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Amaury Bündgen (Autre)Emmanuel Delporte (Autre)
EAN : 9782203257313
136 pages
Casterman (15/05/2024)
4.11/5   23 notes
Résumé :
Un cataclysme. Plus de soleil. Plus de vie. L’humanité frôle l’extinction. Les derniers hommes plantent sur le sol carbonisé les fondations de la première tour. Ainsi débute la poussée.
Des siècles se sont écoulés et les tours poussent toujours vers le ciel, consommant hommes et matériaux à un rythme effréné. Mais lorsqu’une ingénieure en fuite croise la route d’un contremaître fatigué, tout bascule. Les croyances de cet homme explosent et il n’a plus dès lo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Beau one-shot de science-fiction, à la croisée de nombreuses belles influences (un peu de Dune, une touche de Mad Max, une pincée de 1984, du Transperceneige...), Vertigéo est une oeuvre tout à fait vertigineuse !

Je n'ai pas lu la nouvelle d'origine donc je ne saurais juger de la fidélité ou non du scénario, mais l'intrigue de la BD fonctionne bien.
Suite à un cataclysme général, l'humanité a survécu en s'organisant en petites sociétés gouvernées par un empereur et entassées dans des tours.

C'est dans une de ces tours que nous allons suivre le déroulement des événements, notamment à travers les yeux de Ugo. Ugo est un chef de chantier expérimenté, las mais courageux. En effet, cet homme nous prouve plus d'une fois qu'il a conservé son humanité malgré l'annihilation constante que subissent les travailleurs des tours.

Si la résolution de cette BD n'est pas très originale (on peut la demander dans les grandes lignes), elle a le mérite d'être bien exécutée et la narration est bien menée, avec la tension qui monte au fur et à mesure des événements et de nos découvertes de cet univers nébuleux.

On comprend vite que cette société est dysfonctionnelle, pour ne pas dire tyrannique et déshumanisante pour les travailleurs (et aussi un peu les autres de statut plus élevé, au fond).
Les ouvriers sont de la chair à canon, remplaçables, vulgaires petites mains juste bonnes à "pousser" pour élever les tours toujours plus haut, pour tenter un jour de percer le ciel gris post-cataclysme.
Ces humains qui n'en sont que de dénomination ont donc à peine le temps d'assouvir leurs besoins vitaux et n'ont le temps de rien d'autre. Pas le temps de rêver, surtout pas le temps de réfléchir ni de s'interroger quant à la raison d'existence de cette tour et au bien-fondé de sa construction incessante.

Je ne dévoilerai pas la fin pour ne rien gâcher à personne, mais j'ai été un peu déçue qu'elle soit aussi abrupte. Toutefois, je comprends qu'elle soit cruelle, à l'image de la société dépeinte ici.

Globalement, on sent l'amour des auteurs pour les grandes oeuvres du genre et les grandes notions qui vont traverser ce titre de façon plus ou moins voyante. C'est très agréable de voir des petites références et d'avoir les clés de lecture, même si cette BD peut être lue sans rien connaître à la science-fiction.
On est d'abord sur une dénonciation des dérives de nos sociétés actuelles, avec un accent particulier sur la notion de travail et le clivage entre classes, ce qui est accessible à n'importe qui vit dans notre monde !
Une belle réalisation soutenue par le style graphique ultra léché et prenant d'Amaury Bundgen (dont j'avais bien aimé Ion Mud).
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« Dans le temps passé, on utilisait cette formule : « il était une fois… ». Avant le cataclysme, le manque n'existait pas. Il y avait des arbres partout, et les cités étaient légion. L'eau était visible, elle découpait l'horizon en deux demi-lunes bleutées : le ciel d'un côté, l'océan de l'autre. Les humains traversaient cette mer sur de grands vaisseaux, c'était un paradis. Les hommes dessinaient et peignaient. Ils utilisaient des pigments pour s'approprier les couleurs et les réinventer. « Jaune », « magenta », « mauve », leur quantité et leur diversité étaient sans pareilles. le monde n'était pas sombre comme la nuit. le soleil était notre allié.
Un jour, tout s'est éteint. L'ère du grand nuage noir a commencé. Les villes furent détruites. La planète devint notre ennemie. L'humanité disparut et des bêtes immenses apparurent, dévorant ceux qui n'avaient pas été emportés. Des hommes et des femmes se réunirent et les premiers ingénieurs désignèrent une zone sur le sol carbonisé. Ils décrétèrent que c'était le point de départ de la Tour numéro un.
Vertigéo est le phare des survivants, et les ouvriers bâtissent, année après année, des étages dans le ciel pour nous sauver… »
(pp.75-77)
Dans le monde devenu totalement gris de Vertigéo, une catastrophe a réduit la planète à un chaos invivable. Les survivants ont choisi de se spécialiser par corps de métiers pour reconstruire leur société, bâtissant des tours sans fin, avec l'espoir de pouvoir un jour retrouver le soleil et les couleurs au-dessus de la crasse des nuages… Soumis au règne tyrannique d'un mystérieux Empereur, secondé sur chaque tour par de féroces chambellans, les citoyens de Vertigéo sont devenus les esclaves d'un système totalitaire où leur travail, à l'instar du supplice de Sisyphe, semble être le seul horizon de leur existence et ne jamais devoir trouver d'aboutissement. Les femmes, elles, sont réduites au seul rôle de « génitrices », destinées à offrir leur corps comme brève récompense aux ouvriers et source du renouvellement de l'espèce ! Vivant dans la peur incessante d'être punis et condamnés à la « chute » - une plongée mortelle vers le sol désormais invisible au bas des tours – s'ils ne respectent pas les cadences qui leur sont imposées, mais aussi tenaillés par la crainte que renouvellent régulièrement les attaques d'énormes dragons carnivores, les hommes poursuivent leur labeur dans le seul espoir d'atteindre cette altitude où ils retrouveront la lumière et l'air pur. Un jour, pourtant, l'un d'entre eux se voit remettre par une femme rebelle en fuite un altimètre, qui lui révélera qu'ils sont bien plus bas dans leur « poussée » vers le ciel qu'on ne veut leur faire croire… Et si tout n'était que mensonge, si l'on n'avait entretenu l'illusion d'un paradis au terme de leur travail que pour éviter leur révolte ?
Multipliant les clins d'oeil à d'autres chefs-d'oeuvre du genre post-apocalyptique comme « La Route » (merveilleusement adaptée en roman graphique par Larcenet cette année) ou « le Transperceneige » de Rochette, montrant comment l'effondrement environnemental (juste une extrapolation de ce que le changement climatique nous fait vivre) entraîne nécessairement, si nous ne veillons pas à y prendre garde, un effondrement démocratique et le basculement de nos sociétés vers les pires dictatures, le sombre scénario de Lloyd Chéry est magnifiquement illustré par le jeu précis des traits sur le fond de brouillard des décors du dessin d'Amaury Bündgen, avec un hommage parfois aux audaces architecturales de François Schuitten. Une lecture bien dans l'atmosphère de l'année, ravivant la mémoire des excellents romans de lecture récente « Avant de brûler » de Virginie DeChamplain (La Peuplade, 2024) et « Langue d'or » de Philippe Comar (Gallimard, 2024). Et si le catastrophisme avait pour conséquence paradoxale d'engendrer le meilleur de la littérature contemporaine ?
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Dans la grande famille des dystopies architecturales de la SF, Vertigéo constitue la dernière arrivée, mais cette BD impressionne par la profondeur du propos comme par la richesse de l'action.

Dans un avenir post-apocalyptique, la survie de l'humanité repose sur l'édification d'immenses tours dont la poussée élève les survivants vers un ciel inaccessible et hostile, parcouru de monstres ailés qui dévorent les imprudents. À cette adversité naturelle s'ajoute un ordre politique totalitaire qui veille au travail de tous et aux limites de chacun dans une société de castes.

Le scénario, signé par le jeune et talentueux Lloyd Chéry, un spécialiste de la Science-Fiction, joue avec brio des références aux grands classiques. L'humanité précipitée vers un horizon lointain dans le Transperceneige est ici jetée vers un zénith inconnu. Les tours cyclopéennes évoquent à la fois I.G.H. de Ballard et le Silo de Hugh Howey.

Vous l'aurez compris, nous ne sommes pas ici dans un space opéra coloré, mais plutôt dans une fable politique dont le pessimisme à la THX 1138 est très habilement servi par un noir et blanc contrasté, brutal, sans concession.

Un bel album.
Et une belle réussite.

Julian Morrow
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Enième dystopie sortie cette année au rayon BD après le superbe album de Manu Larcenet (La Route) et le sympathique Arca, Vertigéo est l'adaptation de la nouvelle éponyme d'Emmanuel Delporte décrivant une société totalitaire qui exploite ses masses laborieuses afin de faire pousser les étages de la vertigineuse tour dans laquelle cette communauté humaine s'est repliée suite à une catastrophe planétaire. Un récit court et éminemment métaphorique sur l'aliénation des individus par le travail. "Dans mon histoire, le travail est dépeint comme un moyen de maintenir les individus occupés et dociles, et les empêche de remettre en question l'ordre établi ou de chercher des solutions alternatives." confie t-il sur le site C'est plus que de la SF. "Cette vision sombre s'inscrit dans une exploration plus large des régimes totalitaires et de la manipulation des masses. le travail peut être utilisé pour maintenir le statu quo et perpétuer les inégalités sociales." Une peinture sociale qui rappelle très fortement celle de le Transperceneige. Nonobstant ce sentiment de déjà-vu, le récit fonctionne sur les deux-tiers de l'album, en dépit des interrogations que le fonctionnement de ce système soulève en début de lecture (la provenance des matériaux, le désir de pousser la tour hors des nuages alors même que la lumière constitue une menace mortelle pour les humains). En parallèle, le choix du noir et blanc par le dessinateur Amaury Bundgen assoit la nature dépressive du récit, et contribue à faire de cette tour, un oppressant milieu carcéral. L'amateur de dystopie venu ici pour sa dose de noirceur en a donc pour son argent.

Malheureusement, au cours des dernières pages, l'édifice s'effondre totalement sur lui-même. Cette monumentale et dispendieuse entreprise esclavagiste ne répond finalement à aucune logique économique, démographique ou de divertissement ; son existence se résume simplement à la préservation d'un entre-soi. Dès lors, pourquoi une tour ? Pourquoi soutenir ainsi la reproduction des classes inférieures ? Difficile de faire message plus simpliste et incohérent.

Au final, une belle coquille vide.
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L'apocalypse et la disparition de beaucoup d'Hommes. Les survivants, selon une classification impériale, construisent la tour Vertigéo, toujours plus haute. Les morts sont nombreuses, le travail harassant. Peu de temps pour l'introspection et les questionnements existentiels… jusqu'au moment où une rencontre fait douter Ugo, le chef de chantier.
Bande dessinée de Science fiction, dans le plus pur style post-apocalyptique, dystopique. Beaucoup de références, la Tour de Babel entre autres, ou Metropolis de Fritz Lang. Et surtout une métaphore du monde du travail dans ce qu'il a de plus brutal, de plus inhumain, de plus irrespectueux des individus. Un album dur, noir et violent qui montre un monde qui ne fait pas envie mais dont déjà certaines bases sont dans nos sociétés et dans l'essence même du travail. Scénario de Lloyd Chéry -d'après une nouvelle d'Emmanuel Delporte- habile et bien mené, qui prend les codes du genre en les personnalisant, en y ajoutant des détails, des références. Aucun temps mort et même l'envie de prolonger…
Quant au dessin d'Amaury Bündgen, dans tous les tons de gris qu'il peut exister, il est somptueux. Très loin de son album précédent que j'avais beaucoup aimé, le rite. Exit la nature et le grand air et bonjour les lignes droites et infinies de Vertigéo, les décors d'apocalypse, les personnages au divers costumes pour identifier leurs tâches.
Une bande dessinée envoûtante, flippante et superbe.
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critiques presse (1)
LigneClaire
17 mai 2024
On est embarqué par la course sans fin des bâtisseurs qui ont pourtant aussi le doute à l’esprit. Pourquoi ces tours et jusqu’où doivent elles monter ? Qui le sait ? Un appareil mystérieux, une conteuse pour qui Vertigéo est le phare des survivants. Tout est bien mis en place, en scène dans cette saga de la survie et d’une lutte de classes qui s’ignorent. Un ouvrage majeur et une réussite graphique comme éditoriale.
Lire la critique sur le site : LigneClaire
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Nous pourrons vivre entre nous, l'élite, sans plus nous soucier de ce peuple qui n'a eu de cesse, à travers l'histoire humaine, de compromettre le pouvoir.
Le peuple, enfin asservi, nous laissera jouir en paix des trésors de cette planète.
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Le grand chambellan est le gardien officiel du temps. Il le découpe en vingt-quatre heures grâce à un objet précieux qui s’appelle une horloge.
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