Un roman envoûtant sur celle qui fût la muse de l'écrivain Henry Miller.
Au fin fond de l'Arizona, une femme affaiblie s'est réfugiée dans le ranch de son frère. À ses pieds, des malles contiennent les derniers souvenirs de son grand amour : le sulfureux écrivain Henry Miller. Après leur coup de foudre dans un dancing de Broadway, elle l'a encouragé à écrire, a été son épouse et l'a entretenu pour qu'il puisse donner naissance à son oeuvre. Elle s'appelle June Mansfield.
Tour à tour entraîneuse, serveuse ou comédienne, June n'a eu de cesse de brouiller les pistes. Sous la plume de l'auteur de Tropique du Cancer et d'Anaïs Nin, avec qui elle a formé un célèbre triangle amoureux, elle est devenue un personnage de fiction, mais n'a jamais livré sa vérité.
Emmanuelle de Boysson nous entraîne dans le New York de la Prohibition et le Paris des années 1930. Elle fait revivre cette personnalité fantasque, ô combien attachante, et recompose le puzzle d'une existence aux nombreuses zones d'ombre.
https://calmann-levy.fr/livre/june-9782702185117
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" A quoi servent les livres s'ils ne ramènent pas vers la vie,
s'ils ne parviennent pas à nous y faire boire avec plus d'avidité. "
Il n'y a pas plus grande, plus extraordinaire bénédiction que l'absence de journaux, l'absence de nouvelles sur ce que peuvent inventer les humains aux quatre coins du monde pour rendre la vie vivable ou invivable. Si seulement on pouvait éliminer la presse_ quel grand pas en avant nous ferions, j'en suis sur! La presse engendre le mensonge, la haine, la cupidité, l'envie, la suspicion, la peur, la malice. Qu'avons nous à faire de la vérité, telle que nous la servent les quotidiens? Ce qu'il nous faut, c'est la paix, la solitude, le loisir.
Les livres sont une des rares choses que les hommes chérissent vraiment. Et les esprits les plus nobles sont ceux-là aussi qui se séparent le plus facilement de leurs plus chères possessions. Un livre qui traîne sur un rayon, c'est autant de minutions perdues. Prêtez et empruntez tant que vous pourrez, aussi bien livres qu'argent ! mais surtout les livres, car ils représentent infiniment plus que l'argent. Un livre n'est pas seulement un ami, il vous aide à en acquérir de nouveaux. Quand vous vous êtes nourri l'esprit et l'âme d'un livre, vous vous êtes enrichi. Mais vous l'êtes trois fois plus quand vous le transmettez ensuite à autrui. (p.28)
Un homme ne devrait pas avoir peur de lire trop ou trop peu. Il devrait lire comme il mange ou comme il prend de l'exercice. Le bon lecteur ne tardera pas à graviter autour des bons livres. Il découvrira, grâce à ses contemporains, ce qu'il y a dans la littérature du passé qui apporte un exemple, une inspiration ou simplement un délassement. Il devrait avoir le plaisir de faire ces découvertes tout seul, à sa guise. Tout ce qui a de la valeur, du charme, de la beauté, tout ce qui est lourd de sagesse ne saurait être perdu ni oublié. Mais les choses peuvent perdre toute valeur, tout charme, toute séduction, si l'on vous traine par les cheveux pour les admirer. N'avez-vous jamais remarqué, après bien des expériences décevantes, que quand on recommande un livre à un ami, moins on en dit mieux cela vaut ?
Ce soir-là, en feuilletant un livre d'Holbrook Jackson, je tombai sur le classement en quatre catégories qu'établit Coleridge parmi les gens qui lisent. Qu'on me permette de le citer:
1. Les éponges, ceux qui absorbent tout ce qu'ils lisent et le restituent pratiquement dans le même état, seulement un peu sali.
2. Les sabliers, ceux qui retiennent rien et qui se contentent de prendre un livre pour passer le temps.
3. Les chausses à vin, ceux qui ne gardent que la lie de ce qu'ils ont lu
4.. Les purs diamants, ceux aussi rares que précieux qui profitent de ce qu'ils lisent et qui savent en faire aussi profiter les autres (p.137-138)
Ce qui va mal, ce n'est pas le monde, c'est notre manière de le regarder.
Qu’est-ce qui rend un livre vivant? Voilà une question qui se pose souvent! La réponse me parait toute simple. Un livre vit grâce à la recommandation passionnée qu’en fait un lecteur à un autre.
(p.12)
Le jour ou la merde vaudra de l'or, le cul des prolétaires ne leur appartiendra plus. Henry Miller
Je dois ouvrir ici une parenthèse pour parler de ces petits livres sur lesquels on tombe par hasard et dont la portée est telle qu'on les place au-dessus de rangées entières d'encyclopédies et autres recueils de la connaissance humaine. Ces livres, microscopiques par leur taille mais gigantesques par l'effet qu'ils produisent, peuvent être comparés aux pierres précieuses cachées dans les entrailles de la terre. Comme les joyaux, ces livres ont un caractère cristallin ou "primordial" qui leur confère la qualité des choses simples, immuables et éternelles. Ils sont presque aussi limités en nombre et en variétés que les cristaux dans la nature. (p.65)
Lire c'est toujours interpréter.