Je l'ai lu d'une traite et relu immédiatement tant ce texte m'a paru singulier, intrigant et… efficace.
Claire Keegan nous présente Cathal, un jeune fonctionnaire que l'on suit pendant sa journée : boulot, bus, maison. Il semble ailleurs, un peu perdu, et ses collègues se montrent envers lui à la fois prudents et prévenants. Dans le bus, un parfum lui rappelle Sabine, sa fiancée, et il plonge dans ses souvenirs. Arrivé chez lui, il s'écrase devant la télévision et s'immerge dans un documentaire sur lady Diana, qui n'est pourtant pas un sujet de prédilection pour lui… En suivant le fil de ses pensées, on comprend que, très récemment, il s'est passé quelque chose, mais quoi ? La mort d'un proche ?
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L'autrice nous présente la
Misogynie « ordinaire » de Cathal. Cette attitude l'habite et lui semble tellement normale, tellement ancrée en lui, qu'il n'en a pas conscience. Il faut que Sabine, la jeune franco-irlandaise qu'il doit épouser, lui montre à quel point certains de ses comportement sont méprisants (et méprisables) pour qu'il daigne tenter de commencer à s'interroger, mais si peu... Ben quoi ? qu'est-ce qu'il a fait ? L'écriture de
Claire Keegan fait merveille pour, tout en douceur, l'air de rien, mettre en lumière les aspects du caractère de Cathal qui paraissent déroutants, mesquins à l'extrême, ainsi que son aveuglement et son égoïsme. Chaque lecture de cette autrice m'apporte de plus en plus de plaisir. le style minimaliste qui me déroutait au début me plaît infiniment. Cette nouvelle de 45 pages est ciselée comme un bijou : tout y est, inutile de faire plus long.