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EAN : 9782264083630
240 pages
10-18 (01/02/2024)
3.99/5   100 notes
Résumé :
Été 1955. Le corps d’un adolescent afro-américain est repêché dans une rivière. Un crime qui va changer l’histoire américaine.
La nouvelle enquête de la collection True Crime.
Fin août 1955, le corps sans vie et défiguré d'un adolescent est repêché dans l'État du Mississippi. Il s'agit de celui d'Emmett Till, un jeune noir de Chicago âgé de 14 ans, venu passer des vacances dans la famille de sa mère. Quelques jours plus tôt, il a été vu en conversation... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (38) Voir plus Ajouter une critique
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J'aime beaucoup le concept de la collection « True Crime » de 10/18, qui promet une cartographie des crimes aux Etats-Unis en explorant une affaire criminelle par État, ici le Mississippi, soit une histoire vraie racontée avec les techniques du roman. Après la lecture enthousiasmante de Châtiment, j'ai ressenti le besoin d'en savoir plus sur l'affaire Emmett Till qui au centre du scénario de Percival Everett, tragédie emblématique de la violence raciale qui n'a jamais cessé de hanter les Etats-Unis.

En seulement 240 pages, le journaliste Jean-Marie Pottier propose un radioscopie panoramique passionnante, aussi dense que précise, avec une clarté et une lisibilité qui permettent de s'y retrouver dans les très nombreux personnages présentés ( les protagonistes directs et indirects de l'affaire mais aussi d'autres plus célèbres comme Faulkner, Rosa Parks, Martha Luther King, Mohamed Ali ou Obama ) et de ne jamais se perdre dans des rebondissements et ramifications qui courent de 1955 à 2023.

Dans la première partie « Un rideau de coton », il relate précisément les événements de 1966 : le fait initial ( une commerçante blanche Carolyn Bryant prétend qu'Emmett lui aurait fait une allusion salace ) ; trois jours après, l'enlèvement du jeune homme par Roy Bryant ( le mari de Carolyn ) et son beau-frère J.W.Milam puis le torture, le tue d'une balle dans la tête et se débarrasse du corps dans la rivière Tallahatchie ; les funérailles ; et le procès de Bryant et Milam.

La sobriété narrative est pertinemment menée, et permet, derrière sa volonté objective, de laisser affleurer l'émotion grâce à sa focalisation sur certains personnages marquants. Je retiens tout particulièrement la mère, Mamie Till, à la dignité bouleversante et la détermination surprenante. Elle dont l'élégance de bourgeoise de classe moyenne afro-américaine tranche avec l'image que les Blancs du Mississippi se font d'une Noire. Elle qui demande à ce que le cercueil de son fils soit descellé pour montrer aux yeux de tous ce que Bryant et Milam ont fait à son fils au visage affreusement mutilé.

Les deuxième et troisième parties permettent d'appréhender l'affaire Emmett Till sur le temps long, car elle ne s'achève pas avec le scandaleux procès qui acquitte les deux bourreaux, mais rebondit à mesure que le contexte socio-politique évolue, de la ségrégation à la déségrégation, de la lutte pour les droits civiques jusqu'au mouvement Black Lives Matter suite à la mort de George Floyd.

C'est dans ces parties que j'ai le plus appris, avec encore une fois au centre du récit, la détermination d'hommes bien décidés à faire éclater la vérité. Jean-Marie Pottier met particulièrement bien en lumière ce réseau de passeurs qui prennent le relai de la mère pour ne pas oublier Emmett : le reporter William Bradford Huie qui obtient les aveux des tueurs contre un chèque ; le réalisateur Keith Beauchamp dont le documentaire apporte de nouveaux éléments que l'enquête initiale bâclée n'avait pas déniché ; ou encore le procureur général des Etats-Unis R.Alexander Acosta qui réouvre l'enquête sur le meurtre d'Emmett Till, soulevant l'urgence des questions : comment obtenir justice quand on est noir aux Etats-Unis ? Qu'est-ce que la justice quand on est un Afro-américain dans ce pays ?

Des quatre volumes de la collection True Crime que j'ai lus, celui-ci me semble le plus réussi.




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Je lis rarement des true crime, mais cette affaire-là me tenait à coeur, car je n'en ai eu connaissance que récemment et le peu que j'en ai entendu m'avait glacé les sangs : Emmett Till, un gamin, Noir, avait été accusé d'avoir eu des propos désobligeants envers une femme, Blanche.

Il fut tabassé par le mari et le beauf, à coups de poings, à coups de crosse de révolver, avant d'être abattu à bout portant et jeté à l'eau, le corps lesté d'un ventilateur.

Il avait 14 ans et sa mère a tenu à ce que son cercueil reste ouvert afin que chacun voie ce que des Blancs étaient capables de faire à un gamin Noir dont le seul tort était d'être du Chicago (du Nord) et de ne pas avoir vraiment conscience des règles ségrégationnistes qui avaient toujours cours dans le Sud, au Mississippi.

Cet essai est un donc un true crime et l'auteur a mené une enquête afin de savoir ce qu'il s'est réellement passé en août 1955, quand le mari et le beauf sont venus le chercher et aussi ce qu'il s'est passé dans ce foutu magasin : a-t-il réellement sifflé (le fameux "wolf whistle", version Loup de Tex Avery) la vendeuse et épouse du gérant ? Ou juste sifflé les hommes qui jouaient aux dames ? Ou sifflé parce qu'il bégayait et que cela lui permettait de reprendre contenance ?

Personne ne pourra plus dire, mais je suis sûre qu'il n'a pas tenu les propos sexiste à la dame (et qu'elle a proféré au tribunal) et s'il l'a vraiment sifflé parce qu'elle était jolie, cela ne méritait qu'une remontrance, un "ça ne se fait pas", rien de plus. Pas un meurtre, pas un acharnement tel que celui qui fut fait sur ce gamin en vacances dans la famille.

L'auteur va aussi parler du procès, ou plutôt, devrais-je dire, de la parodie de procès qui s'est tenu dans cet état hyper ségrégationniste, hyper raciste, où les Hommes Blancs (les WASP) ne toléraient pas qu'un Noir puisse avoir le droit de vote ou que les enfants Noirs aillent sur les mêmes bancs de l'école que leurs petits enfants Blancs.

Dans cette contrée où deux hommes Blancs avaient le droit de tuer un Noir, sans être reconnu coupable… Cette ville où des gens ont donné de l'argent pour que les inculpés puissent se payer les meilleurs avocats, où on leur a tapé sur l'épaule, comme pour les féliciter… Après, le vent a un peu tourné, mais si peu.

Les années passant, les témoins sont décédés, l'épouse est revenue sur une partie de ses accusations, mais devant un seul témoin, bref, la lecture de cet essai ne vous donnera pas les réponses vraies et absolues, mais au moins, vous en saurez un peu plus, vous aurez mis les pieds dans un endroit où la ségrégation règne en maîtresse des lieux et vous aurez eu une vision très glauque et moche de l'Amérique.

Un essai que j'ai dévoré, le coeur au bord des lèvres, devant tant d'injustice, tant de violences, tant de déni, tant d'horreurs. Un roman true crime qui frappe fort, sans pour autant aller dans le voyeurisme ou le glauque. le pays et une partie de sa population l'est déjà…

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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La collection « True Crime » des Editions 10/18 explore les Etats-Unis en décortiquant les affaires criminelles les plus représentatives. le journaliste Jean-Marie Pottier évoque ici le racisme assumé du Mississippi, l'état le plus ségrégationniste des Etats-Unis. En Aout 1955, un adolescent noir de quatorze ans en vacances dans une petite ville manque de respect à une commerçante blanche. Trois jours plus tard son corps est découvert noyé dans une rivière. Tout le monde connaît les coupables et de fait, le mari de la commerçante et son frère sont interpellés, jugés et acquittés dans des conditions honteuses par un jury d'hommes blancs. Depuis ce tragique fait divers, les deux hommes ont avoué leur forfait mais sans être inquiétés puisqu' aux Etats-Unis, on ne peut pas être jugés deux fois pour le même crime. Plusieurs enquêtes de journaliste et même celle du FBI en 2004 ont tenté, en vain, de faire la lumière totale sur cette affaire et de réhabiliter la mémoire d'Emmett Till. Une ultime enquête menée en 2021 n'a pas permis de rouvrir le dossier.
Le grand mérite de cet ouvrage bien documenté est de disséquer les mécanismes du racisme ordinaire qui règne au Mississippi depuis bien avant la guerre de sécession, qui banalise la ségrégation et transforme d'honnêtes gens en monstres.
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Fin août 1955, le cadavre d'Emmett Till est retrouvé dans un piètre état. le corps est resté plusieurs jours dans une rivière, et on peine à reconnaître l'adolescent de 14 ans qu'il fut. Dans l'Etat du Mississippi, les deux suspects principaux sont vite identifiés : quelques jours plus tôt, Roy Briant et J. W. Milam sont venus kidnapper le jeune Emmett qui, originaire de Chicago, passait quelques jours de vacances chez sa famille. Ce qu'on reproche au jeune Noir ?

D'avoir importuné la femme de Roy Briant, Carolyn Bryant, qu'Emmett Till aurait sifflé et agrippé dans la boutique gérée par Carolyn. le kidnapping d'Emmet par les deux Blancs a-t-il pu conduire à la torture et au meurtre d'un enfant de 14 ans ?...

Que s'est il passe ? Qui sont les coupables ? Seront ils juges et condamnes pour leur acte? A la première question la réponse est : En entrant dans l'épicerie tenue par une femme blanche, Emmett a siffle en la voyant . Il lui aurait manque de respect A la seconde question la réponse est Ils sont identifies et connus de tous. A la troisième question la réponse est Ils ne seront jamais condamnes pour leurs actes. Pourquoi ? Nous sommes en 1955 dans l'etat du Mississippi et la ségrégation fait loi .

Une nouvelle collection a vu récemment le jour aux éditions 10/18 consacrée au "true crime", c'est-à-dire à des faits divers réels racontés façon polar

Un genre aujourd'hui très populaire.

Les éditions 10/18 ont pris le pouls de cet élan populaire pour faire une sorte de géographie de l'Amérique criminelle. Les États-Unis vus à travers les faits divers. Un livre par État. En commençant par New York et la Californie.

Dernière sortie en date de cette série des faits divers « true crime » du partenariat entre society et la collection 10/18, nous allons cette fois ci dans région du Mississippi

L'affaire Emmett Till, hautement emblématique aux Etats-Unis ou la peinture d'un fait divers tristement banal, mais qui dit quelque chose du monde, de la société et de l'époque dans lequel il se produit


Lien : http://www.baz-art.org/2024/..
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T r u e C r i m e
🟢
Comment parler de cette lecture difficile, mais ô combien nécessaire ?
Avant toute chose, je dois dire que je suis toujours aussi fan de cette série. J'ai lu ce livre en une journée à peine, c'était à la fois passionnant et terrifiant, mais surtout extrêmement éducatif. Certains de mes cours d'histoire me sont revenus en tête à lecture de ce texte, parce que de grands noms y sont mentionnés : Rosa Parks, Martin Luther King
🟢
Je ne connaissais pas Emmett Till, et pourtant, lui aussi a un grand nom. Son meurtre a été l'élément déclencheur d'une révolte pour les droits civiques des personnes de couleur. Emmett était n'avait que 14 ans, et a été enlevé et torturé à mort à cause de sa couleur de peau. Parce qu'il a sifflé la gérante de l'épicerie. C'est sa mère, Mamie Till, qui déclenchera la révolte en récupérant le corps, et en refusant de se soumettre à la loi du Mississipi qui impose de garder le cercueil fermé. Non, Mamie veut voir son enfant une dernière fois. Et elle ne sera pas la seule, puisque son fils deviendra un symbole.
🟢
J'avoue avoir eu l'estomac serré en lisant cette affaire. Certes, nous n'étions pas à la même époque, les moeurs étaient différentes, et le racisme bien plus présent qu'aujourd'hui. Mais il est aberrant de voir comment la justice américaine a géré l'affaire, sans condamner qui que ce soit, alors qu'un meurtre a été commis. Je reste sans voix.
Cependant, malgré mon effroi sur le contenu de l'affaire, je dois avouer que c'est à nouveau un énorme coup de coeur. Je me régale à lire ces cold cases qui m'en apprennent toujours un peu plus sur les États-Unis et il me tarde de découvrir le tome suivant ! On continue la collection !
🟢
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critiques presse (1)
Liberation
15 février 2024
La collection True Crime de 10-18 s’enrichit d’un nouvel épisode qui nous entraîne, sous la plume de Jean-Marie Pottier, dans un Mississippi gangrené par la ségrégation raciale.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
A quel moment une affaire qui n’a rien d’isolée cesse d’être celle de plus pour devenir celle de trop et déclenche, de manière consciente ou non, le passage à l’action ? Il reste des coïncidences de dates, des moments où l’histoire accélère. Quatre jours après la visite du Docteur Howard dans l’Alabama, Rosa Parks refuse de céder sa place dans le bus à un passager blanc et finit au poste. Encore quatre jours et, le 5 décembre 1955, Martin Luther King appelle ses concitoyens à l’action. Cent jours pile après la mort d’Emmett Till, le boycott des bus de Montgomery, moment fondateur du mouvement des droits civiques, débute officiellement.
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À quel moment une affaire qui n'a rien d'isolée cesse d'être celle de plus pour devenir celle de trop et déclenche, de manière consciente ou non, le passage à l'action ? Il reste des coïncidences de dates, des moments où l'histoire accélère. Quatre jours après la visite du docteur Howard dans l'Alabama, Rosa Parks refuse de céder sa place dans le bus à un passager blanc et finit au poste. Encore quatre jours et, le 5 décembre 1955, Martin Luther King appelle ses concitoyens à l'action. Cent jours pile après la mort d'Emmett Till, le boycott des bus de Montgomery, moment fondateur du mouvement des droits civiques, débute officiellement. (p. 117)
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Aux côtés des militantes abolitionnistes Harriet Tubman et Sojourner Truth, de la dénonciatrice des lynchages Ida B.Wells ou de Rosa Parks, il y aura toujours Mamie Till, celle qui a refusé de laisser au néant le victime d’un meurtre : Mamie y a vu un tremblement de terre, et elle en a utilisé les répliques pour réveiller et secouer une nation.
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On s'interroge toujours, non seulement sur cette histoire mais sur qui la raconte, qui a le droit de la raconter, comment et pour quel profit. On se demande qui peut revendiquer les avancées qu'elle a engendrées et qui doit endosser les espoirs déçus, peut-être excessifs, des contre-enquêtes.
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Elle disait toujours que c’était son destin, qu’il devait mourir pour que le monde puisse saisir les injustices et les lynchages qui se déroulaient depuis des générations. (page 205)
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Videos de Jean-Marie Pottier (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Marie Pottier
VLEEL 292 Rencontre littéraire avec Jean-Marie Pottier, L'affaire Emmett Till, Éditions 10-18
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