La librairie La Griffe Noire vous propose un nouveau rendez-vous avec le Gérard Collard. Pour ce deuxième numéro du "Grand Format de Gérard Collard", le libraire distille ses conseils littéraires
555 de Hélène Gestern aux éditions Folio
https://www.lagriffenoire.com/555-2.html
Cézembre de Hélène Gestern aux éditions Grasset
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La Cuisinière des Kennedy de Valérie Paturaud aux éditions Les Escales
https://www.lagriffenoire.com/la-cuisiniere-des-kennedy.html
Le Lotus jaune de Hélène Jacobé aux éditions Héloïse d'Ormesson
https://www.lagriffenoire.com/le-lotus-jaune.html
Peindre la pluie en couleurs de Aurélie Tramier aux éditions Livre de Poche
https://www.lagriffenoire.com/peindre-la-pluie-en-couleurs.html
Bien-Aimée de Aurélie Tramier aux éditions La belle Étoile
https://www.lagriffenoire.com/bien-aimee.html
Chantons sous les larmes: Lettres à Jean-Pierre Marielle de Agathe Natanson aux éditions Seuil
https://www.lagriffenoire.com/chantons-sous-les-larmes-lettres-a-jean-pierre-marielle.html
10, villa Gagliardini de Marie Sizun aux éditions Arléa
https://www.lagriffenoire.com/10-villa-gagliardini.html
Et chaque fois, mourir un peu (T1) de Karine Giebel aux éditions Récamier
https://www.lagriffenoire.com/et-chaque-fois-mourir-un-peu-tome-1-blast.html
Les Folles enquêtes de Magritte et Georgette : à Montmartre de Nadine Monfils aux éditions Robert Laffont
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Car être musicien, avant d’affronter la scène, les feux de la rampe, le public, c’est cela, avant tout : s’asseoir devant son instrument, aligner les notes pendant des heures, chaque jour, chaque semaine que Dieu fait, et nourrir l’illusion de toucher, de temps en temps, à une éphémère perfection.
Oh, je sais bien, il paraît que maintenant le citoyen a le droit et même le devoir de pouvoir à toute heure contempler la saloperie du monde, les corps ensanglantés sur les chaussées de Syrie ou d’Irak. Même une enfant qui se noie centimètre par centimètre au journal de vingt heures, on nous la montre.
Peut-être que c'est de la lâcheté de ma part, que je vieillis, mais moi, je n’y arrive plus. Si ça ne nous laisse que le temps d’avoir mal à notre impuissance, sans rien pouvoir y faire, merci bien.
À quoi sert la musique, si ce n’est à être partagée ? Je ne connais rien qui égale sa capacité à reformuler nos chagrins dans une langue supportable.
Depuis toujours, je suis fasciné par les musiciens. J’ai beau savoir que leur technique, leur virtuosité sont le fruit d’heures de pratique et de milliers d’exercices enchaînés, pour moi, ce sont des magiciens, des prestidigitateurs. Je regarde leurs doigts courir à une vitesse surnaturelle sur le clavier et, chaque fois, j’ai l’impression d’assister à un miracle.
(pages 37-38)
Pour les vacances, Irene n’a jamais tenu parole. Et quand un accident de voiture l'a emportée, à l'âge de trente-six ans, laissant mon père incrédule et son second mari anéanti, mon frère et moi n’avions toujours pas mis les pieds dans sa maison romaine.
Malgré tout, je suis certaine qu'elle était sincère quand elle nous faisait ses promesses, et qu'elle aurait aimé avoir le temps de mieux nous connaître. Il n’y avait aucune méchanceté, aucune sécheresse de cœur chez ma mère. Juste l'égoïsme des grands artistes, et un oubli total de ce qui n’était pas la musique.
Et il se trouve que nous, ses enfants, nous n’étions pas la musique.
À quoi sert la musique, si ce n’est pas à être partagée ? Je ne connais rien qui égale sa capacité à reformuler nos chagrins dans une langue supportable.
(page 330)
Hier, le petit Polonais lui a suggéré de décrire un lieu où elle avait été heureuse. Elle s’est rappelé Cézembre, un jour de baignade avec Hélène. La mer était calme, le soleil réchauffait sa peau, le vent caressait son visage avec une infinie douceur. À demi étendue dans un fauteuil de toile rayée, elle avait pensé aux pages du Sâr qui parlaient de réincarnation : elle avait soudain senti son corps se fondre dans les éléments et en épouser chaque particule. Alors elle s’était faite goéland, ciel, vent, les ailes déployées, glissant en silence dans le ciel ; elle avait été eau, herbe et sable, sa chair dissoute dans une paix magnifique. Elle s’était endormie.
Je me suis rendue cinq fois en prison, dans le cadre de rencontres avec les détenus.Depuis longtemps, je voulais savoir à quoi ressemblait la vie carcérale. L’habitude de considérer la prison comme une poubelle de l’espace sociale, le lieu d’un justice immanente où les violeurs sont violés et les assassins torturés est absurde et inquiétante : c’est ignorer que le condamné, à plus ou moins long terme, aura une place à reprendre dans la société. Comment le faire si l’on a détruit en lui le capital d’humanité qui lui reste ?
Depuis toujours, je suis fasciné par les musiciens...
Je regarde leurs doigts courir à une vitesse surnaturelle sur le clavier et, chaque fois, j'ai l'impression d'assister à un miracle.
(…) après ma thèse, ce n'est pas par hasard que j’avais opté pour la carte postale. J'aimais sa quiétude, son vernis d'embourgeoisement, sa rassurante banalité. Je crois que je cherchais surtout à me prémunir contre l’émotion charriée par ces empreintes de lumière, ce mélange sidérant de vie et de mort, de certitude et d'illusion, qu'est toute photographie.
Cet art vertigineux de prouver et d'absoudre tout à la fois le temps provoque en moi autant de fascination que d'affolement, et ce depuis le jour où Marraine m’a mis mon premier Polaroïd entre les mains. Je me rappelle encore le moment où j'ai vu apparaître, à la surface de l’image, le vert des arbres et le reflet sable du pelage de Lallie, notre chienne, un golden retriever à l'affection exubérante avec laquelle je jouais quelques secondes plus tôt.