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EAN : 9782490834082
192 pages
Panseur (11/01/2022)
3.89/5   80 notes
Résumé :
Sans crier gare, Felis est partie rejoindre une forêt menacée de destruction. Elle porte une cagoule pour faire comme les autres et se protéger du froid. Suspendue aux branches, du haut de sa cabane, ou les pieds sur terre, elle contribue à la vie collective et commence à se sentir mieux. Mais Felis ignore que c'est sa soeur qui la fait exister - ou bien est-ce le contraire ? Entre les quatre murs d'un appartement glacial, chambre d'écho de conversations familiales ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (52) Voir plus Ajouter une critique
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« Et ta soeur, elle en est où, elle fait quoi ? »

Cette phrase scande douloureusement le roman. La soeur de la narratrice a disparu, ou plutôt elle a fui sans donner de nouvelles dans une ZAD en plein coeur d'une forêt menacée. Par le pronom « tu », la narratrice s'adresse à l'absente, essayant de comprendre pourquoi elle est ainsi partie loin de sa famille. Elle recrée ainsi un lien avec sa soeur en lui créant un présent projeté.

« Etre la même chaque jour : tu ne pouvais pas. Être celle qu'on attendait que tu sois : tu ne voulais pas. Te satisfaire de cette vie-là : impossible ! » Plus rien ne te guidait hormis tes voix, trop nombreuses pour être d'accord, trop imprévisibles pour être domptées. Alors tu suivais celle qui parlait le plus fort, à tort ou à raison. Ton corps devenait une maison ambulante, des pilotis à la place des pieds. Tu n'as pas chuté, tu ne t'es pas brisé. Tu as simplement bifurqué sur le chemin d'à côté. »

Le « tu » alterne au « je » de l'absente dont on suit le ressenti et la recherche de symbiose avec les arbres et la faune de cette forêt à défendre. Ce « tu » finit presque par se superposer au « je », comme un miroir sororal, au point de créer un trouble très singulier, donnant presque l'impression que le « je » et le « tu » ne sont qu'une même personne et non deux soeurs distinctes. Cette ambiguité déconcertante sert vraiment le roman et m'a happée.

En fait, de ces deux voix, c'est celle du « tu » que je retiens. Les passages sur la soeur absente sont empreints de sensibilité nature writing mais assez convenus ( avec des échos aux romans de la québécoise Gabrièle Filtau-Chiba, Encabanée et Sauvagines ). Clairement, c'est la voix de la soeur présente qui m'a le plus intéressée. Elle qui doit faire face à la douleur de l'absence, réceptacle des angoisses des parents alors qu'elle-même semble bien fragile.

Tout le roman traite avec beaucoup de sensibilité la question de la place de chacun dans le monde. La quête de soi est permanente et interroge. Comment vivre avec nos failles ? Comment vivre avec les autres ? Quels autres choisir ? Comment trouver l'endroit où vivre avec les autres a un sens pour nous ? Quelle empreinte laissons-nous sur le monde ? J'ai été touchée par la pudeur, la mélancolie et la sensibilité qui accompagnent l'errance introspective de ces jeunes femmes qui cherchent à conjurer la solitude.

Avec ce roman, je découvre les éditions du Panseur et sa chouette charte graphique intégrant le texte à une couverture toute veloutée.

Lu dans le cadre des 68 Premières fois 2022 #6


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Deux soeurs, l'une qui semble bien confinée dans un appartement malgré son amour des grands espaces et de l'inconnu, et qui se fait l'intermédiaire entre ses parents et sa soeur, partie à l'aventure pour s'arrêter là où sa route l'a conduite : la forêt, pas n'importe quelle forêt : un de ces endroits menacé de disparition, un lieu ou l'homme veut étendre sa domination sur la nature en remplaçant ce milieu naturel par du béton. Félis, ce sera son nom désormais, et elle choisira cette communauté de zadistes pour y grandir et s'exprimer.

Son parcours nous sera détaillé par sa soeur qui s'adresse à elle et retrace sa vie, met en évidence ses doutes, ses peurs, ses convictions. Cette soeur « miroir » par laquelle passe tout le roman, cette soeur qui déverse un flot d'informations sur félis comme sur les parents, des parents que l'on devine tourmentés par les choix de leurs enfants, des parents qui se posent des questions comme tous les parents.

Un roman à l'écriture particulière où les seules actions dans le présent sont celle de la soeur qui essaie de s'habituer à vivre dans un appartement, qui nourrit des lombrics dans un composteur, donnant l'impression que son seul lien avec la vie sont ces lombrics et le souvenir de Félis.

Un roman parfois long parce que, si on comprend la fuite des soeurs, et si on observe leur vie qui se déroule peu à peu, les émotions semblent avoir bien du mal à transparaître, le texte reste très descriptif et manque de relief et de la vie qui aurait pu l'animer, choix de l'autrice peut-être.

Il n'en demeure pas moins un excellent premier roman qui
Lien : https://1001ptitgateau.blogs..
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Deux âmes, deux soeurs, deux âmes soeurs? Les récits alternent et se mêlent, souvenirs partagés, destins qui soignent, vie rêvée et rêve éveillé, pas facile de faire la part des choses.

En toile de fond, le discours halluciné du père, obsédé par la maladie de Lyme, apporte une ponctuation étrange, entre les deux paysages opposés : le salon centré sur un lombricomposteur et la vie dans une cabane sur un site de militants écologistes qui luttent contre la déforestation.

La cohérence est difficile à construire, et but est sans doute celui-là, dans ce récit de création littéraire où le travail sur le texte est minutieux et complexe. Peut-être un peu trop pour emporter le lecteur, malgré le plaisir évident face à certaines situations et réflexions bien senties sur la sonorité, sur la famille et sur l'état de la planète.

Pas De coup de coeur cependant, pas de connivence avec les personnage trop difficiles pour moi à comprendre.

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Comment ma soeur est devenue chat sauvage

Dans un premier roman écologique, au sens premier du terme, Anouk Lejczyk cherche l'équilibre sur une planète menacée. En retraçant le parcours de sa soeur partie vivre en forêt, elle va aussi se (re)définir.

«Ma soeur, elle prend un peu d'air. Ma soeur, elle fait une césure. Ma soeur, elle prend de la hauteur...» Ce que fait sa soeur, la narratrice ne le sait pas vraiment, mais elle imagine ce que peut être la vie d'une jeune femme qui décide de rejoindre un groupe d'activistes partis se battre pour sauver ce qui reste de nature face aux appétits d'une société minière qui a déjà largement exploité les lieux. Un engagement plus ou moins compris par la famille. Son père préfère se concentrer sur ses travaux scientifiques, ses recherches portant sur la maladie de Laïme, sa mère préférant le silence pour ne pas avoir à expliquer le choix de sa fille aux études si brillantes. Reste donc une soeur pour chroniquer cette vie en forêt, même si elle-même se cherche aussi, songeant dans son nouveau gîte à ses voyages, son besoin d'ailleurs. «Ça fait longtemps que je n'ai pas eu de lieu fixe moi non plus. Je le fantasmais parfois en portant mon sac de voyage trop lourd pour mes épaules, ou depuis ma tente rouge au sol gris argenté, plantée à la hâte dans la rocaille froide de montagnes aux noms étrangers. (...)
Il m'est arrivé de rester quelques semaines ou quelques mois dans un village où je me sentais bien accueillie. Je mimais la vie locale, je m'attachais aux personnes. Je m'imaginais me baigner chaque matin dans cette eau-là, et regarder le soleil se coucher à heure fixe depuis le même banc. Je me voyais mariée et avec des enfants, lavant les marmites, déterrant les pommes de terre. Ou bien guide touristique, interprète locale, l'Occidentale libre mais pleinement intégrée.
Mais un picotement venait me rappeler à l'ordre. Une ampoule se perçait au creux de ma main. Je n'étais pas cette femme-là. Ces gestes que j'exécutais n'étaient pas les miens, cette langue que je parlais me faisait penser de travers.»
Comme un miroir d'elle-même, cette soeur, à la fois si proche et si lointaine, a réussi là où elle a échoué. Elle est devenue chat sauvage.
Car dans la forêt, on entre dans la clandestinité et on se choisit un nom latin. Va donc pour Felis Silvestris, le chat sauvage, qui lui va si bien.
Entre manifeste écologique et quête d'identité, ce premier roman est très original, embrassant à la fois des sujets très actuels et des thématiques plus universelles. Je lui trouve par exemple une parenté certaine avec Encabanée et Sauvagines de Gabrielle Filteau-Chiba, qui raconte les séjours en forêt d'une jeune femme et ce jeu de miroirs autour de la sororité qui permet tout à la fois de poser un diagnostic et de l'analyser avec un certain recul. Oui, il faut s'engager, mais pour quel résultat? Oui, il faut préserver les ressources, mais n'est-il pas déjà trop tard? Et qui de l'homme, avec sa science, ou de l'animal et son instinct finira-t-il par l'emporter? Ici l'intime et l'universel se rejoignent dans un habile questionnement de notre monde.


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-« Qu'est-ce qu'elle fait ta soeur ?
-Oh ma soeur est une activiste écologique. Elle est partie de la maison il y a quelque temps dans le but de sauver une forêt menacée de destruction...
-Ta famille a de ses nouvelles ? 
-Non mais il m'arrive d'imaginer son quotidien et ses tâches pour oeuvrer dans cette mission qui lui tient à coeur...
-Comment vis-tu ce départ soudain?
-Oh ça... »

Anouk Lejczyk nous offre un premier roman fort portant sur les questions écologiques et de la préservation de nos forêts françaises qui sont de véritables poumons pour notre survie. Par son travail d'écriture où se mêlent le quotidien de deux soeurs, petit à petit la frontière entre le "je" et le "tu" disparaît pour nous donner l'impression que notre narratrice vit les actions menées par sa soeur. Ce roman à la forme assez atypique peut parfois être un peu déroutant mais le travail de description de notre auteure nous entraîne très facilement à notre tour sur le terrain. Pour les personnes curieuses de connaître la signification de ce titre, vous trouverez la réponse à la lecture de ce livre...
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Citations et extraits (51) Voir plus Ajouter une citation
Nous étions des enfants sages et des histoires douces. Dès notre plus jeune âge, l'école républicaine nous a félicitées. Elle nous a fait comprendre que nous étions dans le bon chemin, celui du comportement droit et de l'esprit analytique. Elle nous a donné tous les outils nécessaires pour bâtir notre futur. Des outils conceptuels, discursifs et mathématiques. Des outils critiques exigeants et modérés, capables de saisir le monde et de croire au réel dans toute sa complexité. Grâce à notre volontarisme docile, l'école républicaine nous a affirmé que nous étions le haut du panier et que c'était une chance à ne pas laisser passer. Nous y avons cru.
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Ce soir, la lune est presque pleine, tu n'as besoin d'aucune lumière pour circuler ; le Bosquet Rouge attend son nouveau sang.
À ton passage, un petit animal s'enfuit sur le côté, sans doute un mulot. La Sentinelle t'a appris à reconnaître son pelage roussâtre, ses grandes oreilles, son ventre blanc ; tu en aperçois de plus en plus souvent.
Tu traces toi-même tes chemins de traverse au gré de tes envies. Le buisson de houx, le chêne à bosses et la chandelle comme points de repère, tu déambules en chantonnant une vieille chanson aux paroles incertaines, sans lever trop la voix pour ne pas déranger les présences éventuelles.
La pluie du matin a laissé une odeur terreuse dans l'air, les mousses luisent encore. Jamais tu n'avais imaginé te retrouver là, parmi toutes les options qui s'offraient ; jamais tu n'avais pensé que la forêt pouvait être un lieu pour toi.
Comme une montée de sève, un courant intérieur te parcourt, une émotion sans contour et sans nom, qui te donne envie de rite et pleurer à la fois. Tu laisses échapper un souffle qui interrompt ta chanson, la fait tressauter en plein refrain, que tu essaies pourtant de tenir sans te laisser envahir complètement.
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(…) j’ai renversé ma tasse d’eau chaude sur le tissu épais qui me sert de nappe. Le liquide s’imbibe vite. J’y vois une carte, comme souvent. Le fissures au sol du préau : une carte. Une flaque au milieu du pré, des chewing-gums séchés sur les trottoirs, une façade en décrépitude : des contours de territoires.
Sur ma carte d’eau j’imagine ton espace. Une mer de bois et des constellations de cabanes, des lignes de désirs devenues chemin que je trace avec mon index. J’y inscris mentalement des quartiers et, avec des noisettes, je positionne les cabanes en suivant ce dont je me souviens des étoiles : Cassiopée, Orion, Lyra, oui, ça sonne chic.
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Nous étions les enfants sages des histoires douces. Dès notre plus jeune âge, l’école républicaine nous a félicitées. Elle nous a fait comprendre que nous étions dans le bon chemin, celui du comportement droit et de l’esprit analytique. Elle nous a donné tous les outils nécessaires pour bâtir notre futur. Des outils conceptuels, discursifs et mathématiques. Des outils critiques exigeants et modérés, capables de saisir le monde et de croire au réel dans toute sa complexité. Grâce à notre volontarisme docile, l’école républicaine nous a affirmé que nous étions le haut du panier et que c’était une chance à ne pas laisser passer. Nous y avons cru.
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Ne reste pas là, je vais t’aider. En douceur, voilà, donne-moi ton bras. Tu peux t’appuyer contre moi, bien sûr. N’aie pas honte, ils ne me voient pas. Je ne suis là que pour toi. Attrapes mes omoplates, tiens-les bien. Regarde comme elles saillent depuis mon dos, on diraient qu’elles étaient faites pour ça - attention quand même, ne me griffe pas. Tout doux. Il y a de la peau et du sang dessous. Rappelle-toi ma soeur, rappelle-toi ma petite peau de petite sœur de sang. C’est bien. Tu es debout. Je peux retourner me nicher dans ton cou.
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Anouk Lejczyk vous présente son ouvrage "Copeaux de bois : carnets d'une apprentie bûcheronne" aux éditions du Panseur. Rentrée littéraire automne 2023.
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