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EAN : 9782384820771
Philippe Rey (04/04/2024)
4.2/5   10 notes
Résumé :
Un premier roman délicat et poignant sur les traces d'un père qui n'a pas su l'être. Ils ont quatre et six ans quand leur père disparaît de leur vie. Il avait pourtant promis de rentrer fêter Noël avec eux. Il n'est pas revenu. Il est parti dans cet archipel mystérieux et lointain, l'Indonésie, qui fait rêver les deux petits garçons du fond de leur grise Bretagne. Élevés par leur mère et leur grand-mère, Joseph et Gurvan devenus adultes se mettent en quête de ce pèr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Une histoire poignante entre Bretagne et Indonésie, j'ai ouvert ce petit roman entre deux invités, pas trop long, je ne savais pas trop à quoi m'attendre, c'est le deuxième livre de l'auteur, je n'ai pas été déçue. Amok, mon père de Gurvan Kristanadjaja, est une jolie découverte.

1995, à Brest, deux frères, Gurvan et Joseph, enfants de divorcés, rendent visite à leur père tous les quinze jours. A chaque fois, ils avaient l'impression de pénétrer dans un autre univers, où flottaient des odeurs de cuisine indonésienne, une K7 de Bob Marley tournait en boucle. Ils mangeaient des Clusters en regardant Dragon Ball Z sur une minuscule télé carrée. Ils vivaient dans un espace-temps alternatif, loin du tumulte et des contraintes du monde extérieur.

Ils avaient quatre et six ans, parlaient l'Indonésien, langue de leur père et Allemand le pays où se sont rencontrés leurs parents. "Ce samedi-là, il faisait gris. Un de ces après-midi de septembre où le ciel brestois est si bas qu'il se confond avec les immeubles et va se jeter dans l'océan. La pluie venait juste de s'arrêter, le bitume sentait bon le pétrichor." Ma mère nous a demandé de dire au revoir à notre père. Il chuchota : "Je rentre un moment en Indonésie me reposer, et je reviens en France pour fêter Noël avec vous. "

Ils ne l'ont revu que quinze ans après, il n'a pas tenu sa promesse, il ne répondait pas à leurs lettres, où tant de questions restaient sans réponse, ils espéraient chaque jour, un appel, ou une visite impromptue, à part une carte postale de temps en temps montrant des paysages comme à n'importe quel ami. A l'école, on les traitait de chinois, où est votre père ? que fait-il ?

Malgré tout ils l'aiment, ils essaient d'imaginer le métier qu'il fait, ils éprouvent de la curiosité, de l'attirance. Ils sont malheureux face à ce père qui ment, qui ne s'occupe pas d'eux, mais aucune rancoeur. Ils sont forts et se soutiennent moralement, un lien très fort les unis.

Entourés et dorlotés par leur mère et leur grand-mère qui ne disaient jamais du mal de leur père, on leur laissait croire qu'il reviendrait un jour. Après des années à économiser, mamie Gégé, leur offre l'Indonésie, un voyage qui les fait rêver, ils vont faire la connaissance de cette grande famille paternelle, ils espèrent toujours avoir des réponses à cette absence, à cette froideur. Ils vont découvrir Jakarta, Bali, (moi, qui rêvait de découvrir cette dernière destination, après avoir lu ce livre, je n'en ai plus envie…).

"J'aurais aimé qu'il fasse un effort, qu'il nous serre dans ses bras comme les papas le font dans les moments importants de la vie de leurs enfants. J'aurais aimé qu'il nous regarde dans les yeux et qu'il nous dise : "je vous aime et je suis fier de vous." J'avais espéré tant de choses de lui tout au long de ce voyage, mais je savais d'expérience qu'il n'en serait rien. Mon paternel était ainsi : irrationnel, silencieux, menteur, trompeur, dénué de sentiments en apparence et parfois un peu fou."

"Un premier roman délicat et poignant sur les traces d'un père qui n'a pas su l'être, sur le métissage et la quête des origines, sur la complexité des sentiments et l'ombre de l'amok, autre nom de la folie."

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Joseph et Gurvan ont 4 et 6 ans lorsque leur père les abandonne. Élevés par leur mère et leur grand-mère, ils observent de loin leur géniteur parti en Indonésie, depuis quinze ans et dont ils rêvent depuis leur Bretagne natale. Plus tard, ils se mettent en quête de ce père absent, découvrant progressivement les secrets, les mensonges et leur famille paternelle. L'histoire d'un petit garçon devenu un homme qui n'a cessé d'admirer et d'idéaliser son père et qui face à la vérité de ce papa mythomane qui s'est inventé une vie , n'éprouve aucune rancoeur ni colère mais continue sa quête de l'amour de son père.
Ce toman est aussi une plongée dans l'Indonésie, Jakarta, la capitale aux mille couleurs qui grouille de monde à toute heure, d'immenses gratte-ciel en verre tout neufs qui côtoient des bidonvilles avec des enfants sous-alimentés.

Un premier roman poignant sur le rapport au père absent, les vérités et les mensonges sur cette absence, une analyse fine sur la complexité des sentiments avec en filigrane tout le long du récit la question du métissage, cette double culture et l'impression de ne se sentir nulle part à sa place. Ce livre raconte à la fois la quête de soi et la quête du père.

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Gurvan et Joseph ont grandi sans père. Un jour alors qu'ils n'avaient que quatre et six ans, il est parti en Indonesie, son pays, leur promettant de revenir bientôt, à Noël. Mais cette promesse il ne l'a jamais tenue et il a disparu, s'est comme évaporé, ne répondant à aucune des nombreuses lettres que les deux garçons longtemps lui ont adressé. Ils ont grandi choyés et entouré de beaucoup d'amour auprès de leur mère et de leur grand mère « mais personne n'osait leur avouer que leur père les avait abandonnés. On leur laissait penser qu'un jour il reviendrait ». Mais pour eux difficile de comprendre ce geste et de dépasser cette immense déception, cette promesse non tenue, et impossible malgré tout de n'a pas continuer à l'aimer.
Alors quand quinze ans plus tard celui-ci réapparaît, l'heure est enfin venue pour eux de tenter de lever le voile sur ce père tant fantasmé, de confronter leurs rêves et leurs questionnements à la réalité, et de renouer avec leurs racines indonésiennes lors d'un voyage à la rencontre de leur histoire.

Guérit on jamais des blessures de l'enfance, de ces absences qui laissent des vides impossibles à combler? C'est la question que nous pose l'auteur en nous racontant son histoire dans ce très beau roman. Parce que ce texte bien que très intime est surtout très pudique, l'auteur trouvant la juste distance dans son récit que l'on lit comme une enquête, entre curiosité et fascination. On ne peut qu'être touché par la force de ces deux jeunes hommes. Par leur détermination à comprendre et par leur capacité à ne pas juger, à ne pas tomber dans une rancune qui pourtant serait compréhensible face à la défaillance de ce père et à l'exubérance de son comportement. Et elle est tellement touchante cette absence de rancoeur, et ce malgré la détresse poignante dans laquelle les plonge les mensonges de ce père tant attendu, ce père dont ils doivent faire le deuil alors même qu'il est encore en vie. Et on est impressionné devant leur maturité, leur bienveillance et la force du lien qui les lie tous deux. Une force qu'ils puisent sûrement dans l'indéfectible amour de leur si douce grand mère.
Au delà de cette histoire singulière, j'ai aimé aussi l'universalité du message qu'il porte sur le métissage, sur ce sentiment de différence qui est ressenti par ceux qui en sont issus, cette impression de n'être jamais vraiment à sa place, a fortiori lorsque ces cultures sont aussi éloignées que la Bretagne et l'Indonesie.
J'ai découvert enfin un pays méconnu, son histoire contemporaine et son mode de vie bien loin des clichés réservés aux touristes.
Une vraie belle découverte. Un livre trop peu vu que je vous conseille
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J'ai beaucoup aimé ce roman au texte dense ! C'est bien écrit, moderne et au dela de l'histoire du narrateur, de son frère et de leur père, il est question de pas mal de choses ici. En premier lieu : l'absence d'un père, la manière dont on se construit sans lui, les histoires que l'on se raconte enfant. Il est aussi question du métissage et de ce sentiment de n'être jamais nulle part vraiment chez soi. Il est aussi question de folie, de famille, d'Indonésie...
Tout cela pourrait sembler beaucoup mais c'est sans compter sur la fluidité du style et l'habileté de la narration. C'est bien construit, cela se lit avec plaisir et je trouve que le texte est empreint d'une grande sensibilité ! Je recommande chaleureusement ce beau texte !
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critiques presse (1)
Bibliobs
24 mai 2024
Un premier roman fantasque, récit autobiographique sur la quête de ses origines, qui questionne l'identité et ses masques et nous fait voyager.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
la vie est faite de masques que l’on place sur nos visages pour nous révéler sous différents jours. Au boulot, à la maison, avec nos amis, en couple, à l’école, nous en portons tous. Moi aussi. En prendre conscience m’avait libéré.
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 Chez mon père, nous vivions dans un espace-temps alternatif, loin du tumulte et des contraintes du monde extérieur. Rien n’était jamais sérieux et les journées filaient avec une lenteur déconcertante, si bien que l’on flirtait certains après-midi avec l’ennui profond. Lorsqu’il ne trouvait pas d’idée pour nous occuper, il se penchait vers Joseph et s’enquérait : « T’as pas une idée, toi ? » comme si mon frère était le plus mature de nous trois. En réponse, Joseph haussait les épaules, comme pour lui signifier qu’être là, avec lui, c’était déjà bien. Pendant quelques jours, deux enfants de quatre et six ans étaient gardés par un troisième de trente-cinq ans. Nous vivions un bonheur naïf. 
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Ce soir-là, j’ai compris pour la première fois que le plus difficile à vivre quand un proche nous déçoit, ce n’est pas tant qu’il nous fait souffrir, mais plutôt qu’on n’a pas d’autre choix que de continuer à l’aimer.
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Dans les familles asiatiques, le silence et les non-dits règnent souvent sur tout le reste. Il est plus important de garder la face que de se confronter à certaines vérités.
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Après tout, pourquoi explorer le monde entier si l’on trouve mille couleurs tout près de chez soi ? 
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