Découvrez un flamboyant récit sur le destin vibrant d'un ténor d'exception.
Paris, 1935. Lors de la première du Rigoletto de Verdi à l'Opéra-Comique, un ténor défraie la chronique en volant la vedette au rôle-titre. le nom de ce jeune prodige ? Elio Leone. Né en Italie à l'orée de la Première Guerre mondiale, orphelin parmi tant d'autres, rien ne le prédestinait à enflammer un jour le Tout-Paris. Rien ? Si, sa voix. Une voix en or, comme il en existe peut-être trois ou quatre par siècle. Cette histoire serait très belle, mais un peu trop simple. L'homme a des failles. D'ailleurs, est-ce vraiment de succès qu'il rêvait ?
En mettant en scène avec une générosité folle et une grande puissance romanesque des personnages inoubliables, Alexia Stresi nous raconte que ce sont les rencontres et la manière dont on les honore qui font que nos lendemains chantent et que l'on sauve sa vie.
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Un artiste compte pour peu de chose s’il ne fait qu’utiliser ses dons, sans rien avancer d’autre. Un rôle doit l’habiter, toujours délivrer une intention. Sinon la prestation sera bonne, mais pas marquante.
(pages 129-130)
Seule la mort a les moyens de faire peur, et même elle n’empêche pas de vivre.
C’est la grande force des chemins que d’obliger les hommes à leur obéir.
(page 325)
Avoir gain de cause n’aura été ensuite qu’une amusante promenade de santé. Il a suffi de respecter trois règles d’or. Savoir dès le début ce que l’on veut, ne jamais montrer ses cartes avant l’instant de faire tapis et donner à ces messieurs l’illusion que ce sont eux qui sont aux commandes.
(page 39)
C’est malheureux, l’enfance. Que ce soit elle qui décide ce qu’il en reste.
C’est dans ces eaux-là qu’il a vu quelque chose, sans certitude de ce que c’était. L’image lui reste. Une file de camions bâchés. À l’intérieur, pour ce qu’il lui a semblé, des hommes au crâne rasé, avec des visages très maigres et des yeux immenses. Ils portaient une tenue à rayures. L’air d’être blessés, en tout cas avec quelque chose qui clochait salement.
Leur regard.
On les a laissés passer en silence, puis on est reparti. Soudain moins malheureux d’aller sur ses deux jambes.
(pages 157-258)
Refuser un Verdi salle Favart pour une histoire de sous, quelle honte ! Pauvre art lyrique. Messieurs les chanteurs, avez-vous conscience qu’il existe d’autres maîtres que l’argent ? Oui, la passion par exemple.
Combien possède-t-on de cordes vocales ? Les gens diront volontiers dix. La réponse est deux. De quelle taille ? Quelques millimètres, toujours moins d’un centimètre. Deux minuscules cordes vocales, la souplesse d’un diaphragme, l’humidité ambiante suffisent à décider d’un destin, d’où cette hargne à se protéger.
(page 49)
Noélie voue un culte aux enfants. Ils sont lumière. Ils sont innocents. Ils ont raison. Noélie a-t-elle jamais été plus heureuse qu'entourée de bambins ? Elle m'a appris à chasser les papillons. A siffler comme un gecko. A grimper aux arbres. A piloter une mobylette. Une voiture. Un bateau. A savoir reconnaître, parmi toutes les beautés cachées sous la mer, la tanière d'un poulpe. Tout simple. Si tu vois un édifice splendide, avec colonnades de bernicles empilées et petit jardin japonais à l'entrée, c'est qu'une madame poulpe vit là. Le poulpe est esthète. Comme les enfants, il aime construire des châteaux merveilleux. Viens, mon chaton, je t'emmène en voir un.
p240
Alors l’idéologie, quelle qu’elle soit, grazie no. Faire de la politique sur le cadavre de Massenet, pareil. Refus épidermique. Qui n’a pas connu les tentatives de lavage de cerveau d’une dictature ne peut pas comprendre.
(page 197)