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EAN : 9782021470079
320 pages
Seuil (07/01/2021)
3.43/5   116 notes
Résumé :
De livre en livre, Ivan Jablonka ouvre des voies nouvelles. Avec une audace et une créativité peu communes, il invente ses sujets et ses formes. Après Laëtitia, après En camping-car, il explore sa « garçonnité » dans les années 1970-1980, s’interrogeant sur le « nous-garçons » et les frontières incertaines entre masculin et féminin.
De sa famille au service militaire en passant par l’école, il raconte sa formation au fil d’une enquête souvent poignante, parfo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (28) Voir plus Ajouter une critique
3,43

sur 116 notes
La masculinité a cessé pour moi d'être un problème, une question en suspens. J'aimerais bien savoir en quoi je suis un homme et même, si j'en suis un ?"
L'auteur fait une enquête sur lui-même, il cherche à cerner ce que veut dire 'être un homme'. et livre une profonde et singulière recherche sur la condition masculine, sur le malaise de se sentir pas forcément appartenir à tous les oripeaux de la masculinité
Ivan Jablonka offre aux lecteurs une profonde « autobiographie de genre » qui dévoile une intimité à la fois intime et universelle, et restituant la complexité humaine et l'éclat de l'enfance dans ses enthousiasmes, ses questionnements, et ses peines.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Je ne connaissais pas Jablonka autrement que par la lecture de son livre Laeticia. J'avais beaucoup apprécié sa pondération, son objectivité et son honnêteté. J'étais donc intéressé par l'autobiographie de son enfance, même annoncée comme banale. Et puis, le narrateur, presque malgré moi, m'a un peu énervé. Pas tellement pour l'enfance privilégiée décrite, il n'y pas lieu à jugement, mais pour le ton faussement modeste, qui m'a semblé narcissique et élitiste, cadrant mal avec l'humilité affichée. Impression personnelle seulement, je ne mets pas en doute la sincérité de l'auteur. Dommage, car le personnage et son introspection sont très intéressants. Peut être ai je trop peu de choses en commun avec lui. Je suis de la génération d'avant et la plupart de ses souvenirs n'évoquent rien en moi. le « vous et moi » est de pure forme, « nous n'avons pas gardé les vaches ensemble ». Je note aussi que je n'ai lu que très peu des nombreux livres référencés en annexe. Sur l'écriture, rien à redire, c'est léger et facile à lire. La forme est originale avec des tableaux repères et des photos. On dirait un témoignage destiné aux archéologues admiratifs d'un lointain futur. Quoiqu'il en soit, ce livre est celui d'une personne digne de respect dont expérience vécue est racontée honnêtement et à ce titre vaut d'être lu.
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Une phrase m'a frappée dans les premières pages de l'ouvrage de Jablonka, il cite ses parents : « On voulait faire parfait. Que notre enfant soit parfait. » Voici un redoutable programme qui n'a pas trop mal marché. le petit Ivan a suivi un cursus scolaire émaillé de succès (lycée Buffon puis, pour parachever son secondaire, lycée Henri IV, classes préparatoires, École Normale Supérieure, agrégation d'histoire, etc.), a échappé à la crise d'adolescence, aux addictions, a fait du sport et s'est taillé une place dans le monde universitaire. Soit, et alors ? me direz-vous. En quoi son parcours peut-il nous intéresser ? Justement, l'auteur se propose de l'étudier pour retranscrire son itinéraire de genre, la construction de sa garçonnité. En tant que garçon, que lui a transmis la société, à quels codes a-t-il dû se plier, quelles valeurs lui a-t-on inculquées, quels modèles a-t-il adoptés ? Il se choisit comme objet d'étude. Autrement dit, il va ausculter sa trajectoire individuelle pour en relever les comportements affectés par des stéréotypes genrés, mais aussi en signaler les singularités et les ruptures.
La question légitime qui se pose – quand on désire s'inscrire dans le champ des sciences sociales – est la suivante : est-on le plus apte à parler de soi-même ? Nous sommes d'accord qu'il ne s'agit pas ici d'un acte d'introspection, ni de mémoires. L'exercice est-il faisable et pertinent pour la construction d'un savoir savant ?
Ma réponse est empreinte de doute. Jablonka hésite sans cesse entre dénigrement de soi et autosatisfaction narcissique, au point qu'il en oublie la banalité qu'il partage avec beaucoup de ses congénères. Il a beau rajouter quelques tableaux, utiliser du vocabulaire emprunté au lexique des sciences sociales, sa démarche reste boiteuse et débouche sur une impasse. Sa singularité même en fait une sorte de transfuge de la masculinité qui plaide assez lourdement et maladroitement contre la domination du patriarcat.
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C'est le regard porté par l'auteur sur sa jeunesse, et au delà sur toute une génération, celle des années 80.
Né dans une famille parisienne aimante et intello, Ivan se révèle être un jeune garçon « différent » avec une composante « féminine » affirmée. Nous le suivrons pendant ses études dans de grands lycées parisiens, dans ses relations avec ses amis et avec les filles (il n'est pas un « dragueur » mais un « beau parleur délicat »). La conquête féminine s'avère pour lui difficile car il n'a pas, ou ne veut pas user des armes des autres.
Et comme il le dit joliment l'écriture sera là pour lui pour remplacer « les amoureuses qu'il n'a plus »
Ivan Jablonka ne se contente pas de recenser des souvenirs de jeunesse, il fait en plus un travail passionnant de sociologue et d'historien. Voilà un livre intime, sensible et passionnant sur une jeunesse et la masculinité à la fin du XXe siècle.
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Un garçon comme vous et moi
Ivan Jablonka
La librairie du XXI°. Seuil
2021, 282p



Je ne suis pas sûre que le livre soit réussi. Son thème est une interrogation sur la masculinité. L'auteur remarque que se poser la question est déjà un signe de masculinité faible. Comme Montaigne, il se prend comme objet de sa réflexion parce c'est quand même lui qu'il connaît le mieux.
Physiquement, il est plutôt de constitution fragile. de caractère, il est sensible et anxieux. La violence lui a toujours répugné. Il a du mal à draguer les filles. Il a un frère de trois ans son cadet. Il a joué au football, était endurant à la course. Les jeux vidéo lui plaisaient beaucoup. Il a eu comme camarades des garçons et des filles. Il a eu un grand et pur amour d'enfant qu'il n'a pas oublié et qui sans doute a orienté sa vie.
Ses parents étaient l'un ingénieur, l'autre professeure agrégée de lettres, tous deux libéraux, naturistes et un tantinet rebelles. Les mots d'ordre étaient travail et réussite scolaire. Après le bac, il a suivi des études qualifiées de plutôt littéraires par amour des mots et par curiosité. Ses sujets de prédilection tournent autour de personnes qui sont des victimes.
Il est né en 73. L'auteur pense qu'on est aussi genré par génération. Il a connu #Me too, qui lui a fait prendre conscience des violences masculines faites aux filles. Il a participé à des beuveries sans boire, à des causeries sans se droguer. Il ne prend pas de risques. Il écoute Renaud et Gainsbourg et Brassens. Il voit quelques films porno, le genre s'est démarginalisé, et en conclut que certains pratiquent l'amour sans connaître la chair ni le corps ; il est aussi de la génération sida.
Et surtout, son père, dont il a toujours eu en tête la souffrance d'orphelin, n'a pas connu ses parents. Juifs, ils ont été exterminés. L'enfant ressent fortement l'absence de ses grands-parents, et se place d'emblée du côté des victimes.
Même si blanc de peau et de sexe masculin, il a tout de suite eu des avantages, voire des privilèges. du reste, il jouit d'un très bon niveau social, exerce une profession qu'il aime, est le père de deux filles. Ses livres se vendent bien, lui qui écrit pour rendre manifeste la présence des absents, pour ne pas être seul, pour être aimé. A la suite de Verlaine, il s'éprouve comme le pauvre Lélian, le mal-aimé. Et j'ajouterais pour vaincre la mort. Parmi ses camarades, deux, dont l'un pourtant plus masculin que lui, se sont suicidés, l'un est mort d'un accident en montagne. Un autre a fui au Mexique pour échapper à ses démons.
Ce livre, pas littéraire du tout, même si l'auteur cite quelques écrivains qu'il aime bien quand il parle des sacrifiés du sida, est en fait une autobiographie assez complaisante, qui répond à sa conception de la vie comme succession de traces qu'on laisse, comme le sont les photos qui illustrent l'ouvrage, et qui a pour prétexte le questionnement sur la masculinité.
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critiques presse (1)
LeFigaro
15 janvier 2021
Une autobiographie hirsute qui parle à chacun de nous.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (43) Voir plus Ajouter une citation
À l’heure du goûter, Goldorak proposait aux garçons une sorte de stage viril : armes surpuissantes, corps-à-corps sans pitié, camarades rivaux à la parole rare et définitive dont les biceps, les cuisses, les pectoraux moulés dans une combinaison, les yeux inaccessibles à la peur étaient régulièrement mis en valeur par de gros plans flatteurs. Partout, des accessoires masculins : veston, ceinture, bottes, uniformes, bolides et chevaux qu’il faut maîtriser aussi fermement que sa colère. En dépit de son agrarisme cow-boy, la série partageait avec Star Wars, Albator, Ulysse 31 et Capitaine Flam une fascination pour l’espace, les robots, les pisto-lasers, les sauveurs de l’humanité aux prises avec un sinistre empire galactique.

En fait, la masculinité d’Actarus est plus subtile qu’il n’y paraît. Si, quand il ne pilote pas Goldorak, il reste au ranch à remuer le foin avec sa fourche, seul dans son coin, taiseux, sombre, peu liant, c’est parce qu’il porte un lourd secret : sa planète a été anéantie. Les flash-backs montrent des scènes de carnage, monstres d’acier qui ravagent tout, foules en panique, femmes et enfants piétinés à terre, immeubles et ponts bombardés, rues éventrées, incendies partout. Comme le père adoptif d’Actarus le raconte avec pudeur, « ses parents ont eu une fin tragique ». Réfugié sur Terre, l’orphelin regarde la Lune ou la mer avec nostalgie : « Nous avions des plages comme celle-là, et aussi des poissons et des coquillages. »

Le parcours d’Actarus est typique des grands mythes : une naissance de travers, un exil douloureux, une vie de labeur anonyme, une mission à la hauteur de sa destinée, qui consiste à sauver l’humanité. Ce qui me touchait chez lui, ce n’était pas la puissance, ni la gloriole ; c’était la vulnérabilité, le sentiment de la perte et du deuil, la tristesse sans remède. Et c’est précisément la fragilité d’Actarus qui rendait si jubilatoire l’invincibilité de son robot-armure, protection contre les forces du chaos.

Popularisé dans les années 1970 par Nagai Go, le père de Goldorak et de Mazinger Z, le genre mecha repose sur le principe du « garçon dans le robot ». L’humain pilotant un robot géant, le métal vient entourer, défendre, cuirasser la chair ; et le fait qu’Actarus commande Goldorak par la voix, de manière instantanée, parachève la symbiose entre l’homme et la machine. À l’évidence, le genre mecha répond à un fantasme adolescent : contrôler le monde tout en s’en protégeant, affermir une identité en pleine mutation. Pour moi, il y avait autre chose encore : affronter, à l’âge de 8 ou 9 ans, la menace de la destruction totale. Guerre mondiale, bombardements, invasion, extermination : Goldorak me permettait de faire face à la mémoire traumatique du XX e siècle, qui était celle de ma famille.
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J'avais beau me laisser pousser les cheveux, faire des blagues follement drôles, marcher dans la rue avec nonchalance, je n'étais aimé de personne. C'était incompréhensible : quelle qualité me manquait-il ? Je savais faire des dissertations, des poèmes, des exercices de maths compliqués, des devoirs de physique à 9 heures du matin, je savais tout faire -sauf dire à une fille que j'étais amoureux d'elle. On prétend que les hommes doivent « faire le premier pas » ; à cet égard, je ne savais pas marcher.
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Ma conscience n’a pas besoin d’être altérée pour être aiguë. Gringalet, demi-portion, mangeur de concombres et de poivrons, intello toujours en proie à quelque hypocondrie, je suis l’exact contraire du cow-boy Marlboro.
À cela, il y a un niveau d’explication familial et social. Mes copains qui adoptaient un comportement « ordalique », se défonçant le cerveau, jouant avec le coma éthylique, étaient les victimes de leurs traumatismes, alors que moi j’étais soutenu par les traumatismes des victimes. Ma volonté de faire fructifier l’héritage familial, entièrement placé dans la raison et la culture, exigeait la préservation de ma lucidité. L’oubli de soi aurait redoublé l’oubli des nôtres ; la perte de temps aurait signifié la perte du temps. Je n’avais pas envie de m’approcher de la mort, parce que ma mission était au contraire d’en arracher ceux qu’elle retenait prisonniers. Pour cela, j’avais besoin de durer.
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Nous sommes assis à des pupitres en bois, sur un banc à deux places solidaire du bureau. Bien que tout le monde utilise des stylos-bille et des quatre-couleurs, la table inclinée est encore munie d’un trou pour l’encrier et d’une rainure pour les porte-plumes, en usage jusque dans les années 1960. Aux murs sont accrochés des dessins d’enfants et des cartes de France thématiques : fleuves et rivières, espaces agricoles et forêts, zones urbaines. Les pupitres sont tournés vers le bureau de la maîtresse comme des tournesols vers le soleil.
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Mon amour était d'une intensité et d'une pureté sans équivalent. Je n'étais qu'un enfant et je sais, maintenant que je suis un adulte, que j'aimais Cloé de tout mon caeur, de tout mon être, de toutes mes forces, d'un amour dont les grands ne sont pas capables, parce que pour eux tout commence en stratégie et se termine en sexe, alors que ce n'est pas cela qui m'intéressait chez Cloé. Ce que je voulais, c'était sa présence, son courage, sa rapidité à la course, la joie et la lumière qu'elle irradiait, le nimbe de sa blondeur, le velouté de sa peau - désir d'autant plus érotique qu'il n'avait rien de sexuel.
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Vidéo de Ivan Jablonka
Ivan Jablonka est historien et écrivain. Ou plutôt les deux en même temps. Car, et c'est la thèse qu'il défend dans son dernier ouvrage, il n'y a pas la fiction d'un côté, et la recherche savante de l'autre. Il existe un troisième continent : celui de la littérature du réel. Pour en parler, il est l'invité de Géraldine Mosna-Savoye et Nicolas Herbeaux.
Visuel de la vignette : Joel Saget / AFP
#histoire #litterature #écrivain _________
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