L'avantage d'une médiathèque est de pouvoir oser sortir de ses lectures habituelles sans se ruiner. D'ouvrir son horizon littéraire en tout liberté. Poussée par la page d'Erik (@Erik_) ainsi que ses conseils, me voilà à farfouiller dans le rayon BD de ma médiathèque dont je ne cesse d'arpenter les rayons, yeux plus gros que le ventre, depuis que je m'y suis inscrite telle Charlie dans la chocolaterie. Et ce rayon BD donc qui m'attire grâce à Babélio, moi dont la logique par bulles m'a toujours donné le tournis me semble-t-il.
Quelques BD en main après vérification de leur accueil sur Babélio, me voilà à ouvrir mes précieuses trouvailles en fin de journée. Je commence par
le petit astronaute dont la couverture me ravit. Et la magie a opéré, deux soirées à l'arpenter sans trêve, captivée et par l'histoire et par le dessin, tous deux d'une tendresse inouïe. Une fin qui m'a émue et l'envie ensuite de rouvrir cet objet, précieux devenu, pour en caresser les dessins d'une belle finesse, d'une couleur pastel apaisante, et ne pas quitter les personnages trop vite. Juliette, Tom, leurs parents…Quelle histoire touchante…
Tous les ans, Juliette fait son pèlerinage en vélo dans le quartier de son enfance. Mais cette année, devant l'ancien appartement familial, une affiche : « À vendre - Visite libre ». En ouvrant les portes de son décor de jeunesse, les souvenirs remontent : les amis, les petits bonheurs, mais surtout l'arrivée bouleversante de son frère Tom,
le petit astronaute. Tom doit son prénom à la chanson de Bowie, Major Tom. Ce prénom lui sied bien à ce petit bonhomme, car il est non pas sur la lune mais bel et bien dans la lune souffrant d'une paralysie cérébrale. C'est toute la vie familiale qui va se trouver bouleversée par le diagnostic, la famille devant s'adapter au handicap de leur fils, encaisser les regards de pitié des gens, se battre pour lui donner le meilleur au-delà de la lourde médication dont il fait l'objet. Et surtout savoir trouver des moments de complicité familiale à quatre ce que les parents, téméraires et formidablement vivants, réussissent à faire malgré tout.
Juliette s'avérera être une soeur bien attentionnée, proche du petit Tom.
« Je sais bien que Tom parle pas, mais s'il parle pas c'est seulement parce que ses paroles sont incapables de sortir de sa bouche. Alors elles restent dans sa tête et quand je colle mon oreille à la sienne, je les entends. Je suis la seule à qui il a raconté son histoire ».
Une histoire d'astronaute, une histoire de hasard et de pas de chance. Une histoire de fratrie d'autant plus émouvante lorsque nous comprenons, à la toute fin de la BD, que
Jean-Paul Eid s'est inspiré de sa propre histoire son fils souffrant d'une paralysie cérébrale. Sans aucun pathos, avec pudeur, il écrit une histoire d'amour lumineuse, élégante et délicate, son histoire d'amour pour ses deux enfants, un traité sur la différence. Une photo de ses deux petits clôt cette magnifique BD et c'est le coeur lourd et les yeux un peu humides que j'ai refermé le livre.
A noter que
Jean-Paul Eid est québécois et que le livre, notamment lorsque les personnes sont en colère, est truffé d'expressions bien de là-bas donnant davantage d'authenticité et de profondeur à l'histoire. Voilà de quoi nous faire sourire entre deux moments de nostalgie.
Et moi qui pensais que les BD n'étaient pas pour moi…Mille mercis Erik, je n'aurais jamais pensé pouvoir être aussi touchée par une BD, pour une première rencontre, c'est une réussite !