile à porter en dehors de quelques soirées volait les riches pour donner aux pauvres. Qui a dit comme le fisc ?
Bon, profitant d'un règlement de comptes est bon, le Candide du préau met la main sur la cache de drogue et il va se lancer dans le trafic avec une voisine pour financer des voyages scolaires, les études de certains ou aider les ménages surendettés. Si l'enfer est pavot de bonnes intentions, l'idéaliste va vite adopter les moeurs locales et ne pas hésiter à se salir les mains pour défendre son sovkhoze. Haschich à la hache.
Avec Jacky Schwartzmann, dealer de bons mots, je ne suis jamais en manque de sourires. Ses comédies policières ne sont jamais sérieuses et j'ai été une nouvelle fois accro à cette histoire originale, mordante comme un roman de Gérard Mordillat, mais sans le côté pamphlétaire un peu pénible de ce dernier.
Enfant, l'auteur a passé ses étés dans ce quartier et on sent son attachement à ces tours bétonnées. Il humanise les lieux sans en masquer la violence. Les personnages sont bien ficelés (et pas seulement ceux ligotés dans les caves) et le mauvais esprit du romancier nous épargne une overdose de victimisation.
Dans la lignée de « Kasso » et de « Pension complète », Jacky Schwartzmann poursuit sa galerie de portraits de sympathiques truands.
De la résine à la sauce bisontine.
C'est de la bonne !
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Il y a déjà quelque temps que Ghislaine me conseille la lecture des livres de Jacky Schwartzmann : « Ça dépote ! » paraît-il… Alors, je me suis enfin lancé avec Shit ! et je ne l'ai pas regretté.
D'emblée, Jacky Schwartzmann m'a happé avec son style direct, son humour sans filtre et son tableau hyper réaliste de notre société avec, ici, cette addiction à la drogue qui cause tant de dégâts.
C'est Thibault qui raconte. Il vient d'être nommé CPE (Conseiller principal d'éducation) dans un collège de Planoise, quartier dit « sensible » de Besançon, à cinq kilomètres du centre-ville, où la mixité sociale est un leurre.
Justement, il a décidé de loger et de vivre rue du Piémont, au coeur de Planoise, au cinquième étage, dans la cage d'escalier 3. Problème, en louant, il ne savait pas qu'il s'installait tout près d'un « four », lieu de vente de ce fameux shit, très prisé, même par des gens bien comme il faut.
Pour pénétrer dans son immeuble, il doit même présenter à chaque fois un justificatif de domicile à Réda, le cerbère de garde. Un comble !
Le récit de la vie au collège est impressionnant, éloquent même dans les relations avec certains parents mais tout tourne vite autour de l'appartement situé en face du sien où les frères Mehmeti gagnent beaucoup d'argent et sont généreux en gifles…
Après nous avoir présenté sa famille dont Simon, son frère, restaurateur qui se veut haut de gamme, jouera un rôle important, l'histoire s'emballe et devient haletante.
Shit ! est une véritable plongée dans le monde du trafic de drogue, trafic qu'on a laissé se développer et qui rapporte beaucoup d'argent. Comme je l'ai souvent entendu, s'il n'y avait pas de clients, il n'y aurait pas de règlements de compte, pas d'atmosphère invivable dans ces quartiers où les jeunes tenteraient de gagner leur vie de manière licite.
De rebondissements en grosses surprises, Jacky Schwartzmann prouve qu'il connaît très bien son sujet. Thibault et Myriam, sa voisine, réussissent ce que les pouvoirs publics ne peuvent ou ne veulent pas faire. L'auteur me gratifie en plus de réflexions très pertinentes sur le comportement en société. Son humour trash et réaliste fait mouche à chaque fois comme lorsqu'il dénonce « deux assassins : la solitude et la misère sociale » ou encore lorsqu'il remarque « des fringues dessinées par un styliste de la maison Emmaüs ».
Impossible, pour moi, d'en dire plus à propos de Shit ! sous peine de divulgâcher alors que tout le plaisir de ma lecture addictive – en toute légalité et c'est meilleur que le… shit ! - a été de me régaler ou de sursauter au fil des nombreux rebondissements qui émaillent l'histoire bien menée
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Thibault Morel est CPE dans un quartier sensible de Besançon. Il loge dans un bâtiment délabré à Planoise au pied duquel, malheureusement pour lui, se trouve un four, un point de deal, tenu par des Albanais. Pour pénétrer dans le hall de son immeuble, Thibault doit tous les jours montrer patte blanche et se faire humilier, voire frapper par les dealers. Il songe avec nostalgie à l'époque où il vivait avec sa copine dans le centre-ville de Besançon: « Avant, j'étais heureux, je savais où j'allais dans la vie, comment et avec qui. Après ça, j'ai basculé dans la peau du personnage d'un roman pas terrible de Michel Houellebecq. » Mais le destin est facétieux. Un soir, alors qu'il est claquemuré comme tous les habitants, dans son petit logement, Thibault entend des rafales de Kalashnikov. Des dealers viennent de s'entretuer devant chez lui. Se rendant sur la scène du crime avec sa discrète voisine madame Ramla, il tombe sur du liquide et surtout sur une cache remplie de chichon, qu'ils décident, sans vraiment savoir pourquoi, de dissimuler à la police.

Variation sur le thème de l'individu lambda qui, par un coup du hasard , se transforme par nécessité ou par opportunisme en trafiquant de drogue, ambiance La Daronne de Hannelore Cayre ou Breaking Bad, Shit nous plonge avec délice dans la vie du sympathique Thibault, dont le rythme passe d'un moteur diesel à un V6 bi-turbo dès qu'il décide de faire siennes les barrettes de shit des Albanais défunts. Comme toujours chez Jacky Schwartzmann, c'est drôle, caustique et rythmé. Il aime jouer sur le contraste, ici un Blanc perdu dans une cité sensible, un Blanc fonctionnaire qui plus est, qui doit s'adapter aux normes en vigueur à Planoise, codes et rites de ce nouvel habitus populaire. Mais aussi un individu plutôt sympathique avec le coeur à gauche, qui doit soudain se transformer en « entrepreneur », en Marcheur Blanc de la Macronie, s'il veut se lancer dans le business, bref, en tout ce qu'il exècre. Pour Thibault, l'argent facile doit être d'utilité publique, mais cette histoire est-elle morale, et ne risque -t-elle pas de déteindre sur lui et sur ses proches?

Au delà d'un bon thriller enlevé, Shit est aussi une radioscopie de Planoise, 3,5 km² ceinturé, 50 nationalités différentes, dont les habitants sont parmi les plus pauvres de la région. La Sociologie des quartiers sensibles selon Schwartzmann étant plus amusante à lire que celle éditée dans la collection Que sais-je? mais tout aussi pertinente, on aurait tort de s'en priver. Je remercie les Editons du Seuil et Babelio pour ce roman reçu dans le cadre de l'Opération Masse critique, qui se lit d'une traite, avec cette question qui vous titille. Est-ce que tout ça va mieux se terminer pour Thibault que pour Walter White?
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J'ai bien du mal à faire mon petit billet sur ce roman car je suis un peu tiraillée entre deux feux.

Étant bisontine d'adoption, mais depuis plus de 25 ans, je peux aisément dire que je fais partie des murs.
Alors même si j'habite dans le quartier "ennemi" de Planoise point de vue bizness, Planoise est un coin que je connais bien.

Tout ce que Jacky Schwartzmann raconte est vrai, ou presque.
En tout cas sa description du quartier, sa population, ses commerces, son food truck sont vrais.
J'ai même halluciné car il n'a même pas changé les prénoms des gens: le propriétaire du club de boxe la Local s'appelle belle et bien Morad.
Enfin tout ça m'a bien fait rire, tout comme le reste du scénario.

J'adore la plume caustique de l'auteur, sa façon de voir les choses, ses personnages.

Mais comme je disais plus haut tout est vrai
Ces jeunes qui font du pognon facile pour que leurs cadets puissent étudier , etc....

Mais en même temps ce roman m'a aussi fait beaucoup de mal parce que ma si belle ville de Besançon devient très laide par ce trafic de stup ( et qui ne se contente pas du shit).
Nous sommes rattrapés par des tirs réguliers dans les quartiers, par le décès de gamins de 16 ans, par des règlements de comptes, par des zones de non droit.... Et il y en a tellement que cela devient la norme.

Et très sincèrement, si le scénario prête à rire, la réalité est toute autre.

Donc j'ai apprécié ce roman, la qualité de l'auteur dans son scénario, dans son humour, mais sans doute je suis trop proche du thème abordé pour l'apprécier a sa juste valeur.

Et puis il faut avouer que les récents faits divers ( entre autre l'exécution d'un caïd de mon quartier, la découverte d'un corps calciné avec une balle dans la nuque dans la forêt,...) ont mis tous les quartiers de Besac en émoi , mais surtout en alerte.... Et je pense qu'il va être compliqué que cette belle ville retrouve sa sérénité.

Je remercie Babelio et les éditions Seuil pour cet envoi.

En tout cas Jacky Schwartzmann est un auteur a découvrir sans hésitation.
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Tout d'abord , un grand merci aux éditions Seuil et à toute l'équipe de Babelio qui , par l'intermédiaire d'une Masse Critique Privilégiée , m'ont permis de découvrir "Shit " , la dernière production de l'excellent , l'inimitable Jacky Schwartzmann : un pur bonheur , une délicieuse friandise de comédie déjantée qui vous porte au sommet de l'art au second degré .
Bon , pour ceux qui connaissent un peu le bonhomme , pas question de s'irriter contre ce style à l'emporte- pièce , marque de fabrique dont on ne se lasse pas au point qu'on aurait bien envie de le faire sienne pour adresser une requête à son directeur des impôts ou à son employeur , enfin tous ceux qui peuvent attiser notre courroux .Pas certain que ça marche , mais ça aurait " de la gueule " tout de même ....Pas cap ? Non , j'avoue ...non pas que j'aie peur mais n'est pas Schwartzmann qui veut !
Ce garçon ose tout , même inventer un sujet qui a autant de chances de se produire que le gain de la super cagnote de l'Euromillion ( oui , y'en a beaucoup qui essaient , ils en ont paumé du pognon !!! )Le pire ? c'est qu'on plonge en deux coups de cuillère à pot dans un univers dont on parle souvent mais , il faut bien le dire , pour la plupart d'entre nous , on ignore les codes et que l'on fuit pour des raisons de morale , certes , mais aussi , et peut-être surtout , par instinct de survie . " faut pas toucher au grisbi " .
Le héros ? Ah , non , ne me dites pas que cela ne vous surprend pas , un CPE du collège de secteur , homme intègre et porteur de messages pacifiques auprés de jeunes générations de cités déshéritées et sous la coupe de quelques " malabars "sans foi , ni loi .Pour en avoir cotoyé un certain nombre dans ma vie professionnelle ( des CPE , pas des malabars ... ) , je me suis vraiment beaucoup amusé en les imaginant dans " la peau " de Thibault Morel . Mort de rire . Un personnage de BD à l'air sérieux mais timoré ....mais attention , pas que et plutôt " bon " en affaires ."Il est sympa et attirant mais , mais ..." vous connissez la suite . Un gentil garçon de gauche que le monde du capitalisme ne rebute que bien modérément .
Bref , je ne vais rien vous dire de plus , la quatrième de couverture du roman , que vous lirez forcément , ne serait-ce que par curiosité , lors de votre prochaine visite en librairie , vous en dira suffisamment pour vous faire " craquer " , j'en suis convaincu .
Pour ma part , " je valide " comme le dit cette nouvelle petite phrase utilisée dans les milieux autorisés .J'ai passé un excellent moment , et ce d'autant plus que sous toutes ces géniales trouvailles du "sieur Jacky " , sous cette croûte burlesque et hilarante se trouve la description d'un monde parallèle qui suscite plutôt un petit " rire jaune " des plus ....Jacky Schwartzman observe le monde tel qu'il va , avec dérision , sans porter de jugement , avec justesse , lucidité et finesse . Cela me rappelle un peu ces fabliaux du Moyen âge dont la seule prétention était de faire rire les gens aux dépends de leurs semblables ... Rira bien qui rira le dernier ....Moi , c'est fait . Ce garçon a le talent des troubadours à la " sauce XXIème siècle ".
Je le retrouverai , c'est certain .
Quant à vous , amies et amis , je vous dis à trés bientôt et...prenez soin de vous , pas de blagues avec le " Shit ".
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Un conseiller d'éducation, fraichement nommé à Besançon, aménage dans un HLM, connu pour être un point de deal. Quand ses voisins se font descendre par la concurrence , quoi faire du fric et de la drogue trouvés dans l'appart en face le sien ?


On ne peut pas parler de roman policier au sens strict, car s'il y a des meurtres, le lecteur n'est clairement pas du côté de l'enquête, mais on peut parler de bons, de brutes et de truands.
Roman jubilatoire où les gentils ne le sont pas vraiment et vice et versa.
Roman d'initiation aussi, ou un gentil garçon, bien élevé, va peu à peu s'endurcir.

Jacky Schwartzmann est un merveilleux sociologue. Fin, précis, observatif . Et son analyse, sa vision d'un quartier chaud d'une ville de province est brillante. On se croirait en immersion, caméra embarquée, petite mouche volant au dessus des points de deal, petite souris espionnant les dealers : comment ils vivent, s'organisent, commercialisent, une substance interdite, pour faire vivre une mère, un petit frère , une petite soeur .
La violence inhérente à ce type de vente, la malignité aussi. Comment planquer, comment échapper aux répercussions d' une descente de flics ?
Tout, tout tout , vous saurez tout sur le quartier de la Planoise, dit pudiquement "quartier sensible"...
Vous saurez tout aussi sur le métier de CPE en collége de zone difficile, son public. Comment il est complétement décalé par rapport aux attentes du reste de la société, la fameuse insersion, la mixité sociale
Le jeune Thibault perdra-t-il ses illusions ? Restera -t-il du bon côté de la loi ou franchira -t-il la ligne du côté obscur de la force ?

Vous le saurez en lisant ce chouette roman, social, fin, jubilatoire, percutant, lucide, actuel, amusant, qui m'a beaucoup fait penser au livre La Daronne, et aux films Bac Nord et Les Misérables.


Je remercie les éditions du Seuil, Babelio et Jacky Schwartzmann parce que, de livres en livres, sa plume fait mouche à chaque fois...
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Thibault Morel est CPE au collège Voltaire de Planoise, un « quartier sensible » de Besançon. Il a lui-même élu domicile dans ce quartier, et l'appartement en face de chez lui, sur le même palier, est un « four », c'est-à-dire un « point de deal » de cannabis, tenu par deux frères albanais, les Mehmeti. Cela fait de sa vie un enfer car les allées et venues sont incessantes, le facteur n'y distribue plus le courrier, Réda, le « charbonneur » en faction au pied de son immeuble, va jusqu'à lui demander un justificatif de domicile à jour à chaque fois qu'il rentre chez lui, et il se fait rudoyer sans ménagement. Mais un jour les Mehmeti se font tuer et Thibault découvre leur cachette de shit. Avec sa voisine Mme Ramla, ils vont se lancer à leur tour dans le trafic, mais Robin des Bois des cités, ce sera dans le but de venir en aide aux familles de la cité. Mais ils ne se rendent peut-être pas compte de ce à quoi ils se sont attaqués… ● C'est un récit rythmé, comme Jacky Schwartzmann sait les mener, avec de bons mots malgré quelques métaphores assez lourdes, façon stand-up, que je n'apprécie pas trop, par exemple : « Il a à peu près autant de chances de survie qu'une girafe sur un kayak au milieu de l'océan. » ● La vie de la cité est décrite sans concession, notamment les dealers décérébrés : « ils n'ont qu'un projet : se trimballer avec des liasses de pognon dans des sacoches Dior. La Porsche comme accomplissement suprême. Ces jeunes-là sont des enfoirés de capitalistes qui n'ont pas la moindre once de conscience de classe, ne serait-ce que de solidarité primaire. On parle de communautarisme ? Non. Jungle de consommateurs, de types qui ne pensent qu'à l'argent qu'ils peuvent accumuler, gangstattitude, rêve de femmes superbes rabaissées au rang de putes lascives et dociles, disponibles pour le mâle millionnaire. » ● Quelques réflexions font mouche, comme : « J'ai appris récemment qu'un des joueurs du PSG s'était fait voler à son domicile une montre d'une valeur de 600 000 euros. Je ne suis pas loin de penser que le plus répréhensible, ce n'est pas de voler une telle montre, mais de l'acheter. Que se passe-t-il dans la tête de ce con le jour où il conçoit qu'il peut se payer une montre valant quasiment une vie d'ouvrier ? Au poteau, ça ! Au bûcher ! » ● Thibault lui-même, fonctionnaire blanc initialement perdu dans une cité de « renois » et de « rebeus », va se muer d'homme de gauche en entrepreneur de start-up doué pour le marketing ! ● Néanmoins, j'ai trouvé que l'auteur n'était pas au niveau de son meilleur roman, Kasso (2021). Ici, les rebondissements ne sont pas tellement surprenants, sauf à la fin, et la vraisemblance est faible, à tel point qu'on se croirait souvent dans une sorte de fable (immorale).
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