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Rose-Marie Makino-Fayolle (Traducteur)
EAN : 9782742707591
154 pages
Actes Sud (04/01/1999)
3.94/5   17 notes
Résumé :
C'est pendant la guerre, dans une caverne où il avait trouvé refuge, que Manase a été initié, par un soldat presque mourant, à la beauté et aux secrets des pierres. De retour à la vie civile, Manase s'est pris de passion pour la minéralogie. Et il a transmis à son fils aîné cet enthousiasme de collectionneur. Mais voilà qu'un jour on retrouve le cadavre du jeune garçon, affreusement lacéré, dans la grotte où il était allé chercher des échantillons. Ce meurtre odieux... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Les Pierres est un court roman qui se concentre sur le personnage de Manase, depuis son initiation à la science des pierres lors de la guerre du Pacifique jusqu'aux évènements dramatiques qui vont toucher ses fils et plus largement le Japon. Un récit où Hikaru Okuizumi évoque plus largement la géologie et l'histoire du Japon d'après-guerre et notamment la révolution de la fin des années 1960, entrecoupant les évènements avec les souvenirs de Manase du temps où, réfugié dans une grotte il a assisté à la mort de son responsable militaire, celui-là même qui l'a initié à la passion des pierres et transmis sa métaphore de la géologie avec la vie transformé en sédiments puis en roches devenant pierres.
Le style distancié et froid Hikaru Okuizumi a rendu ma lecture un peu superficielle, difficile de s'attacher aux personnages qui sont décrits moins du point de vue émotionnel qu'analytique...Manase est un personnage uniquement absorbé par sa passion, on sent tout de même de l'amour pour son fils ainé mais ses relations restent très distantes.
Un récit sur une base intéressante, la découverte d'une passion mais qui m'a laissé sur ma faim, j'ai préféré de loin le poisson-chat aux trois yeux.
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Avec ce roman, qui a obtenu le Prix Akutagawa en 1994, Hiraku Okuizumi nous plonge dans le désastre du traumatisme de guerre, dont il nous fait entrevoir dans une progression lente bouleversée d'à-coups les effets pernicieux pour le psychisme d'un homme, et l'efficacité redoutable de la compulsion de répétition. Ce désastre se prolongera dans la destruction même de ceux qui lui sont les plus proches: sa femme, ses deux fils. le grand intérêt de cette oeuvre est qu'elle ne suit pas un cours linéaire, mais elle entrecroise le quotidien répétitif d'un collectionneur obsessionnel, au mystère glaçant de l'assassinat cruel de son fils aîné, et aux cauchemars et souvenirs traumatiques qui resurgissent comme une antienne tranchante. L'on est finalement surpris de voir se clore ce texte sombre par l'évocation d'une sortie de l'enfermement intérieur, victoire lumineuse.
Pour ma part, j'ai été particulièrement frappée par la scène initiale: le jeune soldat Manase, débarqué depuis peu aux Philippines, se retrouve coincé dans une grotte sombre et froide au coeur de la jungle, l'un des derniers survivants parmi de nombreux soldats japonais en déroute, rongés par la famine, la vermine et la gangrène. Surgit un capitaine au costume comme miraculeusement préservé, à la voix autoritaire sans faille: déterminé à épargner coûte que coûte aux soldats de mourrir dans le déshonneur, il pousse Manase à commettre l'irréparable, se condamnant lui-même.
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Tout commence par le traumatisme de la guerre du Pacifique. Un peu comme dans le roman "Les feux" de Shohei Ooka. Des soldats japonais sont perdus dans une île des Philippines, et sont contraints pour survivre de se réfugier dans une grotte où ils doivent avant de s'y installer, en retirer les cadavres et tuer les blessés. Manase ne s'en remettra jamais et sera pour le restant de ses jours, hanté par cette grotte. Même lorsqu'il aura fondé une famille et aura créé sa librairie. Sa passion pour les pierres et la géologie, le ramènera sans cesse à la guerre, d'autant plus après le drame qui se passera cette fois, dans une autre grotte où il allait avec un de ses fils chercher des pierres pour sa collection. Drame qui fera basculer sa vie irrémédiablement.
Intrigue donc très intéressante mais, dont l'écriture aurait peut-être mérité plus de nervosité. Je ne mets que 3 étoiles car, en dépit des rebondissements de l'intrigue, les longueurs et le manque de relief des personnages en atténuent l'intérêt. En quelque sorte, les personnages ne semblent pas à la hauteur de leurs drames, ce qui est dommage pour ce récit qui se veut "tellurique".
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L'incipit de ce roman commence "Dans le galet d'une rivière est inscrite toute la marche de l'univers", mais également avec une citation de l'évangile selon saint Luc ‘Je vous le dis, s'ils se taisent, les pierres crieront". Et le cri que l'on entend est un cri de douleur, un déchirement du plus profond de l'âme. Car dans cette grotte se trouve le reste d'une armée épuisée, touchée par la dysenterie, remplis de cadavres, putréfaction, pus, ulcère des tropiques...

Le narrateur est Tsuyoshi Manase, il se trouve en 1944 au fond de la jungle des philippines résistant aux forces américaines, se préparant au combat final. Manase a rencontré l'enfer au fond d'une grotte de la jungle dans l'île de Leyte et peut-être un être magique, ou un diable rédempteur dans le capitaine armé de son sabre étincelant. Un attrait irrésistible se produit "Il y avait quelque chose de fascinant dans le timbre de ce capitaine, quelque chose qui lui vrillait le corps et résonnait jusque dans son ventre tandis que les ordres lâchés brièvement d'un ton tranchant étaient agréables à ses oreilles" Ce capitaine qui va libérer les soldats de leur souffrance dans un acte de folie. Mais un caporal proche de la mort est aussi présent qui va dans son délire parler à Manase des roches, de leur histoire. Peut-être le galet qui lui permettra de ne pas tomber dans la folie.

Mais l'expérience traumatisante vécue dans cette jungle, le poursuivra toute sa vie, il se raccrochera à sa passion des pierres toute sa vie et conduira son fils sur les traces de sa passion. Mais il se retrouvera encore une fois confronté aux ténèbres dans une grotte. les pierres témoins muets seront présents tant au début qu'à la mort de l'être. "Ce chert vert par exemple contient des os d'êtres préhistoriques. Nos os finiront tôt ou tard par se transformer ainsi. Les gens qui sont morts revivent de cette manière" p152.

Le roman très bien écrit, mais assez morbide avec des moments très forts sur la mort, la folie qui accompagne Manase et ses proches.
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On en apprend de belles dans les cavernes, comme le dit Platon ! On apprend que les minéraux se transforment continuellement et que la matière circule. Elle se dégrade tombe en poussières et se reconstitue au fond des lacs et des océans. On assiste aussi à la mort du soldat qui agonise en discourant sur le cycle des pierres et de la matière. Il faut plus d'un coup de sabre pour en venir à bout.
Le soldat Manase a appris ces choses dans une caverne des philippines en 1945 et a participé à l'horrible et fascinante tuerie. de retour à la vie civile il en est obsédé et même possédé. Il devient un collectionneur de pierres passionné. Son fils ainé est également très doué et va le surpasser. Justement une caverne contient une sorte de silex. le passé et le présent se rejoignent. le personnage pourra t-il échapper à son passé ou lui être enchaîné , comme « ce galet d'une rivière où est inscrite toute la marche de l'univers » ?
Roman fascinant
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Les rayons du soleil estival devenus plus doux, passant au travers du feuillage des noyers qui poussaient sur la berge, parsemaient de taches lumineuses les grosses pierres rondes jonchant la grève, tandis que l'eau qui coulait doucement faisait jaillir çà et là un peu d'écume et laissait une onde de fraîcheur au creux de l'oreille.
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Quand on souffre de la faim, on ne soucie pas des autres, mais dès que le ventre est un tant soit peu rempli, la pitié fait son apparition. La compassion naît. Dans la mesure ou il mettait tout son espoir dans le combat final, le choix du chef qui privilégiait le maintient de l'organisation était tout à fait justifié, mais la charité humaine interdisait de repousser les mains affamées qui se tendaient de toutes parts. Le capitaine donna l'ordre a ceux qui ne pouvaient plus bouger de se suicider immédiatement. Mais aucun des soldats malades n'avait assez de force physique et morale pour le faire. Le capitaine ordonna donc qu'ils fussent exécutés. Lui aussi mourrait bientôt, il connaissait leur souffrance et pensait qu'il était charitable de les soulager
p33
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Depuis que Takaaki était parti habiter la pension de Nippori, le père n’avait pratiquement jamais plus revu le fils, et il était probable que lorsque celui-ci quitterait le lycée pour entrer à l'université, il n'aurait d'autre lien avec lui que celui de verser sur son compte postal le montant de sa mensualité pour subvenir à ses besoins.
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Manase avait dû attendre un certain temps après la guerre pour réfléchir et réaliser qu'il avait fait quelque chose d'horrible, en se comportant de façon méprisable. Mais sur le moment, quand il avait été témoin du massacre des soldats agonisants, il avait cru qu'il était juste de faire preuve de cruauté en temps de guerre et plus encore, il avait été ébloui par la manière éclatante avec laquelle les choses avaient été conduites. Le capitaine appliquait son sabre sur le cou de l'homme allongé sur le dos, et dans un geste naturel et gracieux fendait d'un coup la carotide. Il n'y avait pas eu de bruyante agonie et il lui semblait même que le sang n'avait pas giclé non plus.Si incroyable que cela lui parût maintenant, il croyait se souvenir que ces soldats étaient tous morts le sourire aux lèvres.
p34
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Eh bien, le caillou que tu ramasses distraitement au hasard d'une promenade incarne une facette du drame qui s'est joué il y a environ 5 millions d'années au moment de la naissance de notre planète, quand le gaz flottait librement dans le vide s'est solidifié en un point que l'on a désigné par la suite sous le nom de système solaire; c'est un condensé de l'histoire de l'univers emprisonnant le mouvement de la matière sous une forme fugitive.
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Video de Hikaru Okuizumi (1) Voir plusAjouter une vidéo

Hikaru Okuizumi : Les Pierres
Assis en position de yoga, Olivier BARROT lit la première phrase du livre Les Pierres de Hikaru et en donne le thème. Emission enregistrée à Tokyo
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