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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Cette collection Tracts mérite son succès, du moins si j'en crois le nombre de lecteurs, de critiques, et les différents numéros publiés par Gallimard.
Je n'ai lu que celui-ci (recommandé par Pierre Lieutaghi dans son très bon La surexplication du Monde) et le N°2 d'Erri de Luca, par appétence pour cet auteur dont je connaissais les engagements politiques.
Je ne baigne donc pas dans la sphère du droit et de la justice dans laquelle François Sureau nous entraine pour décrypter l'évolution récente de notre société et ses soubassement, relativement à la question centrale et si souvent évoquée de la Liberté.
C'est une lapalissade que de dire que c'est un concept central de notre république, Liberté, Égalité, Fraternité. Mais que mettons nous derrière ? Ou plutôt, qu'en reste-t-il ?
C'est bien cela que se demande cet avocat spécialisé dans les défenses des libertés publiques, notamment face à l'état.
Car les citoyens abandonnent de plus en plus leur liberté, si chère, à un appareil étatique que de moins en moins de frein retiennent de glisser vers un régime sécuritaire. Telle est la thèse de ce Tract, le passage de citoyen à sujet, la perte progressive des gardes-fous qui empêche l'état de se retourner contre ceux qu'il est censé protéger.
A chaque affaire, chaque problème, de nouvelles lois surgissent, de nouvelles facilités pour les forces de l'ordre, de moins en moins de contrôle, de moins en moins de libertés, en définitives ; celle-ci est morcelée, amoindrie sous le regard indifférent ou consentant des citoyens qui, eux, n'ont rien à se reprocher et laissent faire.
Là est le problème et la solution, la reprise en main des outils de l'état, de la constitution par nous, qui en sommes les constituants. La liberté n'est pas acquise, elle se défend par l'éducation, l'implication. Au lieu de l'individualisme qui nous isole, il faut aussi défendre les droits de nos voisins pour conserver sur le long terme, les nôtres. Ce qui nous a poussé à bâtir notre république ne dois pas être, en fin de compte, ce qui la pousse vers sa fin.

Un essai brillant, convaincant, très orienté sur le droit et sa destruction, mais aussi philosophique qui intéressera tout le monde en ces temps d'état d'urgence normalisé...
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Découvert par un entretien de l'auteur sur France Culture.

M. François Sureau nous interpelle sur notre rapport à la liberté et sur la représentation de cette valeur de nos jours.
Il y dénonce les successions de réformes sur le système judiciaire, la dégradation de la séparation des pouvoirs, nos comportements d'individus et non de citoyens.
L'auteur énumère les différents phénomènes et évenements qui illustrent notre rapport à la notion de liberté et montre également la négligeance autant par les citoyens que par les gouvernements.
Enfin, la dernière partie est consacrée à l'amour de la liberté et aux conditions nécessaires à sa sauvegarde.

Un texte clair et percutant.
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Le sujet de cet opuscule dense est le déclin de la liberté. C'est confondant d'évidence, rafraichissant aussi, compliqué souvent, car ce sujet sérieux mérite l'effort de s'y intéresser.

Notre apathie, dûe entre autres au consumérisme, nous laisse accepter l'inacceptable. Ce constat avait déjà été fait par Soljenitsyne devant des étudiants d'Harvard en 1978, auprès de qui il dénonçait aussi « la tyrannie du conformisme intellectuel. »

François Sureau se demande si nous nous aimons assez pour aimer les autres, et par conséquent, défendre leurs droits alors que nous ne sommes pas concernés. Il cite par boutade le fait que nous restons indifférents à l'interdiction de certaines publications sur internet qui ne nous intérressent pas. Nous ne réagissons pas quand nous ne sommes pas directement concernés. C'est le règne du chacun pour soi. C'est si vrai pour la question des migrants à laquelle je ne peux m'empêcher de penser.

La contradiction est une condition pour construire une société meilleure. En contrôlant la contradiction, on fait semblant d'agir mais on n'avance pas.
Il rappelle les fondamentaux : « Le citoyen doit conserver en toutes circonstances une souveraineté intellectuelle et morale ».

A lire et à relire, pour éclairer nos esprits endormis.
Lien : http://objectif-livre.over-b..
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"Nous sommes déjà habitués à vivre sans liberté" énonce en page 2 de ce petit essai, paru dans l'intéressante collection Tracts chez Gallimard, l'avocat et écrivain François Sureau. Dénonçant la montée d'un état policier de plus en plus violent, utilisant des armes de guerre (fusil d'assaut) face à des citoyens manifestant dans la rue, choisissant qui a désormais le droit de manifester en excluant certaines personnes en raison de leur passé judiciaire, érigeant ainsi un pouvoir policier dont l'objectif premier n'est plus la protection des citoyens mais la punition, il explique comment les trois quinquennats de Sarkozy, de Hollande et de Macron ont peu à peu, de façon progressive et insidieuse érodé les libertés dans notre pays, au nom de la sécurité. Pour lui, la France n'est pas et n'a même jamais été le pays des droits de l'Homme mais le pays de la Déclaration des droits de l'Homme. La Vème république, issue de la Constitution de 1958, crée d'emblée les conditions de cette atteinte progressive et devenue permanente aux libertés des citoyens. Les pouvoirs publics ont endormi les libertés individuelles par une propagande sécuritaire montante et devenue quasi-permanente. Selon François Sureau, le droit pénal français est l'un des plus durs qui soient. La demande de sécurité est légitime mais elle a servi de prétexte à l'instauration d'un pouvoir de plus en plus autoritaire, qui de plus en plus considère le citoyen libre comme un délinquant en puissance. Les libertés ne sont plus, dès lors, un droit mais une concession du pouvoir. D'où l'instauration progressive, en parallèle, à cette tendance d'une véritable censure, véritable atteinte à la liberté de pensée et à la liberté d'expression. Cette perte de confiance des dirigeants dans la capacités du citoyen libre conduit à transférer le pouvoir des citoyens vers une administration rigide, autoritaire et castratrice des libertés. Cette érosion des libertés a été le fait aussi bien de gouvernements de gauche qui "ont abandonné la liberté comme projet" que de gouvernements de droite qui "ont abandonné la liberté comme tradition", laissant la place à un centrisme autoritaire faisant des individus des citoyens soumis.
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Brillant. Dense. Fondamental. En un mot, intelligent, comme souvent avec François Sureau.
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« Sans la liberté » est un texte important qui saisit, claque au visage. Porté par une plume qui se fait lame, Sureau dénonce nos lâches et inefficaces renoncements qui conduisent au remplacement de « l'idéal des libertés par le culte des droits ».

Ce qui attrape le lecteur, c'est cet avis de décès du citoyen remplacé par un individu qui prend sa solitude pour de la liberté. « nous nous exprimons avec les mots de nos maîtres, cependant que ces maîtres ne se survivent que dans leur docilité à nos passions »

Il y a donc urgence à reconstruire un projet politique autour des libertés publiques : « Une chose est de sanctionner a posteriori un exercice incivil de la liberté ; autre chose est de remettre à un tiers public, la définition a priori des formes acceptables qu'elle peut prendre »
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