Élina

En guise de préambule à mon commentaire de cet ouvrage, je reprendrais à mon compte ces mots de Flaubert : "On peut juger de la beauté d'un livre à la vigueur des coups de poing qu'il vous a donné et à la longueur de temps qu'on met ensuite à en revenir."


Voilà qui résume fort justement mon ressenti de lecteur tout au long des 391 pages de ce fascinant roman sur le thème tragique de l'aliénation parentale, devenu en l'espace de quelques années un véritable fléau de société (et cependant encore si peu médiatisé, comme s'il s'agissait d'une question taboue), où comment l'éclatement d'un couple peut amener un parent (en l'occurrence la mère) rongé par la rancoeur à se métamorphoser en authentique tortionnaire vis-à-vis d'une enfant transformée en souffre-douleur officiel de toute une famille (à l'exception de sa grand-mère), pour l'unique (et impardonnable) crime son refus viscéral de l'effacement d'un père dont l'absence aura hanté toute sa vie comme la plus fidèle des présences.


Sans vouloir altérer le plaisir des futurs lecteurs en dévoilant plus en détails la trame intime de cette intrigue si foisonnante, tant en termes de finesse d'analyse psychologique (tous les personnages étant admirablement campés et d'une époustouflante authenticité) que d'une architecture narrative marquée par un crescendo élégiaque qui prend le lecteur aux tripes de bout en bout, je préférerais souligner à quel point j'ai été irrésistiblement emporté par cette oppressante atmosphère de drame imminent qui plane sur la destinée d'Elina tout au long de son impossible quête, celle d'une innocence bafouée dès sa plus tendre enfance, une enfance dont elle s'évertuera toute sa vie durant à reconstituer les fragments épars, au travers de cette recherche désespérée d'un père publiquement honni et qui pourtant s'imposera au fil des ans comme l'ultime espoir d'affection salvatrice dans le coeur déchiré d'une jeune fille devenue femme sans même avoir jamais eu le droit d'être une enfant.


Sur le style particulier de l'auteure maintenant, force m'est de reconnaître que j'ai été absolument émerveillé par son admirable justesse, elle qui réussit avec Elina l'admirable prouesse d'allier sobriété d'expression et une grâce à fleur d'âme dans ce kaléidoscope d'émotions qu'elle nous offre de la première à la dernière page de son récit, chaque mot sous sa plume d'or transformant des secrets en diamants et vous chavirant le coeur d'une manière à la fois si poétique et frontale, de sorte qu' une fois le livre refermé vous savez non seulement que vous n'en sortirez pas indemne mais que bien au-delà vous en resterez profondément marqué à vie.


Comme vous l'aurez compris sans doute, la lecture d'Elina aura été une merveilleuse découverte pour le lecteur de longue date que je suis, une véritable pépite littéraire que je vous recommande à toutes et à tous sans réserve aucune, un livre dont chaque mot vous est planté comme un couteau dans le coeur mais dont l'infinie tendresse mélancolique vous submerge jusqu'au tréfonds et vous transporte sur les propres rives de vos blessures d'enfance naufragée.


Pour finir par un dernier hommage adressé à son auteure-virtuose, je lui offrirais seulement cette définition du "bien-écrire" délivrée en son temps par le comte de Buffon : "Bien écrire, c'est à la fois bien penser, bien sentir et bien rendre; c'est avoir en même temps de l'esprit, de l'âme et du goût".
Après avoir achevé la lecture d'Elina, il ne fait aucun doute à mes yeux que Lola Swann réunit toutes ces qualités insignes, son univers ne ressemble à aucun autre et elle comptera assurément dans les mois et années qui viennent parmi les nouvelles plumes à suivre et qui feront les beaux jours non seulement de ses lecteurs mais de la ou des maisons d'édition qui auront le bon goût d'encourager son exceptionnel talent.


Le prochain roman de Lola Swann, intitulé "Le secret d'Anna", devrait paraître en début d'année prochaine et figure d'ores et déjà sur ma liste des convoitises littéraires de ces prochains mois.
En attendant, je ne peux que vous inviter une dernière fois à faire la connaissance de l'inoubliable Elina, dont la bouleversante intensité continuera encore longtemps à faire vibrer les cordes les plus sensibles de mon âme.

Au delà de l'ignominie de la violence conjugale qui laisse de redoutables traces, se cache une autre violence, plus sournoise : la violence psychologique. Mais « Élina » n'est pas considérée comme la victime principale d'un couple qui se brise. Elle est l'enfant. Elle est la victime collatérale de la haine qui remplace l'amour. Elle est plantée de ce roncier qui va la déchirer de l'intérieur jusqu'à prendre toute la place. Élina est cette petite fille, à la fois trop jeune et trop âgée du haut de ses 3 ans. Elle est le souvenir de l'Autre, une présence encombrante, trop imprégnée, trop corrompue pour être aimée à la mesure de l'amour qu'elle aurait dû avoir.

« Derrière ce calme, trompeur pourtant, son petit coeur, tout doucement, sans déranger quiconque, est en train d'imploser ».

Lola Swann a fait le choix au fil de son roman, Élina, de donner la parole à cette enfant qui va grandir, écartée délibérément de son père, écartelée par ses propres sentiments. La violence inouïe avec laquelle son papa, Billy, va être effacé de sa vie sans procès, sans discussion possible est une torture permanente, une impasse à sa propre existence dans un tunnel sans espoir, sans lumière vers laquelle se diriger.

« La porte-fenêtre du balcon lui apparaîtra soudain comme la seule solution à son désespoir ».

Engluée dans sa vengeance, grande architecte de la démolition de sa propre fille pour sa délivrante reconstruction, Gladys, la maman, va arroser sa fille d'une silencieuse rancoeur jusqu'à en faire insidieusement le souffre-douleur d'un couple recomposé. En savante tortionnaire elle laissera même son nouveau compagnon, le nouveau papa, s'occuper de corriger manuellement l'enfant désirée devenue l'indésirable.

Dans un style épuré, sans jugement, mais sans retenue ni demie-mesure, Lola Swann nous ouvre les yeux sur ces victimes oubliées qui subissent la vie sans vivre la leur. « Comme tout enfant, la petite fille ne saurait remettre en question ses parents. le problème vient d'elle ». Ainsi, au fil de son oeuvre, au travers la lente agonie d'Élina, l'autrice soulève ce voile, sans pudeur, pour mieux nous recouvrir du linceul de la triste réalité. « en pensées, elle se préparera alors à sa délivrance toute proche, priant pour qu'un saut du deuxième étage suffise à la tuer… ».

Élina, de Lola Swann, est assurément un roman dramatique qui mérite toute sa place dans votre PAL tout comme il mérite de figurer dans ma liste « Coup de Coeur ».
Lien : https://voslivres.fr/2021/12..

Une très belle lecture encore une fois lola à si me transportée dans son univers poétique.
Je ne suis pas déçue de cette lecture j'ai pris le temps d'apprécier cette histoire très poétique et très spirituel.
Un papa absent, une maman tyrannique un beau père violent voici ce que subit Elina tout au long de son histoire.
C'est un récit poignant, bien écrit, fluide.
Elina en quête de vérité et de spiritualité.
Je remercie l'auteure pour sa confiance et j'ai passée un excellent moment.

Le commentaire de Lynda : ♥COUP DE COEUR ♥

Encore une fois, Lola Swann nous offre une lecture hors de l'ordinaire, et encore une fois, c'est un coup de coeur pour moi. J'adore l'écriture de cette auteure qui est sensible, émouvante. Une lecture que l'on ne peut pas lâcher avant la fin, c'est ce qui définit bien les romans de Lola Swann.
Nous allons suivre l'histoire de la petite Élina, à partir de l'âge de 3 ans, qui se retrouve avec sa mère et les autres membres de la fratrie, alors que celle-ci a quitté son mari, le père d'Élina.
Tout le monde d'Élina, tel qu'elle le connaît, va s'écrouler. Son papa ne va pas bien et le nouveau conjoint de la mère, qui devient le ''nouveau père''. Élina souffre, et pour s'évader de ce monde qu'elle n'aime pas du tout, elle se réfugie dans un monde imaginaire, alors qu'elle se retrouve avec une mère très très dure et un nouveau père assez violent.
Élina, c'est la petite fille qui grandit avec les séquelles de ce mal d'aimer, c'est la petite fille à qui on a enlevé tous les espoirs, une petite fille à qui on a enlevé l'enfance tout simplement.
Et les séquelles de tout ceci s'en feront sentir presqu'à jamais, et ça, c'est si on s'en sort finalement, ce qui n'est pas toujours le cas.
Je vous invite à lire ce roman bouleversant, qui vous fera passer par toute la gamme des émotions, qui feront remonter la grosse boule dans la gorge, qui vous donnera envie de prendre la petite Élina contre vous, et de simplement l'aimer.
Un coup de coeur, oui, c'est certain et je ne suis pas prête d'oublier Élina.
Lien : https://lesmilleetunlivreslm..

Un livre magnifique, bouleversant, qui aborde avec justesse des thèmes profonds. J'ai passé un très bon moment avec cette lecture que je ne peux que vous conseiller. L'autrice y aborde des sujets durs en nous faisant parfois rire, parfois pleurer et parfois réfléchir. J'ai vraiment été dans l'histoire et j'ai eu du mal à en ressortir. Bref, une lecture qui ne laisse pas indifférent.