Difficile de traduire
brigantessa car le mot brigande est peu usité en français. Et puis
Brigantessa, ça sonne comme un nom de guerre, ce qui convient pleinement à la rebelle, la farouche Ciccilla.
Avant que les évènements, nombreux, ne la poussent à devenir Ciccilla, la jeune Maria est une jeune fille pauvre de Calabre au royaume des deux Sicile. Nous sommes en 1830 et l'unité de l'Italie se réalisera en 1861 avec à sa tête, le roi
Victor-Emmanuel, ancien roi de Savoie.
Maria grandit dans la pauvreté tandis que Teresa sa soeur ainée vit dans l'opulence des riches depuis qu'elle a été adoptée par le comte Tommaso et la comtesse Rosanna.
Tandis que Teresa prend pour époux un homme falot mais issu d'une famille riche et influente, Maria épouse un charbonnier : Pietro. Idéaliste, Pietro, part rejoindre l'armée de l'unité italienne sous les ordres de Garibaldi.
Les promesses de Garibaldi et du roi
Victor-Emmanuel ne sont pas tenues : L'usage collectif des terres, l'abolition des impôts sur la farine et le sel ainsi que le partage des terres domaniales, rien de cela n'est acté et le peuple, qui a versé son sang au côté du roi, est toujours aussi miséreux et asservi par ces « messieurs » qui possèdent tout.
Pendant ce temps, la vilenie de Teresa envers sa soeur ne faiblit pas et Maria se bat avec courage et obstination contre l'adversité et les trahisons. La jalousie féroce de l'aînée va précipiter Maria vers un destin tragique. Maria va devoir fuir dans les bois où elle rejoint Pietro et sa troupe de bandits. Les brigands, sorte de Robins des bois, se battent contre le pouvoir et les riches qu'ils rançonnent au bénéfice du peuple écrasé par les impôts et la misère. Poursuivis sans relâche, ils trouvent aide et protection auprès de la population. Maria devient alors Ciccilla la Bringantessa en compagnie de sa louve Bacca
Victor-Emmanuel, roi d'Italie, proclame : « Les coupables de crime de brigandage qui s'opposeront, arme au poing, à la force publique seront fusillés »
Pourchassés, parfois trahis, leur vie est difficile et, pourtant, ils croient à leur idéal révolutionnaire.
« Ils rêvent aux exploits de Spartacus, l'esclave qui a soulevé le peuple contre Rome et qui est mort au combat en homme libre. La mort ne les effraie pas, ils savent que c'est leur destin de révolutionnaires et l'acceptent car leur cause est juste. »
Très vite, la renommée de Cicccilla va s'étendre et passer les frontières jusqu'à arriver aux oreilles du romancier
Alexandre Dumas.
« En Calabre et dans le reste de l'Italie, on évoquait une femme terrible et féroce qui vivait dans la forêt et se battait contre les Italiens. On me dépeignait comme un monstre, moitié animal et moitié femme, un être porteur de mort et de destruction, la terreur des bersagliers »
Le parti pris de
Giuseppe Catozzella d'écrire l'histoire de Maria Oliviero à la première personne nous la rend vivante et humaine. Loin du monstre qui sème la terreur qu'on a pu dépeindre, la
Brigantessa se révèle généreuse, forte et idéaliste. Elle se battra pour sa liberté mais le tourbillon de l'histoire l'emportera vers son destin de hors la loi et de rebelle.
Les personnages ont une réelle consistance. L'enthousiasme, la passion de l'auteur pour la
brigantessa sont communicatifs et je n'ai pas boudé mon plaisir en dévorant le récit épique et romanesque de cette héroïne passionnée et éprise de liberté Je remercie les éditions
Buchet Chastel et Babelio pour cette belle découverte.