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EAN : 9782253074014
608 pages
Le Livre de Poche (28/02/2018)
3.81/5   184 notes
Résumé :
Rome, 1936. Alice Clifford, la correspondante du New York Herald Tribune, assiste au triomphe de Mussolini après sa conquête de l’Abyssinie. Sa liaison avec Don Umberto Ludovici, un diplomate proche du pouvoir fasciste, marié et père de famille, ne l’aveugle pas. Son goût pour la liberté l’empêche de succomber aux sirènes des dictatures.
La guerre menace, les masques vont tomber. Alice découvre les conspirations qui bruissent dans les couloirs feutrés du Vati... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (59) Voir plus Ajouter une critique
3,81

sur 184 notes
Un métier dangereux et exaltant.

Correspondante de guerre. C'est ce qu'a choisi Alice Clifford pour le Herald Tribune.

1936-1945. Préserver ses sources est une règle de prudence élémentaire pour les reporters. Ils ont besoin de contacts avec des personnes capables de décrire les faits mais aussi « d'en démêler les fils psychologiques, les motivations intimes, sectaires et dogmatiques ». Dans beaucoup de cas, ils ne prennent pas de notes et développent des moyens mnémotechniques pour retenir les éléments importants d'une conversation, pour les codifier ensuite et les transmettre à leur journal. Toujours dans l'urgence. Même concurrents, ils échangent volontiers leurs informations avec leurs collègues, hommes et femmes, soumis aux mêmes dangers et aux mêmes risques d'être arrêtés, interrogés et tués.

Au printemps 1936, Alice Clifford, profil à la Cate Blanchett, couvre la défaite des Ethiopiens face à l'armée implacable du fasciste, Benito Mussolini. Interviews des blessés et de civils épuisés et affamés. Constat de la destruction et du pillage du palais d'Haïlé Sélassié. Quelques mois plus tard, elle est envoyée à Madrid que cherchent à bombarder les nationalistes du général Franco. Elle y retrouve ses compatriotes, Martha Gellhorn et Ernest Hemingway dont la ferveur à défendre la cause républicaine lamine son entourage. Elle y est grièvement blessée.

En convalescence à Alexandrie, ville cosmopolite, où elle a vécu toute son adolescence, Alice Clifford assiste au pas de deux entre l'Angleterre et l'Egypte qui attend patiemment son indépendance, couvre l'accession au trône du jeune roi Farouk, rencontre des juifs allemands qui ont dû abandonner tous leurs biens pour pouvoir quitter l'Allemagne où les milices nazies se déchaînent. Retour en Europe, elle rédige, horrifiée, des articles sur la nuit de Cristal au cours de laquelle la férocité des foules témoigne d'une hystérie minutieusement alimentée par le régime. A Berlin, comme dans tout le pays, le meurtre d'un employé de l'ambassade d'Allemagne à Paris stigmatise les représailles ; les synagogues sont incendiées, les commerces juifs sont saccagés et pillés, les assassinats et les déportations se comptent par centaines, prémices de la Shoah.

En mars 1939, Alice Clifford relate l'intronisation du pape Pie XII. Diplomate avéré et défenseur de la paix, son rôle durant la Seconde Guerre mondiale a été contesté en raison de sa tiédeur à condamner les actes de violence extrêmes contre les Juifs. Des pages bien documentées apportent un éclairage a posteriori à son attitude. En 1943, à Rome, les manigances de Galeazzo Ciano, gendre du Duce, conduisent à la reddition de Mussolini, relâché plus tard par les Allemands. Pour montrer qui est le chef, il signe la condamnation de Ciano, exécuté d'une balle dans le dos, délicatesse accordée aux traîtres.

Les totalitarismes atteignent leur paroxysme. Les dictateurs se repaissent d'intimidation et de terreur.

L'Italie est affamée, les populations grondent face à l'occupation des Allemands. La confiance dans le Duce s'effrite alors qu'avec le Führer, il s'accorde sur une offensive en Afrique septentrionale que les Alliés vaincront en moins d'un an. L'Italie est mise au ban des nations pour s'être alliée avec le diable.

Il est aussi question de revirement, de prise de conscience, de militants déçus et sceptiques, qui entrent dans la Résistance, de haut gradé qui veut réparer une conduite discutable par son départ sur le front de l'Est, d'un diplomate italien proche du pouvoir, arrêté et torturé pour l'exemple.

Roman passionnant, documenté et synthétisé avec maestria, mêlant intrigues amoureuses et faits historiques, maniant avec doigté les idéologies et les propos mondains, laissant croître la tension jusqu'à la dernière ligne, écrit d'une plume vigoureuse, alerte, imagée, colorée (les mots me manquent) selon les lieux et les événements.

Un grand merci à Babelio et aux éditions Albin Michel qui, par l'envoi des épreuves de ce livre brillant, m'ont permis de découvrir Theresa Révay dont je vais explorer la bibliographie.


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Voilà un roman qui permet de se faire une idée claire sur la succession de compromissions, les connivences, l'aveuglement et la lâcheté qui ont pu mener à la confusion et au chaos, offrant un terrain favorable au développement de guerres larvées, à la montée en puissance de dictateurs tels Hitler et Mussolini et au renforcement de leur emprise ; mise en place graduelle qui a mené à la seconde guerre mondiale et n'est pas sans ressemblance avec notre situation présente.

De l'Éthiopie de 1936 où le négus est contraint à l'abdication et tout un peuple de combattants courageux mis à genoux et humilié par l'utilisation de gaz moutarde
"Comment pouvions-nous lutter contre "la pluie qui brûle" ?" p14
(...) "Cette bruine étrange venue du ciel, dont l'ennemi avait arrosé non seulement les combattants mais aussi les villages, les plaines fertiles, les champs de blé et d'orge, ou les rives du lac Ashangi, tuant le bétail et empoisonnant la terre, avait terrifié la population. On aurait dit qu'une plaie biblique s'était abattue sur le plus ancien pays chrétien du monde. p 15

... à la Campagne d'Italie de 1944 où les alliés gagnent progressivement du terrain, c'est toute l'escalade et le déploiement des événements qui auront conduit à la seconde guerre mondiale que nous fait traverser Theresa Revay à travers le témoignage et la vie d'Alice Clifford, correspondante de guerre pour le New York Herald Tribune.
L'auteur rend un bel hommage à toutes les femmes correspondantes de guerre dont Alice Clifford croisera la route. Même si leur travail se fait sur le terrain de manière indépendante et sans communiquer leurs sources, elles se retrouvent avec leurs homologues masculins dans des lieux réservés à la presse comme à Madrid, durant le siège des troupes franquistes, en avril 1937, dans le corridor de l'hôtel Florida, (où l'on pouvait croiser aussi "des aventuriers de passage, des réfugiés communistes allemands, des ambulanciers américains, des pilotes russes, des idéalistes et des voyous"), Virginia Cowles, puis Martha Gellhorn maîtresse d'Hemingway, également Saint-Exupéry correspondant de Paris-Soir....

"Hemingway tenait à être le maître étalon et l'écrivain suprême de cette guerre, ne tolérant aucune entorse à sa domination tant physique qu'intellectuelle. Il se prêtait à des duels d'ivrognes, jouissait des anecdotes les plus barbares, faisait le coup de feu contre les nationalistes avec la même insouciance que s'il tirait le canard. Alice s'irritait de ce rapport de force qu'il imposait aux autres. Un abus de pouvoir qui lui semblait contraire aux valeurs mêmes pour lesquelles combattaient les troupes républicaines. Incommodée par les relents des assiettes sales ..... elle ressentit le besoin impérieux de changer d'air
(...) Il lui fallait fuir cette ambiance d'espionnite, de vengeance, de délectation morbide, et retrouver les jeunes soldats espagnols, souvent des gamins illettrés, souriants, généreux, pleins d'humour. Elle admirait leur élan, leur pureté d'intention, restait saisie par leur soif d'apprendre, leur application pendant les cours d'alphabétisation qu'ils suivaient pour devenir officiers. À voir leurs visages creusés par la faim, leur fierté insouciante, elle maudissait certains des scribouillards qui se servaient d'eux pour leur propre gloire, tout autant que les commissaires soviétiques pour qui ces innocents n'étaient, au fond, que des pions p 157

Alice Clifford est un condensé de ces femmes exceptionnelles libres et passionnées par leur métier qui ont témoigné, en les traversant, de tous les dangers et de l'horreur des guerres en Europe telles, à Berlin, Sigrid Schultz ou Dorothy Thompson expulsée de l'hôtel Adlon par les nazis.
Les premières, elles ont rendu compte de la persécution des allemands réfractaires au nazisme et des juifs, de la création des camps et des conditions d'internement, de la nuit de cristal sans oublier leurs interviews de personnalités fascistes mais aussi de belles rencontres avec des gens du peuple et des soldats dont elle rapporte les souffrances.
Les amours d'Alice m'ont moins retenue que la découverte vivante du travail risqué et nécessaire des correspondants de guerre et la vision historique sans aucun manichéisme que l'auteur nous permet d'acquérir sur cette période qui a vu tant de bouleversements.

Je remercie Babelio et les éditions Albin Michel pour m'avoir offert cette lecture
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«  La vie est comme une almée,
elle ne danse qu'un instant pour chacun. »
Proverbe égyptien.
Voici le portrait fouillé, brillant , documenté, synthétisé avec vivacité , travail d'historien sans pareil , d'Alice Clifford , correspondante de guerre pour le New York Herald Tribune ,américaine née à Philadelphie.
En 600 pages lues avec passion, on découvre un pan de l'histoire avec un grand H du printemps 1936 à Addis Abeba en Abyssinie jusqu'à Rome au printemps 1945, de la guerre d'Ethiopie : la défaite des Ethiopiens face au dictateur Benito Mussolini, la guerre d'Espagne à Madrid , l'attitude du Saint - siège pendant la guerre , Rome , Mussolini et le fascisme , la campagne d'Italie , la splendide ville d'Alexandrie cosmopolite des années trente , Hitler, Berlin et les commerces juifs saccagés, les synagogues pillées et incendiées, les Egyptiens qui désiraient se libérer du joug de l'Empire Britannique ..


Je ne retracerai pas toutes les étapes de ce récit prenant , intense qui témoigne à travers les différents voyages de la correspondante de guerre Alice Clifford et de ses homologues Martha Gelhorn, Ernest Hemingway. D'autres l'ont fait avant moi....


Cet ouvrage met en scène des personnalités ayant appartenu à l'Histoire.


Les correspondants de guerre avaient le besoin impératif de préserver leurs sources , une règle de prudence élémentaire , tout en étant en contact de maints personnes différentes ...


Ils tentaient d'ailleurs de ne jamais manifester une émotion , tout en témoignant en leur âme et conscience : rester objectifs à tout prix , devoir la vérité à leurs lecteurs.



Métier éprouvant à hauts risques, correspondante de guerre : Alice est une Femme exceptionnellement libre, lucide, sensuelle et passionnée, déterminée , intrépide , avide de vérité , dotée d'un courage à toute épreuve, ne reculant devant rien comme si elle désirait s'affranchir de ses blessures d'enfance.

Elle sera blessée , rejoindra Alexandrie , cité mythique , cosmopolite , éclectique ,disposée autour de l'arc miraculeux de sa baie , riche des destructions et des renaissances d'une histoire millénaire où elle passa une grande partie de son enfance assombrie dés l'âge de cinq ans par la disparition de sa mère ...

Fresque magnifique qui rend compte des conspirations hantant les couloirs du Vatican , témoigne des connivences, conspirations , aveuglement et lâcheté qui font danser les pays sur les volcans de la guerre , le lecteur est emporté par cette quête historique , éclatante de vérité où chacun des protagonistes attachants ou repoussants , toujours intéressants , retiennent le lecteur captif de ces instants tragiques de l'Histoire !


Mêlant habilement intrigues amoureuses , faits historiques , réflexions pertinentes à propos des idéologies et même propos mondains , je comprends pourquoi cet ouvrage a reçu le Prix Simone Veil 2017 !
Inoubliable !
Lisez le destin de cette femme !




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La vie ne danse qu'un instant relate la vie d'Alice Clifford, jeune américaine ayant vécu son enfance à Alexandrie et correspondante de guerre du Herald Tribune, qui se trouve à Addis-Abeba quand le gouvernement éthiopien tombe entre les mains des troupes du Duce, en 1936. de retour à Rome elle fréquente ses collègues ainsi que les politiques et les grandes familles romaines dont Umberto Ludovici, qui travaille pour le gendre de Mussolini, alors en charge du Ministère des Affaires Etrangères. Envoyée par la suite à Madrid, c'est l'avancée de Franco soutenue par l'Allemagne à laquelle elle assiste, puis la montée des nazis à Berlin pour enfin assister à la reddition de l'Allemagne vaincue.
C'est donc à un voyage à la fois dans l'espace et dans le temps que nous invite Theresa Révay, en mélangeant habilement petite et Grande histoire, rendant accessible et vivante cette fresque historique ; on y croise Hemingway, sa femme Martha Gellhorn également journaliste ainsi que des personnages de fiction, tous bien analysés prenant une part active ou non dans les évènements qui couvrent l'histoire mouvementée entre 1936 et 1945.

J'ai un avis mitigé après la lecture de ce roman, le point positif est indéniablement pour moi, l'aspect historique, particulièrement fouillé et intéressant puisqu'il permet de balayer, grâce à l'héroïne, dix années d'une histoire mouvementée qui voit monter les nationalismes, de l'Ethiopie colonisée par une Italie fasciste, en passant par l'Egypte sous surveillance britannique, la guerre civile espagnole et l'Allemagne nazie triomphante puis vaincue. le fait d'avoir choisi comme héroïne une correspondante de guerre permet d'avoir un personnage légitime au coeur de l'action, et sur tous les théâtres politiques, quelquefois même dans l'entourage proches des personnages historiques tel quel Ciano Galeazzo, gendre de Mussolini.
Le bémol, a été pour moi, l'aspect un peu trop romance du livre, la jeune Alice connaît différentes histoires ou liaisons amoureuses et elle a la particularité de planter, sans les informer, ses chevaliers servants, qui chose étonnante, ne lui en tiennent pas rigueur, allant même jusqu'à l'aider dès qu'elle se rappelle à leurs bons souvenirs, ces derniers ne lui en tenant jamais rigueur et faisant même preuve d'une abnégation à toute épreuve...Heureusement les tous derniers chapitres renversent un peu la tendance "romance" et j'ai apprécié ce changement de d'ambiance.
Malgré ce petit bémol, j'ai apprécié la plume efficace de
Theresa Révay , sa grande culture et un rythme toujours soutenu qui évacue tout ennui lors de la lecture...

La vie ne danse qu'un instant est un roman autant d'aventure qu'historique, avec de la romance, une recette équilibrée qui m'a offert un bon moment de lecture
Je remercie Babelio et l'opération masse critique spéciale, ainsi que les éditions Albin Michel pour ce plaisir de lecture.
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Ce livre retrace la vie d'une correspondante de guerre américaine de 1936 à la fin de la 2nde guerre mondiale, entre l'Ethiopie, l'Italie, l'Allemagne et l'Egypte.
Ce personnage imaginaire est librement inspiré de plusieurs femmes de cette époque. de même, auprès d'elle et de ses amants (à moitié fictifs eux aussi) sont campés des hommes bien réels hélas (dictateurs de cette époque maudite et leurs sbires). La grande histoire est donc au coeur de ce roman.
J'ai trouvé les descriptions des lieux où se déroulait l'action un peu surfaites et l'héroïne, qui séduit tous les hommes sans efforts, ne m'a pas particulièrement plu.
Mais j'ai eu malgré tout envie d'en savoir plus à chaque page sur ce qu'il adviendrait de cette aventurière.
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critiques presse (1)
LeFigaro
14 avril 2017
Un roman écrit avec précision et élégance.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (65) Voir plus Ajouter une citation
Elle fut rassurée de trouver la signature de Howard Carter. Au moins, elle comptait un ami fidèle sur place qui lui filerait les tuyaux si nécessaire. Cependant, la teneur de son article l'impressionna au point qu'elle dut s'asseoir. Il relatait l'entrée dans Badajoz des troupes de l'armée d'Afrique, composées de légionnaires et de Maures musulmans qui vouaient une dévotion aveugle à leur "caudillo", le général Franco. N'y voyez pas une traduction littérale de Führer ni de Duce, écrivait Howard. Ce terme ancien évoque le commandant qui mène lui-même ses hommes au combat. Il remonte à l'époque de la Reconquête. Il a la pureté d'une lame d'acier. Celle qui ne connait ni pitié ni pardon. En phrases simples et d'autant plus terribles, Howard décrivait le massacre de milices socialo-communistes mais aussi de civils. Le sang sur les marches de l'autel de la cathédrale et dans les arènes de brique rouge, près de deux mille victimes, hommes et femmes, décimés à la mitrailleuse. Il évoquait la puanteur insoutenable des corps sous le soleil de plomb mais aussi les viols, les tortures, les mutilations infligées aux cadavres. Une sauvagerie qui n'avait d'égal que le courage physique de ces soldats.
"Lorsque j'interroge le lieutenant-colonel Yagüe sur les raisons de cette férocité, il hausse les épaules : "Mes hommes n'accepteraient pas de se battre autrement". Ce qui se passe en Espagne aujourd'hui ne peut être qualifié de guerre civile. Il s'agit d'autre chose. Une force obscure surgie du tréfonds de ce peuple qui renvoie chacun d'entre nous à sa propre image. A ses notions de Bien et de Mal, à son humanité."
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Agression italienne contre l'Ethiopie - Addis-Abeba 1935/1936

Les correspondants formaient une tribu de vagabonds que séduisaient les mêmes lieux insolites. Un village perdu en Mandchourie, le bar d'un grand hôtel du Caire, un quai de gare humide en Sarre allemande, une brasserie berlinoise... Les plus inspirés pressentaient les évènements. A eux le meilleur tuyau, l'entretien déterminant. Howard Carter était expert en la matière . "Vérifie toujours tes sources. Ne laisse pas tes préjugés dénaturer les faits. N'oublie jamais les lois qui régissent la diffamation et la calomnie". lui avait-il asséné d'un ton doctoral lors de leur première rencontre à Rome, au bar de l'Association de la presse étrangère. La novice avait alors caché sa timidité sous un air sévère. On la disait hautaine. Howard n'avait pas été dupe une seconde.
Cette clique indisciplinée, parfois bagarreuse, se soumettait aux règles d'un métier où régnait la compétition. Les correspondants de guerre demeuraient toutefois amis parce qu'ils devaient compter les uns sur les autres en cas de coup dur. Parmi eux se trouvait une poignée de femmes, surtout des Américaines. Une brosse à dents et une machine à écrire suffisaient à leur bonheur, affirmaient-elles. Leur chemin était pourtant semé d'embûches. Il fallait prouver à leurs camarades, comme à leurs rédactions et aux lecteurs, qu'elles savaient écrire sur d'autres sujets que les têtes couronnées européennes ou la mode parisienne. Elles plaidaient leur cause en affirmant porter sur les évènements un regard plus intuitif, plus sensible. Une fois leurs accréditations en poche, elles se révélaient aussi déterminées et égoïstes que leurs alter égo masculins.
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La passion possède l'appétit d'un ogre, impose une attention constante, un dévouement absolu, semblable à celui des vestales qui entretiennent le feu sacré.

page 121
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C'était des mots qui l'avaient décidé (à rejoindre la poignée d'hommes décidés à trahir et tenter de renverser Hitler), de simples mots qui avaient résonné en lui plus fortement encore que le goût de la vengeance, des mots prononcés pendant la guerre civile espagnole, un jour d'octobre 1936, par le recteur de l'université de Salamanque. Karlheinz voyait encore la frêle silhouette de Miguel de Unamuno se dresser dans l'amphithéâtre bondé de nationalistes vociférant leur amour de la mort en conspuant cet esprit libre. "Je viens d'entendre le cri nécrophile "Viva la muerte !" qui sonne à mes oreilles comme "À mort la vie !" s'était écrié le philosophe, avant d'ajouter : "Vous vaincrez mais vous ne convaincrez pas. Vous vaincrez parce que vous possédez une surabondance de force brutale, vous ne convaincrez pas parce que convaincre signifie persuader. Et pour persuader il vous faudrait avoir ce qui vous manque : la raison et le droit dans votre combat." Ses adversaires, fous de rage, avaient hurlé : "À mort l'intelligence !" À ce moment précis, Karlheinz avait choisi son camp. Comment peut-on insulter l'intelligence et rester vivant ? Il avait donc fait le choix de la vie, mais aussi de la raison et du droit, deux valeurs qu'il avait longtemps délaissées, tout entier consumé par sa haine du communisme et son mépris pour les démocraties corrompues. Des valeurs qui avait été celles de son père et qu'il lui avait fallu retrouver pour ne pas perdre son âme. p 372
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Les fascistes vouaient un véritable culte à l’uniforme. Plus ces hommes étaient petits, obèses ou contrefaits, plus ils tenaient à un uniforme galonné pour se donner une stature. Le plus caricatural d’entre eux était sans aucun doute Göring dont les nombreuses médailles tintinnabulant sur sa poitrine annonçaient son passage aussi peu discrètement que les crotales des marchands ambulants sur la Corniche.

pp. 281-82
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Videos de Theresa Révay (11) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Theresa Révay
1934. A Paris, la jeune Nine Dupré se rêve parfumeuse, en hommage à son père disparu en Russie soviétique. Mais rien n'est simple dans ce monde au bord de l'abîme. Theresa Révay nous offre une saga familiale passionnée et passionnante aux prises avec les soubresauts de la grande histoire. Un roman puissant, touchant et inspirant. Coup de coeur Web TV Culture !
Retrouvez l'émission intégrale sur WebTvCulture !
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