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EAN : 9782416001918
238 pages
Eyrolles (07/10/2021)
4.49/5   69 notes
Résumé :
Mickaëlla est une enfant mutique. Sa mère n'a pas les mots non plus, pour exprimer sa souffrance. Il faut dire qu'il y a Franck Pou, son père, avec ses mains pleines de veines, ses mâchoires crispées. Alors, tout peut exploser, à la moindre occasion. A n'importe quel moment. Heureusement, grand-père Michou, le gardien des mots et Blabla, le perroquet veillent au grain, avant le grand Tsunami. Un jour, Mik finira par parler. Tous les mots lisseront leurs plumes, iron... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (33) Voir plus Ajouter une critique
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sur 69 notes
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Jean-Michel Audoual signe avec Bleu intense le récit émouvant d'une fillette mutique qui va devoir lutter avec sa parole pour lever le silence qui règne dans sa famille.

Voici Mickaëlla Pou ! Ça ne s'invente pas ! Ça commence en claquant comme Mick Jagger et ça peut finir en harcèlement de cours de récré. C'est le nom d'une enfant de dix ans, passionnée par les mots au point de les collectionner, de les savourer et de les déguster. Il en va de même avec les expressions qui s'animent soudain pour elle seule d'une vie autonome. Autant vous dire qu'elle n'a pas sa langue dans sa poche ! Ça carbure sec dans sa tête, au point qu'elle doit les faire stationner dans son cahier rose, « un peu gonflé à cause de ces larmes dans l'interstice des lignes ».

Seulement voilà, on ne sait vraiment pas pourquoi, Mickaëlla est dite mutique, alors qu'elle raconte son histoire avec les mots de Jean-Michel Audoual. Ceci dit, comment rendre oral les mots lorsqu'on a une boule si grosse dans la gorge qu'elle laisse à peine passer le souffle ! Car, certains soirs, autant ne pas faire de bruit quand on respire !

Ces soirs-là, où Franck, le père, revient énervé, à moitié saoul cherchant les noises. Jusqu'au moment où il trouve un prétexte, une pacotille pour se détendre ! Heureusement, Grand-père Michou est toujours aux côtés de sa fille et de sa petite-fille. Il ronge son frein de ne pouvoir intervenir : elle le lui a interdit, persuadée que c'est la dernière fois. Et, puis, il a tant souffert enfant ! Pourtant, il sait qu'il doit pour les protéger garder le contact, être disponible, prêt à intervenir.

Ah, cette tendance des femmes à vouloir toujours les changer, les hommes !

Et, puis, il y a cette amitié avec un Gris du Gabon, le perroquet finaud appelé Blabla. En plus d'avoir parfaitement compris le drame qui se joue dans la maison, il incarne la tendresse du grand-père lorsqu'il n'est pas là.

Bleu, comme la couleur laissée sur la peau d'une maman. Silence, comme le bruit que font les pensées de l'enfant lorsqu'il doit se taire ! Évidemment, c'est une façon singulière de parler des violences faites aux femmes et aux enfants dans le cadre feutré d'une famille habituée à taire tout. Car, sinon, la violence décuple.

Associer mutisme et impossibilité à partager le vécu ET la peur quotidienne est une façon bien efficace d'en montrer les ravages. Il permet de déjouer tous les arguments donnés par la mère pour ne pas tout faire pour arrêter cette situation. A la hauteur de cette gamine de dix ans, la brutalité au quotidien est inadmissible.

Bleu silence change le paradigme souvent revendiqué par les victimes. Souvent on ne dénonce pas car on impute à l'agresseur des circonstances qui pourraient expliquer ce type de comportement. La protection doit changer de camp. Il n'y a ni à expliquer ni à justifier. La violence est injustifiable. le devoir de protection doit être due à la victime. Alors, lorsque la limite est posée, elle permet à son tour de protéger l'agresseur de sa propre violence, comme l'Oncle et la Tatie.

Les chapitres sont courts et concis. Les situations s'alternent rendant très vivant et crédible ce récit. Jean-Michel Audoual aime les mots et les manie avec talent. le lecteur attend avec impatience le moment où la fillette va retrouver une parole audible. Et, comme cela se produit, l'intrigue rebondit pour mieux souligner la dramaturgie de la situation vécue par cette famille.

Jean-Michel Audoual propose un récit émouvant mais nécessaire qui permet, encore et encore, de faire progresser l'aide aux victimes de violence. Son portrait de la fillette est très crédible et accentue sa démonstration. de plus, plutôt futée à l'intelligence vive, celle-ci est très attachante. La petite Mik hantera nos esprits longtemps !

Merci à Babelio et Eyrolles pour cette Masse critique particulière
https://vagabondageautourdesoi.com/2021/10/04/jean-michel-audoual/
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Vous est-il déjà arrivé de choisir un roman dans une librairie et de le reposer pour finalement acheter celui dédicacé par un auteur qui n'était même pas dans votre pile à lire ? Moi oui. J'ai reposé le dernier Pierre Lemaitre (ce n'est que partie remise) pour finalement acheter ce roman. Un histoire violente avec une couverture si belle, c'était trop intrigant.
Passées les premières pages un peu trop insistantes à mon gout sur l'amour des mots de la jeune Mick, la magie a opéré. On ne suit pas les mésaventures de Mick, on se coule dans sa vie, on devient Mick. On se retrouve à regarder le monde avec ses yeux, à ressentir ses grandes colères et ses petits bonheurs. Comme un écho des sentiments que l'on a pu ressentir quand on avait son âge et ses préoccupations d'enfant. Alors l'injustice de ce qu'elle vit, la violence à laquelle elle est confrontée fait bouillir notre sang de lecteur, avec l'envie de traverser les pages et aller régler son compte à cette brute. Car il est question de violences conjugales, mais sans pathos, sans exagération, avec une justesse terrible.
Et puis ce roman est une déclaration d'amour pour les mots et le silence qui leur sert d'écrin. Quand le silence se fait discours, quand il se fait cri. Comme en musique, le silence met les notes, les mots sur un piédestal. Celui qui parle peu est plus écouté que celui qui parle trop. Et la jeune Mick déguste les mots, les expressions, les différentes façons de se faire comprendre, entre écriture, langage des signes ou mime. Alors on se surprend, après avoir lu cette histoire, à être plus attentif encore que de coutume, aux mots. Ceux qui les prononcent ou pas. Ce qu'ils disent et ce qu'ils taisent.
Mention spéciale pour Blabla, au bec bien pendu et à la plume baromètre de son état d'esprit. le duo entre ce perroquet parfois trop bavard et notre jeune héroïne mutique est particulièrement savoureux.
Alors, faut-il le lire ? Point besoin d'user de trop de mots : oui.
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Je vais commencer par vous dire que ce roman fut un coup de coeur. Un coup de coeur oui, car le mien justement a vraiment vibré avec celui de notre jeune narratrice.

Mickaëlla est une jeune fille, elle est muette, anatomiquement parlant, rien ne s'opposerait à ce qu'elle puisse parler mais les mots restent coincés dans sa gorge. Elle aime pourtant les mots, elle en connait de nombreux et prend plaisir à les mémoriser mais surtout, elle a beaucoup de choses à dire!
En effet, son père, avec ses mains pleines de veines et son "45 fillette" n'est pas doux avec sa mère et elle... La vie n'est donc pas rose pour la fillette qui heureusement peut voler quelques bulles de bonheur à la vie grâce à son grand-père Michou et son meilleur ami Blabla, son perroquet.

Cette histoire est tellement touchante car elle est nous est livrée par Mickaëlla, avec ses mots et sa perception d'enfant, ça m'a d'ailleurs un peu fait penser à "La vie devant soi" dans la manière dont c'est fait : elle y raconte sa vie, avec ses hauts et ses bas, elle nous parle de la violence domestique dont sa mère et elle sont victimes, et tout cela avec une certaine normalité, c'est son quotidien, voilà tout. La colère est cependant là, tapie au fond de la gorge, elle monte petit à petit poussant avec elle les mots coincés.... et on attend fébrilement qu'ils sortent.
Autant vous le dire tout de suite, j'ai terminé ce livre en larmes... Je vous mets d'ailleurs au défi de lire ce livre et de rester indifférent(e)!

Merci à l'auteur d'avoir mis des mots sur le silence de ces personnes qui souffrent au quotidien de violence domestique... Un livre bouleversant de justesse.



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Mickaëlla a dix ans. Mutique. Les mots, les phrases, elle les a.Tapis au fond de la gorge, du coeur. Ils ne sortent pas. Les ordres de Papa, eux, sortent. Ses coups fusent même plus vite et plus fort que la vitesse du son. Sur Maman.
Que dire ? Qu'en dire ? ...
Ces mots, les élégants et les moins jolis sauront-ils un jour être sonores pour la (les) sortir de cet enfermement ?

🖍️ Jean-Michel Audoual porte la voix d'une enfant mutique, mature dans ses pensées, ses réflexions et ses mots, fussent-ils tus.
Pendant de longues pages je n'ai rien vu de cette violence qui m'a semblée arriver brutalement. Pourtant, des mots avaient laissé des indices mais j'étais à la hauteur d'une candeur enfantine.
L'auteur écrit des chapitres courts avec des paragraphes brefs et quelques mots isolés qui impulsent un rythme entraînant et régulier.
Le ton est d'une justesse remarquable : ni mièvre, ni niais, ni larmoyant. Trouver le bon mot et la juste retranscription, faire l'économie d'un flot qui pallierait le mutisme de Micka. La gravité du comportement de Franck se suffit à elle-même. Toute l'écriture est très maîtrisée
Enfin, Jean-Michel Audoual entoure cette famille de personnages magnifiques, bons, démunis, faibles parfois mais qui ont cette constance d'une présence qui saura être salvatrice.
Bla-Bla, Michou, Dan ❤️❤️❤️

Une magnifique lecture dont je vous encourage vivement à vous emparer.

Belle rencontre hier avec l'auteur #jeanmichelaudoual
Mickaëlla a dix ans. Mutique. Les mots, les phrases, elle les a.Tapis au fond de la gorge, du coeur. Ils ne sortent pas. Les ordres de Papa, eux, sortent. Ses coups fusent même plus vite et plus fort que la vitesse du son. Sur Maman.
Que dire ? Qu'en dire ? ...
Ces mots, les élégants et les moins jolis sauront-ils un jour être sonores pour la (les) sortir de cet enfermement ?

🖍️ Jean-Michel Audoual porte la voix d'une enfant mutique, mature dans ses pensées, ses réflexions et ses mots, fussent-ils tus.
Pendant de longues pages je n'ai rien vu de cette violence qui m'a semblée arriver brutalement. Pourtant, des mots avaient laissé des indices mais j'étais à la hauteur d'une candeur enfantine.
L'auteur écrit des chapitres courts avec des paragraphes brefs et quelques mots isolés qui impulsent un rythme entraînant et régulier.
Le ton est d'une justesse remarquable : ni mièvre, ni niais, ni larmoyant. Trouver le bon mot et la juste retranscription, faire l'économie d'un flot qui pallierait le mutisme de Micka. La gravité du comportement de Franck se suffit à elle-même. Toute l'écriture est très maîtrisée
Enfin, Jean-Michel Audoual entoure cette famille de personnages magnifiques, bons, démunis, faibles parfois mais qui ont cette constance d'une présence qui saura être salvatrice.
Bla-Bla, Michou, Dan ❤️❤️❤️

Une magnifique lecture dont je vous encourage vivement à vous emparer.
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Mickaëlla est une enfant silencieuse, les mots résonnent dans sa tête, mais ne franchissent jamais l'immense frontière qui pourrait les rendent audibles.

Le silence de cet enfant fait un bruit assourdissant et sème l'incompréhension, car rien n'empêche Mickaëlla de parler. Enfin rien de compréhensible pour ceux qui ne partagent pas son quotidien et celui de sa mère. Peut-être Michou, le grand-père aimant, a-t-il compris le sens du silence ?

Pourtant Mickaëlla aime les mots, elle les cultive en silence, tout comme elle observe et analyse le monde qui l'entoure. Les mots elle les écrit. Tous ces mots coincés dans leur chrysalide vont éclore un jour. Un jour pour éviter le pire.

Bleu Silence est un roman sur la violence domestique, les douleurs silencieuses des victimes, femmes et enfants qui subissent prisonniers d'eux-mêmes, la peur peut conduire à la soumission, même à la culpabilité.

Jean-Michel Audoual met des mots sur le silence qu'engendre ces souffrances. Un livre simple, mais tellement vrai.
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critiques presse (1)
SudOuestPresse
04 octobre 2021
Une écriture sans pathos, qui fait la force du roman.
Lire la critique sur le site : SudOuestPresse
Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
C'est très long d'attendre en silence, à côté des adultes qui chantent tous ensemble et qui s'occupent pas de moi. C'est comme si j'étais une potiche, un objet inutile qu'on a posé dans un coin. Quelquefois, quand même, j'ai des frissons quand le clan des moustaches chante avec des voix très graves. Les vibrations envahissent la pièce et tout mon corps. J'aimerai tant que les mots sortent du puit-silence eux aussi, qu'ils s'envolent dans le ciel, avec le chant des oiseaux. Mais j'ai beau essayer, c'est peine perdue.
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Moi, je me bouche les oreilles quand tout le monde crie. Les gens rient pour n’importe quoi, pour des bêtises de grands et papa se croit toujours plus malin que les autres, il dit : « Ne vous inquiétez pas pour Mick, c’est pas elle qui ira le répéter. » Alors, ça me fait mal d’entendre de telles méchancetés, surtout de la part d’un adulte qui est censé montrer un peu de compassion. Ce mot aussi, je l’aime beaucoup, bien qu’on le pratique pas vraiment avec moi.
Commenter  J’apprécie          60
Alors, j'ai eu de nouveau ce sentiment que j'avais essayé de dissimuler au fond de moi et qui est sorti comme un gros bouton plein de pus. Ce sentiment , c'est la honte. Je savais qu'on pouvait avoir peur, je l'ai su certainement dès ma naissance mais la honte, c'est pas pareil. Elle soulève le cœur, elle prend les tripes, les intestins, elle tord l'estomac et quelquefois, elle fait vomir. Les jours suivants, on a plus entendu de symphonie. On ne pouvait plus rien partager. A part la peur.
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Moi, j’ai des tas de choses à révéler, à extirper de mon ventre. Un jour, tous les mots s’envoleront de la boite-silence. Ils seront précis, directs, en plein dans la cible. Personne me coupera la parole parce que les gens devant moi seront interloqués.
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Alors, j’ai eu de nouveau ce sentiment que j’avais essayé de dissimuler au fond de moi et qui est sorti comme un gros bouton plein de pus. Ce sentiment , c’est la honte. Je savais qu’on pouvait avoir peur, je l’ai su certainement dès ma naissance mais la honte, c’est pas pareil. Elle soulève le cœur, elle prend les tripes, les intestins, elle tord l’estomac et quelquefois, elle fait vomir. Les jours suivants, on a plus entendu de symphonie. On ne pouvait plus rien partager. A part la peur.
Commenter  J’apprécie          10

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Vidéo de Jean-Michel Audoual
Dans ma tête cognent dix milliards d'étoiles - Jean-Michel Audoual - Éditions Eyrolles
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