Rire

Le grand rire intempestif qui nous échappe et nous domine au point de consommer les larmes de nos chagrins. Le rire qui souhaite la bienvenue au hasard et à l’étonnement, et qui en veut et qui en redemande pour faire durer le plaisir.

Au delà du Bien et du Mal, la surhumaine bonne humeur, le rire ni bon ni méchant mais spontanément digne….— C’est le coup de marteau qui ouvre une brèche dans le mur de la prison au sein de laquelle nous nous berçons de l’illusion que nous sommes libres..
Prison des mimétismes de langage, de l’éducation, des névroses, de l’inconscient, de la société, de la morale, de l’identité, voilà les manèges du parc d’attractions où nous croyons voyager librement en chevauchant un cheval de bois qui tourne toujours autour du même axe.
C’est l’enthousiasme,; la curiosité et l’effort surhumain de l’humeur joyeuse qui sont nécessaires pour prendre le risque de descendre du manège et de respirer à l’air libre.

Comme si revendiquer d’être une victime dominée conférait automatiquement une supériorité morale qui n’admettait aucune contestation. La revendication identitaire est devenue le passeport magique pour juger sans justice.

L’identité est une construction stable et définie…plaquée sur ce qu’il y a de plus instable et de plus indéfinie : l’être.

Y a-t-il une manifestation plus criante de la bêtise humaine que de sentir offensé par tout ce qui n’est pas soi ?

Il n’ya pas de bonheur sans la claire volonté d’être heureux plutôt que malheureux. Il n’a pas de joie de vivre sans la décision pratique de parvenir à l’éprouver par tous les moyens. C’est une discipline.