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EAN : 9782876715967
88 pages
Frison-Roche (03/02/2017)
4.37/5   20 notes
Résumé :
Je reviens d'un long voyage. Candide au pays des schizophrènes. À 48 ans, j'ai éprouvé le besoin d'écrire sur ce qui m'était arrivé à l'âge de 20 ans. Je n'ai rien oublié de cette période, et désormais je peux en parler avec suffisamment de recul et de distance au point de trouver certaines situations drôles, cocasses ou au contraire tristes, mais sans complaisance. Grâce à mon entourage et au monde médical, j'ai réussi à trouver mon équilibre, à fonder une famille.... >Voir plus
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Pour écrire mon billet, je vais vous conter une anecdote en préambule.

Le petit livre que je tiens entre mes mains est d'une facture délicate et poétique, avec en couverture une carte de géographie qui invite au voyage, et une boussole, pour ne pas perdre le nord. Bienvenue au pays de la Schizophrénie.

Seulement voilà, ce petit livre revient de loin. Il a fait un long et mystérieux voyage pour arriver jusqu'à moi, depuis fin août que je l'avais commandé, une véritable histoire de fou ! Un numéro de commande jamais parvenu à l'éditeur, suite à un bug informatique chez ma libraire. Une commande recommencée, un comptable qui a bien fait le nécessaire, on suit l'affaire de près. Toujours rien. Un problème chez l'éditeur, cette fois ? Pour la nième fois, je questionne :
« — Anne, ma soeur Anne, ne vois-tu rien venir ? »
Rien.

J'en ai déduit qu'ils coupaient encore l'arbre d'une essence rare pour fabriquer le papier, puis que l'éditeur l'écrivait à la main, pour un exemplaire spécial. Mi-septembre, j'ai compris qu'ils me l'acheminaient enfin… à pied, et je pense que j'aurais fini par commettre un crime, saccageant tout chez l'éditeur comme chez le libraire si je n'avais enfin reçu le fameux exemplaire le… 11 octobre ! Cela donnera peut-être l'idée à l'auteur d'écrire un thriller, qui sait ? Si une petite voix lui souffle de venir sur babelio lire ceci ; il a beaucoup d'imagination grâce à sa pathologie (c'est lui qui le dit) !

Un livre qui se mérite, donc.
Mais tout le mérite est pour Stéphane Cognon, car son opus est une pépite.
Un cachet effervescent, qui vous guérit direct de vos a priori. Pas d'effet placébo, tout est beau. Le style est fluide, poétique, humoristique. Le témoignage est pudique, sensible, émouvant et drôle à la fois. C'est dans le tram que j'ai terminé cette lecture, n'ayant pu lâcher ce livre malgré mon programme chargé. Non seulement j'ai éclaté de rire en plein wagon, à plusieurs reprises, tant la fin m'a amusée, une histoire de monsieur météo… lisez, vous saurez… mais j'ai versé ma petite larme, surprise par l'émotion que m'a provoquée sa conclusion.

Son livre est comme une exposition, vous visionnez des tableaux, ou vous êtes au cinéma, et les scènes sont très nettes. L'annonce du diagnostic. L'hospitalisation en psychiatrie pour de longs mois, traumatisme de toute une famille. Les pleurs. le vécu. le détachement. La sexualité pour ces jeunes internés dont les hormones bouillonnent à vingt ans. Le désir d'en sortir. La rechute quand on néglige de prendre son traitement. Les leçons à tirer. L'errance. Les questions du lien au cannabis, quand aujourd'hui encore les spécialistes étudient sa part de responsabilité dans l'apparition des troubles. On sait que tout n'est pas perdu, car la plasticité du cerveau est grande à l'adolescence, et tout peut basculer dans un sens comme dans l'autre, mais alors ?


D'où ça vient ? Il ne saura pas. Mais il s'en sortira. Et comme un diabétique prend son insuline à vie, il avalera ses pilules sans se poser plus de questions, car il sait maintenant qu'elles feront à jamais partie de son petit déjeuner, ou repas du soir, garantes de son équilibre. Soigner le corps et l'esprit, voilà le secret du bien-être. Il a construit sa famille, marié et père de 3 enfants, il est aussi artiste, musicien, poète, photographe…

Les fous ne sont pas toujours ceux que l'on croit quand les fous de Dieu tuent à tour de bras. Une petite voix intérieure me souffle que l'auteur est drôlement plus sympa que beaucoup de gens dits « normaux ».

Le monde sans fous ou le monde s'en fout ?

Alors, doucement, les mots sont arrivés dans ma tête.
Avant, j'aurais dit : si t'es schizo, freine !
Maintenant, je dis, si t'es schizo, fonce. Mais n'oublie pas de prendre ton traitement ! Et puis, les schizos, vous êtes tous différents. J'en connais qui sont encore derrière les murs, prisonniers de leur maladie.

Allez-y, Stéphane, vous ne faites de mal à personne avec vos mots ni vos maux. Alors un grand bravo.

J'ai relevé la préface de Béatrice Borrel, présidente de l'UNAFAM, si vous voulez allez plus loin dans le voyage, suivez ce lien :

Lien : http://www.unafam.org/Les-fe..
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Écrire sur la folie, c'est fou !

Je Reviens d'un Long Voyage" de Stéphane Cognon, nous invite à pénétrer dans la géographie complexe d'un malade, et pourquoi ne pas le dire dans la folie d'un jeune de 20 ans.

Puisqu'il utilise souvent ce terme  "le fou" , ainsi, " il partit, dit il, en singeant le fou qu'il n'avait jamais été "p 14, par dérision sans doute, mais le terme dans son livre est une pirouette qui lui évite de parler de schizophrénie.


Stéphane Cognon nous donne accès par ce Judas, cette petite ouverture dans sa porte personnelle, à sa douloureuse aventure humaine celle d'avoir du reconnaître qu'il était en plein délire, qu'il allait être interné. Puis d'entendre le médecin lui dire, " il faudra environ un an pour que tout revienne dans l'ordre, une éternité à 20 ans"p 17 .

Mais tout ne redeviendra jamais comme avant, Stéphane est malade, schizophrène, cette maladie a mauvaise réputation. « Longtemps mon diagnostic : fut bouffées délirantes » .

Entre, t'es pas fou ! Tu délires ! T'es schizo ou quoi! Qui d'entre nous, ne préfère-t-il pas être considéré, comme un peu fou, tels ces 2000 engagés de la traversée de la Réunion, appelée justement la Diagonale des Fous.


La qualité de ce livre, est l'humour qui s'en dégage, "je sommative pas mal, je me crée des maux, comme si je n'en n'avais pas eu assez", ou encore "le jeune médecin plongeait dans les méandres de mes explications, il était bien le seul à trouver cela sensé".  

Stéphane Cognon, n'ouvrira pas toute la boîte de pandore, toutefois il donnera un récit émouvant parfois drôle de son escapade, ou plutôt de sa rechute. Ce balader tout nu en pleine nuit n'est plus une plaisanterie de carabin mais la pénible et angoissante retrouvaille avec la réalité de sa maladie. de cette épreuve il en retirera qu'il ne faut jamais présumer de ses forces.. Je soupçonne Stéphane Cognon d'avoir gardé les épisodes les plus traumatisants pour lui et ses proches.


Son récit se termine comme en apothéose sur le milieu médical face à la schizophrénie, comme un hommage, et pour délivrer aussi quelques messages de discrétion, de pudeur. Parfois ce que je vais dire n'a plus d'importance, mon discours est tronqué, "ma schizophrénie est la cause de tous les maux, P54.
Comment ne pas terminer un livre qui cherche à démystifier, à expliquer, à rendre humain une maladie si mal accueillie, par un chapitre intitulé ; "un certain romantisme de la folie", de quoi vous réconcilier avec les fous et ceux qui ont produit de grandes oeuvres comme Jérôme Bosch ou encore Van Gogh.

Il faut faire connaître ce livre, le diffuser et pour reprendre page 30, cette pensée ; «  parfois il faut se jeter à l'eau », « donc je me jetais à l'eau au sens propre, tout habillé ».
Revenu à une vie normale, à nous maintenant de nous jeter à l'eau en par-courant, Je reviens d'un Long Voyage.
Quel voyage initiatique! C'est fou.
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La schizophrénie, on s'en fait beaucoup d'idées pas forcément très claires, alimentées par les films qui en jouent. Stéphane Cognon a vécu dans sa jeunesse une période où la schizophrénie avait pris le dessus, et a éprouvé le besoin, à l'aube de la cinquantaine, de mettre des mots dessus.
Ce court récit relate le parcours, entre soins et rechutes, de sa maladie psychique qui s'est déclenchée alors qu'il était en terminale. Sans doute le cannabis et peut-être l'alcool ont eu un rôle déclencheur, les recherches ayant montré leur lien dans la période fragile de l'adolescence. Hospitalisé puis envoyé en clinique spécialisée, il se remet peu-à-peu grâce à son traitement et aux soins et activités qu'on lui propose, mais aussi grâce à sa famille qui a toujours été présente et ont su faire les bons choix.
L'une des problématiques lorsque le patient est jeune est l'arrêt de la prise des médicaments et la rechute: Stéphane est passé par là. Il a appris à connaître ses limites. Suivi depuis 25 ans par la même psychiatre, il a appris à vivre avec, expliquant à quel point la frontière peut être mince entre fragilité et déclenchement de la maladie.
L'un des passages les plus forts est le récit d'une crise où il fuit dans une forêt, se jette à l'eau - littéralement - et se retrouve à errer nu et frissonnant, perturbé par son environnement.
Ce récit est finalement rassurant pour qui a connu des personnes souffrant de schizophrénie, car un suivi adapté peut, en tout cas dans des cas comme celui-ci, améliorer considérablement leur vie. C'est une vraie remontée de l'enfer pour lui et sa famille que nous délivre Stéphane Cognon d'une écriture sans fioritures, simple, et vraie.


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J'ai échangé avec Stéphane Cognon sur Babelio intéressée par le sujet.

Afin de mieux le connaître, je me suis procurée son livre, « Je reviens d'un long voyage ».

Assurément, Stéphane revient de loin. Il nous livre ici son histoire à postériori.

Quand la vie bascule, les neurones s'entremêlent et que l'on est perdu…

C'est ce qu'à vécu Stéphane Cognon à l'âge de 20 ans. C'est difficile et compliqué. le meilleur allié c'est le temps .
Il y a alors une prise en charge de la maladie psychique, avec une hospitalisation en unité psychiatrique.
La mise à l'écart, les soins, le repos, l'adhésion au traitement sont indispensables pour remettre de l'ordre dans son esprit.

Il nous l'écrit avec sensibilité, humour, recul, vérité, drôlerie, lucidité.

Dans ce court récit, il nous partage son parcours sur le chemin de la reconstruction, avec ses surprises, ses embûches. Il a réussi à apprivoiser sa maladie, d'accepter qu'elle reste là avec des limites. Il l'a domptée.
Ce n'est pas aisé d'arriver jusque là, mais il a réussi, il l'écrit, pour lui, pour moi, pour vous….
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Stéphane Cognon nous donne à lire un texte court dans lequel il nous parle de sa maladie. Atteint à l'âge de 20 ans l'auteur nous explique avec une gravité teintée d'humour les phases de la schizophrénie.
Depuis les souvenirs douloureux de ses périodes d'internement en hôpital psychiatrique jusqu'aux relations parfois drôles qui se nouent entre patients.

« Je reviens d'un long voyage » est un livre facile à lire, qui certes, ne dit pas l'essentiel mais aide à comprendre la détresse des malades et des familles.

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Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
Dans le parc, je croisais régulièrement une bonne sœur. Entendait-elle des voix, elle aussi ? Dialoguait-elle avec Dieu ? Troublant, nous ne sommes pas tous égaux face aux voix, en tout cas elles peuvent parfois sembler légitimes, non ?

Page 10
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Ensuite, il y a une période où l’on souhaite revendiquer, combattre les idées reçues, faire bénéficier de son expérience. Comment ? Qu’est-ce que ce discours sur la schizophrénie ? Ce n’est pas ça ! Je le sais moi, je peux te raconter ! Les fous ne sont pas tous dangereux !

Page 40
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Ils me tendirent un pantalon et un ciré en plastique jaune. Je les en remerciais, en m’excusant de ne pas pouvoir les dédommager et j’ai repris ma route vers nulle part.

Page 31
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L'histoire de l'art ne manque pas de génies qui ont côtoyé la folie...
Mais cela ne doit pas faire oublier que la folie est une souffrance.
Le fou n'est pas marginalisé par choix mais de fait,
il ne peut plus vivre comme tout le monde,
il n'y arrive plus
p65
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Mon esprit divague parfois en escaliers, dévalant les marches quatre à quatre ou à l'inverse sautant de palier à palier vers un ciel hors d'atteinte.
P 67
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Videos de Stéphane Cognon (4) Voir plusAjouter une vidéo
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