Jules Roy est un enfant illégitime. Comme il entend l'inaudible, les mots qu'on ne lui dit pas et les mines qu'il devine, il s'interroge, puis il se contracte et se dresse ; il n'entend plus que ce qu'il veut. Forcément, à l'école cet esprit du non se répercute. C'est dans un domaine de rigueur, le séminaire, que finalement il se rassure. Là, il a des pères autant qu'il en veut et sans que cela soit légitime ou pas. Puis, il a des amis aussi. Il en aura beaucoup et parmi des hommes de renom, des as de l'aviation dans le sillage de Guynemer, croisant l'illustre
Saint-Exupéry puis des écrivains dont Camus,
Malraux dont il comprendra dit-il, qu'il ait pu flancher pour des statues en terre d'Asie, puis bien d'autres encore ; un sens de l'amitié comme il n'en pleut plus aujourd'hui, la faute à l'individualisme forcené, force née de la faiblesse des temps modernes. Si, la rigueur et l'austérité un temps le guide et le protège, il ne sera pas prêtre non plus, tant l'élan du coeur le rappelle à la chaire. Si
Jules Roy fait ce qu'il dit et pense ce qu'il fait, lui non plus n'a pas de certitudes. Ainsi agira-t-il en son nom et dans sa propre vérité. Il sera un personnage intègre et authentique dans la vie comme tout au long de ces
Mémoires barbares. Un récit autobiographique très précieux qui nous remet en scène l'Algérie d'avant-guerre, la période de la conquête du ciel, lui-même devenu officier à bord d'un bombardier et la triste réalité de la guerre, doutant qu'il en fut de bonnes, au regard et pour en choisir une, celle d'Indochine. Qui mieux que lui pourrait nous en parler en connaissance de cause !
Comme j'ai aimé
les Chevaux du Soleil, j'ai eu plaisir à le retrouver en si bonne compagnie, de tels hommes et de ces grandes amitiés, quoiqu'il advienne et pourvu qu'on s'en souvienne…
Cité en introduction par
Jules Roy :
« Dans l'ordre des Mémoires, je crois que la chronologie n'est pas la vérité. Si je veux faire un récit de ma vie, ce qui est essentiel échappera absolument. »
André Malraux