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Pedro J. Colombo (Illustrateur)Aintzane Landa (Autre)
EAN : 9782803635252
168 pages
Le Lombard (01/09/2017)
4.32/5   103 notes
Résumé :
Comme beaucoup de ses camarades déportés dans le camp de Mauthausen, Francisco Boix ne pensait qu'à survivre à ce cauchemar éveillé. Mais lorsqu'il croise le chemin du commandant Ricken, esthète nazi des plus pervers, qui prend plaisir à photographier l'horreur, le jeune homme comprend qu'il tient là un témoignage unique. A condition de parvenir à faire sortir les photos du camp... L'histoire vraie d'un témoin à charge du procès de Nuremberg, et de son combat pour l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (31) Voir plus Ajouter une critique
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Mauthausen, janvier 1941. Après avoir fui l'Espagne franquiste, s'être fait interné dans l'Ariège, transféré à Septfonds puis de nouveau interné au Fronstalag à Belfort puis au stalag de Fallingbostel, Francisco Boix, jeune communiste ayant fui Franco, et tout un groupe d'hommes espagnols se retrouve aux mains de la Wehrmacht puis des SS. C'est dans le camp de Mauthausen que tous ces prisonniers sont enfermés. Un camp de catégorie 3, réservé aux détenus "quasiment irrécupérables". Un camp d'extermination par le travail d'où personne ne devait sortir vivant. Désinfectés, rasés, déshumanisés, affublés d'un triangle bleu frappé d'un S blanc, ces matricules sont parqués dans des baraquements sans eau ni chauffage. Assignés à des tâches éreintantes, ces prisonniers tentent de survivre malgré les massacres, les suicides, les exécutions...


Inspiré d'une histoire vraie, cet album retrace dans les moindres détails le parcours ô combien glaçant et effrayant de François Boix, un communiste qui a fui l'Espagne et qui s'est retrouvé, comme bon nombre de ses concitoyens, enfermés dans les camps de Mauthausen. Là, résigné à ne pas taire le sort subi par ses co-détenus et, photographe travaillant pour le compte d'un certain Paul Ricken, haut dignitaire nazi expert en une forme d'art assez particulière (ériger la mort en art), il décide de voler les négatifs des photos des cadavres, parfois mis en scène, afin de les dévoiler au grand public une fois la guerre terminée. Mettant en péril sa vie et celle des autres prisonniers, n'hésitant pas à prendre de multiples risques, il fera tout pour dénoncer les horreurs, les maltraitances, les exécutions, les suicides maquillés... L'on ne peut que saluer le travail considérable des auteurs au vu des moult documents et photographies en fin d'album (pas moins d'une soixantaine de pages). Même si Salva Rubio a pris quelques libertés scénaristiques, il n'en reste pas moins que ce roman graphique est véritablement passionnant et nécessaire, bien que terrible et effroyable. le trait expressif et réaliste de Pedro J. Colombo ainsi que la palette de bleu d'Aintzane Landa nous plonge dans une ambiance glaciale et oppressante.
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« Les images violentes il faut les éviter ou il faut en parler. »
Trop tard, il faut que je vous en parle :
1- Quand j'étais ado, j'allais souvent me balader au cimetière du Père-Lachaise. Je passais inévitablement devant la stèle commémorative du camp d'extermination de Mauthausen représentant un escalier très pentu où un homme squelettique gravissait, une lourde pierre sur l'épaule, de très hautes marches. J'étais très impressionné, cette image est à jamais restée gravée dans mon intellect souple alors.
2- Adulte, j'ai eu l'opportunité, je ne dirais pas la chance, de me rendre à Mauthausen.
Dans la riante campagne autrichienne, la verrue sur le nez, se dressent ces murs sordides.
Dès l'entrée de ce camp particulièrement bien conservé, mon sang se glace sur l'austérité de ce granit où suintent encore la sueur et la douleur de milliers de déportés.
On a l'impression que le gris du ciel s'est abattu sur la barbarie.
3- Cette trilogie personnelle sur le sujet s'achève avec cet ouvrage émouvant qui traduit parfaitement en premier lieu cette atmosphère à la chromatique « binaire » très bien rendu par la coloriste Aintzaine Landa. Noir ou Blanc, Mort ou vif. le militaire vert de gris le dispute au gris-brun de la carrière de granit. du gris clair juste de l'existence au gris foncé de la souffrance extrême.
Francisco Boix, mort à 31 ans, héros malgré lui de cette histoire revit grâce à la dynamique du graphisme de Salva Rubio. Exercice difficile dans cet espace figé dans le désespoir.
Espagnol, Catalan, Communiste ; C'est trop. Trop pour les nazis, trop pour les franquistes, trop pour la France. Ce cumul l'expédiera comme des milliers d'autres en déportation…
Il est photographe, ce métier sera son sursis. Il va être dans l'obligation, par un esprit tordu, pour la propagande de mettre en scène la mort…La mort de ces pauvres bougres par pendaison, par électrocution, par chute.
Francisco, au risque de sa vie qui ne tient déjà plus à rien, va voler ces photos et les faire sortir du camp pour témoigner, pour faire savoir au monde…Pour que la guerre finie, les S.S. payent leurs actes de Himmler aux Kapos… Des procès s'ouvriront…
Le scénariste Pedro J.Colombo restitue parfaitement dans les bulles de ce roman graphique en deux parties la tension palpable, le malaise constant, l'horreur toujours présente. La partie « dossier historique » bien documenté, avec des images d'archives renseigne sur la fin de ces nazis sanguinaires et sur la destinée dramatique de ces déportés espagnols.
4- Je suis pourtant un grand fan de photos mais, en 2013 à Mauthausen vide, mes doigts restèrent figés sur le déclencheur. Je n'ai pas pu appuyer, comme il arrive, quand soumis à un sentiment trop fort il est impossible de déglutir. Scotché.
Maintenant, imaginez donc un instant faire une photo, une seule à Mauthausen en 1941 avec autour de vous des centaines de déportés décharnés…

Merci à la Masse critique et aux éditions Le Lombard pour cette découverte.

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C'est un coup de coeur, alors la critique est un peu longue car pour ce genre d'ouvrage, j'ai du mal à faire court !

C'est au départ une histoire vraie édifiante, celle d'un jeune photographe espagnol communiste, Francisco Boix, déporté au camp de Mauthausen en 1941, qui accomplit un des vols les plus spectaculaires du siècle dernier. C'est ensuite un roman graphique passionnant et bouleversant qui comble les lacunes de l'histoire par une scénarisation et un graphisme réalistes. C'est enfin un dossier historique remarquable, composés d'interventions de spécialistes, de photographies et d'explications de l'auteur Salva Rubio, scénariste, écrivain et historien.

« le Photographe de Mauthausen », c'est donc Francisco Boix qui va travailler au labo photo de Mauthausen, dans le service d'identification où les détenus étaient pris en photo à leur arrivée. Placé au service du nazi Paul Ricken, il découvre bien vite que le labo sert également à développer les photos personnelles des nazis mais aussi d'outil de propagande. Par propagande, entendez la mystification de scènes où l'on voit des détenus bien traités au sein du camp. Mais le pire n'est pas ici. Paul Ricken, reconnu plus tard comme un artiste dément et un mystificateur, avait une obsession pour la mort et sa mise en scène. Sa principale activité en tant que photographe était de travestir les meurtres des prisonniers en accident, en y apposant parfois sa touche artistique. Horrifié tout d'abord par ces photos, Francisco va bien vite prendre conscience de leur importance : elles sont de véritables témoins des atrocités commises au camp, elles sont des dépositaires de la vérité. Une idée folle lui vient alors : subtiliser des négatifs et les faire sortir du camp afin de prouver au monde entier que les nazis assassinaient et exterminaient en masse les prisonniers de guerre.

Cet ouvrage, exemplaire dans sa forme comme dans son fond, rend tout d'abord hommage à cet homme, Francisco Boix, et à travers lui à des milliers d'hommes et de femmes. J'ai découvert dans ce roman graphique ce que fut la déportation et le destin des rescapés espagnols républicains ; les souffrances qu'ils ont endurées avant, pendant et après la Seconde guerre mondiale.
Dès 1939, suite à la défaite de la guerre civile face à Franco, 500 000 Espagnols partent en exil. Pour ceux qui pensent trouver refuge en France, ce sont des camps de concentration qui les accueillent, avec des conditions de vie inhumaines, décrétées pire qu'à Mauthausen. Lorsque les soldats Espagnols enrôlés de force dans l'armée française ou les unités militarisées sont arrêtés par les Allemands, ils connaissent différents camps de prisonniers. A Mauthausen ils sont considérés comme des apatrides, car rejetés par leur pays. A la Libération, c'est la triple peine : d'une part, pour Francisco en particulier, l'ensemble des photos n'est finalement pas diffusé massivement dans les journaux, d'autre part le Parti Communiste considère les Républicains espagnols comme des traites car ils ont survécu ( !), enfin ils ne peuvent rentrer en Espagne comme tout autre rescapé car les Alliés refusent de renverser Franco, plus préoccupés par les prémices de la guerre froide.
Les Républicains espagnols, combattants de la première heure du fascisme, voient donc encore leur liberté bafouée de retour dans leur pays. Ou bien, pour échapper aux arrestations et autres brimades, ils renoncent à la perspective de retourner en Espagne. C'est une nouvelle fois l'exil : nouvelle culture, nouvelle langue…

« le photographe de Mauthausen », outre le destin des déportés espagnols républicains, est également un témoignage de ce que fut Mauthausen. Un camp de la mort où les prisonniers mouraient par épuisement dans la sinistre carrière de granit et son escalier de 186 marches, par les mauvais traitements et les assassinats. Des 9 328 Espagnols internés (pour ne parler que d'eux) dans les camps, 7 532 le furent à Mauthausen et 4 816 furent assassinés.
Pour terminer sur cet ouvrage que je considère comme un document historique remarquable, je reviens juste sur les fameux négatifs que Francisco, par son culot et sa ténacité, a réussi à sortir du camp. Des 20 000 négatifs sortis, 19 000 restent introuvables.
Francisco Boix finira sa vie à Paris où il fera carrière comme photographe. Il décède à 31 ans d'une maladie sans doute contractée au camp de Mauthausen.

Un ouvrage historique remarquable sur un homme, sur tout un peuple, sur une époque. Bravo à Salva Rubio.
A lire et à faire lire. Il y a encore tant à dire, alors lisez-le.

NB : une adaptation en film est actuellement disponible sur Netflix.
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S'il existe déjà de nombreuses bandes dessinées racontant l'horreur des camps de concentration nazis, la plupart des auteurs ont choisi de se focaliser sur le plus grand et le plus tristement célèbre d'entre eux : Auschwitz. Il en va autrement pour Salva Rubio et Pedro Colombo qui nous plongent ici dans l'enfer du camp de Mauthausen au côté d'un certain Francisco Boix. Né 1920 dans un quartier populaire de Barcelone, Francisco s'engage très tôt du côté des Républicains et se voit forcé de fuir l'Espagne lorsqu'ils seront finalement battus par les armées franquistes en 1939. Interné dans un camp de concentration une fois sur le territoire français, le jeune homme est contraint d'intégrer les compagnies de travailleurs étrangers avant d'être finalement capturé par les Nazis. Considérés dans un premier temps comme « prisonniers politiques », Francisco et ses compatriotes sont rapidement recatalogués par le régime nazi : les voilà désormais « Espagnols apatrides » et, de fait, transférés au camps de Mauthausen. Nous sommes au début de l'année 1941, et Francisco Boix y restera pendant quatre ans. Après avoir été mis au travail forcé, le jeune homme échappera à la mort en se faisant embaucher en tant qu'assistant photographe du SS Paul Ricken. Et c'est là que son histoire se distingue de celle de ses compagnons d'infortune, car les modèles du photographe ne sont rien d'autres que les cadavres des prisonniers morts de manière suspecte où ayant été tués pour avoir tenté de s'évader (il ne s'agissait en fait jamais d'évasion mais de mises en scène réalisées par les nazis pour maquiller l'assassinat des prisonniers). Très vite, Francisco comprend que ces photos relèvent d'une importance capitale pour la postérité : ils sont la preuve que les SS savaient parfaitement ce qu'ils faisaient, mais surtout ils sont le témoignage irréfutable du véritable enfer vécu par les détenus de Mauthausen. Déterminé à révéler ces clichés au reste du monde, le jeune homme et ses compagnons vont risquer leur vie pour subtiliser les photographies et les faire sortir du camp. Ce sont elles qui servent de base à l'ouvrage de Salva Rubio et Pedro Colombo qui retracent ici toute l'histoire de ce vol d'une témérité extraordinaire.

A l'aide des photographies de Francisco Boix, des témoignages des survivants et des écrits des historiens sur le sujet, les deux auteurs reviennent avec un luxe de détails insupportables sur les conditions de « vie » des prisonniers de Mauthausen. Sont évidemment évoqués les traitements et humiliations quotidiens réservés à tous les détenus : l'appel pendant lequel les prisonniers doivent attendre debout pendant des heures, les violences infligées par les capos, la faim, le froid, la maladie, l'absence d'hygiène, l'épuisement du au travail... Mais on découvre aussi à Mauthausen tout un autre pan de l'atrocité nazie. Construit suite à l'annexion de l'Autriche par l'Allemagne nazie, le camp est en effet le seul de catégorie III, c'est-à-dire soumis au régime le plus impitoyable et réservé aux prisonniers condamnés à être « exterminés par le travail ». le lecteur découvre ainsi avec horreur et hébétement l'existence du « mur des parachutistes », un à-pic du haut duquel les prisonniers se jetaient aussi souvent qu'ils étaient poussés, ou encore la carrière et son escalier de 186 marches que les prisonniers devaient gravir encore et encore jusqu'à ce qu'ils meurent d'épuisement ou sous les balles des nazis. Et puis il y a la mort qui peut tomber à tout moment au gré des humeurs et des lubies des SS, ou tout simplement par hasard. A certains, on demande d'ôter leurs vêtements par moins 20°C et de se coucher par terre jusqu'à ce qu'ils meurent de froid. A d'autres, on ordonne d'aller ramasser des fraises ou un objet jeté au loin, et puis on les fusille pour avoir tenté de s'échapper. D'autres encore ont dix minutes pour choisir entre se pendre eux-mêmes ou être battus à mort. Tout cela, Boix en est témoin, aide à le fixer sur la pellicule, et la vue de tous ces corps immortalisés dans des positions humiliantes ou de souffrances (que ce soit en dessin ou en photo) a de quoi donner la nausée. Les manières de mourir à Mauthausen sont légions et le parallèle qu'on ne peut s'empêcher de faire avec les photographies représentants des SS posant tout sourire pour leur famille ou leur petite amie est absolument révoltant.

L'ouvrage lève également le voile sur un certain nombre d'événements dont on entend trop peu parler dès lors qu'il est question de la Seconde guerre mondiale. le protagoniste étant espagnol, les auteurs insistent notamment sur le fait que les Alliés n'ont rien entrepris une fois l'Allemagne battue pour mettre fin à la dictature de Franco, laissant ainsi des milliers d'Espagnols apatrides. On l'oublie bien souvent, mais la lutte contre le fascisme menée par des hommes tels que Francisco Boix commença avant 1939 et se poursuivit bien après 1945 ! La bande dessinée met également en lumière un aspect bien peu reluisant de l'histoire française (dont j'ignorais personnellement tout) : les camps dressés coté français à la frontière avec l'Espagne et dans lesquels les opposants à Franco fuyant la dictature ont été enfermés dès 1939 dans des conditions jugées pires que celles des camps nazis (maltraitance, privation d'eau, de nourriture, d'assistance médicale...). Autre événement majeur mis en scène de manière un peu inhabituelle : le fameux procès de Nuremberg duquel ressort, certes, une volonté de la part des Alliés de punir les principaux responsables, mais aussi et surtout de tourner la page. le jeune Fransesco en fait ici la triste expérience : personne à l'époque ne veut entendre le détail des horreurs vécues par les survivants des camps. Ses photos n'ont alors d'intérêt pour les jurés que lorsqu'ils révèlent la complicité de tel ou tel nazi. Celles qui soulignent les traitements atroces subis, les meurtres, les tortures... toutes celles-là sont balayées d'un revers de main : circulez, y'a rien à voir ! Ces éléments sont évidemment abordés dans la bande dessinée, mais les deux auteurs nous permettent également d'y revenir en détail dans l'épais dossier historique (une cinquantaine de pages !) qui clôt l'ouvrage. Textes d'historiens de renom, précisions concernant ce qui relève de l'histoire et de la fiction, lexique, et surtout photographies : autant de mines de renseignement qui guident le lecteur après sa plongée éprouvante dans l'enfer de Mauthausen, et qui lui permettent de quitter le registre de l'émotion pour entrer pleinement dans l'analyse. Un mot, enfin, sur les graphismes qui tentent de coller au plus près à la réalité et qui se révèlent aussi agréables à l'oeil que possible compte tenu du sujet.

« Le photographe de Mauthausen » met en lumière un personnage et un épisode peu connu de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale et rend un vibrant hommage à tous ces Espagnols qui se sont battus contre le fascisme dans leur pays et dans le reste de l'Europe. Une bande dessinée habilement construite, bien illustrée et surtout remarquablement documentée qu'il serait dommage d'ignorer.
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Dans ce triste album et excellent documentaire qui raconte le passé douloureux, et toujours actuel de l'injustice fait par des monstres d'êtres humains sur des hommes, des femmes et des enfants qui ces derniers ont vécu la souffrance en étant enfermés et torturés alors qu'innocent ; ainsi que non aidé alors qu'il y avait des gens qui pouvaient les aider.


Le personnage principal est l'histoire vraie de Francisco Boix : un combattant espagnol qui a combattu durant la guerre civile d'Espagne (1936-1939) face aux Espagnols fascistes et de leurs alliés Allemands, Italiens, Marocains.
En se réfugiant en France, comme des milliers d'autres de ses camarades combattants et civils, la France les internes dans des camps, avec des conditions pire que les nazis feront, puis ils sont déportés en train à Mauthausen. Un long calvaire les attend, jusqu'à la libération sans se presser des Alliés (qui étaient au courant mais ce n'étaient pas leurs priorités.)
Pendant son internement dans ce camp fortifié fait de marbre car à côté il y avait une carrière, Francisco Boix a l'occasion d'occuper un poste privilégié en tant que photographe pour le service d'identification : Erkennungsdienst. Son job qui consistait officiellement à photographier l'identification des prisonniers à leur arriver au camp, à officieusement été de photographier les SS pour leurs propres comptes et leurs propagandes ainsi que des assassinats maquillés en suicides ou en tentatives de fuites.
En occupant ce poste Francisco à un moyen de subtiliser des preuves photographiques pour dénoncer ce qui se passe ici, mais il lui faut l'accord du parti malgré l'énorme risque qu'il prend et les autres ont peur qu'il soit découvert et que ça leur retombe tous dessus, surtout quand la fin de la guerre arrive et qu'il lui faut faire tête basse.


L'injustice par le déni est toujours d'actualités quand il y a la protection des bourreaux, par leurs supérieurs ou par des lois qui, ici , l'Allemagne recevaient des comptes rendus des gardiens qui avaient tués des prisonniers pour fausses tentatives d'évasion, dans le but de toucher des primes et ils « nièrent » cela face au tribunal comme toujours.
Ainsi que la protection par leur adversaires Alliés, qui une fois la guerre perdue pour l'Allemagne, les Américains les ont peut jugés, condamnés, et les ont majoritairement relâchés à la vie civile malgré leur grade de SS, et les preuves de leurs atrocités commises.
Sans oublier le déni des proches des victimes que ça soit familles ou amis qui ne voulaient pas entendre leurs souffrances, et donc ne pas compatir pour eux, leurs renvoyant la froideur au lieu de la chaleur, et au rejet au lieu d'être accepté. Cela a entrainé nombre de suicides.

On y voit l'obéissance à l'autorité en bien ou en mal (expérience de Milgram), que ça soit un chien qui pour faire plaisir à son sadique de maître SS, il va s'attaquer à des prisonniers innocents. Ainsi que des prisonniers qui certains de leurs mort par le travail, vont quand même faire ce travail-supplice. Car ce sont eux avant tout qui ont construit les camps dans lesquels ils se trouvent.
Ou qu'après la guerre Staline ne veut pas des prisonniers communistes qu'ont capturés les Allemands les condamnant ainsi par millions au goulag, à l'exil ou à la mort.

Il y aussi et surtout l'expérience de Rosenhan : D'être sain dans un lieu malsain.

Un album très bien dessiné, par Pedro J. Colombo, et coloré par Aintzane Landa et un scénario de Salva Rubio qui a voulu essayer de retracer au mieux la vérité oublié, caché, dénié sur le passé des apatrides Espagnols prisonniers, torturés, assassinés durant la Seconde Guerre mondiale ainsi que des autres qui ont partagé cette existence et cette fin et non fin. Cette non fin comme si la guerre n'avait jamais été gagnée, et de devoir continuer à vivre hanté, traumatisé par toutes ces monstruosités imposées et de savoir que les bourreaux, eux ont été innocentés, en bonne santés et n'ont pas de remords.

Une lecture pas évidente quand on est sensible.
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critiques presse (4)
Sceneario
18 octobre 2017
Travail d'une grande qualité et lecture d'une grande importance : cet album Le photographe de Mauthausen des éditions Le Lombard est un ouvrage nécessaire, un ouvrage à découvrir sans hésitation.
Lire la critique sur le site : Sceneario
BDZoom
12 octobre 2017
Un épais one-shot à haute teneur pédagogique : 100 planches emplies d’effrois et de sensibilités, renforcées d’un précieux dossier documentaire de 50 pages…
Lire la critique sur le site : BDZoom
BDGest
10 octobre 2017
Pour réaliser cet album, les auteurs ont effectué un imposant travail de recherche. En complément au livre, ils proposent un document d’une cinquantaine de pages témoignant du sérieux de leur démarche, mais surtout de ce qui s’est passé dans ce stalag autrichien.
Lire la critique sur le site : BDGest
BoDoi
02 octobre 2017
Malgré la mise en avant d’un oublié des livres d’Histoire, Le Photographe de Mauthausen demeure donc une BD médiocre et maladroite.
Lire la critique sur le site : BoDoi
Citations et extraits (40) Voir plus Ajouter une citation
Il est par moment difficile d'être à la fois historien et scénariste. L'historien insistera pour que seuls soient relatés les événements reposant strictement sur des faits réels et pouvant être confirmés par des différentes sources. Le scénariste souhaitera transformer des faits historiques plus ou moins connus en un récit de fiction, ce qui nécessitera dès lors un travail d'adaption, lequel exigera très souvent de combler, par l'imagination, les lacunes de l'histoire.

Ce tiraillement est d'autant plus complexe à gérer que les faits relatés abordent un thème aussi délicat que les rescapés des camps de concentration. Bien que les sources fiables ne manquent pas, une histoire comme celle que nous racontons dépend aussi, et même souvent de témoignages qui n'ont pas pu être vérifiés, de récits incomplets et de souvenirs vieux de plusieurs décennies, quoique fidèles à la réalité. Qui plus est, il a souvent été impossible de nous entretenir avec les rescapés en question ou, plus triste encore, ils ne sont plus là pour nous raconter leur histoire.

Quoiqu'il soit, Pedro, Aintzane et moi avons veillé à bien distinguer les deux processus. C'est pour cette même raison que vous pourrez retrouver, en fin d'album, un cahier explicatif revenant en détail sur un certain nombre de points, malheureusement bien réels. (p. 5)

Salva Rubio
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Des errements du monde où nous sommes, les réfugiés ne sont-ils pas devenus le meilleur point d'observation ? Affirmation, dans l'exode même, d'identités collectives appelant à une conscience humaniste sans frontières - qui se heurtent aux xénophobies et, à tout le moins, aux égoïsmes de citoyens installés. [...]
Si la condition de réfugié et les drames humains qui y sont attachés sont intemporels et universels, leur problématisation est moderne : aujourd'hui, bien plus encore que vers 1930, où l'idée de frontière n'était guère contestée, comment justifier le fait que la libre circulation proclamée de tout - la marchandise, l'information, et même les grands principes - soit refusée aux vivants ordinaires ?

[Daniel Simon, président de l'Amicale de Mauthausen, "Dossier historique"]
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p.165-6.
Des organisations telles qu’Amnesty International, Human Rigts Watch, le Conseil de l’Europe et les Nations Unies ont exigé du gouvernement espagnol qu’il enquête sur ces crimes et qu’il abroge la loi d’amnistie. En vain...

La raison est évidente : l’Espagne est devenue démocratique en 1978... à la condition qu’elle oublie son passé. En agissant de la sorte, l’Espagne est-elle une véritable démocratie ? Aujourd’hui encore, nombre de nos hommes politiques, de nos chefs d’entreprise, de nos prêtres, de nos juges et la monarchie sont les héritiers naturels ou spirituels de la loi d’obéissance de Franco : « Tout est lié et bien lié. »

Si tel n’était pas le cas, comment expliquer, d’une part, la tolérance envers ces crimes contre l’humanité et, d’autre part, le mépris à l’égard des victimes et de leurs familles ?
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Le parti communiste considère que les rescapés des camps sont des collabos.
Selon Staline, il était de notre devoir de mourir les armes à la main. Si on a survécu, c'est que nous sommes des traîtres.
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-La vérité, c'est ce qui s'est passé dans ces camps. Je ne vous apprend rien puisque vous y étiez!
-Oui, j'y étais et j'ai tout vu. Mais il y a une chose que vous n'avez pas encore comprise.
-Et quelle est cette chose, Madame Vaillant-Couturier.
Ils nous écouteront, mais...Ils ne comprendront probablement jamais.
-Pourquoi?
-Parce qu'aucun mot, aucune image ne peut faire comprendre aux gens ce qu'ils n'ont pas vécu.
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Vidéo de Salva Rubio
Après l'émigration causée par la guerre civile et la production de BD pour l'étranger par le biais d'agences sous le régime franquiste, on assiste depuis la fin du XXe siècle à un phénomène qui peut être considéré comme la troisième grande vague migratoire des auteurs espagnols vers les marchés étrangers, fondamentalement les marchés américains et francophones.
En utilisant différentes sources, tant françaises qu'espagnole (le site BDtheque.com et Bdoubliees.com, le groupe informel PIF, l'association ARC, etc.) l'auteur et chercheur en histoire de l'art Salva Rubio et Félix Lopèz, co-directeur de l'association Tebeosfera, on mené une étude quantitative et qualitative sur l'émigration des auteurs espagnols de bande dessinée en France.
Ils expliquent ici les moyens mis en oeuvre pour réaliser cette étude et en restituent une partie des résultats.
Cette intervention a eu lieu dans le cadre du 2e Symposium Tebeosfera, organisé à l'Institut Cervantes de Paris à l'occasion de l'édition espagnole du 13e SoBD. Organisation Félix Lopès. Interprétation David Rousseau.
+ Lire la suite
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