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EAN : 9782234090019
180 pages
Stock (25/08/2021)
3.61/5   35 notes
Résumé :
« Ce livre n’est pas un livre de deuil. Le deuil, c’est après. […] La vivacité du présent. Celle du sentiment. La trace que nous laissons aux autres. Ces particules de temps et d’affection mêlés demeurent en suspens. Ici, ce sont elles qui commandent, et avec elles, le souffle que sa mort m’a laissé au cœur. »

Le récit s’ouvre un dimanche de septembre 2019, un dimanche où le père « concret et nébuleux à la fois » d’Emmanuelle Lambert, se prépare à mou... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (23) Voir plus Ajouter une critique
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« Il y a les livres. Certains sont des tombeaux. Ils immobilisent dans le cours du temps, arrachent les êtres à l'oubli, les figent dans la pierre. D'autres sont des châteaux. On trouve, courant dans les couloirs, les morts épars à la mémoire, ceux dont la silhouette sur la photo et dont le nom n'est plus qu'un mot transparent. Ces livres s'amusent du bruissement du souvenir. Ils n'ont pas enterré l'amour ; ils ont simplement oublié d'être malheureux. »

Le livre d'Emmanuelle Lambert est un château, certainement pas un livre de deuil même s'il raconte les derniers jours de son père, structuré en 6 chapitres quotidiens du dimanche au vendredi. Ce n'est pas le deuil qui commande, c'est au contraire la vivacité du présent et du sentiment, « ces particules de temps et d'affection mêlés » qui demeurent en suspens.

La narration est extrêmement mobile, refusant toute fixité mortuaire. Elle multiplie les voix/ voies temporelles, superposant des couches de souvenirs aux scènes du moment. Plusieurs époques s'entrelacent au gré du flux des souvenirs, racontant l'enfance du père mais aussi celle de la fille, évoquant presque en mode sociologique l'évolution des Soixante-huitards tout comme sa place à elle dans une lignée de femmes qui n'ont pas toutes vécues la liberté féministe.

Elle parvient ainsi à saisir au plus près du coeur ce père à la fois brusque et bienveillant, explosif et séduisant, fantaisiste et brutal, comme si elle voulait vivre à nouveau à ses côtés, cherchant sa présence dans des souvenirs parfois lointains qui ressurgissent. Pour le garder vivant auprès de lui en faisant s'entrechoquer tendresse, ironie, humour et lucidité, joie et tristesse. Jusqu'à esquisser un portrait lumineux de ce père qui vient de mourir.

Ce roman est un livre de vie, de ces moments où la vie palpite dans les mains, même en pleine agonie, à l'unisson d'une écriture extrêmement pulsée. Les mots d'Emmanuelle Lambert, sensibles et précis, emplis de poésie, parvient à capter l'intensité de chaque moment, les derniers, partagés avec son père, avec une certaine mélancolie mais sans la lourdeur du pathos ou l'indécence gênante de l'impudeur. Plusieurs passages sont absolument superbes. Tellement justes que j'ai parfois eu du mal à me concentrer, troublée de lire les mots que je n'étais pas parvenue à poser sur les derniers jours de ma mère, décédée de la même façon que le père de l'auteure. C'est presque miraculeux d'écrire ainsi sur la mort en l'extirpant du marbre du chagrin.

«  le regard doucement hagard avant d'accrocher sa prunelle aux nôtres, de cette lenteur avec laquelle les habitants de la fin de la vie reviennent parfois auprès de vous, encore capables, par amour, par ennui, d'arracher un résidu de leur lumière intérieure à leur épuisement. Pour vous voir, vous connaître, vous reconnaître et vous le dire en silence.(...) Ces menus réveils, cette manière de nous amener à lui une dernière fois, à chaque fois la dernière, avant son sommeil solitaire, j'aurais voulu les immobiliser, les laisser suspendus dans le temps, nous figeant, dans cette chambre moite, à la lisière de sa mort. J'aurais voulu saisir l'instant comme lorsqu'on essaie, enfant, d'attraper les poussières qui dansent dans la lumière, et jamais ne prennent corps dans nos mains, pour conserver près de moi le regard de mon père. »

Lu dans le cadre du Coup de coeur des lectrices Version Fémina décembre 2021
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Il y a parfois des hasards qui vous proposent la lecture d'un livre auquel vous n'aviez pas pensé. Vous lisez la quatrième et vous vous dites , pourquoi pas ?
Vous cochez la case et , incroyable , vous obtenez le livre ! Alors , évidemment, une parole est une parole , et vous écrirez une critique ,,parce que , ne pas le faire, c'est possible , mais ce n'est , ni sympa , ni moral du tout .... Alors , d'abord , lire et .....vous voilà embarqué(e) dans une histoire qui pourrait être la vôtre...Une chambre d'hôpital, une vie qui part , ses sept derniers jours ....ou huit ...ou cinq ...ou...peu importe , les derniers .Les moments ultimes d'une vie qui s'échappe, là, sous vos yeux , vous les attendez , vous les redoutez , vous les lui souhaitez , mais ça, c'est dur ... Et , tant qu'il est vivant , les souvenirs remontent à la surface , les bons moments qui vous ont construit(e ) , qui vous ont aidé( e) à grandir, pas un deuil , non , un moment d'une rare force , un moment où il appartient encore au présent. Pour le deuil, il faudra attendre .L'instant présent, douloureux , se mêle au passé au point de se confondre ...Pas de miracle , il meurt , car tout le monde meurt , mais , comment dire , il meurt parce que c'était le bon moment , pour lui , pour vous ....
J'ai trouvé ce livre très fort , poétique, fier . Pas de pathos avant le " Grand départ " , non , un retour sur " son " passé et tous ceux et celles qui ont fait qu'il était " comme ça " , et que sa fille est comme ça . Un livre court car il est sans doute inutile de se perdre , il faut aller à l'essentiel , comprendre le passé pour mieux comprendre le présent...
J'ai été subjugué, vraiment , par tout ce qui concerne l' amour de la " lecture " dans ces pages , c'est vraiment " énorme, incroyable de justesse" , très, mais vraiment très troublant et édifiant . D'autres passages m'ont semble moins " accrocheurs " mais qu'importe , il y a tant à puiser dans ce roman intimiste et ...universel . Contradictoire ? Dans les mots , peut - être, dans les faits ...à voit . Un livre qui , en nous plaçant là où on redoute tous et toutes de se retrouver , nous apprend à être humble et , surtout , ....sincère devant la précarité de la vie...et la mort de ceux qu'on aime et ....plus . Une vie , la nôtre , qui va se nourrir ...
Je ne sais pas si je dois vous " conseiller " cette lecture , la seule chose que je puisse vous dire c'est que , moi , je l'ai adorée et qu'elle m'a ému ....et que j'ai bien fait de " tendre la main " à ce bien beau livre.
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Lorsqu'un cancer de l'ampoule situé près du pancréas emporte son père, Emmanuelle décide de lui rendre un magnifique hommage. Ouvrage poignant et intime, cette biographie où se mêlent les souvenirs du passé à différentes époques nous relate les derniers jours vécus avec cet homme d'exception. Par son travail d'écriture, Emmanuelle Lambert a su évoquer certains thèmes difficiles tels que la maladie ou la mort mais tout en y glissant une certaine douceur et, c'est avec une grande sérénité que j'ai refermé cet ouvrage…

Pour les amoureux de la littérature française et des biographies familiales, cet ouvrage est une valeur sûre, n'hésitez pas à le découvrir...

Je tiens à remercier Version Fémina et les éditions Stock pour la découverte des écrits d'Emmanuelle Lambert.

#Item 2
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Le garçon de mon père est un magnifique récit sur une relation indestructible entre un père et sa fille qui prend toute sa force au stade ultime quand la fille adulte accompagne son père en fin de vie vers l'autre rivage.

J'avais peur d'y trouver de la lourdeur, de la tristesse profonde, au contraire le livre d'Emmanuelle Lambert respire de sérénité.

Pour être en accord avec elle-même dans ce moment très difficile, la narratrice tisse une toile familiale extrêmement vivante par l'évocation de ses souvenirs, ceux du temps d'avant bercés des notes de musique et des livres de son enfance.

Tout un monde est de nouveau réuni, des photos, des sons, des images dans la fureur des années 80.
L'époque et ses nouveaux changements forment le décor d'une histoire familiale en quête de racines, des femmes nimbées de solitude, une filiation à trous qui se répercute de génération en génération.

Et au dessus de tout cela, la figure paternelle, asile et refuge d'une enfant qui grandit dans ses yeux. L'enfant qu'il rêvait d'être.

La narration ressemble à un long poème dédié au père disparu par le rythme lent et ses belles images évocatrices comme les fleurs d'un printemps japonais.



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"Le garçon de mon père" relate les derniers jours du père de l'auteur. Elle va, avec sa soeur lui faire des visites à l'hôpital durant ces 5 derniers jours jusqu'au moment de l'adieu.
Ce n'est pourtant pas triste. La façon dont Emmanuelle Lambert traite cette fin de vie est, certes poignante, mais c'est aussi apaisant.
Il y a une sensation de sérénité qui se dégage de ces lignes.
Ces 5 jours sont jalonnés de souvenirs mettant en avant la personnalité aimante et aimable de ce père. C'est plein de douceur, de poésie et d'amour.
C'est un bel hommage que Emmanuelle Lambert fait à son père.
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critiques presse (1)
SudOuestPresse
01 septembre 2021
La romancière et biographe évoque dans un récit fascinant de justesse le deuil et la vie aussi. Peut-être l’un des plus beaux livres de cette rentrée.
Lire la critique sur le site : SudOuestPresse
Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Ses seuls moments de repos véritable, en dehors du sommeil étaient ceux où il lisait : il pouvait s'abstraire de tout, n'importe où et demeurer immobile des heures durant, aussi bien sur un canapé qu'une chaise une serviette de plage qu'une table de restaurant, ou un banc. Il disparaissait de nos vies puis revenait de ses lectures à peu près calme. Sa vie explosive avait été prise dans une sorte de caisson qui l'avait contenue, le temps que la lecture le recompose, lui.
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Les joues creusées, le regard dur, le visage rajeuni d'où, comme l'écrivait le narrateur d'À la recherche du temps perdu à propos des traits de sa grand-mère au moment de mourir, " la vie en se retirant venait d'emporter les désillusions de la vie", ont imposé au beau milieu de notre silence l'un des mots les plus terrifiants du dictionnaire, si gros de nos conversations passées qu'il emplissait la pièce sans que nous ayons eu à le prononcer - celui d'euthanasie.
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Mon temps perdu ou mon paradis perdu, c'est cette photo épinglée dans le temps d'avant. Mon pays perdu est celui où mon père, encore jeune, me lit des histoires dans la lumière jaune de l'été.
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Ce livre n'est pas un livre de deuil. Le deuil, c'est après. Il travaille votre être, votre corps, vos rêves et peut vous arracher à la vie présente. Si l'on y sombre, on erre pour le restant de sa vie, contemplant les vivants de loin, sans désir aucun de les rejoindre. On est mieux avec ses morts, dans une éternité douce de chagrin. Les sensibles, les friables, les êtres trop usés pour porter la charge de la vie peuvent s'y trouver très bien. Pour les autres, le deuil prend son temps, puis pose la frontière.
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Dans la pièce le silence était plein. Je pensais que la chambre était lente, et les vers du poème d'Apollinaire, qu'il déclamait souvent, m'arrivaient en tête, "Comme la vie est lente", la mort qui traîne, les ondes lasses, toujours les mêmes, de ces flux et reflux qui ballottaient mon père, le pétrissaient en silence, le temps que ça avance comme ça doit avancer, c'est le temps qu'il faut à la vie pour mourir, et nous autour, comme des andouilles à attendre, "Et comme l'espérance est violente".
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Videos de Emmanuelle Lambert (11) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Emmanuelle Lambert
Colette by Deborah Levy, Michèle Roberts, Emmanuelle Lambert & Diana Holmes. Once a figure of scandal, now a literary icon – Colette (1873-1954) is being hugely celebrated in France as 2023 marks the 150th anniversary of her birth. Acclaimed authors Deborah Levy, Michèle Roberts, Emmanuelle Lambert and Diana Holmes join the celebration with a discussion on her colourful life but above all on her luminous writing, with its implicit feminism and affirmation of a profound joie de vivre. Fri 19 May 2023 - 6.30pm, French Institute, London
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