Le magicien de Lublin, habile en tours et passe-passes de toutes sortes, capable de faire céder les serrures les plus coriaces, bel homme et ardent séducteur, a cru que la vie était aussi simple que l'un de ses spectacles.
Tiraillé entre son épouse fidèle, Esther la juive religieuse, Magda une gentille de rencontre, Amelia la veuve de Varsovie pour laquelle il doit renier sa religion, il s'apercevra vite que ces femmes ne sont pas aussi facile à manier que ses cartes, faites à sa main, son sabre qu'il avale volontiers ou aussi dociles que son singe Yoktan, son perroquet ou Kara et Shiva, ses deux juments lui obéissant au doigt et à l'oeil.
Certes Esther le reçoit, le nourrit le sert après chaque tournée, lorsqu'il rentre s'affaler pour un jour ou deux dans le lit conjugal ; soigne les juments et cultive le jardin, mais elle ne peut lui donner d'enfants.
Yasha est libre comme le vent, son métier de magicien le conduit de ville en ville et aussi de femme en femme, Esther le sait mais ne lui en veut pas, mais lui éternel insatisfait en proie aux critiques de la communauté, (il boit, ne fréquente guère la synagogue ou la maison d'études) et depuis quelque temps, il ne cesse de penser à la belle Emilia qui lui demande de partir avec elle, de changer de vie.
Un jour après shavouot (la pentecôte des hébreux) il prend la route pour de bon, il avertit sa femme, à sa façon :
"Qu'éprouverais-tu si je ne revenais pas ? Que ferai-tu si je mourais sur la route ?"
Il part, fait une première escale chez la veuve du forgeron
Elzbieta Zbarski, une de ses maîtresse, dont la fille Magda est son assistante magicienne.
Ils partent vers Varsovie, via Piask, peine à se dépatouiller des bras de Zefetl, une autre femme de rencontre, et reprend sa route, la tête pleine d'Emilia et de leurs projets de fuite en Italie.
Yasha cherche des réponses, il enrage de ne pas maîtriser sa vie comme il le fait de son métier de magicien. Il y a là une parabole entre l'homme social, sûr de lui, à l'aise dans sa fonction, et l'homme profond, celui qui doute, qui cherche dans la religion, les femmes, l'alcool ou tout autre passion, des réponses que son rôle social ne lui donne pas, ou lui donne de façon épisodique et jamais assez longtemps pour chasser ses doutes.
la force de Singer est de montrer que le religion peut ou ne peut pas nous apporter de réponses, mais qu'elle ne saurait être réduite à une prothèse extérieure à l'humain ; une pratique religieuse qui se contente de l'observance aveugle de règles, de cérémonies, de rites.
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Le film germano-israelien, de 1979, signé Menahem Golan, avec Shelley Winters dans le rôle de
Elzbieta, Louise Fletcher en Amelia,
Alan Arkin dans le rôle de Yasha le magicien, n'a pas connu le succès attendu