Quatrième opus des aventures du chat et de son maître le rabbin, on se promène dans le désert avec le Malka pendant que le rabbin est parti égorger des poulets.
Difficile de rédiger un commentaire quand on aborde un album d'une série déjà appréciée. J'ai juste envie de dire que celui-ci est à la hauteur des autres. Un mélange d'humour, d'ironie face aux religions, dans le dépaysement de l'Algérie de la première partie du XXe siècle.
Le dessin, c'est toujours un rabbin rebondi et le chat famélique. L'animal n'est vraiment pas beau avec sa face de rat, mais il a un grand pouvoir de réflexion, car il observe les choses de l'extérieur. Quant au Malka, c'est un homme aux yeux magnifiques, qui plait aux femmes et parcourt le monde tel un pèlerin, mais avec plus d'une ruse dans sa besace.
Une BD qui n'amène pas au paradis, mais une lecture qui réjouit l'esprit.
Commenter  J’apprécie         290
J'ai été un peu moins sensible à ce quatrième album du Chat du rabbin. Cependant les textes font toujours réfléchir, et les illustrations sont de le même qualité. Un bd qui tient la route.
Commenter  J’apprécie         270
Après un voyage à Paris, retour à l'exotisme du Maghreb, avec un épisode qui tourne autour du Malka, vieil homme, beau et sauvage toujours accompagné de son lion. Tel un Conte des Mille et Une Nuits avec une résonance troublante avec l'actualité du moment, le Paradis terrestre est un grand moment de lecture qui offre poésie, réflexion, connaissance et sagesse. Il faut prendre le temps de lire le Chat du Rabbin, c'est une lecture qui s'ouvre délicatement, qui se dévoile doucement face à notre vision du monde, les histoires semblent sans but, sans finalité, et pourtant on en ressort à chaque fois un peu changé, avec une vision du monde toujours un peu différente.
Commenter  J’apprécie         190
-Tu vas apprendre la guerre toute ta vie et tu ne seras jamais assez fort.
-On aura des fusils.
-Tes ennemis en auront plus.
-Tu auras passé des années à préparer une guerre, à t’endurcir ; et le jour où on viendra te tuer, tu mourras tout de même. Crois-moi, il vaut mieux employer ton temps dans l’étude.
-Vous voulez que je passe mon temps dans l’étude alors que ma vie est en danger ? Mais si on vient me tuer ?
-Raison de plus : avant de mourir, tu auras lu beaucoup de livres. Et avec un peu de chance, tu auras même eu le temps de les enseigner. Et je te souhaite d’avoir des élèves moins versatiles que les miens.
"- Si des gens nous tapent, la Torah interdit qu'on se défende ?
- Non. Jésus disais ça, mais ça n'est pas le rabbin que nous étudions le plus souvent.
- Dans ce cas maître, il faut montrer aux gens que c'est dangereux de s'en prendre aux Juifs. Il faut leur apprendre que si on nous attaque...
- Quoi ? Tu vas apprendre la guerre toute ta vie et tu ne seras jamais assez fort.
-On aura des fusils.
-Tes ennemis en auront plus.
-Tu auras passé des années à préparer une guerre, à t’endurcir ; et le jour où on viendra te tuer, tu mourras tout de même. Crois-moi, il vaut mieux employer ton temps dans l’étude.
-Vous voulez que je passe mon temps dans l’étude alors que ma vie est en danger ? Mais si on vient me tuer ?
-Raison de plus : avant de mourir, tu auras lu beaucoup de livres. Et avec un peu de chance, tu auras même eu le temps de les enseigner. Et je te souhaite d’avoir des élèves moins versatiles que les miens" (P. 50)
- C'est le maire d'Oran.
- Tu sais comment il s'est fait élire, cet animal ?
- En mettant son père au chômage.
Son père était vendeur d'eau. Parce qu'ici, à Oran, il n'y a jamais eu beaucoup d'eau potable.
Et l'autre, avec sa soutane, il s'est mis à raconter qu'il était sourcier.
Il allait partout avec sa baguette. Comme s'il était un magicien.
Il buvait le coup chez les catholiques et en douce, il leur disait que leurs malheurs, c'était la faute des juifs.
Il se faisait inviter à la table des arabes et d'un air de professeur, il leur disait que s'ils n'étaient pas bien considérés, c'était la faute des juifs.
Et évidemment, dès qu'il croisait des juifs, il leur expliquait que tous leurs soucis, c'était la faute des arabes.
Et à chacun de ses interlocuteurs, il promettait de trouver des sources d'eau potable, grâce à sa baguette.
Il a fini par être élu maire, et l'eau, on l'attend toujours.
- Si des gens nous tapent, la Torah interdit qu'on se défende ?
- Non. Jésus disais ça, mais ça n'est pas le rabbin que nous étudions le plus souvent.
- Dans ce cas maître, il faut montrer aux gens que c'est dangereux de s'en prendre aux Juifs. Il faut leur apprendre que si on nous attaque...
- Quoi ? Tu vas apprendre la guerre toute ta vie et tu ne seras jamais assez fort.
- Le lion, je lui ai proposé plein de fois de le mordre. Mais il n’est pas d’accord.
- Je te signale à toutes fins utiles que moi non plus, je ne suis pas d’accord pour que tu me mordes.
- Je m’en fiche de te mordre.
- Mais le lion ?
- C’est mon ami. Je lui proposais ça comme un service. Ma morsure, c’est un cadeau.
- Je ne comprends pas.
- Tu es trop jeune. Laisse-moi dormir.
FESTIVAL OH LES BEAUX JOURS ! 8e édition
Avec Hervé le Tellier et Kerwin Spire
Lecture par Emmanuel Noblet
Depuis l'an dernier, les grands entretiens du festival rendent aussi hommage à des écrivains disparus. Ainsi, Romain Gary, de son vrai nom Roman Kacew, né en 1914 à Vilnius, en Lituanie, décédé en 1980 à Paris, dont l'oeuvre immense continue de susciter l'admiration, et de faire l'objet de nombreuses adaptations et études.
La vie de Gary est en soi un roman : arrivé en France avec sa mère en 1928, il passe son adolescence à Nice, étudie le droit à Aix-en-Provence et s'engage dans l'Armée de l'air. Entré en résistance dès 1940, pilote de chasse pendant la Seconde Guerre mondiale, il est fait compagnon de la Libération et s'engage dans une carrière diplomatique, qui le mènera notamment à New York, puis à Los Angeles. Écrivain prolifique, ses romans seront marqués par les épisodes de sa vie, par un engagement humaniste contre les barbaries modernes, les injustices et les violences, entretenant une tension entre espoir et désespoir de voir l'homme céder à ses pulsions médiocres. Romain Gary est aussi à l'origine d'une des controverses les plus fascinantes de l'histoire de la littérature française, puisqu'il fut le double lauréat du Prix Goncourt, d'abord en 1956 pour "Les Racines du ciel" et ensuite en 1975, sous le pseudonyme d'Émile Ajar, pour "La Vie devant soi", révélant ainsi la dualité et le conflit identitaire qui le hantaient.
Pour évoquer cette figure, l'écrivain Hervé le Tellier, fervent admirateur de Gary, et Kerwin Spire, qui lui a consacré deux romans biographiques, sont réunis pour un exercice d'admiration. Images d'archives, extrait de film et interview réalisée pour l'occasion ponctuent cet entretien, au cours duquel on entend Romain Gary lui-même, avec sa voix charismatique, mais aussi Joann Sfar, autre grand admirateur, qui étudia à Nice dans le même lycée que Gary et l'a maintes fois dessiné.
Un grand entretien posthume pour découvrir ou redécouvrir l'oeuvre et la vie d'un des plus grands écrivains du XXe siècle.
À lire
- L'oeuvre de Romain Gary est disponible dans La Pléiade (deux tomes) et chez Folio/Gallimard.
- Kerwin Spire, "Monsieur Romain Gary. Consul général de France – 1919 Outpost Drive – Los Angeles 28, California", Folio, Gallimard, 2022.
- Kerwin Spire, "Monsieur Romain Gary, Écrivain-réalisateur – 108, rue du Bac – Paris, VII – Babylone 32-93", Gallimard, 2022.
- Hervé le Tellier, "Le Nom sur le mur", Gallimard, 2024.
Un grand entretien posthume animé par Alexandre Alajbegovic et enregistré en public le 23 mai 2024 au théâtre de la Criée, à Marseille, lors de la 8e édition du festival Oh les beaux jours !
Podcasts & replay sur http://ohlesbeauxjours.fr
#OhLesBeauxJours #OLBJ2024
+ Lire la suite