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EAN : 9782070373093
276 pages
Gallimard (27/08/1996)
3.18/5   72 notes
Résumé :
La guerre vue par Genet. En Algérie, fellagas et légionnaires s'affrontent, pendant qu'autour d'eux s'agitent travailleurs arabes et colons. Mais, dans la mort, tous se rejoignent, et les ennemis découvrent leurs ressemblances secrètes. " Ceux qui vont sur la terre d'ici peu seront dedans. C'est les mêmes... "
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
"Les Paravents" furent une pièce historique dans le théâtre français, faisant exploser l'avant-garde au point qu'on parla parfois de seconde bataille d'Hernani. Jean Genet, déterminé à "combattre la morale blanche" en usant de tous les ressorts les plus choquants, pour l'époque mais parfois encore maintenant, faisait paraître là une pièce qui en plus de faire reparaître ses différentes convictions (anticatholiques, homosexuelles, ou encore l'idée que la guerre n'est qu'une vaste partouze), criait son amour pour l'Algérie en pleine guerre (et ce sous l'oeil furibard de JMLP), et explosait toutes les règles du théâtre traditionnel, multipliant les didascalies à l'extrême tout en y glissant des remarques subjectives, faisant suggérer les différents décors par des paravents sur lesquels les acteurs ajoutaient des motifs tout au long de la pièce, et incluant un nombre de personnages à en faire pâlir Musset.
Tout ça pour en arriver à ça. À trop vouloir choquer le bourgeois, on finit par accoucher, comme dirait Nanarland, d'oeuvres tellement en avance sur leur temps que celui-ci n'a pas forcément envie de les rattraper. L'histoire est décousue, parce que fuck la structure en 5 actes et la narration traditionnelle, les personnages hurlent qu'ils se détestent les uns les autres parce que c'est une métaphore de la vie, tout est verbeux à l'extrême et ponctué d'un style tellement lyrique qu'il se teinte d'un amphigourisme boursouflé. Les dialogues oscillent sans cesse entre le "Branle-moi la nouille qu'elle effectue des moulinets gracieux" et "Admire comme le soleil couchant s'avère beau et majestueux, petit enfoiré". Tout est contre-intuitif, alliant sans cesse grotesque et élégiaque, mais de manière si peu subtile qu'on se demande si 50 pages n'auraient pas suffi plutôt que DEUX CENTS SOIXANTE-QUINZE de cette soupe-là.
C'est malheureux à dire, mais j'ai beau être ouvert au théâtre moderne et ce qu'il propose, aimer ce genre de propositions déconstruisant l'espace et transgressant les règles bien accommodées de la comédie et de la tragédie pour donner des pièces plus vivantes, plus vraies, là j'ai eu l'impression d'avoir affaire à un intellectualisme prout-prout comme aiment à l'appeler mes confrères. Parce que l'idée de base se contredit, justement : faire en même temps quelque chose de vivant qui parle au coeur, et en même temps quelque chose de complètement artificiel, dans les dialogues, dans la mise en scène, dans le jeu des acteurs, afin de provoquer l'auditoire. On en accouche d'une pièce pavée de bonnes intentions, mais un calvaire à lire, et très sûrement aussi un calvaire à monter et un calvaire à voir... Au point qu'après avoir vu cette pièce, on devait n'avoir qu'une envie, c'était de décoloniser l'Algérie, pour ne plus jamais en entendre parler.
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La mémoire de la guerre d'Algérie, ou plutôt les mémoires diverses et conflictuelles des acteurs de la guerre et de leurs descendants, sont un sujet historique, politique, culturel et artistique aussi.
Mais franchement, après la lecture de cette pièce, la guerre d'Algérie méritait mieux au théâtre... Oui, l'auteur est dans la provocation assumée, dans la vulgarité revendiquée même : ça s'insulte, ça pète, ça chie, ça baise sur scène. L'armée et le drapeau sont ridiculisés, les colons sont des profiteurs ridicules avec de fausses fesses, les Algériens sont veuls et lâches. Aucun camp n'est donc mis en valeur, tous sont ridicules. La pièce n'est pas historique, c'est une farce, ce qui explique l'humour gras.
C'est ce qu'explique le dramaturge qui intervient directement dans de longues didascalies présentant le décor de chaque tableau, les costumes des personnages, la façon de jouer les comédiens. Mais plus que de simples indications de jeu et de mise en scène, il fait aussi des commentaires, souvent assez cruels, dénonçant le manque de talent ou l'incompétence des acteurs. Ce sont bizarrement les passages qui m'ont le plus plu finalement, car il y a quelque chose - alors que la pièce, elle, n'a pas vraiment d'intrigue, Saïd n'est ni un héros, ni un anti-héros.
Le titre même suggère finalement que l'important, ce n'est pas la guerre ou la colonisation, mais le procédé de mise en scène, ces paravents sur lesquels les personnages dessinent, qu'ils traversent en passant de la vie à la mort... J'ai trouvé l'idée intéressante, très visuelle, qui rendrait donc bien plus sur scène qu'en lecture - vive le théâtre, et vive le théâtre joué !
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Jean Genet ne fait pas dans la dentelle et les propos sont violents mais la guerre c'est ça ! C'est l'armée qui est au centre de cette pièce créée en 1966, peu de temps après la fin de la guerre d'Algérie. A l'époque, la pièce de Jean Genet suscite violences et manifestations, dans une France où le théâtre était encore au centre de la vie de la pensée et des idées et André Malraux, Ministre de la culture, doit intervenir pour défendre la liberté d'expression.
Jean Genet nous fait suivre la vie de plusieurs personnages marquants : ils sont voleurs, putains, membre de l'Armée Française, villageois. Aujourd'hui, cette pièce garde toute son actualité que se soit par son regard sur la vie et la mort ou que ce soit par sa dénonciation de l'utilisation de la force et de l'arbitraire.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
LE LIEUTENANT : Je demande si vous êtes arabe ?
PIERRE : Moi ? De Boulogne, mon lieutenant.
LE LIEUTENANT : L'Orient déteint sur vous et y dépose ses tons pastels, n'est-ce pas, ses demi-teintes ? Nous représentons une France nette, précise. (Un temps.) Et propre. Je dis, propre. Vous... (Il désigne Moralès.) ... la barbe ?
MORALES : Plus d'eau, mon lieutenant.
LE LIEUTENANT : Pour vous rincer la bouche ou arroser les géraniums, peut-être, pour vous raser il en restera toujours. Crachez sur le blaireau, mais je vous veux lisses. Poncés.
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Le lecteur de cette pièce - Les Paravents - s'apercevra vite que j'écris n'importe quoi. À propos des roses par exemple. Plutôt que la fleur, M. Blankensee chante les épines. Or, les horticulteurs savent tous cela : trop d'épines, et trop importantes, privent la fleur de sève ou d'autres choses nécessaires à la robusté, à la beauté de la corolle. Trop d'épines nuisent, et M. Blankensee ne paraît pas s'en douter. Son métier c'est la comédie, pas la culture des roses. Mais c'est moi qui ai inventé ce colon et sa roseraie. Mon erreur peut - doit - être une indication. S'il travaille à la beauté des épines ou pourquoi pas des pines plutôt qu'aux fleurs, M. Blankensee, à cause même de cette erreur, par moi commise, quitte la roseraie pour entrer dans le Théâtre.
Il en est peut-être de même, pour toutes les autres scènes, qu'il faut dire d'une certaine façon afin d'en apercevoir le décalage.
Dans cette pièce - mais je ne la renie pas, oh non ! - j'aurai beaucoup déconné.
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Kadidja (d’une voix sévère) : Je suis morte ? C’est vrai? Eh bien, pas encore ! Je n’ai pas terminé mon travail, alors, à nous deux, la Mort ! Saïd, Leïla, mes bien-aimés ! Vous aussi le soir vous vous racontiez le mal de la journée. Vous aviez compris qu’il n’y avait plus d’espoir qu’en lui. Mal, merveilleux mal, toi qui nous restes quand tout a foutu le camp, mal miraculeux tu vas nous aider. Je t’en prie, et je t’en prie debout, mal, viens féconder notre peuple. Et qu’il ne chôme pas !
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Leïla : Je suis fatiguée par la marche, le soleil, la poussière. Je ne sens plus mes jambes : elles sont devenues la route elle-même. A cause du soleil, le ciel est en zinc, la terre en zinc. La poussière de la route, c’est la tristesse de ma gueule qui retombe sur mes pieds. Où nous allons, Saïd, où nous allons ?
Saïd (se retournant et la regardant bien dans les yeux) : Où je vais ?
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Taleb : C’est toi qui le défends ! S’il a volé le pognon dans ma veste rouge posée sous le figuier, c’était pour payer la traversée, aller marner – si tu veux bosser – en France, économiser et s’acheter une autre femme.
Leïla : C’est ce qu’il dit. Mais au lieu de me quitter, il s’est laissé prendre, tabasser, enfermer en prison au-dessus de chez nous.
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Videos de Jean Genet (71) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean Genet
Le texte inédit d'un auteur culte.
Juin 1942. Jean Genet est incarcéré à la prison de Fresnes, condamné à huit mois de réclusion pour vol de livres. À trente et un ans, le détenu n'a encore rien publié ; mais la cellule est un lieu propice à l'éclosion de son talent littéraire. Il y écrit son premier roman, "Notre-Dame-des-Fleurs", et le long poème "Le Condamné à mort".
L'attrait du théâtre se fait déjà sentir, comme en témoigne "Héliogabale", ce drame à l'antique dont un manuscrit a été enfin retrouvé à la Houghton Library. L'existence de cette pièce était attestée, Genet l'ayant fait lire à quelques proches et ayant exprimé le souhait qu'elle soit publiée et créée — avec Jean Marais dans le rôle-titre. Rien de cela n'eut lieu et l'écrivain n'y revint plus.
Voilà donc, plus de quatre-vingts ans plus tard, la mise en scène des dernières heures d'Héliogabale, jeune prince romain assassiné, telles que Genet les a rêvées et méditées.
Au travers de cette figure solaire, hautement transgressive et sacrificielle, à laquelle Antonin Artaud avait consacré un essai flamboyant en 1934, Genet aborde les thèmes qui lui sont chers, dans les règles de l'art mais en laissant affleurer un lyrisme bien tenu : le travestissement et l'homosexualité, la sainteté par la déchéance, la beauté par l'abjection. Un envers du monde social où l'auteur, apprenti dramaturge, entend déjà trouver ses vérités, situer son oeuvre à venir et inventer sa propre légende.
Découvrir "Héliogabale" : https://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/La-Nouvelle-Revue-Francaise/La-Nouvelle-Revue-Francaise524
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