Solitude d'Israël

Personne n'attendrait du personnage grotesque qui posait fièrement dans les ruines de la Lybie qu'il fasse preuve d'honnêteté intellectuelle, de compassion ou même simplement de décence.

S'il en fallait la preuve, BHL la fournit ici avec toute la verve des vendeurs d'huile de serpent, des charlatans auxquels il a toujours appartenu.

Réécrivant l'Histoire dans un mélange de mélo, de fiction et d'argumentation fallacieuse (paraphrase: "comment peut-on accuser les descendants des victimes de la Shoah de crimes de guerre alors qu'ils sont les premiers à comprendre les souffrances du génocide ?". Réponse simple, il suffit de connaitre le droit international...), l'auteur de ce gâchis de papier tente de tromper le lecteur crédule pour lui faire croire que le conflit israélo-palestinien est né le 07 octobre 2023 et qu'Israël est une victime de la situation qui n'a pas eu d'autre choix que de massacrer 35.000 personnes.

Ce torchon scandaleux fait honte au monde de l'édition et, comme tous les ouvrages qui ont un jour nié les crimes de guerre et le génocide d'un peuple, rangera inévitablement BHL du côté le plus obscur de l'Histoire de la littérature, ironiquement il y figurera au côté de Bardèche, Moix, Faurisson ou Irving.

A l'heure où Israël s'attaque ouvertement à ses voisins et où nos gouvernements continuent de couvrir les crimes d'un pays qui s'est condamné lui-même, il est plus important que jamais de dénoncer la malhonnêteté intellectuelle, la manipulation et le biais médiatique qui continuent à présenter les peuples Arabo-musulmans comme agresseurs/oppresseurs et Israël comme l'innocent allié Occidental qui n'a d'autre choix que de se défendre.

La défense d'Israël a cessé lorsqu'est mort le premier enfant de Gaza sous les bombes.

Livre lumineux et indispensable à l'heure où s'abat sur Israël et les Juifs du monde une vague inédite de haine antisémite. Il répond avec brio, de façon claire et documentée à toutes les interrogations perfides ou légitimes que chacun peut se poser sur la guerre en cours contre le Hamas.

Ce livre bref vaut la peine d'être lu. Il faut passer sur l'identité de l'auteur, qui occulte l'oeuvre derrière la chemise blanche, la mèche rebelle et le costume cintré. Solitude d'Israël est une somme d'érudition, à la fois pamphlet, plaidoyer et essai, portée par une écriture tendue, vibrante, lyrique et un oeil qui ne laisse rien passer, ni le trop clair, ni l'obscur - ni le visible, ni l'invisible. Bien sûr, BHL a des parti-pris mais il s'en explique au grand-jour, sans fard. Les Juifs sont-ils « en trop » comme lui soufflait Romain Gary, en Israël et dans le monde, que « c'est foutu » ? L'histoire d'Israël (celle des Juifs) est une histoire tragique, de milliers d'années et de millions de personnes dispersées puis rassemblées sur une petite terre de pierres et de soleil où ont poussé des Dieux uniques qui hélas ne sont pas les mêmes. Il y a comme partout ailleurs des rois et des maudits, des bourreaux et des victimes, des salauds et des saints. Il faut savoir les reconnaître (quand c'est possible) et ne pas se laisser emporter non par les émotions (elles sont les bienvenues) mais par l'inculture, les mensonges et l'idéologie (qui pense à votre place). de ce point de vue, il faut lire ces pages écrites dans l'urgence, la colère et l'intelligence.

Quel livre extraordinaire! C'est le contrepoint de toute propagande anti israélienne qui submerge les médias depuis le 7 octobre. Ce petit livre semble défier à lui tout seul, la planète antisioniste. Mais où s'arrête l'antisionisme, où commence l'antisémitisme ? Les deux puent tout autant. D'un côté la haine, la désinformation, ou l'information partiale, une ONU partisane, des appels à la disparition d'Israël dans les lieux a priori les moins faits pour héberger le fanatisme, de l'autre ce petit livre qui comme l'atome contient une totalité insécable : penser l'évènement du 7 octobre et d'abord qu'est ce qui fait du 7 octobre un évènement ? BHL comme toujours plonge l'actualité dans la philosophie, une philosophie de combat. Celui qui voit passe le relais à celui qui pense et l'écriture suit : un style qui m'a toujours fasciné. Livre riche, infiniment riche, on se grandit en le lisant. Solitude de BHL, grandeur de BHL.