Le jeudi 8 septembre avait lieu notre traditionnelle soirée Rentrée Littéraire au siège du Crédit Agricole Nord de France, notre partenaire de toujours
Nous avons eu l'occasion d'y accueillir Anthony Passeron, lauréat du prix Première Plume 2022 pour son roman Les Enfants endormis, mais aussi Anna Hope, Carole Fives, Djamel Cherigui et Miguel Bonnefoy.
Retour sur une soirée d'exception, histoire de patienter en attendant l'année prochaine !
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« L’argent qu’on possède est l’instrument de la liberté ; celui qu’on pourchasse est celui de la servitude. » Jean-Jacques Rousseau
Il était 5 heures du matin. La lune s’en allait, l’aube se levait. Et avec elle resurgissaient les désillusions et les cruelles réalités qu’on avait, le temps d’un soupir, dissimulées au plus profond de la nuit.
L'esprit, c'est comme la nature, il a horreur du vide.
Sa chance, à ce connard, c'est qu'j'suis plutôt lent au démarrage, que j'ai jamais eu la patate facile...Ah ! le Tminik ! Le zeub de chiotte ! Il méritait bien une bonne branlée, que j'me lève et que j'lui redessine le portrait ! Au minimum que je lui plante une cuillère à café dans l’œil ! Mais bon, j'lai bien regardé..Toute cette masse autour de son squelette... y avait beaucoup de graisse, c'est vrai, mais y avait aussi pas mal de muscles. Et y avait moi à côté, épais comme un linge sec, et qui avait déjà pas mal éclusé depuis le matin. Je l'ai bouclé et j'ai souri jaune.
p.49/50
La nuit c’est un délire à part. C’est le moment où les cafards sortent de leurs trous. Y a plus de gens normaux dans les rues, y a que des marginaux, des alcooliques des flemmards, des chômeurs. Des mecs qui tournent en rond, qui savent pas quoi faire de leur temps, qui n’ont nulle part où aller. Des rats échappés de leurs cages. La nuit, elle te prend aux tripes, elle te pousse à faire des trucs de cinglés, c’est le royaume de la démesure, le crépuscule de la raison.
J'observais ma vie défiler dans un vacarme assourdissant.
Mon passé se révélait n'être qu'une pitoyable mascarade, mon futur un abîme vertigineux, où seul le pire était envisageable. Je n'entrevoyais aucune issue, aucune échappatoire, aucune solution. Je basculais dans la démence la plus absolue.
Le colosse se dégage facilement. Il fait un pas en arrière, prend son élan... et paf !!! ... Il me colle une grosse beigne en plein pif. Un filet de sang jaillit de ma truffe, j'aperçois des petites étoiles qui dansent autour de moi. Ca aurait pu lui suffire, au mec (enfin, moi j'trouvais) mais non ! Le v'là qui m'bloque dans un coin du couloir. Il s'acharne sur ma tronche : Jabs ! Crochets ! Uppercuts ! Y s'fait plaisir le mec ! Il prend tout son temps, il me lamine, me martèle. C'est un pilonnage intensif, c'est la Marne et la Vendée sur ma gueule. Ses mains sont des battoirs, ses avant-bras, des marteaux-piqueurs. Il m'estropie la trogne, me vandalise la poire. C'est de la démolition ! Du gros œuvre ! Y m'travaille un peu avec les coudes...
La vie bohème, c'est pas comme dans les comédies musicales. Y'a rien de romantique là-dedans. Tout le temps que j'ai zoné dans la rue, j'ai vu ni peintre ni poète. Pas d'ateliers d'artiste avec des lilas jusque sous les fenêtres. Que des caves humides et des bouches de métro. Des squats délabrés. Clochards, toxicos, et punks à chiens. Gueules tordues et regards glacés. Des mecs qui t'écorcheraient vif pour un bifton de cinq balles. Rien de ce que j'avais imaginé. Putain de désillusion.
Il avait tous les services fiscaux sur le paletot : Urssaf, CAF, Tracfin, RSI, etc. Rien que des acronymes fumeux qui semblaient avoir été tout spécialement créés pour mieux ruiner la vie des administrés. ( p 169/ 170 )
D'une main, il chopait le mec au collet, et de l'autre, il distribuait des baffes. Simple et efficace. Après cette brutale négociation, le locataire n'avait pas d'autre choix que de s'acquitter prestement de sa dette.