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sur 6375 notes
24 heures sur toute une vie, ce n'est rien si la vie est longue, et c'est tellement à la fois.
Si le temps s'est arrêté, si l'on fait « pause » sur le film de sa vie et que plus rien ne compte ni les scènes d'avant ni celles d'après, mais alors, quelle souffrance !

Combien de femmes ont rêvé de se soustraire, sur un coup de pure folie, à leur vie réglée comme du papier à musique, entre responsabilités familiales et professionnelles, entre corvées essentielles répétées à l'infini, et plaisirs trop rares ?
Combien sont-elles, prêtes à suivre un inconnu pour qui elles ont un coup de coeur insensé, pour une heure, 24 heures ou pour toute une vie ?
Combien d'entre elles l'ont vraiment rencontré ?
Combien ont réellement commis la pure folie, sans la moindre hésitation, de suivre leur instinct, de foncer dans l'inconnu, de prendre l'amour à bras le corps ? Quand d'autres pleurent dans le soir leur projet avorté, la peur viscérale d'être jugée, l'impossibilité totale de passer à l'action ?

Ah ! Monsieur ZWEIG, encore une fois vous avez exploré au plus profond le coeur des femmes, à une époque où le deuil se portait sur le vêtement noir pendant de longs mois, et la bienséance dictait la conduite sans discussion possible.
Vous avez su dépeindre les mille couleurs des sentiments passionnels, de la folie d'un geste insensé, d'une étreinte exaltée, d'un combat contre la violence de la culpabilité. Vous avez fait parvenir le lecteur jusqu'à l'extase, après avoir fait monter le désir par la puissance de l'interdit, puis vous l'avez fait tomber dans l'enfer du piège de l'addiction aux jeux, dans les casinos.

Contre toute attente, une femme peut tout donner pour sauver un homme : passer outre ses pires défauts, par amour pardonner son addiction, ses faiblesses, ses bassesses, mais souffrira toute sa vie de n'avoir pas été aimée comme elle l'aurait souhaité.
Souffrance sentimentale infernale, torture qui marque à vie.

J'avais d'abord rencontré "Le joueur d'échecs", puis lu cette " Lettre d'une inconnue" jusqu'à en éprouver " La confusion des sentiments" et vivre " 24 heures de la vie d'une femme", comme si c'était une seule et même histoire ! Etonnante rencontre !
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Comment en si peu de pages, en si peu de mots, faire passer autant d'émotions au lecteur ? Monsieur Zweig seriez-vous magicien ? Un magicien des mots ?

J'ai brûlé de curiosité à la lecture de cette nouvelle. Je voulais connaître le secret qui rongeait cette vieille dame. La passion d'un jour et la désillusion de tant d'années... Quelle douleur ! Mais quelle sublime douleur... C'est plutôt paradoxal comme phénomène, non ? Mais, il faut bien admettre que Stefan Zweig est un conteur hors pair et qu'il vous mène tranquillement là où il en a décidé : dans l'univers de la passion (ou des passions) et des décisions urgentes et insensées que génère celle-ci.

Zweig possède le don d'entrer dans l'intimité des sentiments de ses héros, de façon intense et pudique tout à la fois, de tenir en haleine son lecteur et c'est tout simplement sublime !
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Voici un petit roman (une nouvelle pour certains, voir le P. S.) rondement mené, écrit avec délicatesse, une façon de "Sur la route de Madison" à la Stefan Zweig.
Celui-ci nous sert les confessions d'une vieille dame sur un épisode fugitif, mais marquant, (je l'écris de manière froide et tempérée, un "l'indicible confusion d'un fulgurant éclair d'amour dans la vie calme et bien réglée d'une femme" serait sûrement mieux) de sa vie où deux passions se croisent : la passion du jeu et la passion amoureuse, pour en aboutir à une troisième, un peu comme celle "selon Saint Mathieu".
Arrivée à une âge respectable, une femme de la haute société en villégiature sur la Côte d'Azur voit se dérouler sous ses yeux un épisode qui fait écho à quelque chose qu'elle a éprouvé, elle, un jour dans sa vie. Un amour ancien, fugace, une seconde de sa vie, un total abandon pour un homme dévoré par le démon du jeu (un peu à la façon du Joueur de Dostoïevski).
La description des mains du joueur (et puisque j'ai déjà commencé par une comparaison cinématographique) pourrait faire penser aux fameux cadrages serrés si chers et si caractéristiques des films de Sergio Leone et demeure selon moi le sublime morceau de ce livre.
Stefan Zweig aborde la passion amoureuse sous l'angle du refoulé et du qu'en dira-t-on. L'opprobre ordinaire du jugement des autres est aussi abordé. Il nous conte avec un certain brio, l'histoire d'un fugitif éclair dans la noire monotonie de la vie d'une femme de la haute société d'il y a cent ans environ, le palpitement de ces chairs qui n'ont pas toujours été calmes et sages.
On ne prend pas grand risque à lire ce roman, c'est rapide, c'est bien fait et, au pire, cela laisse indifférent mais je ne pense pas que l'on puisse le détester. Donc je le recommande bien volontiers et j'en garde un très bon souvenir sans toutefois le placer au niveau stratosphérique de la Confusion Des Sentiments qui m'a tant ravie. Mais cette considération hautement subjective n'est que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.

P. S. : Pour répondre à mon ami Lecassin, les gens de chez Stock ont probablement raison de dénommer cet écrit "roman" et non "nouvelle". La taille n'a pas grand chose à voir là-dedans, c'est simplement que la narration se déroule sur deux moments distincts, et il y a même deux narrateurs, ce qui, par définition, sert à distinguer une nouvelle d'un roman. Donc, oui, je pense que l'on doit appeler ce livre un roman et non une nouvelle, mais dans l'absolu, cela n'a pas beaucoup d'importance.
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1904. Un scandale vient perturber le calme tranquille d'une petite pension bourgeoise du sud de la France. Une femme « bien comme il faut » vient de s'enfuir avec un homme plus jeune, rencontré un jour plus tôt, abandonnant mari et enfants sans se retourner. Très vite, l'indignation remplace l'incompréhension et la conversation s'envenime autour du comportement de cette femme infidèle.

Seul le narrateur tente, tant bien que mal, de comprendre et de défendre ce comportement irraisonné. Mais alors que le ton monte entre les pensionnaires, une aristocrate anglaise intervient et semble prendre le parti du narrateur, faisant cesser le débat. C'est alors le prétexte pour la vieille femme de se confier à cet interlocuteur pour le moins ouvert et de lui raconter la journée qui a bouleversé sa vie il y a de ça de nombreuses années et qui a failli la faire, elle aussi, dévier du droit chemin…


Dans un style toujours aussi précis et lumineux, Stefan Zweig nous offre une magnifique confession de femme sur un moment furtif et néanmoins extrêmement précis de sa vie. A travers l'évocation d'une journée particulière, il dépeint la naissance d'une passion amoureuse fulgurante, irraisonnée et irrésistible d'une dame d'une quarantaine d'années pour un jeune homme de vingt ans son cadet… Mais cet amour enflammé et déraisonnable va se heurter au démon du jeu qui s'est emparé du jeune flambeur…

Sentiments exacerbés, folie, destruction sont au coeur de ce court roman porté par l'intensité d'une écriture puissante et évocatrice, qui nous plonge dans les tourments d'une passion dévorante. Des souvenirs d'autant plus vivaces qu'ils ont été refoulés pendant des années par honte et par peur du regard impitoyable d'une société policée, tout en retenue et en hypocrisie. Un roman qui touche et bouleverse par sa sincérité et donne envie de découvrir toute l'oeuvre de Stefan Zweig !


Challenge variétés : Un livre dont le titre contient un nombre
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Ce court roman de Stefan Zweig est vraiment passionnant ! Début du XXème siècle, alors qu'une jeune femme, Mme Henriette s'enfuit avec un homme qu'elle connait à peine, les pensionnaires d'un hôtel du Sud de la France se questionnent sur le coup de foudre et ses conséquences ; c'est alors qu'une vieille femme commence à apprécier le narrateur et lui raconte alors l'histoire qui a bouleversée sa vie : plus de vingt ans auparavant, Mrs. C..., veuve depuis peu de temps, se ballade à Monte-Carlo et rentre dans un Casino de la ville. Là, en observant les mains des nombreux joueurs, elle tombe par hasard sur celles d'un jeune homme passionné qui va fasciner la jeune femme, ainsi, elle comprend que cet homme d'à peine vingt ans veut se donner la mort et fera tout pour l'en empêcher...Nous vivons alors vingt quatre heures intenses, où le désespoir, la peur, le doute, la gentillesse, la bienveillance, l'amour fou et la déception vont se côtoyer et vont bouleverser à jamais cette femme.

Je me suis entièrement mise à la place du narrateur, écoutant attentivement la confession de cette femme touchante et sincère, qui, au fil des pages, prend confiance en elle et parvient à achever son histoire si singulière...Bref, j'ai beaucoup aimé ce roman de Stefan Zweig, auteur qui a une particularité bien à lui, c'est de passionner son lecteur ; d'ailleurs, ce dernier n'a comme solution que de dévorer ce livre si délicieux.

A lire absolument !!
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Certains auteurs me demandent une disponibilité d'esprit particulière au moment de les lire, c'est le cas pour Stefan Zweig ou encore Paul Auster.
Cet auteur aborde la psychologie et les tourments de l'âme humaine avec une profondeur qui lui est propre et qui nous touche, toujours.
Ce récit, ce souvenir d'une journée intense dans la vie d'une femme va se révéler captivant par la foule de sentiments qu'il va véhiculer, sentiments qui vont ébranler le bel équilibre émotionnel d'une veuve anglaise pourtant conditionnée par une vie et une éducation sans faille.
Une journée où tout pourrait arriver y compris de nos jours et Stefan Zweig nous le démontre ici avec justesse, nous sommes de tout temps gouvernés par nos émotions.
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Les jeux sont faits. Les lits sont défaits.
Au début du siècle dernier, un sujet bouleverse les vacances mondaines des clients d'une pension très bourgeoise de Monte-Carlo. Il ne s'agit pas d'une simple petite entorse au guide des bonnes manières ou l'intrusion d'un nouveau riche. Nul n'a coupé sa salade avec son couteau ou mangé son poulet avec ses doigts avant de s'essuyer à la nappe. Non, une mère de famille a fugué avec un jeune homme rencontré la veille, laissant mari et progéniture en plan. La belle a les oreilles qui sifflent à l'heure de l'eau sale… pardon du thé, et il ne se trouve que le narrateur et une vieille Lady pour défendre cette cause perdue pour la morale qui a cédé à une passion que la bienséance réserve aux regrets. Si j'avais su…
Dans la foulée, la vieille dame invite le narrateur dans sa chambre, non pas parce que cette histoire l'émoustille (Voyons, on est chez Zweig, pas chez Houellebecq, vils fornicateurs !) mais pour lui raconter une journée qui a bouleversé sa vie.
Vingt ans plus tôt, veuve inoccupée en villégiature, elle a voulu sauver du suicide un jeune polonais pris au piège, non pas de l'alcool (c'est quoi ces préjugés ?) mais du jeu. Il y a laissé toute sa fortune. Elle va y sacrifier une partie de son honneur et de son âme.
Récit passionné, intrusion galante dans la psychologie féminine, Zweig réussit une nouvelle fois à raconter en une centaine de pages ce que tant d'écrivains ne parviennent pas à exprimer dans toute une oeuvre.
J'ai été fasciné tout autant par la description des changements de comportements du jeune homme face à son addiction, de l'exaltation au désespoir, du repentir à la folie, que par l'évolution des sentiments de la veuve. Elle intervient d'abord par charité puis protège par esprit maternel (elle n'a plus de mari, ses enfants sont grands, et aucun caniche pour prendre le relais) et succombe enfin amoureusement dans un abandon de soi.
Tout cela en 24 heures chrono... fièvres, politesses et douches comprises !
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Quel autre auteur que Stefan Zweig pouvait dire avec autant d'acuité les battements de coeur d'une femme, l'émoi amoureux, le désir féminin, fût-il éphémère, fugitif ?
Quel autre homme pouvait écrire, peindre cela à propos d'une femme ?
Il y a des feux qui ne s'éteignent jamais...
C'est un roman qui a l'allure d'une nouvelle, ou peut-être est-ce l'inverse...
Un texte court, mais en même temps grandiose, vertigineux, incandescent.
C'est un brasier.
C'est une histoire dans l'histoire.
Le narrateur est un passeur comme Stefan Zweig. Il accueille l'histoire d'une autre, qui deviendra à son tour narratrice, sous forme d'une confession, de ce qu'elle a vécu ; à son tour le narrateur nous la transmet sans jugement.
Il nous la pousse comme une barque...
L'histoire est relativement simple. Nous sommes au début du XXème siècle, dans une pension chic de la Riviera. C'est brusquement l'émoi teinté d'une petite odeur de scandale. En effet, l'épouse d'un des riches pensionnaires vient de partir avec un homme beaucoup plus jeune qu'elle... L'événement fait écho au souvenir brusquement ravivé chez une vieille dame cliente de l'établissement ; sentant une empathie chez le narrateur, elle va alors lui confier le récit de son histoire, un épisode d'un jour dans sa vie, qui semble encore vivace, non éteint en elle...
Stefan Zweig nous entraîne dans les méandres d'un coeur qui se souvient d'avoir été au bord du vertige, d'avoir franchi le gué, d'avoir brûlé...
Stefan Zweig est un peintre de l'âme humaine, peintre des femmes, de l'âme des femmes, celles aimantes, celles amantes...
La vie n'est pas toujours qu'un long fleuve tranquille.
De temps en temps, de fugitives mais brûlantes passions viennent comme des sirènes tendre leur bras... S'en saisir ou pas...? S'abandonner ?...
On ne dira jamais assez que le sel de la vie réside parfois dans l'immanence de l'instant.
Qu'est-ce que vingt-quatre heures dans le cours d'une vie ?
La vieille dame déroule alors son récit.
Au cadran de l'horloge, les heures s'égrènent comme des ailes d'oiseaux.
C'est long vingt-quatre heures dans la vie d'un papillon ou d'une libellule !
Ou d'une rose. "Et rose, elle vécut ce que vivent les roses, l'espace d'un matin..."
Ici ce sont des heures fragiles qui ont meurtri le coeur d'une femme qui n'était pas prête à cela et la rendue vivante tout à la fois, réveillant la belle endormie...
"Une femme irréprochable", c'est bien là toute l'affaire, une histoire dont le miroir est aussi le regard des autres, leur jugement...
Je me suis demandé, aujourd'hui qu'en serait-il d'une telle histoire ?
Quelle morale serait là pour porter cette femme au piloris ?
J'entends déjà des voix, des phrases...
Je me suis demandé, qu'en serait-il si c'était un homme qui avait fui le domicile conjugal, familial en de pareilles circonstances ?
Dirait-on de manière admirative qu'il est un "formidable séducteur" ou qu'il avait forcément de "bonnes raisons" pour commettre un tel acte ? Tandis que pour une femme, "vous comprenez, ce n'est pas pareil"... "et en plus elle a des enfants"... Ne dirait-on pas encore d'elle que c'est "une femme légère", "une femme facile"... "Qui n'avait peut-être pas la tête sur les épaules" ?...
Oui c'est sans doute un peu de folie qui donne l'élan de se jeter dans le vertige abyssal du désir amoureux...
Qu'importe la destination du voyage, c'est le voyage qui compte le plus...
L'écriture de Stefan Zweig m'enchante à chacun de ses textes. Elle est incroyablement emplie de justesse et de sensibilité.
Partir, ce n'est peut-être pas le plus difficile. Mais comment revenir de Cythère le coeur encore empli de braises, comment toucher terre, poser le pied sur le rivage d'avant, comment revenir sous le regard des autres, des siens, avec l'opprobre qui attend peut-être...
Plus tard, qu'advient-il au cours de la vingt-cinquième heure, fatale ou consolante ? Peut-on guérir après le vertige, peut-on trouver la consolation dans le repos des jours ordinaires...?
L'écriture de Stefan Zweig, près d'un siècle plus tard, continue de nous brûler au ventre, qu'on soit homme ou femme d'ailleurs...
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Mme Henriette a disparu. Démarre alors un véritable débat sur l'amour, la fidélité et les bonnes moeurs des femmes mariées. Seul un homme de la tablée sera suffisamment ouvert d'esprit pour ne pas accabler cette pauvre femme. Il y gagnera le récit des 24 heures de la vie d'une femme.

Stefan Zweig est le roi des descriptions de monomaniaques. Ici c'est le démon du jeu qu'il nous décrit avec tant de justesse et d'émotions. Si le joueur d'échecs est LE livre à lire de l'auteur, celui-ci mérite le détour.

J'ai beau détester les livres qui ne se livrent qu'à travers des descriptions, ce n'a jamais été le cas avec cet auteur que j'affectionne particulièrement. S. Zweig maîtrise tellement son art que l'on vit avec les démons de ses personnages.

Brillamment écrit, ce livre est une pépite. Ce n'est pourtant pas ma première lecture mais à chaque fois je le savoure.

J'ai vécu dans l'angoisse les sentiments de cet homme comme si j'étais à sa place. Je l'ai aimé, l'espace de quelques pages, à en perdre moi aussi la raison.
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Quelle modernité dans ce roman !
Histoire terriblement actuelle. Je suis impressionnée de savoir qu'elle a été écrite il y a presque un siècle.
Très beau moment de vie.
Tous les sentiments s'entremêlent : amité, pitié, passion, désespoir, réflexion, retenue, regret, inquiétude, sérénité, ....
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