Dix ans après avoir quitté le collège,
Riad Sattouf décide de vaincre le traumatisme du passé en réalisant une BD. Pour cela, il va choisir d'aller dans un établissement parisien réputé, lui qui était dans un collège ZEP à Rennes.
Après avoir recueilli les autorisations auprès du ministère, le parcours ne va pas être simple. Il va falloir convaincre le chef d'établissement de la pertinence de la démarche. Il va falloir que celui-ci, avec son adjoint, trouve la classe qui sera le point de chute du dessinateur.
Riad Sattouf veut retrouver l'ambiance d'une classe de troisième. On lui faire découvrir la ,pire classe de cet établissement huppé. Mais il faut aussi l'accord des enseignants car ce n'est pas rien d'accepter d'avoir quelqu'un en observation au fond de la classe pendant le cours.
Riad Sattouf va nous faire partager toutes ses émotions face à ce retour dans un milieu qui'l a vécu comme hostile. Il sera fébrile comme un élève avant d'aller en cours. Il va devoir se faire accepter par les professeurs mais aussi par les élèves, il est vrai qu'il a juste une dizaine d'années de plus qu'eux.
Riad Sattouf s'attache autant à décrire le comportement des collégiens mais aussi celui de ceux qui dispensent les cours. Il nous donne à voir les relations entre les différents groupes de la classe. Même s'ils sont issus de milieu favorisé, les collégiens arrivent à créer une hiérarchie entre eux : les grands et gros riches contre les seulement aisés.
Tous les clichés vont défiler : les beaux et les moches, les grands et les petits, les dragueurs, les filles à draguer, les autres. Tous ces groupes constituent le microcosme de la classe. il en sera de même pour les professeurs.
Riad Sattouf va les croquer du fond de la salle. Il va analyser les relations entre les maîtres et les élèves. Les cours sont plus ou moins intéressants ou les élèves sont plus ou moins intéressés. On a le droit aux potaches près à tout pour perturber le déroulement du cours.
Peu à peu les uns et les autres vont se confier au dessinateur, les professeurs les voyant comme un confident, un point d'appui et les élèves l'intégrant progressivement à leur groupe.
Riad Sattouf propose un graphisme simple, épuré sans bord de cases et uniquement en noir et blanc. Peu de détails, juste des situations de dialogues et un travail plus précis sur les expressions des visages. Les dialogues sont très importants et donnent tout le sens à ce récit.
Riad Sattouf a choisi de placer son histoire dans un collège huppé pour éviter la caricature des collèges d'éducation prioritaire. Il ne tombe pas dans la stigmatisation des banlieues mais il montre des adolescents de milieux aisés avec des comportements souvent similaires à ceux des autres collégiens. On voit que la violence et le harcèlement ne sont pas le domaine réservé des établissements défavorisés.
Lecture plaisante d'un roman graphique qui préfigure en partie le film réalisé par
Riad SattouF quelques années plus tard, Les Beaux Gosses", avec Vincent Lacoste comme acteur principal.