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EAN : 9782283035665
384 pages
Buchet-Chastel (05/05/2022)
3.72/5   103 notes
Résumé :
Calabre, milieu du XIXe siècle. L'enfance de Maria Olivero est bercée par la misère et la pauvreté, dans une famille où l'amour se tapit et où la liberté ne connaît pas de visage. Sa mère est tisserande, son père journalier, ensemble ils peinent à subvenir aux besoins de leurs quatre enfants. Un événement inattendu va alors bouleverser l'enfance de Maria et l'équilibre de la fratrie. Teresa, l'aînée que l'on avait confié à une riche famille dans l'espoir de lui offr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (42) Voir plus Ajouter une critique
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Dans Brigantessa, mot italien signifiant femme dévouée au brigandage mais aussi femme audacieuse avec peu de scrupules, le titre italien étant Italiana (Italienne), Giuseppe Catozzella raconte la vie de Maria Oliverio dite Ciccilla née en 1841, devenue cheffe d'un groupe de brigands calabrais.
Ce qui fait la valeur de ce roman historique qui se déroule essentiellement sur le plateau montagneux de la Sila en Calabre, de 1848 à 1864, c'est qu'il s'agit d'une histoire véridique et que le destin de cette femme s'inscrit dans l'Histoire de la naissance de l'Italie.
Dans l'incipit, nous apprenons que Maria Oliverio a été présentée devant le Tribunal militaire de Catanzaro le 15 février 1864.
Après quelques phrases de description vestimentaire et la déclinaison de son identité celle-ci prend la parole et commence à raconter comment elle a échoué devant le juge militaire.
Elle décrit d'abord le déroulement de son enfance en Calabre, au milieu du 19e siècle, sa vie au sein d'une famille pauvre. Ses parents sont journaliers, au service des Morelli et assurent avec peine la subsistance de leurs six enfants.
Maria, élève brillante a cru un moment pouvoir aller au lycée. Cette espérance lui a procuré une véritable et intense sensation de liberté. Quand elle comprend qu'elle ne pourra s'y rendre, sa soeur aînée Teresa lui ayant promis de tout faire pour gâcher sa vie, c'est une profonde désillusion. Cette rivalité entre les deux soeurs aura beaucoup d'impact sur le destin de Maria.
La jeune femme va trouver l'amour auprès de Pietro et rejoindra celui-ci engagé en faveur de l'unité italienne pour assister à Naples au triomphe de Garibaldi.
Mais les promesses non tenues par le héros de la révolution vont pousser nombre de calabrais comme Maria et Pietro à se révolter, prendre les armes, le maquis, en quête éperdue de justice et de liberté. C'est là qu'elle deviendra Ciccilla…
Ce sont donc aussi toutes ces aventures rocambolesques que la narratrice nous donne à vivre et ce jusqu'à son arrestation par les soldats, dans son repaire dans la forêt de Sila, en février 1864.
L'épopée passionnante de cette grande héroïne italienne Maria Oliviero permet de revivre les étapes qui ont conduit à l'unité italienne avec cette fameuse expédition des mille puis la déception qui s'en est suivie, en conduisant beaucoup à la révolte et à ce mouvement de résistance. Garibaldi avait suscité des espoirs fous chez les paysans et les couches les plus pauvres du sud de l'Italie qui pensaient qu'il allait les protéger, eux les opprimés, et allait améliorer leurs conditions de vie, mais il n'en a rien été et au contraire les conditions ont empiré.
C'est ainsi que Maria et Pietro et ceux qui rêvaient d'une Italie qui trouverait son unité dans l'égalité des paysans et du peuple, se sont retrouvés impliqués dans cette guerre civile et tout le roman dénonce cette guerre infâme menée contre ces brigands révoltés.
Giuseppe Catozzella remonte ainsi à l'origine de cette fissure Nord / Sud qui persiste encore aujourd'hui.
Mon intérêt s'est aiguisé en apprenant que Garibaldi avait confié à cette époque la direction de son journal L'Indipendente à son ami l'écrivain français Alexandre Dumas. Ce dernier, d'ailleurs aux côtés de Garibaldi le jour de son entrée dans Naples s'est inspiré de l'histoire du couple Maria Pietro en contant leurs exploits en feuilleton de sept épisodes, dans ce même journal.
Outre l'intérêt historique qui a hautement retenu mon attention, de très belles séquences dans la forêt qui n'a plus de secrets pour Maria depuis qu'elle y a vécu avec sa tante, m'ont particulièrement touchée. Il existe une véritable symbiose entre la jeune fille et la nature que Giuseppe Catozzella a su rendre à merveille.
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Un vrai coup de coeur pour un roman lu d'une traite même si , je dois le reconnaître , la pluie n'autorisait guère un autre divertissement .Nouveau départ vers l'Italie donc , aprés Rome et la lutte contre les états pontificaux , passage en Calabre . Nous sommes en 1848 et une misère extrême fige la société dans des carcans immuables .
Durant toute la première partie du roman nous partageons la misérable vie d'une famille de paysans dont le seul horizon est de faire manger ses membres : Papa , Maman , Raphaelle , le grand frère , Maria , l'héröine , Vincenzia et Salvo ...Une soeur dont il est interdit de parler complète la " tribu " .Absente au début , elle jouera un grand rôle par la suite mais ça , c'est une autre histoire .
La description de cette misérable condition , des joies , des peines , des malheurs , bref , de la vie quotidienne , est sans concession mais d'une vérité criante et particulièrement touchante , voire plus . Un milieu dont on voudrait extraire ces gens mais où le père dirige en tenant pour principe que " la liberté n'existait pas chez nous , elle était réservée aux maîtres et aux fous " .Pour Maria , par contre , " aucune intention de se sacrifier , pour personne ni pour quoi que ce soit .En vérité, tant que je vivrais dans cette maison je ne serais même pas libre de décider de mon destin , parce que j'étais pauvre .Exactement comme eux ."
Dés les premières pages , le personnage de Maria s'impose et l'on devine , sans grand mérite , qu'elle deviendra la belle , fière et grande dame de la couverture , Brigantessa , la redoutée Ciccilia , une héroïne italienne , le phare d'une seconde partie consacrée à la liberté et à son magnifique cadre naturel de bois et forêts .
Ce roman , tiré de faits réels et a été , comme on peut le constater en fin de volume , terriblement bien documenté . L'habileté de l'auteur a , pour moi , été de favoriser le premier plan , tout en le conservant dans un contexte historique strict mais loin d'être un fastidieux carcan .Le récit vous capte et refuse de vous laisser la moindre parcelle de répit .On vit avec cette sacrée bonne femme et chaque page tournée nous gonfle d'espoir ...ou de désespoir .Certaines scènes sont poignantes , pleines de sensibilité et l'on voudrait bien que cette lutte entre " le pot de terre et le pot de fer "....pour la justice et la liberté...
J'avoue ne pas pouvoir masquer mon grande admiration pour ce roman , ses personnages , sa construction , le message qu'il délivre alors , comme je le dis parfois , je ne livre que mon propre ressenti , ne recherchant dans mes lectures que les vraies émotions .J'ai été servi et même bien servi alors , le reste , ma foi ... Mais ne m'accordez pas un crédit total même s'il est empreint de sincérité .
A bientôt , chères amies et chers amis .Ce sera pour vous parler d'un roman ...italien .Ben oui , c'est " mon dada du moment ".
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Difficile de traduire brigantessa car le mot brigande est peu usité en français. Et puis Brigantessa, ça sonne comme un nom de guerre, ce qui convient pleinement à la rebelle, la farouche Ciccilla.
Avant que les évènements, nombreux, ne la poussent à devenir Ciccilla, la jeune Maria est une jeune fille pauvre de Calabre au royaume des deux Sicile. Nous sommes en 1830 et l'unité de l'Italie se réalisera en 1861 avec à sa tête, le roi Victor-Emmanuel, ancien roi de Savoie.
Maria grandit dans la pauvreté tandis que Teresa sa soeur ainée vit dans l'opulence des riches depuis qu'elle a été adoptée par le comte Tommaso et la comtesse Rosanna.
Tandis que Teresa prend pour époux un homme falot mais issu d'une famille riche et influente, Maria épouse un charbonnier : Pietro. Idéaliste, Pietro, part rejoindre l'armée de l'unité italienne sous les ordres de Garibaldi.
Les promesses de Garibaldi et du roi Victor-Emmanuel ne sont pas tenues : L'usage collectif des terres, l'abolition des impôts sur la farine et le sel ainsi que le partage des terres domaniales, rien de cela n'est acté et le peuple, qui a versé son sang au côté du roi, est toujours aussi miséreux et asservi par ces « messieurs » qui possèdent tout.
Pendant ce temps, la vilenie de Teresa envers sa soeur ne faiblit pas et Maria se bat avec courage et obstination contre l'adversité et les trahisons. La jalousie féroce de l'aînée va précipiter Maria vers un destin tragique. Maria va devoir fuir dans les bois où elle rejoint Pietro et sa troupe de bandits. Les brigands, sorte de Robins des bois, se battent contre le pouvoir et les riches qu'ils rançonnent au bénéfice du peuple écrasé par les impôts et la misère. Poursuivis sans relâche, ils trouvent aide et protection auprès de la population. Maria devient alors Ciccilla la Bringantessa en compagnie de sa louve Bacca
Victor-Emmanuel, roi d'Italie, proclame : « Les coupables de crime de brigandage qui s'opposeront, arme au poing, à la force publique seront fusillés »
Pourchassés, parfois trahis, leur vie est difficile et, pourtant, ils croient à leur idéal révolutionnaire.
« Ils rêvent aux exploits de Spartacus, l'esclave qui a soulevé le peuple contre Rome et qui est mort au combat en homme libre. La mort ne les effraie pas, ils savent que c'est leur destin de révolutionnaires et l'acceptent car leur cause est juste. »
Très vite, la renommée de Cicccilla va s'étendre et passer les frontières jusqu'à arriver aux oreilles du romancier Alexandre Dumas.
« En Calabre et dans le reste de l'Italie, on évoquait une femme terrible et féroce qui vivait dans la forêt et se battait contre les Italiens. On me dépeignait comme un monstre, moitié animal et moitié femme, un être porteur de mort et de destruction, la terreur des bersagliers »

Le parti pris de Giuseppe Catozzella d'écrire l'histoire de Maria Oliviero à la première personne nous la rend vivante et humaine. Loin du monstre qui sème la terreur qu'on a pu dépeindre, la Brigantessa se révèle généreuse, forte et idéaliste. Elle se battra pour sa liberté mais le tourbillon de l'histoire l'emportera vers son destin de hors la loi et de rebelle.
Les personnages ont une réelle consistance. L'enthousiasme, la passion de l'auteur pour la brigantessa sont communicatifs et je n'ai pas boudé mon plaisir en dévorant le récit épique et romanesque de cette héroïne passionnée et éprise de liberté Je remercie les éditions Buchet Chastel et Babelio pour cette belle découverte.

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Calabre, milieu du XIXè siècle.
Intégrée au Royaume des Deux-Siciles, la région est sous le joug du roi Bourbon Ferdinand Ier. Féodal, le système donne tous les droits aux aristocrates, propriétaires terriens, qui exploitent une main-d'oeuvre misérable, sous payée et corvéable à merci. L'unification de l'Italie est un doux rêve qui fait de plus en plus d'émules. Sous la bannière de Victor-Emmanuel, roi de Savoie, le chef de guerre Giuseppe Garibaldi incarne l'espoir pour ce peuple opprimé qui croit en la redistribution des terres, en la suppression des impôts sur le sel, en une vie meilleure. Mais si les Calabrais, qui ont rejoint Naples en masse pour combattre dans les troupes garibaldiennes, reviennent au pays en vainqueurs, ils découvrent très vite que les promesses ne seront pas tenues. Les riches soutiens des Bourbons ont tôt fait de retourner leur veste et continuent d'exploiter leurs serfs sous les couleurs des Savoie. Déçus et révoltés, certains prennent le maquis pour devenir des hors la loi vivant dans les montagnes, attaquant les grandes propriétés, rançonnant les aristocrates, se jouant des bersagliers chargés de les pourchasser et de les éliminer. Ces hommes sont parfois accompagnés par des femmes chargées de l'intendance mais Maria Oliverio est faite d'un autre bois. Surnommée la Ciccilla, elle a pris les armes au côté de son mari Pietro pour devenir une véritable légende calabraise. Elle n'a que vingt-deux ans lorsqu'elle est arrêtée et condamnée à mort.
Les racines de sa contestation naissent au sein de sa famille. Son père est ouvrier agricole, sa mère tisserande, le couple a de nombreux enfants dont une fille ainée, Teresa, qu'ils ont été forcés de donner à l'adoption à Naples. Et quand Teresa revient après la mort de ses parents adoptifs, elle n'est que haine envers sa famille et surtout envers Maria qu'elle accuse d'être responsable de sa déchéance. Teresa n'aura de cesse de faire souffrir sa cadette, semant les graines de la rébellion chez cette fille douce et intelligente dont elle voulait couper les ailes.
Très bien documenté, ce roman historique est un condensé de connaissances sur l'Italie d'avant la réunification. Malheureusement, il lui manque le souffle épique que méritait cette héroïne hors du commun. Giuseppe Catozzella ne réussit pas à faire l'amalgame entre livre d'histoire et roman d'aventures. L'histoire est longue à se mettre en place et finalement, la ‘'carrière'' de brigande de la Ciccilla est réduite à la portion congrue. Une lecture intéressante qui se lit bien mais n'emporte pas. de solides références mais un manque de passion.

Merci à Babelio et aux éditions Buchet Chastel.
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Le prologue plante le décor : Maria Baggio, 22 ans, épouse de Pietro Olivero, passe devant le tribunal militaire. Elle nous raconte brièvement son arrestation alors qu'elle était habillée en homme, et nous confie la joie des militaires quand ils ont compris qu'ils avaient capturé « Ciccilla, la célèbre, Ciccilla, la terrible Ciccilla. » En quatre parties, elle va nous raconter sa vie mouvementée et celle des paysans miséreux parmi lesquels elle a toujours vécu.
***
Giuseppe Catozzella nous raconte, par la bouche de Maria, l'Italie du milieu du XIXe siècle, en Calabre, dans un milieu rural qui a gardé les codes du Moyen Âge : un riche propriétaire fait cultiver ses terres par des paysans qu'il surexploite et qui n'ont aucun droit. La misère est telle, entre autres chez les Baggio, qu'ils ont accepté de placer leur fille aînée, Teresa, dans une riche famille de Naples. Maria devait d'ailleurs la rejoindre quand éclate la guerre qui fait capoter le projet. Teresa, de retour dans sa famille d'origine, ne pardonnera jamais à ses parents ce qu'elle considère comme une déchéance. Sa rancoeur se déchaînera contre Maria au point que celle-ci quittera la maison de ses parents pour aller vivre en forêt avec sa tante. La révolution de 1848 sert de fond historique à cette histoire. L'Italie que nous connaissons aujourd'hui n'existe alors pas : le territoire est encore morcelé en différents États souvent rivaux. Avec la bande de brigands de Pietro et de Maria, nous vivons ici en partie les espoirs et les déceptions suscités par ces événements historiques. D'abord partisans de Garibaldi, ils se retourneront contre toute autorité quand les promesses d'un monde plus juste ne seront pas tenues. C'est mon principal bémol : j'ai eu parfois de la difficulté à suivre le contexte historique extrêmement complexe dans lequel se déroule Brigantessa. Cependant, le cadre de vie décrit se révèle souvent passionnant et varié : le « don » d'enfants pauvres aux familles riches qui ne peuvent pas en avoir, la vie des brigands en forêt, la pénibilité de la fabrication du charbon de bois, les tentatives d'indépendance de Maria, autant d'éléments qui font la qualité de ce roman foisonnant.
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Citations et extraits (32) Voir plus Ajouter une citation
Tribunal militaire de Catanzaro 16 février 1864

 « Nous faisons savoir qu’elle s’est présentée ici, vêtue comme un homme d’un gilet en drap de couleur, d’une veste et d’un pantalon en drap noir, la tête enveloppée dans un foulard. »
« Je m’appelle Maria Oliverio, née Biaggio, âgée de vingt-deux ans. Née et domiciliée à Casole, Cosenza, sans enfant, épouse de Pietro Monaco. Tisserande, catholique, illettrée. »

En réalité, je ne suis pas illettrée, j’ai appris à lire et à écrire pendant quatre ans à l’école, puis dans les livres que je volais en cachette à mon mari Pietro ; mais, avec la loi, mieux vaut simuler l’idiotie quand vous n’êtes qu’une tisserande.
J’ai échoué devant le juge militaire comme à Mardi gras, les cheveux coupés court, le visage sale et marqué par deux années dans les montagnes, les ongles cassés. On m’a débusquée à l’intérieur d’une grotte située dans le bois de Caccuri, au cœur de la Sila 1 ; à mes pieds, la vallée ensoleillée et profonde ; en face, telle une bouffée d’air, le Mont Carlomagno et le Monte Scuro. J’étais tapie là depuis des semaines, comme un ours.

L’antre était profond et humide, peuplé de vers et de musaraignes, il possédait une entrée minuscule, mais s’élargissait ensuite et, l’absence de lumière exceptée, je n’y étais pas mal lorsque je faisais du feu. Il me restait une boîte d’allumettes de bonne qualité et, la nuit, je m’offrais une belle flambée avec le bois que j’avais mis à sécher au soleil. J’y avais installé un lit de rameaux et d’aiguilles de pin, ainsi qu’un petit autel en pierre, doté d’une croix rudimentaire, qui me tenait compagnie. C’est dans la forêt que j’ai commencé à chercher Dieu ; auparavant, je n’avais pour lui que des prières de convenance qui me servaient à éloigner la peur chaque fois qu’elle me prenait. Dehors, les troncs des mélèzes étouffaient les cris des milans, les hurlements des faucons pèlerins, les vols en piqué des circaètes jean-le-blanc. Au cours de ces journées et de ces nuits interminables, je repensais à mes parents, à ma sœur Vincenza, à mes frères Salvo, Angelo et Raffaele, à mon diable de mari Pietro, que nous avions abandonné, mort, brûlé vif, dans un triste nid d’aigle.

(INCIPIT) 
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Peut-on tuer un individu de son propre sang ? Continuais-je de me demander en m’enfonçant dans la forêt. J’avais commis le plus ancien des péchés, mais la forêt soufflait son haleine sur mon cou et sur mon dos, m’enveloppant dans un manteau invisible, pour se refermer derrière moi. Qui était coupable ? Ma personne, ma famille, l’ancien Royaume, ou l’Italie ? Portais-je seule la responsabilité de mes actes ou fallait-il la diviser par mille, par nous tous ?
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Depuis que je vivais dans la forêt, la lumière m’impressionnait plus que tout. Elle se présentait timidement au lever du jour, attendait que le soleil eût dépassé les troncs d’arbre pour éclater dans le ciel et tout brûler. Je contemplais ce miracle chaque matin en ouvrant bien les yeux : la lumière se soustrayait à l’injustice et ranimait ma combativité. Pour nous, le moment de nous venger était arrivé.
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Voilà donc l'alternative qui s'imposait aux Italiens, pensais-je : se conduire soit en flagorneurs, prédateurs, buses et chouettes; soit en voleurs, criminels, brigands, bouquetins.
"Vive l'Italie! ai-je dit. Le pays où tout l monde est en guerre contre tout le monde. Si c'est ça, la justice, je préfère mon père à la justice."
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On avait ramené à la maison, sur une charrette tirée par un mulet, son corps recouvert d’un petit drap qui ne dissimulait pas grand-chose. Il s’était éteint dans la nuit, victime d’un malaise dû à un travail excessif, à une nourriture insuffisante, à l’éloignement de sa famille et aux dettes, pendant qu’on faisait une révolution à laquelle il n’avait jamais vraiment cru. Je l’observais à la lumière des bougies, dans cette pièce où nous avions mangé et dormi toute notre vie et où, à présent, quelques voisines priaient et pleuraient, assises le dos contre le mur. Je me suis approchée et j’ai murmuré à son oreille : « Tu avais raison, papa. Chez nous, les choses ne changent que pour éviter de changer. »
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Vidéo de Giuseppe Catozzella
Entretien mené par Marie-Madeleine Rigopoulos Rencontre
Deux romans captivants qui traversent deux périodes différentes de l'histoire italienne, et mêlent aventures rocambolesques et réflexions sur l'art et l'écriture. Veiller sur elle de Jean-Baptiste Andrea, lauréat du Prix Goncourt 2023, est un roman emprunt de grâce qui relate l'histoire d'amour passionnée entre Viola, héritière d'une famille prestigieuse et Mimo, modeste sculpteur de génie, à travers les tumultes de l'Italie fasciste. Brigantessa de Giuseppe Catozzella, lauréat du Prix des Lecteurs à Cognac en 2023, offre une fascinante fresque historique dans la deuxième moitié du XIXe siècle au coeur des paysages calabrais. A travers la vie de Maria Oliverio, une femme d'exception, idéaliste et rebelle, le roman aborde la complexité de l'unification de l'Italie.
À lire – Jean-Baptiste Andrea, Veiller sur elle, L'Iconoclaste, 2023 – Giuseppe Catozzella, Brigantessa, trad. de l'italien par Nathalie Bauer, Buchet Chastel, 2022.
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