Pélaguie a affirmé qu elle le croyait. Il a souri avant de l embrasser. Elle mentait évidemment mais ça, lui n' en saurait rien La confiance est pour les faibles qui refusent de se confronter à la réalité. Quand on veut vraiment savoir ce qu'il en est, on ne se contente pas de croire. On fouille, on déterre, on surveille jusqu avoir la certitude que autre dit la vérité. Les paroles ne suffisent pas, il faut des actes.
On ne se remet pas de certains traumatismes apres quelques séances de pychotherapie et une confrontation avec ceux qui nous ont fait soufrir. Un traumatisme est Plus vicieux que cela. Je dois déconstruire tout ce que jai fondé avec sa présence dans mes veines, accepter que celle que je suis maintenant ne sera plus jamais celle que jétais avant que les souvenirs reviennent.
Il y a du désespoir dans cette manière qu'ils ont de s'accrocher l'un à l'autre, tels deux naufragés qui tentent de sauver ce que la tempête n'a pas emporté.
Chaque matin, il y a cette étendue des possibles. Et si aujourd'hui je disais la vérité ? Et si je devenais celle que j'ai toujours voulu être ?
Pélaguie a peut-être trouvé la recette magique : penser à elle, se camoufler en partie, ne pas tout donner. Ania n’est pas certaine qu’elle saurait faire mais penser à elle en premier, elle commence à y arriver. Il ne la contacte plus que pour les enfants, maintenant. Elle ne se laisse plus l’occasion de déraper. Il est son loup. Elle sait comment l’esquiver.
Pierre lui dit qu'elle exagère, qu'elle est toujours magnifique, Mais c' est facile a dire pour lui. Dans une société régie par l'image, tout le monde le sait: un homme prend de la maturité en vieil- lissant, une femme se flétrit.
A la loterie des emmerdes, en ce moment, elle semblait gagner à tous les coups.
- Qu'est-ce qui vous fait sourire comme ça, aboie-t-il. Vous faites un AVC ?
- On peut sourire sans être sur le point de mourir.
- On sourit quand il y a une raison. Là, il n'y en a pas. Donc soit vous avez un problème neurologique, soit vous vous moquez de moi.
Je pose une main sur mon front.
- Vous avez raison, j'ai un peu mal à la tête.
- Ben voyons ! Donnez-moi un croissant, une tarte au sucre et deux baguettes. Et dépêchez-vous ! J'ai pas envie que vous claquiez devant chez moi.
Éduquons nos filles. Éduquons aussi nos fils.
Ma fille vivra des injustices, elle tombera, elle souffrira et je ne pourrai pas toujours prendre les coups à sa place. Je le sais mais je ne l'accepte pas.