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EAN : 9782226035318
564 pages
Albin Michel (07/02/1989)
4.03/5   15 notes
Résumé :
Journaliste, essayiste, romancier des Chevaux du soleil, Jules Roy est à la fois cela et plus que tout cela : un homme au destin singulier et mêlé à l'histoire du siècle. Pied-noir, pétainiste en 1940, pilote dans la R.A.F. après 1942, cet officier d'active disciple de Camus rompt avec l'armée à cause de ce qu'il a vu en Indochine. La guerre d'Algérie achèvera la mutation et fera un anticolonialiste de cet enfant de la Mitidja. De Gaulle, Malraux, Mitterrand, Sartre... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Jules Roy est un enfant illégitime. Comme il entend l'inaudible, les mots qu'on ne lui dit pas et les mines qu'il devine, il s'interroge, puis il se contracte et se dresse ; il n'entend plus que ce qu'il veut. Forcément, à l'école cet esprit du non se répercute. C'est dans un domaine de rigueur, le séminaire, que finalement il se rassure. Là, il a des pères autant qu'il en veut et sans que cela soit légitime ou pas. Puis, il a des amis aussi. Il en aura beaucoup et parmi des hommes de renom, des as de l'aviation dans le sillage de Guynemer, croisant l'illustre Saint-Exupéry puis des écrivains dont Camus, Malraux dont il comprendra dit-il, qu'il ait pu flancher pour des statues en terre d'Asie, puis bien d'autres encore ; un sens de l'amitié comme il n'en pleut plus aujourd'hui, la faute à l'individualisme forcené, force née de la faiblesse des temps modernes. Si, la rigueur et l'austérité un temps le guide et le protège, il ne sera pas prêtre non plus, tant l'élan du coeur le rappelle à la chaire. Si Jules Roy fait ce qu'il dit et pense ce qu'il fait, lui non plus n'a pas de certitudes. Ainsi agira-t-il en son nom et dans sa propre vérité. Il sera un personnage intègre et authentique dans la vie comme tout au long de ces Mémoires barbares. Un récit autobiographique très précieux qui nous remet en scène l'Algérie d'avant-guerre, la période de la conquête du ciel, lui-même devenu officier à bord d'un bombardier et la triste réalité de la guerre, doutant qu'il en fut de bonnes, au regard et pour en choisir une, celle d'Indochine. Qui mieux que lui pourrait nous en parler en connaissance de cause !
Comme j'ai aimé les Chevaux du Soleil, j'ai eu plaisir à le retrouver en si bonne compagnie, de tels hommes et de ces grandes amitiés, quoiqu'il advienne et pourvu qu'on s'en souvienne…
Cité en introduction par Jules Roy :
« Dans l'ordre des Mémoires, je crois que la chronologie n'est pas la vérité. Si je veux faire un récit de ma vie, ce qui est essentiel échappera absolument. » André Malraux
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Jules Roy ( 1907-2000) fut l'ami aîné de Camus (Alberto et Julius). Ils partageaient de nombreux points communs . Ils se fréquentèrent fidèlement jusqu'à la disparition de Camus.
Quand il quitte l'armée en 1953 avec le grade de colonel, il peut , désormais, se consacrer à sa vraie vocation, devenir écrivain. Il publiera plus de soixante-dix livres, romans, essais, théâtre… Il sera aussi grand reporter à L Express.

Dans cette autobiographie, on découvre un personnage attachant , exalté, un peu mégalomane, au verbe haut et franc. Mais on perçoit sa souffrance, ses déchirements. et cela est émouvant. Un récit intéressant au niveau ethnologique mais surtout un témoignage fort sur l'amitié partagée avec Camus, des détails quelques fois inédits qui enrichissent la biographie camusienne.
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Né en 1907 à Rovigo (actuellement Bougara) en Algérie, Jules Roy, enfant illégitime, passa son enfance à la campagne avant d'entrer au petit séminaire où il restera huit années. Il intégra le corps des tirailleurs algériens puis celui de l'armée de l'air. D'abord pétainiste (il publia un livre à la gloire du maréchal), il change de camp en 1942, passe en Angleterre et entre dans la Royal Air Force. Il effectuera plus de 36 missions de bombardement de nuit sur la Ruhr en Allemagne. Il poursuit sa carrière militaire en Indochine à titre d'officier de communication. Mais en juin 1953, il démissionne alors qu'il est colonel, car il estime que l'armée se déshonore à vouloir rétablir la colonisation par la force. Parallèlement, il commence à publier des ouvrages de témoignage qui déplaisent à l'armée et est envoyé en mission d'enquête en Algérie et en Chine pour le compte de l'hebdomadaire « l'Express ». Il n'arrive pas à rencontrer Mao Tsé Toung pas plus qu'à suivre les étapes de la « Longue marche » et rentre très déçu de ce qu'il a vu. À la fin de sa vie, il se retire sur la colline de Vézelay, non loin de la basilique de Sainte Madeleine…
« Mémoires barbares » est un livre de souvenirs en forme d'autobiographie qui se veut honnête et qui reste assez discrète sur la vie sentimentale assez compliquée de l'auteur. le lecteur suivra avec grand intérêt tous les évènements auxquels Jules Roy se trouva mêlé : seconde guerre mondiale, (le récit des bombardements au phosphore des villes allemandes est proprement hallucinant), la guerre d'Indochine, celle d'Algérie, le retour du général De Gaulle sans parler des arcanes du monde littéraire parisien pendant un demi-siècle. L'auteur ayant rencontré la plupart des auteurs de l'époque en trace une série de portraits souvent au vitriol. Il fut un habitué des soirées de Florence Gould et de Louise de Vilmorin. La liste est longue des écrivains et des hommes politiques qu'il dépeint : Morand, Nimier, Léautaud, Paulhan, Montherlant, Mauriac, Malraux, Camus, Kessel, Saint-Exupéry, De Gaulle, Mitterand. Personne n'échappe à son regard acéré voire impitoyable. Malraux est sans doute celui qui en prend le plus pour son grade pour sa mythomanie. Seul Camus et Saint-Exupéry trouvent grâce aux yeux de Jules Roy. le style est bien entendu, de fort belle qualité. Les analyses sont fines et intelligentes. Au total, un livre absolument passionnant.
Lien : http://www.bernardviallet.fr
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Une mystique nous avait labourés, ensemencés et vite recouverts, nous n’étions pas comme les autres, Dieu nous avait choisis et nous conduisait à travers les vicissitudes et les iniquités du monde. Nous nous sentions élus. Quand nous allions, deux fois par semaine, en début d’après-midi, en promenade, en rang, à travers les rues de Saint-Eugène et par le boulevard qui longeait la mer, à la pointe Pescade ou dans les collines, une ivresse me gagnait : écouter mourir ou gronder les vagues, contempler les navires qui sortaient du port d’Alger ou y entraient, c’étaient aussi des appels. De quoi ? Vers qui ? Ce romantisme échevelé, le lycée ne l’aurait jamais inspiré. Je me souviens que la première année, toute de bonne soupe, de haricots charançonnés, de bœuf bouilli et d’omelettes aux pommes de terre, nous la passâmes, comme les Hébreux en Egypte, en attente. Notre Terre promise c’était, à hauteur du dôme de la basilique de Notre-Dame d’Afrique mais sur la colline voisine, plus à l’ouest, d’où l’on surplombait la mer de haut, le bâtiment superbe du séminaire, la royale chapelle au clocher en forme de minaret. C’est là que nous grimpâmes l’année d’après. D’une villa banale et sans âme, nous passions à un château de la chrétienté qu’avec le temps je vois, les fortifications en moins, semblable au Krak des Chevaliers dans le désert de Syrie. (Les caroubes de Dieu p.100-101)
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Pourquoi quitter Paris ? J’étais heureux, j’avais de bons amis, le meilleur de tous était Signaux qui ressemblait à un épagneul triste. Plein de talent, il parlait peu de lui. Il avait reçu le prix Interallié pour un récit déchirant et désabusé au titre prémonitoire, Fin. (La vie parisienne p.363)
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Comme il ne manquait pas d’humour, cela l’aurait amusé de se voir ensuite sur du papier. Le photographe n’a pas pris non plus les bœufs. Le cheval seulement, quand il était attelé aux deux-roues avec l’oncle Jules sur le siège. Dans l’esprit du photographe, ni les bœufs ni Meftah, encore moins le chien, ne valaient la dépense d’un cliché, et cette vérité n’a rien d’offensant. A l’époque, on ne photographiait les Arabes qu’au marché ou dans les rassemblements. Avec toutes les questions qu’il se posait sans doute sur moi (« qu’est-ce qu’ils vont faire de ce fruit du péché, qu’est-ce que cet enfant a dans la tête ? »), le regard de Meftah aurait été de trop. (L’oncle Jules p.41)
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Echaudé avec Montherlant, j’en étais, j’en suis toujours à vouloir que les écrivains qui manient des héros ne soient pas trop différents d’eux. Saint-Exupéry restait mon exemple. Chez Malraux, il se désignait trop, et par trop de mythomanie, comme l’égal de Lawrence d’Arabie, chez qui personne n’aurait pu démêler le vrai du faux. Je n’ai rien contre l’imaginaire, mais n’aime pas qu’on se donne pour qui on n’est pas. Malraux tel qu’il était aurait dû se suffire à lui-même.
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Le mariage, même quand il est amoureux, doit reposer sur des rêves communs, un soutien réciproque, l'idée que, sans l'indispensable moitié de soi-même, le monde est vide.
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Video de Jules Roy (17) Voir plusAjouter une vidéo

Jules Roy
Agé aujourd'hui de 82 ans, Jules ROY vient de publier ses mémoires sous le titre "Mémoires barbares" (Albin Michel). A cette occasion, il a reçu Bernard Pivot pour un long entretien dans sa maison de Vezelay, et retrace pour lui les grandes lignes de sa vie ; vie dont le maître mot aura sans doute été la quête de vérité, au prix de radicales volte-face qui l'ont, aux yeux de certains,...
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