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4,35

sur 6225 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Vous lecteurs !!! Vous comptez lire la Horde du Contrevent ? Et vous pensez pouvoir le faire tranquillement sans efforts ? Assis sur votre canapé en sirotant un petit jus alors que le pack contre pour survivre à la trace ? Mouhahahaha, je rigole !! Vous êtes naïf. Ce ne sera pas si simple. La Horde ça se mérite !

Vous voulez être des leurs ? Alors préparez-vous à souffrir. Il vous faudra d'abord passer le premier cap des 100 pages en acceptant de ne pas tout comprendre. En acceptant ces étrangers dont on ne sait rien. Puis, pour ne rien arranger, il y a ce texte compliqué, rempli à chaque page de mots inconnus et qui ne veulent pas toujours dire quelque chose. Il faudra également faire avec une numérotation des pages inversée. Après avoir tourné la première il est indiqué 615 ouch. Et enfin, pour rien arranger, à chaque page il y a un mot partiellement recouvert de symboles qui oblige le lecteurs à une attention particulière.

Si vous arrivez à contrer les 100 premières pages, les membres de la Horde commenceront à vous respecter. Ils vous ferons une petite place dans leur groupe et vous permettront au fil des 100 pages suivantes de faire connaissance, de prendre conscience d'être face à un groupe exceptionnel. Ils sont 23, les meilleurs ! Ils ont trois ans d'avance, depuis leur départ de l'extrême-aval, sur toutes les autres Hordes de l'histoire et comptent bien augmenter cette avance.

Vous avez encore du mal ? Revenez aux premières pages. Les symboles dessinés pour chaque membre de la Horde correspondent à la personne qui conte l'histoire tout au long du livre. Chaque fois que vous voyez un symbole au début d'un paragraphe cela indique qui parle. (La page Wikipedia sur la Horde du Contrevent est ton ami :-)).

C'est bon, vous y êtes, vous aller pouvoir tracer avec eux. Vous faites partie du pack maintenant et il est temps de se jeter à l'eau, de vivre des émotions intenses à travers cette quête épique. Puis il vous faudra sortir votre doudoune, plus loin, pour continuer l'aventure jusqu'à l'extrême-amont.

Un livre unique, exceptionnel, original mais très dur à lire. Personnellement la partie métaphysique, les vifs, les chrones, autochrones etc, m'a vraiment gêné. Un peu "Too much" et un peu lourd. Pour le reste j'aurais vraiment mis la note maximum.

Certified "cloques aux pieds garanties" by Wiitoo Takatoulire.
Note 4/6
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Savez-vous comment j'ai découvert ce livre ? Sur Babelio bien sûr, et cela grâce à une certaine Chrystèle qui a choisi ce titre comme pseudo et qui l'emmènerait sur son ile déserte. Intriguée, je suis allée voir d'un peu plus près et à l'époque j'avais remis à plus tard, et remis encore et encore, un peu déroutée par le résumé et la taille du roman. Alors, merci à celles qui ont proposé cette lecture commune. Ça y est, j'ai bravé le vent, je me suis jointe à la horde, et je suis arrivée au bout … du livre tout au moins.

Le sujet du livre, je pense que beaucoup connaissent, au moins, j'espère qu'ils ont eu cette curiosité, les 800 abonnés qui suivent HordeduContrevent. Cela peut se résumer en quelques mots. Sur une terre où soufflent les vents, sur une bande prise entre deux mondes de glace, une horde tente de remonter d'aval en amont. le but de cette épopée : arriver en Extrême Amont, là où est l'origine des vents et comprendre pourquoi ils soufflent, en découvrir les formes ultimes, inconnues à ce jour. Cette horde est la trente-quatrième, celle du neuvième Golgoth, les autres ont échoué, ou tout au moins pour certaines ne sont jamais revenues pour dire ce qu'elles avaient trouvé.

Quelques mots pour un résumé, mais derrière lesquels se cache tout un monde créé par l'auteur, un monde que l'on découvre d'un seul coup dans ces premiers chapitres qui nous plongent en pleine action. On ne connait pas les personnages, on ne sait pas ce qui se passe, les paragraphes sont précédés de signes cabalistiques. Dans quel monde est-on arrivé ?

Et peu à peu ce monde se dessine, peu à peu les membres de la horde se dévoilent, et j'étais moins perdue. Et j'ai commencé à apprécier mon voyage à leurs côtés, j'ai aimé découvrir ce monde même si beaucoup de choses me sont demeurées nébuleuses. J'ai aimé surtout mieux connaitre les personnages, m'identifier à certains d'entre eux, mieux entrevoir les liens qui les unissent et j'ai eu du mal à les quitter, j'ai souffert à chaque disparition. J'ai tremblé pour eux. Ils forment un tout et réussissent à avancer parce que chacun a un rôle à jouer et le tient. Difficile de réussir s'il n'y a personne pour tirer les traineaux, ou trouver l'eau, ou encore faire le feu pour manger ce que les différents chasseurs auront trouvé ; soit en braconnant dans le ciel, soit en lançant leurs oiseaux, agrémenté par les herbes et les légumes de la cueilleuse.
Et j'ai aimé les voir évoluer, approfondir leurs relations, se comprendre de mieux en mieux, malgré leurs personnalités très différentes. Les antagonismes sont présents, mais s'effacent quand l'intérêt commun devient prioritaire.

Un livre déroutant, par son vocabulaire qui lui est propre, par son univers, mais si humain par cette quête, par ces hommes et ces femmes qui souffrent ensemble, par la façon dont sont décrits leurs rapports. Les sentiments, les rébellions, les incertitudes, les fiertés, les communions qui les animent sont celles de tout groupe soudé derrière un objectif commun.

Et si je ne devais retenir qu'une chose de ce livre, ce sont ces deux phrases que découvre Sov, le scribe, mon personnage préféré, dans la tour d'Aer
« Vis chaque instant comme si c'était le dernier. »
« Vis chaque instant comme si c'était le premier. »
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Il y avait beaucoup de vent au-dessus de Vassieux-en-Vercors et quand notre guide nous a dit que le lieu avait inspiré Damasio, nous avons tous acquiescé d'un air entendu. Alors, forcément, je l'ai enfin ouvert, ce livre qui, pour avoir accédé au rang de classique, poireautait dans ma pal depuis perpèt': je voulais le lire, bien sûr, mais je le savais suffisamment intemporel pour que me dire que je pourrais toujours le faire plus tard. le Vercors m'a donc fourni le prétexte manquant et la porte d'Urle m'a tenue en équilibre entre notre cohorte de randonneurs pépères et la horde pugnace en route vers l'Extrême-amont…
Ce qui m'a le plus épatée dans ce roman, je crois, c'est la variété de tons, et la capacité du récit à se renouveler. Car si les « grandes scènes » abondent, elles ne se répètent pas. Ça commence par de l'épique, en veux-tu, en voilà, un furvent prêt à en découdre et si la lutte des hommes dans la tempête vaut son pesant de sensations fortes, le lecteur sceptique se dit que ça risque soit de retomber, soit de se répéter, et que dans tous les cas l'aventure va lui paraître longue. Mais pas du tout. Damasio pratique aussi beaucoup l'ellipse: la horde, si elle affronte souvent le même ennemi, évite les récits redondants. C'est que, plus que le vent, ce sont les mots qui sont la grande affaire du roman. du vent au souffle vital, du souffle vital à l'inspiration, la création littéraire est au coeur de l'histoire: il s'agit d'écrire, et plus exactement d'inventer une nouvelle forme d'écriture pour tenter de rendre compte au plus près de la réalité; il s'agit aussi d'écrire pour transmettre et permettre à chaque génération d'avancer un peu plus loin, forte des témoignages de ceux qui l'ont précédée. Au milieu du livre, la littérature se fait jeu, plus attentive à la forme qu'au sens; en revanche, la fontaine enchante et conduit à une mort certaine ceux à qui le « bon » mot sera refusé. Parfois, aussi, l'histoire tourne au traité philosophique et là, bon, comment dire…? Entre la trilogie du chameau, du lion et de l'enfant, qui est la parabole la plus simple de Nietzsche et l'inénarrable leçon de développement personnel donné dans la tour d'AEr (« Vis chaque instant comme si c'était le dernier[…] Vis chaque instant comme si c'était le premier. » Je posais le bloc et l'émotion me monta au yeux. Ces deux phrases avaient une telle puissance, une telle extension vitale que j'en demeurais absolument ébloui, fauché sur pied. »), le lecteur se dit que finalement il en sait grosso modo autant que l'élite de la horde, et qu'il n'a pas eu besoin de quitter son pyjama en pilou sous sa couette en duvet naturel pour autant.
En réalité, ce sont moins ces péchés véniels que la fin qui m'a vraiment dérangée. Outre que le destin de chacun le réduit à perdre de son épaisseur pour n'être plus qu'un résumé outrageusement succinct de lui-même, la chute finale, annoncée par la numérotation à rebours des pages, met fin à la déliquescence de la quête et, au bout de l'absurde, donne du sens. le roman se termine donc sur l'éclatant divorce du fond et de la forme: d'un côté la perte du sens, de l'autre la clôture, l'organisation ; aux personnages l'échec, au romancier la construction impeccable.
Ce livre reste néanmoins un tour de force et, même si vos pas ne vous portent pas dans le Vercors, il est fort possible que là, maintenant, vous n'ayez décidément rien de plus urgent à faire que de vous carrer dans un fauteuil et d'ouvrir La Horde du contrevent.
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Ils sont 23, formés depuis l'enfance , lâchés sur une bande de terre balayée par le vent.
C'est la horde , la 34 ème du nom, qui va chercher l'origine du vent en extrême amont.
Pour cela , il lui faut se déplacer à pieds, pour appréhender toute forme de vent et être prêt pour la face à face final. C'est Golgoth, le neuvième, qui trace devant.Les autres ont tous une fonction bien définie.Un scribe, un maitre de l'air, du feu, un troubadour, un protecteur.... Aucune horde ne semble avoir atteint le Graal, mais celle ci avance très vite et semble soudée jusqu'à la mort

Quel bouquin ! Et surtout quelle prouesse d'auteur ! On va commencer par là, le travail de l'auteur est remarquable.
Il instaure un monde avec ses mots à lui, sans perturber outre mesure le lecteur novice dans le domaine que je suis. Un codage astucieux pour repérer les personnages, des trucs improbables qui rampent, volent,il n'y a pas de doutes , je ne suis pas dans mon monde de lecture habituel.
Et pourtant, j'ai aimé . J'ai fait bloc avec Golgoth et sa troupe, j'ai pris le vent dans la gueule, j'ai gelé, j'ai tremblé pour les 23. J'ai voulu les marier, les aider , les conseiller , mais le vent était trop fort.
L'autre prouesse de l'auteur est sans doute les niveaux de lecture qu'il glisse dans son oeuvre. Je pense n'avoir fait qu'aborder toutes les subtilités et plusieurs lectures sembleraient nécessaires.Mais non...
Non , parce que la lecture est exigeante, avec quelques longueurs et une fin que j'avais vue en partie.
Non parce que certains phénomènes "surnaturels" m'ont échappé , certaines explications ont dépassé mon esprit cartésien.

Pour autant, j'ai aimé errer une semaine dans cet univers où les Hommes vont au bout de leur conviction , de leurs idéaux , où la loyauté dictent les actes , où la fraternité se crée hors du sang. J'ai aimé Golgoth et sa prose de rugbyman à deux grammes.
J'ai pensé à Mad Max jusqu'au milieu du livre avec ces machines volantes , puis à Frison Roche dans la montagne .
Le passage de joute littéraire est exceptionnel , dans une ville où l'auteur fustige la bourgeoisie et les politiques .
Un livre qui demande un certain investissement mais la quête est belle.

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"Hé mec, ici c'est la horde et si tu veux faire partie du pack, il va falloir bien t'accrocher ! Pas de fiottes ou de fientes ici ! Que des gars et des donzelles coulés dans le béton. Nous somme vingt-trois mais nous ne sommes qu'un !
Et on ne va pas se livrer facilement je te le dis. On va la contrer ta gueule aussi bien qu'on contre les furvents !"

Heuuu... Merci Golgoth pour cette introduction un peu... Heuuu... Brutale...

Les furvents font partis des forces venteuses qui pullulent dans le monde des 23 de la Horde.

Le postulat est simple : Affronter les 9 vents et arriver au bout de ce monde appelé l'Extrême-Amont où devrait les attendre : au mieux un paradis de lait et de miel ; au moins l'explication sur l'origine des vents et surtout leur permettre de devenir les héros ultimes de leur monde.
Autant dire que ce sera très compliqué. Pas que pour eux d'ailleurs.

C'est un fait : Arriver au bout du livre sera aussi ardu pour le lecteur que pour La Horde d'aller au bout de sa quête. Mais putain, ça vaut le coup. C'est un bouquin dont on ne ressort pas indemne. 700 pages d'odyssées et de de pérégrinations. 700 pages au rythme tantôt lancinant tantôt tranchant. Plutôt compliqué à lire, Damasio créant des mots pour décrire les éléments et les ennemis rencontrés par la horde. Un petit lexique aurait tout de même été le bienvenue.
Amateurs de seuls page-turners et de facilité intellectuelle, passez votre chemin, rien ne vous sera mâché. C'est le livre qui se doit d'être conquis et non lui qui va chercher à vous conquérir.

C'est un livre puissant, fulgurant, violent, sans compromis. On sent une rage de vaincre, une profonde envie de se dépasser au nom de la horde, une humanité sans faille et malgré tout un désespoir latent.

Que ce monde est riche, ambitieux, déchiré, à bout de souffle, en pleine renaissance, porteur d'espoirs et de rêves de grandeur. Un combat se joue entre les traditions et le vent (sic) de la modernité.
Les mots sont contradictoires tant l'univers proposé est ample et en évolution.

Quelle maestria du mot ! Quelle lyrisme du verbe. Alain Damasio régale. Parfois, on le maudit d'usiter tant de mots complexes, parfois, on le loue de son rythme, de sa poésie. Il est un magicien de la langue. Et son bouquin est d'une force énorme.

Et Dieu que l'on s'attache à ces 23 personnages ! Chacun ayant une voix et une personnalité bien distincte, ce qui est un tour de force. du coup, l'empathie est aisée, quasi-immédiate. On sent leurs joies, leurs déceptions, leurs tristesses, les meurtrissures. Une vraie expérience d'immersion, le lecteur se sentant même devenir ainsi le 24eme du groupe. On les encourage, on respire avec eux, on souffre avec eux, on meurt avec eux. On n'en sort pas indemne. Jamais.
4/5

ps : Merci à Marple et à Fnitter dont les critiques ont su créer le désir autour de ce livre et le faire émerger de ma PAL et merci à Pascal de me l'avoir offert et d'avoir toujours aussi bon goût.
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La Horde du Contrevent fait partie de ces livres autour desquels je tourne depuis longtemps, sans jamais vraiment oser m'approcher, un peu impressionné par leur aura. En manque de pavés pour les fêtes de fin d'année, j'ai finalement sauté le pas.

Il y a bien eu quelques ratés au début : j'ai mis quelques dizaines de pages à comprendre qu'il s'agissait d'un roman polyphonique, et que les symboles « décoratifs » en début de chapitre indiquait en fait le narrateur de celui-ci. Un énorme merci à Folio d'avoir intégré un marque-page reprenant le nom et la fonction dans la Horde de chacun de ces symboles, sans quoi ma lecture aurait été beaucoup plus pénible.

Ce roman est avant tout l'histoire d'un monde étrange, dominé par le vent. Il provient d'un Extrême-Amont hypothétique et source de fantasmes, et s'écoule vers l'Extrême-Aval. Chaque génération fournit une Horde d'une vingtaine de personnes, chargée de remonter vers l'Extrême-Amont à pied. Leur but : l'atteindre et découvrir ce qu'il est réellement, ce que personne n'a encore jamais réussi à faire ; et percer les secrets du vent et de sa nature profonde, en l'affrontant au quotidien.

La première section du livre m'a profondément marqué. J'avais l'impression de ressentir physiquement les effets du vent, le coût de chaque pas, et le besoin de courber la tête avec la Horde pour donner le moins de prise possible et faire bloc avec eux. Cet aspect s'estompe malheureusement plus tard, quand de nouvelles intrigues sont développées.

Le roman n'est pas exempt de défauts. Déjà, une histoire à 20 voix, on se rend vite compte que ça ne prendra pas. Parmi tous les personnages, seuls quatre ou cinq ont une réelle consistance, une poignée d'autres ont un caractère reconnaissable, mais les restants ne font que de la figuration. Ensuite, les révélations sur la nature du vent sont de plus en plus ésotériques au fil des pages et me sont largement passées par-dessus la tête.

Malgré tout, la quête de la Horde m'a passionné jusqu'à la dernière page. J'ai accepté son rythme lent, contemplatif, la part d'absurdité qu'il y a à marcher toute une vie vers une cible hypothétique, le sentiment d'à-quoi-bonnisme à faire autant d'efforts sachant que les 33 hordes précédentes ont toutes échoué.

La Horde du Contrevent est un voyage unique que je ne regrette pas d'avoir commencé.
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La 34e Horde, composée de vingt-trois personnes, chacune experte dans son domaine (combattant-protecteur, traceur, soigneuse, éclaireur, troubadour, scribe…), a pour mission de contrer, de résister au vent, en situation extrême, pour remonter à son origine.

J'ai débuté cette lecture en étant très curieuse : comment, chez des Babeliotes-amis aux goûts souvent proches, ce livre pouvait pour certains rejoindre l'île déserte et pour d'autres mériter tout juste la moyenne ? J'en sors à mi-chemin, tout en étant contente de cette découverte.

La quête est bien construite : 700 pages, sans perdre un instant le lecteur, avec des numéros de pages décroissants, pour montrer que l'atteinte du but approche.

L'univers créé est décrit avec beaucoup de détails : une tempête de sable, une mer intérieure, une zone montagneuse…

Les conditions climatiques sont telles qu'il est impossible de se réchauffer durant cette lecture et on vit littéralement dans cet univers pendant plusieurs jours, car le récit est dense.

Les techniques d'écriture sont parfaitement maîtrisées. Alain Damasio a la capacité de se renouveler sans cesse : le prix de l'Imaginaire ne lui a pas été attribué à trois reprises sans raison.

La fin est intelligente ce qui est important, car, à mon sens, le plaisir de la lecture d'un pavé peut être gâché quand ce n'est pas le cas.

Alors, vous me direz, pourquoi ne pas attribuer une meilleure note ? Ceci est lié aux personnages.

Il y a vingt-trois personnages principaux. N'ayez crainte, on ne peut pas s'y perdre grâce au système de repérage mis en place : chaque paragraphe commence par un signe qui correspond à un personnage. Ces signes, associés au nom et à la fonction du personnage, sont repris sur le marque-page pour éviter toute confusion. Mais, avec un si grand nombre de destins, je ne suis pas parvenue à m'attacher réellement à ces hommes et à ces femmes.

Les membres de la Horde font partie de l'élite ce qui implique qu'ils doivent toujours être forts et sans faille : cela les rend durs et donc ne facilite pas l'émotion.

J'ai conscience qu'avec cette lecture, je suis sortie de ma zone de confort et je reconnais tous les atouts de ce roman.

Cependant, je m'aperçois que l'attachement à un ou plusieurs personnages reste pour moi un point fondamental…
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J'avais vu passer quelques critiques sur Babelio qui m'avaient intriguées sur « La Horde du Contrevent » de Alain Damasio. Je fut donc enchantée lorsqu'on me l'a offert pour mon anniversaire !

J'ai attendu cet été pour m'y plonger. Et bien je peux vous dire que j'ai contré pendant presque 4 semaines pour en voir le bout !
Lecture avec des hauts et des bas, mais aucun regret d'être allée jusqu'au bout de cette aventure, bien au contraire. Car si elle fut longue et chaotique pour les membres de la Horde, c'en est une également pour le lecteur.

L'histoire est finalement très simple : celle d'une Horde constituée de 23 hommes et femmes qui, partant de l'aval, ont pour mission de remonter vers le mystérieux Extrême-amont, à pied, en contrant des vents puissants qui balayent ces territoires, pour découvrir entre autre l'origine du vent.

J'ai aimé suivre ces personnages dans leur quête. Leur périple est jalonné de défis, d'obstacles apparaissant infranchissables mais surmontés par le courage, les qualités propres à chacun, le sacrifice aussi, mais surtout l'union de cette Horde.

On devine dès le début qu'ici le chemin parcouru est aussi important - voire plus important même - que l'aboutissement du périple lui-même, que c'est en s'appuyant sur les qualités de chacun et en faisant bloc qu'on avance.

J'ai bien apprécié ce livre aussi par sa construction.
On est tout d'abord surpris en l'ouvrant car la pagination est inversée. S'agit-il d'un compte à rebours ?…
On a par ailleurs une liste des personnages qui constituent la Horde. L'auteur indique la fonction de chacun au sein de la Horde et associe un symbole à chacun d'eux que l'on retrouve au début des paragraphes lorsqu'ils sont le narrateur.
Cela peut paraître un peu perturbant au début pour le lecteur et obliger à un certain va et vient. En ce qui me concerne, un petit-marque très précieux et bien pratique, rappelant ces symboles, était fourni avec le livre. (Folio SF)
Dans l'édition numérique, j'ai vu qu'au début du livre, chaque personnage bénéficie en plus d'une présentation plus détaillée avec une illustration les représentant.

Le chemin fut cependant à certains moments un peu laborieux pour moi en tant que lectrice.

Tout d'abord les chapitres qui furent longs, très longs.
Mais l'auteur a su les rendre un peu plus digestes car organisés en une succession de paragraphes ayant un narrateur différent à chaque fois. Cette alternance des narrateurs donne un rythme certain au récit et apporte différents points de vue complémentaires des situations vécues par les personnages.

L'autre élément qui fut difficile pour moi, c'est l'écriture. L'auteur emploie un vocabulaire et une syntaxe très recherchés et inventifs - certains trouveront poétique - mais pas toujours facile à appréhender tout au long de ces 700 pages. Pour ma part, des passages m'auront échappé - pas certaine d'avoir saisi toutes les descriptions et explications d'Oroshi - d'autres m'auront au contraire réjouie - je pense par exemple à la performance de Caracole à Alticcio.

C'est la raison de mon étoile en moins, mais La Horde du Contrevent demeure une belle expérience littéraire.

« Le combat valait par lui-même, indépendamment du but. le but était dans le chemin ! »
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"Nous sommes partis d'Aberlaas, Extrême Aval, il y a 27 ans maintenant. Nous avions 11 ans. Et nous ne nous sommes jamais retournés."

Ainsi commence cette formidable épopée d'une vingtaine de fous, la 34e Horde du Contrevent qui a pour objectif d'atteindre l'Extrême-Amont du monde. Aucun être humain ne l'a jamais fait. Au point que certains se demandent s'il existe vraiment un Extrême-Amont, où le vent phénoménal qui souffle sur ce monde prendrait sa source : "Ce rêve têtu, de la plus haute crétinerie, cette chimère d'atteindre un beau jour le bout de la Terre, tout là-haut, l'Extrême-Amont, à boire le vent à sa source – la fin de notre quête, le début de quoi ?"

Et en effet, on se demande bien pourquoi. Pourquoi parcourir ces milliers de kilomètres pendant tant d'années. Pourquoi sacrifier sa vie pour une quête qui perd régulièrement de son sens au fur et à mesure où la Horde est décimée.

Peut-être bien pour arrêter les fous qui ont justement décidé qu'on élèverait une vingtaine d'enfants, dès leurs 5 ans, pour cette quête infernale. Ou pour mettre un point final à des centaines d'années d'interrogations.

Mais pour cela, il faut arriver au bout, et qu'au moins un des hommes puisse revenir pour raconter ..."Tout ce qui avait pu être dit et gravé à ces sujets ne témoignait de rien d'autre que de cette même doctrine de l'épreuve et de la récompense, qui postulait un univers moral, une fin à toute quête et une terre aux dimensions parcourables – ce que rien n'étayait."

On ressort assourdi de ces 700 pages ventées, qui nous mènent à la rencontre des neuf formes du vent, de la plus basique, quotidienne, à la plus secrète, voire magique : "le vent, en un mot, était, en terme de potentialités, aussi riche que la littérature ou la musique, à cette différence près qu'on n'en connaissait pas à ce jour le compositeur – ce génie brut et diaphane qui inventait ses symphonies à la frontière de l'assimilable et nous laissait chancelants, sous le déluge de sa dictée".

Des envolées lyriques à la dure réalité des combats contre le vent ou contre des ennemis innommables, j'ai pu apprécier le style d'un grand conteur, à travers les mille facettes de ses personnages : Caracole le troubadour, qui joue avec les mots et nous offre de magnifiques moments de maîtrise de la langue française.

"Oui, je rime à la foudre,

à la fougue,

sans garde-fou

Je fourbis mes lames

Et déjà tu bafouilles,

tu cafouilles

Et tu blâmes."

Mais aussi Golgoth le barbare qui mène la Horde envers et contre tout, rustre grossier et pourtant génie du vent, manipulateur mais surtout âme de cette troupe, à laquelle il a tout sacrifié. Pietro le prince, qui permet la cohésion du groupe. Erg qui vole et assure la sécurité. Et surtout Sov le scribe, le conteur principal. Etc, etc. Des personnages hauts en couleur, qui récitent tour à tour une partie du voyage. Car la Horde n'est pas dissociable, elle ne se définit que par chacun de ses membres.

Une Horde au courage prodigieux, affrontant des montagnes, des volcans, des lacs immenses, alors qu'on a envie de leur crier "mais arrêtez ! vous êtes fous !". Pourtant ils continuent. Parce qu'ils ont le combat, la lutte dans le sang, ce qu'on leur a inculqué depuis 30 ans, ce qu'ils ont vécu depuis 30 ans : "Moins que d'autres, je ne savais si le but de notre vie avait un sens. Mais je savais, plus que quiconque, qu'elle avait une valeur. Par elle même, directement, hors de réussite ou déroute. Cette valeur venait du combat. Elle venait du rapport profondément physique que nous avions du vent. Un corps à corps." le vent les forge. Et les définit.

Si Alain Damasio m'a parfois perdu dans ses considérations sur le vent, il a pourtant écrit une fresque humaine sans précédent dans l'histoire de la littérature. En effet difficile à définir à quel genre ce texte appartient : fantasy ? fantastique ? épopée ? quête philosophique ? Un peu de tout ça à la fois, mais c'est cette multiforme qui lui donne toute sa richesse et nous interdit de le lâcher avant la fin.

L'histoire d'un monde balayé par les vents, dont nous sortons tout étourdis, les larmes aux yeux, sans souffle.

Un très bel exemple de ce que peut produire la littérature française.

*

PS : le livre est en cours d'adaptation par le studio ForgeAnimation et sortirait en 2013. Vous pouvez aussi écouter la BO sortie en même temps que le livre, par Arno Alyvan.
Lien : http://missbouquinaix.wordpr..
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Après dix pages, puis après vingt, puis cent, je me suis dit que je n'allais jamais y arriver à le contrer, ce bouquin. Mais j'ai fini par aller au bout, plus facilement à partir du deuxième tiers, car je restais curieuse de toucher du doigt ce qui suscitait un tel engouement dans ces pages, parce qu'un proche, fan absolu, m'attendait au tournant, et puis parce que j'ai beaucoup de sympathie pour Damasio; j'ai du respect pour l'intégrité du bonhomme, que je préfère néanmoins en penseur du pas de côté et pamphlétaire engagé qu'en romancier - ce que cette fameuse horde vient confirmer.

J'en ressors avec une impression mitigée qui mêle du très bon et du franchement pénible.
Pour le bon, une charpente romanesque solide et assez envoûtante qui soutient avec une belle authenticité un discours vivifiant sur l'énergie primale à cultiver au fond de soi, le tout servi par quelques scènes d'anthologie époustouflantes: celles qui font le coeur du roman et dans lesquelles la horde contre le vent en mer, dans le désert ou en montagne. J'ai été bluffée également par la densité de certains personnages, auxquels c'était une gageure de parvenir à donner de l'épaisseur à coup de pinceaux successifs: Sov, Golgoth, Caracole ont du corps et restent en mémoire une fois le livre achevé.

J'ai en revanche peiné sur certaines longueurs et scènes redondantes et d'autres qui m'ont paru inutiles, et souffert le martyre sur chacune (chacune!) des créations langagières, néologismes, style parlé etc qui viennent distinguer chaque protagoniste et sont omniprésentes car l'ensemble du roman est entièrement dialogué; ma tête comprenait bien qu'elles étaient partie intégrante du roman et lui infusaient le nerf et la chair, mais mes yeux probablement conservateurs de lectrice en ont pleuré de douleur, ce qui m'a semble d'autant plus rageant que Damasio sait suffisamment bien écrire pour ne pas avoir besoin de ces artifices. Les goûts et les couleurs, me direz-vous.

Il n'en reste pas moins que la lecture de la Horde imprime un message fort, vigoureusement dérangeant et durablement ancré, et fait vivre une aventure littéraire très originale, ce qui est loin d'être donné à tous les livres.
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