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Ce soir dans la Story médias de Mohamed Bouhafsi : « L'enfant de personne » : film choc sur les enfants placés. Un téléfilm à ne pas rater, adapté du récit de Lyes Louffok, sur le sort des enfants placés avec Isabelle Carré, Andréa Bescond et Nawell Madani.
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Qu'on te voie, qu'on te calcule, alors que, toi, tu veux disparaître, devenir invisible, réduire dans l'espace pour que le malheur ait moins prise. Mais ici, tout se voit, même toi. Tout de toi.
C'est plus facile d'aimer un enfant gentil avec des peluches mignonnes qu'un enfant blessé et trop mûr.
Se débrouiller, seul. Grandir en sachant que la vie
m'attend avec un bâton et qu'elle me cognera le
museau dès qu'elle en aura l'occasion. C'est facile
de me toucher, je n'ai pas de refuge, aucune niche
où aller me mettre en boule.
Je suis né sans toit. Je dépends de l'État, de
cette république qui prône la liberté, l'égalité, la
fraternité à certains, mais l'inverse à d'autres.
Personne n'est là pour leur expliquer que ce n'est pas un délit qui nous a amenés ici, mais le sort. Un délit du sort.
Oui, ça aussi, je connais, faire partie des cas particuliers parmi les cas particuliers, les pires parmi les pires.
Je ne suis pas là, pas assez, les médicaments ont bâti d'épaisses cloisons entre le monde et moi. Malgré tout, je suis assez présent pour entendre la saloperie, voir la misère, sentir les mains sur moi, toucher le fond renifler l'odeur de malchance.
Le silence, c'est l'hydre à l'haleine fétide, dont les têtes, à peine coupées, repoussent en se démultiplient, c'est le principal opposant du militant.
L'adulte sait ce qui est bien, bon, l'adulte sait ce qu'il faut faire ; le parent, qu'il soit violeur, dégénéré, colérique, totalement inapte, demeure le parent, celui dont l'État croit, dur comme fer, qu'il constitue nécessairement, a priori et in fine, la meilleure option pour l'enfant. Le sang prévaut, même quand il est carencé, troué ; le sang possède, même quand il est empoisonné, toxique.
Moins facile à placer, un enfant pas blanc et bancal.
Le propre de l'enfant placé, c'est d'être déplacé sans cesse. Sa ligne de vie ressemble à un réseau ferroviaire complexe, aux rails dynamités sur des portions entières. Sur son parcours fait de ruptures, de provisoire, ce qu'il apprend c'est à faire et défaire ses bagages sans poser de questions, c'est à admettre les décisions que l'on prend pour lui.