Avec Pietro, je suis sûr d'une chose, c'est de pouvoir lire une galerie de
portraits de femmes, de grandes dames qui ont jalonné le siècle de la plus noble des manières qui sans lui ne nous eussent révéler autant de secrets admirables. Parce qu'il les aime, les admire. Ça change de ces sempiternels critiques qui voient plus le bas effilé que le geste héroïque ou pour parler vulgairement comme eux : le cul de la crémière que l'onctueuse crème qu'elle offre de sa peine à ses clients.
Pensez-donc, voici un florilège par le menu de ces femmes admirables qui ont étourdi son esprit jusqu'à le faire chavirer, mais pour le meilleur car ses modèles sortent par le haut de sa toute puissance du verbe ici :
Marina Tsvetaieva,
Virginia Wolf,
Katherine Mansfield,
Simone Weil,
Karen Blixen, Lou Salomé,
Jane Austen, Flannery O ' Connor ..
Pietro arrive à parler de choses ou d'âmes qu'on dirait indicibles.
De par exemple Marina Tsvetaieeva, à jet continu
que le coeur exulte..
Les
lettres de Marina,
lettres par ci,
lettres par là, sauf qu'
elles ne sont pas contemporaines. Marina ne supporte pas la tranquillité. Comme un noeud a interrompu le flux de la sagesse pour toujours, point de répit de bonheur dans sa vie ! « Marina Tsvetaiena conçut le projet d'existence tragique le plus extrême qu'un écrivain ait jamais imaginé » comme dit Piétro. « Tout donne à penser qu'elle voulut être malheureuse », ajoute-t-il.
« Que ferai-je, démesurée, disait-elle à Paris, dans l'empire de la mesure ? ».
Un peu de Piaf tout de même, sauf la naissance. Ben oui, puisque le père de Marina fut à l'origine de la création du musée Alexandre lll à Moscou inaugure en grandes pompes par Nicolas ll qui est l'actuel et célèbre musée
Pouchkine aujourd'hui. C'est en même temps un clin d'oeil à la russe blanche qu'elle était et qu'elle appelait de ses voeux, et qui comme on sait tourna casaque ensuite pour devenir une prêtresse du régime soviétique auquel il convient d'ajouter que ce ne fut pas un bain de jouvence !
Comme partager sa vie, ce n'était pas à coup sûr le meilleur abri pour se prémunir de la souffrance. Et cela dit, prenant tout du monde, elle donnait tout de son corps tout entier comme si elle ne s'appartenait plus, et le meilleur endroit, son meilleur choix pour se libérer de tous ses fardeaux était encore contradictoirement de côtoyer ses contraires ennemis, assurée de sa pure perte.
« L'âme n'avait jamais parlé d'une voix plus semblable à celle de la chair » nous dit encore
Piétro Citati à propos de
Marina Tsvetaieva. On se demande même comment La vie et les
lettres de Marina auraient pu échapper à la sagacité du maître italien