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EAN : 9791022604598
416 pages
Editions Métailié (18/02/2016)
4.02/5   30 notes
Résumé :

Pour son 750e anniversaire, la petite ville de Gigricht en Allemagne décide de favoriser l'intégration des étrangers : 5000 marks sont offerts à ceux qui auraient quelque chose d'intéressant à raconter.

Rosa Masur, vieille Juive russe à qui on ne la fait pas et dotée d'un sens de l'humour à toute épreuve, se porte candidate. Elle a l'anecdote du siècle.

Un siècle qu'elle a vécu de bout en bout, avec ses révolutions, ses guerr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Ce livre est à jamais, l'occasion de rencontrer, Rosa Masur, extraordinaire bout de femme de quatre-vingt douze ans, juive russe, émigrée en Allemagne, dans la petite ville de Gigricht, plus de cinquante ans après la fin de la deuxième guerre mondiale. Elle se définit elle-même,"je suis atypique". Elle est atypique, coriace et terriblement marrante ! Bien que son histoire ne le soit pas autant....
A l'occasion de son 750 iéme anniversaire, la ville organise un concours intitulé "5 000 marks offerts à des témoins de l'histoire", pour un projet de livre-anniversaire, qui s'appelle ,“Étrange patrie. Une patrie à l'étranger”, et a pour but l'intégration des étrangers. Rosa qui a un fils invalide et une belle-fille et vit avec l'aide de l'Etat et celui de son petit-fils, ne va pas manquer cette offre alléchante.
La vieille dame a traversé le XX iéme siècle et deux guerres, et son histoire n'est pas des plus communes. Elle va nous la raconter à travers des interviews en russe réalisés par le traducteur de la municipalité....une histoire qui débute dans la bourgade de Vitchi, en Biélorussie, en 1910 ou 1911.....dix ans vont s'écouler, où Vitchi et sa communauté juive sera livrée aux Allemands , aux bolcheviks, aux Blancs antirévolutionnaires, aux Polonais ou tout simplement aux bandes, mélange hétéroclite d'anciens soldats, de vagabonds et de prisonniers évadés.....le siège de Leningrade,où la faim entraîne la consommation de bouillon à base de colle de papiers peints, de l'animal domestique de la maison,de pain à la farine mélangée à la sciure de bois, de lanières de cuir et de semelles de chaussures....et même...de chaire humaine ("C'est incroyable tout ce qu'on est capable de manger")....et l'histoire d'une survivance en tant que juif dans la Russie de l'après-guerre.

Les Juifs, les Noirs, les Femmes...toute sorte de discrimination y passe...pas toujours facile à lire mais la personnalité exceptionnelle de Rosa Masure allége toutes les difficultés, toutes les injustices et la méchanceté humaine au-delà de toute imagination ....

Je n'aime pas les livres traitant d'histoire et encore moins l'histoire du XXiéme siécle, mais ce livre ne vous inquiétez pas, n'en est pas vraiment un . C'est l'histoire d'une femme juive hors du commun,intelligente, sensible,futée, drôle, et qui ne manque pas de courage.....même face à Staline.

"L'Etrange mémoire de Rosa Masur", publié en février 2016, a remporté le Prix Adelbert von Chamisso et le Prix Anton Wildgans. Si ça vous tente, un excellent roman, superbement écrit avec humour malgré la noirceur du sujet. Un grand plaisir de lecture !
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Vladimir Vertlib, est venu s'installer en Autriche sur les pas de Kafka, non à Vienne mais à Salzbourg, pour s'y baigner dans la musique baroque, cette ville qui fut pour moi, à l'age15 ans, un enchantement, musiques de choeurs, musiques de chambre, musiques de réconciliation, ici les carillons ne rythment pas les prières, mais la musique. On ne viendra plus le faire chanter, Lui le juif errant, car il chante déjà, L'étrange Mémoire de Rosa Masur.


Peut-on imaginer pire cauchemar, que de devoir manger feu le grand-père, à petits feux, pièce par pièce, à n'en laisser que les os ! L'une des pires horreurs vécues par Saint-Pétersbourg, "Leningrad", pendant les deux années de blocus, par une population affamées sciemment, face à l'armée Nazi. Comment imaginer que des enfants disparaissaient. L'étrange mémoire de Rosa a gardé intact ces années de guerre qu'elle a partagé avec Macha sa voisine, et ses enfants Kostic et Sheila.


Vladimir Vertlib né à Léningrad, a voulu raconter l'histoire d'une famille juive au long de ce siècle, catapulté dans des guerres fratricides entre des pays de culture chrétienne, Il a exprimé avec la lucidité d'un historien, et le parti pris d'un agnostique, que la pire des identités était l'identité juive, il fallait fuir, ou s'attendre à mourir d'un jour à l'autre. Absurde ! Kafkaien au sens le plus glauque, le plus noir, demain vous serez recherché, pour être pendu ou décoré ?

Kostic a pu intégrer une école supérieure de mécanique, où règne un certain Sergueïev le Doyen appelé le roi des juifs. Il faut savoir qu'après la guerre, après 1945, le nombre de juifs admis en classe supérieure était limité à un pourcentage inférieur à 5 %.
Kostik fera une faute d'orthographe sur un devoir de traduction, il oublie le r de Stalingrad. Certes cette traduction de russe en allemand, Stalinegad, ne donne aucune trace de subversion. Mais la blague en russe est connue Stalinegad, signifie Staline fumier.
Kostic est suspendu, puis arrêté. Un drame kafkaïen de plus.


Cette fois Rosa se lance à l'assaut du Kremlin, elle obtient un rendez-vous avec le bon père du peuple, de sa bouche émergent, deux phrases ubuesques : "Des talmudistes, des ergoteurs, des joueurs nés, dit-il". "Les juifs vous êtes un peuple rusé, le jeu, vous avez ça dans le sang". Puis il se mit à rire, "vous êtes une femme futée et courageuse, Rosa Abramovna. Vous me plaisez."page 369.

Ainsi, pour toutes les raisons imaginables, et inimaginable, aucun des membres de la famille de Rosa, n'a pu se soustraire à une arrestation, ou à un emprisonnement, ou pire à la mort.


Malédiction, peut-être, car être née dans le village de Vitchi, en 1907, c'est être biélorusse. "C'était l'époque où les arbres pointaient encore vers le ciel". Moyshe fut le premier à m'apprendre que le monde tel que nous le connaissions allait bientôt disparaître. "Nous nous sentions en sécurité au village aussi longtemps que nos voisins nous laissaient en paix comme nous ils marchaient pieds nus parler aussi bien le yiddish que nous le biélorusse".
Mais le village, proche de la frontière allait voir se succéder, russes, allemands, russes, allemands, russes...

Portrait d'une femme, le portrait de Rosa, une femme confrontée en permanence à son identité juive, qui selon, les hauts de coeur de l'histoire, frôle soit la vie, soit la mort. Oui quel étrange mémoire, d'avoir gardé cette fibre familiale, la seule qui mérite d'être entretenue, sauvegardée. Quelles doses de courage et d'humour faut-il cultiver, pour ne pas sombrer quand on perd des enfants, que l'on vous a confié, que la victoire est amère quand elle apprend qu'un de ces enfants a été sauvé alors que ses parents et toute sa famille ont disparu.

Livre bouleversant qui ne tombe pas dans le sentimentalisme, qui exprime crûment comment des êtres singuliers ont été pris en otage parce qu'il fallait trouver des boucs émissaires. Livre totalement kafkaïen, car il n'y a aucune logique à percevoir dans la communauté juive des hommes et des femmes rusées, filous, et de chercher à les honorer à travers un prix d'une haute valeur. Absurde ! Bien sûr !
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Après avoir découvert Vladimir Vertlib avec son dernier roman, Zèbre dans la guerre, lors de la Masse Critique fiction, ma curiosité était attisée. Je me suis lancée dans ce roman bien plus ample et ambitieux, dont le publication originale est déjà ancienne (2001), mais traduit en 2016 seulement en français grâce aux éditions Métaillié.

Je suis un peu triste de n'avoir pas entendu parler avant de cet auteur, il me semble qu'il n'a pas le succès qu'il mériterait. J'ai l'impression que le public français n'est pas facilement perméable aux thèmes des romans russes. Si ce roman a été écrit en autrichien, langue de l'auteur dont les parents ont émigré de Russie dans les années 70, il traite effectivement de la vie en Union soviétique, et plus spécialement des situations qu'ont subies les juifs entre pogroms du temps des tsars, occupations diverses, exécutions dans le cadre de la solution finale, persécutions arbitraires...

Des sujets pas forcément très bien connus par les français avouons le, même si avec le conflit russo ukrainien certaines thématiques ont pu être mises sur le devant de la scène. Difficile dans notre pays marqué de longue date par l'emprise du communisme sur les journalistes et intellectuels de réaliser l'ampleur l'antisémitisme du stalinisme et des persécutions contre les juifs.
Ou tout simplement d'être informé des faits historiques concernant les exécutions de juifs durant la seconde guerre mondiale. La shoah a aussi eu lieu, massivement, sur le sol de l'Union soviétique, et si les exécutions n'étaient pas le fait des citoyens soviétiques, ils ont pu en être complices, voir auxiliaires ou simplement soutiens.

Le lecteur accompagne donc une vie de tribulations à travers les évènements terribles relatés par Rosa Abramovna, vieille dame juive née en Biélorussie, ayant vécu sa vie à Leningrad puis St Petersbourg, et dorénavant immigrée dans une bourgade allemande. Vieille dame qui ne manque pas d'humour et de malice... et l'auteur non plus, ce qui rend la lecture plaisante et parfois franchement drôle, malgré la teneur hautement dramatique des faits.

J'ai particulièrement apprécié l'astuce littéraire inventée par Vladimir Vertlib pour offrir un cadre à son récit, en traçant au passage une satire du bien pensantisme occidental. Rosa déballe effectivement ses souvenirs à l'occasion d'un concours organisé par la ville, qu'elle espère bien remporter. Cadre qui permet d'introduire le doute sur l'affabulation de Rosa sur certains épisodes. Mais le récit prouve aussi au lecteur que l'héroïne, en bonne mère juive, ne recule devant rien pour son Kostik!
Car l'enjeu c'est un prix, une grosse somme d'argent qui permettrait à Rosa de réaliser le rêve de son fils : voir Aix en Provence, en vrai. Vont ils voir Aix ??

Le thème du face à face avec le dictateur qui fait basculer un destin est un topos des récits qui abordent les régimes autoritaires. Pour être attendue, acmé du roman, la rencontre de Rosa avec Staline telle que Vertlib l'invente est vraiment originale.
La plume de l'auteur est volontiers poétique, tragique, satirique, volontiers philosophique. Mais le tout avec une drôlerie fidèle à l'idée que l'on a de l'humour juif: face aux persécutions, le rire n'est pas le moindre des soutiens.
La forme est également mouvante, passant de narration au passé, au présent, parfois épistolaire, Rosa entretenant un dialogue outre tombe avec sa meilleure amie, décédée pendant le siège de Leningrad.

J'ai vraiment été enthousiasmée par ce roman, très différent de Zèbre dans la guerre, même si l'auteur y tire le même fil, du passé au présent... J'espère que d'autres oeuvres de Vertlib seront traduites, je lirai avec plaisir le 3eme roman actuellement publié toujours chez Métaillié, Lucia et l'âme russe.
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Nous sommes au crépuscule du XXème siècle et la ville allemande totalement fictive de Gigricht fête le 750ème anniversaire de sa naissance. À cette occasion, elle prévoit l'édition d'un livre-anniversaire montrant la bonne intégration des étrangers en Allemagne. À la clef, et pour ceux qui seront retenus pour ce projet intitulé « Étrange patrie, une patrie à l'étranger », une prime de 5000 marks. Parmi ces communautés, il y a celle des Juifs russes qui, après la chute du Mur de Berlin, ont pu demander asile à l'Allemagne : « son pays s'est déclaré prêt à laisser entrer un contingent restreint de Juifs russes, mais seulement ceux dont l'origine juive est irrécusable ». Un comble tout de même pour un pays qui entre 1933 et 1945 n'a pas eu de mal à prouver l'identité de nombreux Juifs qu'il a menés à l'anéantissement. Culpabilité ? C'est vraisemblable... Difficile de prouver son origine lorsque tout a été confisqué ou a brûlé et que l'on n'a définitivement plus rien !. Mais il en faut plus pour décourager Rosa Masur ! C'est une maligne qui sait à qui s'adresser pour obtenir de vrais  faux papiers! de toute façon, si elle n'avait pas été maligne, elle n'aurait pas atteint les 91 ans dans les espaces géographique et historique dans lesquels elle a vécu... Moyennant finance, Rosa reçoit la fausse preuve de sa pourtant véritable identité juive et ainsi l'autorisation de résider en Allemagne avec son fils Kostik, sa belle fille Frieda et son petit fils Sacha. Pour toucher la prime de 5000 marks, elle va devoir raconter son histoire, celle d'une femme juive qui a traversé la quasi-totalité du XXème siècle. Et quelle histoire passionnante ! Rosa Masur est née vers 1910 à Vitchi, petit shtetl de Bielorussie, où cohabitent tant bien que mal Juifs et Gentils. Sa mère a déjà deux enfants lorsqu'elle se remarie avec son père qui ne partage pas son désir d'émigrer au Canada. Comme lui dit son grand-père : « Personne ne sait ce qui vous attend en Amérique. Nous vivons dans ce coin depuis des siècles, nous y serons encore dans cent ans, à moins que d'ici là le Messie ne nous ait délivrés de tous les maux ». le grand-père de Rosa ne s'est pas avéré un esprit très clairvoyant…. La famille ne part donc pas ! Dans cette société juive traditionnelle où l'éducation des garçons prime sur celle des filles, le chemin de la petite Rosa croise celui d'un personnage très atypique : Reb Jacob Weiss, melamed. Dans le Yiddishland d'avant-guerre, le melamed dispense traditionnellement au Heder, l'école primaire juive de garçons, les rudiments de judaïsme et d'hébreu. Mais Jacob Weiss veut à tout prix enseigner aux filles et même si la communauté le prend pour un meshugge (un fou), elle finit par accepter. le melamed communique à Rosa un amour des livres qui ne la quittera jamais.
La communauté juive d'Europe, en particulier celle de l'est, a vécu un vingtième siècle particulièrement tourmenté et tragique et Rosa s'avère en être un témoin sûr et loquace. le communisme du début du vingtième siècle était pourtant prometteur : l'Union soviétique prévoyait d'abolir les frontières entre les états socialistes, de briser les chaînes du prolétariat, d'anéantir le capitalisme et de traiter tous les peuples sur un pied d'égalité « Plus de pogroms, ni marchands ambulants, ni rabbis miraculeux, ni Luftmenschen (…) juste des ouvriers » déclare avec convivtion l'enthousiaste frère de Rosa à un interlocuteur sceptique ! Mais l'Union soviétique prend rapidement ses distances par rapport à ces belles idées. L'antisémitisme reste la toile de fond du régime. Kostik, le fils de Rosa, brillant étudiant dans le domaine scientifique, se voit refuser l'entrée de plusieurs écoles supérieures prestigieuses aux examens desquelles il a pourtant obtenu les meilleurs résultats. Les traditions sont tenaces et les Juifs continuent d'être considérés, entre autres, comme les principaux agents du capitalisme et comme le peuple déicide d'autre part! Les Juifs ont l'obligation de combattre dans les rangs de l'armée lors des deux conflits mondiaux mais Rosa n'obtient pas l'autorisation d'ériger un monument à la mémoire des Juifs de Vitchi, dont ses parents, dénoncés par des habitants « bien intentionnés » du shtetl et fusillés par les nazis. La fin de la Seconde guerre mondiale est hélas bien loin d'avoir mis un terme à cela : « Tu ne sais pas qu'il y a eu des pogroms après la guerre, que les soldats juifs qui reviennent du front sont accueillis par des slogans nazis et que les autorités font mine de ne pas les voir et que l'on dit des Juifs que c'étaient des tire-au-flanc et des lâches pendant la guerre ? » lui dit son cousin Isaak. Par ailleurs, il faut aussi se méfier des voisins car bien qu'elle soit juive, il arrive aussi à Rosa d'être soupçonnée d'avoir des sympathies nazies. En effet, elle est traductrice de l'allemand vers le russe et le fait de posséder un ouvrage en langue allemande peut être interprété comme de la propagande fasciste !
le siège de Léningrad imposé pendant 900 jours par la Wehrmacht est aussi l'occasion pour les peuples de se dresser les uns contre les autres. La faim, particulièrement éprouvante y provoque une déshumanisation et des actes peu communs : Rosa et ses enfants sont contraints de manger leur chat Mourka et des enfants sont parfois enlevés pour être mangés… Pourtant Rosa continue malgré tout de croire à la bienveillance du communisme comme elle continue longtemps de croire que les atrocités commises par les nazis contre les Juifs ne sont que pure invention.
L'invraisemblable rencontre de Rosa avec le camarade Staline en vue de résoudre le problème des études de Kostik est dans la pure tradition du conte yiddish ! Vraisemblance et invraisemblance s'y cotoyent. Habile ré-imagination d'une vieille histoire ! Humour juif ! Totalement absurde mais très efficace!Vladimir Vertlib est né en 1966 en URSS de parents juifs et vit désormais en Autriche. Il est probable qu'il ait trouvé inspiration dans l'histoire de sa propre famille pour écrire l'immense page de vie de Rosa. Un livre passionnant du début jusqu'à la fin ! Très belle lecture !




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Dans une petite localité allemande imaginée par l'auteur, Girgricht, la mairie décide de faire éditer, pour le 750 ème anniversaire de la naissance de la petite ville, un livre montrant la bonne intégration des étrangers.
Un curriculum vitae est demandé à un représentant de chacune des communautés installées à Girgricht.
Parmi ces communautés, il y a celle des Juifs russes.
Une indemnité journalière de 50 marks est prévue et, après l'édition du livre, une prime de 5000 marks.
Il s'agit de marks car l'action se déroule dans les années quatre-vingt-dix.
Notre héroïne, Rosa Masur, Juive russe nonagénaire, se porte candidate. Son but ? Gagner ce prix afin d'offrir à son fils, Kostik, le voyage à Aix-en-Provence qu'il rêve d'accomplir depuis des années.
Le récit de Rosa Masur commence dans un village de Biélorussie en 1907, à la fin du régime tsariste et au début de la Révolution d'Octobre.
Après l'enthousiasme au début de l'ère soviétique, ce sont tous ses travers qui sont traités avec humour.
Puis c'est l'invasion de l'URSS par l'Allemagne nazie et l'éprouvant siège de Leningrad.
Dans les années qui suivent la fin de la guerre et jusqu'à la mort de Staline, ce sont les persécutions antisémites des autorités soviétiques (quotas d'étudiants juifs dans les universités, l'affaire des "assassins en blouse blanche")
Tout le cynisme de la bureaucratie soviétique nous est montré.

Ce livre de Vladimir Vertlib est plein de sensibilité.
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critiques presse (1)
Liberation
15 février 2016
Son livre est traversé à la fois par le souffle russe et l’humour désabusé de la littérature juive d’Europe centrale.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (35) Voir plus Ajouter une citation
–Je connais beaucoup de contes, grâce à mon père, répond Rosa. Mais cela n’a rien à voir avec le hassidisme. Je leur ai toutefois raconté l’histoire de l’homme et ses trois chèvres : Foi, Amour et Espérance. Foi se faufile un jour à travers la clôture qui entoure la maison, s’égare dans la forêt et se fait manger par un loup. Il ne reste plus que ses sabots. Amour renverse une lampe à pétrole que l’homme négligent avait laissée dans la bergerie et prend feu. D’elle ne subsiste qu’un morceau de charbon. Désormais, l’homme est aux petits soins avec Espérance, la dernière chèvre qui lui reste. Il la gâte et la bichonne, bien qu’il soit devenu pauvre et ait lui-même à peine de quoi vivre. Il se montre généreux envers elle, dépense l’argent qui lui reste en nourriture, jusqu’à mourir de faim à ses côtés. On le retrouve mort dans la bergerie. Ses mains sont agrippées aux cornes de l’animal.
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.....elle se rappelait comment on traitait les Noirs en Russie, déjà rien que la façon dont on parlait d’eux. Les étudiants nègres séduisent ou violent les femmes russes, disait-on. C’étaient des chauds lapins, montés comme des étalons. Il y avait beaucoup de femmes qui aimaient cela, bien mal leur en avait pris ! Les Noirs, disait-on, dégageaient une odeur nauséabonde, étaient bruyants et se distinguaient à peine des prosimiens. Rosa se souvint d’une blague qu’elle avait entendue un jour : dans la résidence étudiante de l’université Lumumba, un étudiant s’est fait manger. L’administration du foyer et la milice sont indignées. Pourquoi avez-vous fait cela ? demande un milicien aux auteurs du crime. Vous êtes quand même nourris… Mais la nourriture de notre pays nous manquait, expliquent les étudiants africains.
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Derrière la porte, l’atmosphère viciée des années 60 avait cédé la place au nouveau millénaire avec ses ordinateurs bourdonnants et ses meubles design. Au bureau était assise une jeune femme qui donna à Rosa l’impression qu’on l’avait elle aussi choisie parce qu’elle était assortie à la décoration intérieure des locaux administratifs, et qu’on l’avait installée là, dans la pièce, tel un beau meuble.
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–Ce n’est pas avec la raison qu’on résout les questions cruciales de notre existence, dit-elle. Kostik ne réagit pas, seuls les sifflements de sa respiration s’intensifièrent. –Il y a longtemps que j’ai perdu la foi en la raison. À l’école, on nous faisait des tas de sermons sur tout ce qui était de l’ordre du faisable mais on ne nous a pas appris grand-chose sur les lois de la probabilité.
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Quand tu vois un moribond, crache trois fois par-dessus ton épaule droite, comme lorsque tu vois des animaux morts, lui avait dit un jour une de ses tantes. Si elle avait suivi ce conseil, il y a longtemps qu’elle n’aurait plus de salive.
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