J'attendais avec une grande impatience ce troisième et dernier tome de Pallas ! J'avais eu un gros coup de coeur pour les deux premiers et je n'ai pas été déçue. Si les événements de ce tome sont plus connus grâce à l'Illiade et l'Odyssée, l'autrice ne tombe pas pour autant sous le coup de la facilité. Elle épargne son lectorat en partant du principe qu'il connaît un minimum ces deux classiques (ou a vu des adaptations cinématographiques) et ne s'appesantit pas sur le combat entre Achille et Hector, par exemple.
Le style d'écriture est toujours aussi efficace et l'intrigue bien travaillée. Les personnages masculins emblématiques de la mythologie ne sont pas épargnés pour notre plus grand plaisir (petite pensée pour Ulysse qui en prend plein la figure pour sa lâcheté ou Achille ! D'ailleurs, est-ce que des personnes ont réellement, un jour, apprécié cet odieux personnage égocentrique et puéril ?).
Seul petit bémol : j'ai été un peu deroutée par les dernières pages de l'ouvrage en raison du changement d'époque.
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Dix ans.
Les Grecs présents sont ceux qui ont survécu mais quelque chose en eux est mort, dévoré par un monstre obscur agrippé à leur cœur comme du lierre à un mur. Une noirceur qui leur fait oublier que derrière ces murailles beaucoup ne sont pas des soldats. Qu'ici vivent des femmes, des enfants, des vieillards. Un monstre noir aux babines retroussées, au regard fou, et qui, quand il se met à hurler, efface toute bonté de ce monde.
Quand ils franchissent le haut mur de pierre dressé par Poséidon, le cri unique jaillissant de leurs gorges résonne si fort dans le ciel que la Pitié hoquette, lève les mains et les pose sur ses yeux, que la Clémence blêmit et presse ses paumes sur ses oreilles. Un même mouvement gracieux fait onduler leurs tuniques tandis que les déesses sœurs quittent leur siège et se détournent des combats.
Aucune prière n'atteint plus les Grecs, aucune larme ne les fait plus fléchir.
Dix ans.
Il est temps d'en finir.
Alors, les bras des soldats d'Agamemnon se dressent et s'abattent, des faux sur un champ d'orge tendre, tranchant les têtes, s'enfonçant dans les entrailles et les poitrines, ne tremblant ni devant le ventre rond d'une mère, ni devant le torse décharné d'un vieillard, coupant au passage les mains qui ne lèvent pour les supplier. (p.376-377)
Une histoire avec des mois, des années, des vies courtes, des générations. Le temps des hommes, mesurable oubliable. Une chance que non pas les dieux et que je n'ai pas non plus.
... Comme si la nuit avait décidé de rencontrer le jour.
Non, Eos n'est pas son ennemie, aucune mère de soldats ne l'est.
La guerre, seule, est l'ennemie. La guerre et ses maîtres insatiables.
Comme le passage d'un aigle fait taire les oiseaux à mesure que son ombre les recouvre, le silence s'installe dans ses pas.
Une longue discussion de La Garde de Nuit autour du roman "Pallas", de Marine Carteron.