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Critiques les plus appréciées

Le silence des pélicans

Un nouveau plongeon dans mon pense-nouille m'a fait chuter sur ce polar jubilatoire qu'à ma grande honte, j'avais oublié.
Heureusement que mon ami Éric en a écrit un récent retour enthousiaste, lequel a fait remonter derechef les pélicans tout en haut de la tour.

Nous sommes à Montréal et l'inspecteur Bonneau ne sait pas encore qu'une grosse affaire va lui tomber sur les épaules.
Pour couronner le tout, on lui confie la lourde tâche de former un jeune assistant, tout frais émoulu de l'école de police, dans laquelle il s'est particulièrement distingué par son indiscipline.

Le duo de choc va faire des étincelles... pour le plus grand plaisir des lecteurs.

C'est le premier livre que je lis de cet auteur québecquois et honnêtement, trois heures après l'avoir refermé, j'en rigole encore.
Mais ne vous y trompez pas, si le duo d'enquiêteurs est désopilant, l'enquête par elle-même est très sérieuse et on la suit avec un grand intérêt.

La plume est fluide et agréable. Les expressions québecquoises ne m'ont pas déroutée parce que j'y suis habituée.
Elles sont néanmoins savoureuses et très compréhensibles.

J'ai hâte de suivre à nouveau les aventures de Bonneau et Lamouche (nom de famille Lamouche - Surnom La mouche, si, si.).

Amateurs de polars bourrés d'humour, ce bouquin est fait pour vous.

PS. : Je remercie ma Pamplemousse, ma Juju et mon Antonio, qui m'ont fait mettre ce bijou dans mon pense-nouille en premier lieu.
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La dernière comédie de Paolo Pinocchio

Nous avons un mélange du récit de Pinocchio avec l'histoire biblique du jardin d’Éden en passant également par la divine comédie de Dante. Il fallait le faire ! Evidemment, cela donne quelque chose d'assez original mais de si peu crédible.

Par moment, on vire dans un panachage d'un récit certes survitaminé mais qui part dans tous les sens. Il y a un grain de folie mais avec une telle inventivité et un panache qui force tout de même le respect. Le délire créatif est poussé ici à son paroxysme.

Je ne suis pas fan de ce qui est dans l'absurde mais je dois reconnaître certaines qualités dans ce combat de Dieu contre le Diable et le chaos. On assiste à une sorte de voyage initiatique aux allures bibliques. Il faudra un peu deviner le sens caché pour conserver une certaine cohérence.

Je n'ai pas plus accroché que cela mais je conseille quand même cette lecture au plus courageux des lecteurs. A noter que les poissons joueront un rôle non négligeable.

Le graphisme est par moment assez brouillon avec un éclat de couleurs qui confère à la surdose. Pour autant, il y a une audace de cases assez intéressante. Cela se lit très bien avec une parfaite fluidité pour peu qu'on comprenne quelque chose.

Au final, à découvrir mais à vos risques et périls. Au moins, je ne suis pas un menteur. Vérifiez mon nez !
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La Bête, tome 2

Nous revoilà dans la suite et fin de la version modernisée du Marsipulami vu par Zidrou. Houba, houba !

Le lectorat visé est bien la jeunesse actuelle mais également les nostalgiques de la BD franco-belge de l'époque Hergé tant les clins d’œil sont nombreux. N'oublions pas que ce reprise d'un vieux titre de Franquin reste un hommage appuyé à son auteur.

Au niveau du scénario, c'est plutôt une sorte de course poursuite tout le long de l'album avec un dénouement fort en émotion. Rien de vraiment exceptionnel malgré une longue mise en place du récit où l'auteur a prit son temps. Cela reste du convenu.

Evidemment, on pourra admirer un dessin de toute beauté de Frank Pé dans des décors de Bruxelles fidèlement reconstitué. L'époque choisie est un peu trouble car on revient de la Seconde Guerre Mondiale entre résistance et collaboration parfois horizontale. Le lynchage est encore dans tous les esprits, même ceux des gamins ayant parfois perdu un père au combat ou dans les camps de concentration...

On retiendra surtout la belle histoire d'amitié entre ce gamin un peu perdu et cette bête sauvage qui a été arraché à son environnement naturel. On verra également que la solidarité et le pardon finiront par l'emporter afin qu'on puisse un peu avancer. C'est beau dans le message véhiculé. Bref, c'est tendre comme du Zidrou.

En conclusion, une adaptation réussie d'un vieux titre remis au goût du jour.
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Ivo a mis les voiles

Ivo a mis les voiles dans le Brésil de la fin des années 80. On pourrait le comprendre mais on ne connaît pas vraiment ses motivations.

Un jeune homme qui apprend la mort d'Ivo va vouloir partir sur ses traces comme une sorte de pèlerinage pour lui rendre hommage. On se demande bien quels sont les liens qui unissent Pedro à Ivo car rien n'est vraiment dévoilé. Est-ce son fils ou bien son oncle comme il le prétend ?

C'est une sorte de road-movie pour Pedro qui va même rencontrer l'amour durant son périple à travers le Brésil qui est un très vaste pays.

La couverture est réellement magnifique. On ne pourra pas en dire autant du dessin qui ne semble pas être assez précis d'une case à l'autre même si le trait reste tout à fait convenable. On notera certaines irrégularités au niveau des décors comme par exemple la voiture qu'il conduit. Il faut être un fin observateur.

Par contre, on peut dire qu'il y a de la profondeur dans les personnages ce qui rend ce récit assez réaliste et parfois assez touchant. Et puis, il y a le Brésil qui est un véritable personnage à part dont on découvrira les différentes facettes que cache une certaine complexité.

Au final, un road-movie exotique qu'on peut suivre pour sortir un peu des sentiers battus. Il suffit de mettre les voiles.
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La Lèvre flâneuse de la mort

Cette lèvre flâneuse n'est pas porteuse de mort même si celle-ci est régulièrement évoquée au fil des différents poèmes de ce recueil, elle m'a paru porteuse de vie, d'amour, de désir tout donnant à la mort une dimension lyrique que les romantiques français lui faisaient bien souvent revêtir.

Deux saisons reviennent dans ces poèmes, automne et hiver, il est vrai qu'ils sont pour l'un les prémices de la future mort proche de la nature, pour l'autre le dépouillement du deuil des printemps et étés passés.

J'ai beau coup aimé les "yeux hypnotiques" de l'automne, ainsi que toutes les références à la présence ou à l'absence, aux ailes qui poussent pendant le sommeil, à ce "jour parfait pour mourir ou renaître".

La lumière dans, les lèvres tremblent, les secrets disparaissent et même la lune cette "frivole amante" vue telle par Théodore de Banville, est présente dans les poèmes de Camelia Monica Cornea.

"La mort est juste un poème
pour s'endormir, toujours en vie
il nous emmène dans le monde au-delà"

Quelle belle image poétique pour confondre vie et mort par la grâce du sommeil.

Merci Gabrielle pour cette très belle découverte.
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Prisonniers de la banquise

Il y a quelques rares grands mots dans ce texte que je trouve être néanmoins et pourtant ,d'un intérêt négligeable et qui consiste à livrer la mise en scène et l'histoire (brève) d'un aveuglement narcissique, qui est assez subliminal mais incontestable en ce qui concerne Roald Amundsen et son récit des événements.
Le texte est faussement comme la prise de parole d'un grand homme passionné et modeste ,en action .
Je crois que si on publiait le récit de l'expédition d'une famille nombreuse dans une grande surface un jour de blizzard,ce serait plus trépidant et surtout plus consistant ,surtout avec des cadies à la place des avions.
Amundsen à participé à de nombreuses "courses" autour des deux pôles qui sont de grandioses moments de voyages polaires en bateaux, en dirigeables ,en avions et un peu à pieds.
Il est mort dans le Grand Nord sur l'île aux ours. Son corps fût encore recherché il y a 18 ans à peine mais sans résultats.
Bref il fut une star, un héros norvégien qui tombait bien et à point, au moment où ce pays accédait juste à l'indépendance.
Ce livre est beaucoup de vent pour rien. Dans le Grand Nord voyez-vous il a des congères, ma chère !
Disons qu'il y avait incontestablement la matiere pour faire un récit didactique et vibrant et débordant de volonté et d'ingéniosité. Au lieu de cela nous avons un focus sur deux avions qui :Décoleront? Décoleront pas?
Sincèrement il y a à peine un contenu dans ce texte dont la lecture est pénible pour cette raison.
Mais c'est vrai que à l'époque, l'avion avait une aura merveilleuse nimbée de périls situés hauts dans le ciel et dans les rêves qui furent ceux de gens qui vivent à peine 25 ans après la fin du XIXe siècle.
Ps : L'introduction qui est consacré à Amundsen n'est pas inutile mais elle n'est pas très dense pour autant.
Cela dit, une recherche sur le nom Amundsen permet de se dégotter un lot de glaciales et réelles aventures, apte à rafraîchir les chaudes nuits de l'été.
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555

Le roman 555 d'Hélène Gestern plaira à tous les mélomanes amateurs ou avertis.
" De la musique avant toute chose" disait Verlaine dans son art poétique. Oui, la musique remplit les cœurs, émerveille et cristallise nos émotions.
Certains le ressentent dans l'adagio du concerto numéro 23 de Mozart comme moi, d'autres dans l'enchantement des sonates de Scarlatti.
555 pourrait ressembler à un code, en fait il s'agit des 555 sonates que Scarlatti a composé.
Hélène Gestern nous plonge dans un histoire qui s'apparente parfois à un thriller et l'on est conquis de bout en bout.
Une sonate " inédite" de Scarlatti met en émoi quatres personnages différents mais dont le dénominateur commun est la musique.
Hélène Gestern nous décrit à merveille les fêlures des âmes brisées par un événement ou un autre.
Une rupture, un amour de la musique, une vengeance diabolique .
On se laisse porter par l'histoire de ces hommes, de ces femmes pour qui la musique est une raison de vivre, une consolation, un modus Vivendi.
Il serait dommage d'en dire plus car l'intrigue est habilement ficelée et crédible mais la dévoiler serait une immense frustration pour un futur lecteur.

Aussi, je vous propose de découvrir à votre tour ce roman qui m'a beaucoup touchée.
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Féroces

Si vous trouvez votre vie pourrie, lisez ce livre et vous verrez que l'herbe est parfois beaucoup moins verte chez le voisin.
Si vous avez l'âme d'un thérapeute, allez vers ce récit, vous allez être servi.
Si vous avez un coup de déprime, abstenez-vous et tournez-vous plutôt vers un feel-good.

Cette lecture est une erreur, un mauvais choix de ma part fait sur la base du résumé de la 4e de couverture. Un résumé trompeur. Car dès les premières pages, je me suis demandée dans quoi je m'étais fourrée. C'était loin, très loin de l'idée que je m'étais faite. Un roman je pensais... J'aurais dû au moins regarder les étiquettes de la fiche du livre :(

Il s'agit d'un témoignage, celui de l'auteur, qui remonte le fil du temps jusqu'à un événement traumatique vécu à l'âge de 4 ans. Une fissure dans cette enfance qui aurait pu être dorée auprès de parents chics donnant soirées sur soirées où l'alcool coule à flot sans jamais tacher les jolies robes en soie. Une fissure énorme, irréparable, détruisant toutes les chances d'une vie paisible, normale, joyeuse pour ce petit garçon. Une brèche ouverte sur un ensemble de dommages collatéraux, à défaut d'avoir pu au moins en parler pour amorcer le chemin de la réparation et ne pas se sentir coupable. Une vie gâchée. Un séjour psychiatrique, des automutilations, une quête d'amour impossible... Une vie de spectateur, à regarder celle des autres, à regarder tout ce qui lui est inaccessible, tout ce qui a été perdu...

Le récit est fait d'une suite de souvenirs qui surviennent sans chronologie, conduisant le lecteur vers cet événement majeur, terrible. Cela semble couché sur le papier comme un jet de pensées, souvenirs, qui s'articulent jusqu'à ce point crucial de la mémoire de l'auteur. Comme sur un journal intime. Ou comme un entretien dans le cabinet d'un psychothérapeute.
C'est bien construit, bien écrit, sans victimisation. Le ton est mélancolique. Le fond est bouleversant.

Mais s'il y a des livres où l'on ne souhaite pas connaître le contenu afin de le découvrir soi-même (c'est le cas en particulier lorsqu'il y a une intrigue ou un fil conducteur), il y a ceux où il me paraît nécessaire d'avoir les informations essentielles afin de s'engager dans une lecture en connaissance de cause et pouvoir l'apprécier à sa juste valeur. Ce livre fait partie de cette deuxième catégorie pour la lectrice que je suis. Ce défaut d'informations m'a fait vivre une lecture malaisante, me donnant le sentiment de violer l'intimité très secrète de l'auteur, une intrusion dans son histoire et sa psyché. J'aurais aimé savoir avant de m'engager sur ce terrain, peut-être aurais-je davantage apprécié cette mise à nu.
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La Femme au renard bleu

La femme au renard bleu de Robyn Mundy nous transporte au Svalbard, dans la baie du Hornsund, Spitzberg du sud en 1932 pour la première saison de trappe de Wanny Woldstad.

Le Spitzberg, situé à quelques mille kilomètres du pôle nord, un univers minéral, une succession de fjords majestueux, un espace encore sauvage mais un territoire répertorié et occupé épisodiquement par l’homme comme en témoigne les croix pomores inscrites dans le paysage, vestiges des pionniers de l’exploration polaire, les plages blanchies d’ossements de belugas sur les lieux d’abattage du temps des baleiniers, et les ruines de l’exploitation minière de Calypsobyen après le cap de Bellsund plus contemporaines.

En partant sur les traces de Wanny Walstad, la première femme trappeur au Spitzberg, l’ univers arctique offre ses secrets et richesses alors que Robyn Mundy perce le coeur et l’âme de cette norvégienne qui a grandi au grand air proche de la nature sur l’île de Sammorøy à quelques encablures de Tromsø où toute l’histoire commence.

Tromsø « le Paris du Nord » comme l’appelle les Norvégiens, un lieu de villégiature pour la population aisée qui y côtoie des hommes bien décidés à affronter tous les dangers pour gagner leur vie, quelques mois de trappe loin de la civilisation dont les revenus permettront de financer la prochaine saison en contrepartie de plusieurs semaines d’isolement, de solitude et de liberté. Tromsø, le tremplin pour atteindre le Svalbard et surtout le Mack Ølhhalen, le repère des trappeurs, fabuleux conteurs de leurs périples mais aussi lieu idéal pour choisir un nouveau coéquipier pour les futures saisons de trappe. C’est devant ce café que Wanny Walstad, alors chauffeuse de taxi va tenter le sort et provoquer la rencontre avec le trappeur Anders Saedertal sur les conseils bien avisés d'Henry Rudi dont la réputation n'est plus à faire .

De son apprentissage à la maîtrise des gestes de la trappe, de la découverte à la connaissance du terrain, un territoire de 30 kilomètres de long à couvrir parsemé d’un réseau de cabanes dans des conditions météorologiques extrêmes, La femme au renard bleue, Wanny Woldstad, révèle ses émotions et sa sensibilité, un émerveillement sans cesse renouvelé face à la beauté et la force du paysage de ce monde glacé et dangereux habité par une faune et une flore adaptées.

Des prémices de la nuit polaire fin octobre au retour du soleil sur l’archipel vers la mi-février signalant l’arrivée prochaine du printemps, occupations humaines et présence animale évoluent en fonction des changements des conditions climatiques. Moyens de locomotion calqués sur la météo, marche, traîneau, ski, canot ... Départ et retour des oiseaux migrateurs, passage des ours polaires mais toujours compagnie des rennes et renards et des lagopèdes les seuls oiseaux à rester nicher l’hiver…Nuit polaire, aurores boréales, vêlage, une traversée de phénomènes naturels révélant la puissance et la force des éléments.

Une aventure arctique magique grâce à la construction originale du texte qui alterne au fil des semaines le regard de deux êtres vivants qui s’apprivoisent et s’initient chacun à leur manière au monde hostile qui les entoure et qu’ils découvrent presque simultanément: le renardeau et la femme au renard bleu. La réalité animale et la réalité humaine se confrontant pour survivre quelques mois au Spitzberg de l’automne au début de l’été avec la liberté et les limites d’un univers à explorer, à lire et décrypter afin que l’exploration ne tourne pas au cauchemar, tout les sens en alerte.

Une narration qui permet de cerner la psychologie de Wanny Woldstad grâce aux souvenirs qui la submergent lors de moments d’abattement, une vie avant la trappe, celle d’une épouse, d’une mère de deux enfants. Des sacrifices qui ne lui font pas regretter son choix de vie mais qui plutôt le confortent: en effet après cette première saison elle amènera ses enfants avec elle au Svalbard pour les initier à cette vie hors du commun où l’on ne peut compter que sur soi-même et peut-être sur ses chiens. La femme au renard bleu un des derniers épisodes de l’ère de la trappe avant que l’arrivée des fourrures synthétiques détrônent cette activité dans les régions polaires.

Robyn Mundy dresse le portrait d’une femme courageuse, déterminée et obstinée, fière et sensible, un petit bout de femme qui donne corps à son rêve en répondant à l’appel du grand large et des grands espaces pour vivre sans retenue cette aventure polaire. Une femme d’à peine quarante ans, indépendante, avant-gardiste, féministe avant l’heure. En partageant sa vie quotidienne, des préparatifs du départ jusqu’à son installation avec son coéquipier Anders Saedertal au Spitzberg, et son retour à Tromsø cette expédition devient la notre.

Robyn Mundy s’est inspirée de l’ouvrage de Wanny Woldstad (1893-1959), née Ivanna Margrethe Ingvardsen, « Første kvinne som fangstmann på Svalbard » (Première femme trappeuse à Svalbard), Tanum, 1956, et de plusieurs hivernages en Antarctique pour évoquer la vie de cette femme hors du commun dans des conditions météorologiques extrêmes et nous dépeindre des « paysages à la beauté féroce ».

Un grand voyage jusqu’aux confins du monde très sensoriel. Une exploration du Svalbard et des images du Spitzberg inoubliables: des ballets de fulmar dans les cieux, des plongeons arctiques pêchant dans les eaux, un ours traversant la baie du fjord prise par les glaces, des tapis de saxifrages jaunes mouchetés de roses par les touffes de silènes acaules, le mont Hansbreen scintillant sous la lune durant la nuit polaire…
Une ode aux grands espaces et à la vie sauvage. Mais aussi l’exemple d’une formidable adaptation de l’être humain à un milieu hostile.
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Les Byzantins

Les byzantins sont les romains et les empereurs de Byzance sont les héritiers de César et d'Auguste en droite ligne de succession politique
Jusque la disparition en 1453 de l'état byzantin les habitants de l'empire romain se pensaient vivants et les derniers grecs d'Istanbul en plein XXe siècle avant leur massacre et leur expulsion par les turcs, portaient toujours officiellement le nom de romains.
Au VIIIe siècle l'empire devient grec plus que romain gréco-latin.
Il traverse alors une période de perte et de solidification à la fois. C'est la perte des modestes restes italiens de l'empire et celle de toute l'Afrique. Par contre les armées impériale stoppent les invasions arabes et gardent la frontière avec la Perse solidement. Mais dès lors pendant deux siècles ,l'empire est sous pression continuellement.
Alors que au XIe siècle l'état présente des difficultés intérieures et que une longue lutte de survie s'engage ,l'état grec est sur la pente savonnée qui conduit à sa disparition et cette longue fin durera du XIe siècle au XVe siècle. L'empire se divisera se fractionnera et se reconstitura plusieurs fois et le pouvoir imperial et la légitimité politique glissera à plusieurs reprises de familles en territoires dont la superficie tendra progressivement à diminuer drastiquement.
Au XIVe siècle l'empire perd toute l'Asie sauf Byzance grâce à ses murs et grâce à son art militaire de siège très évolué.
Lorsque la ville de Constantin tombera, les lettrés de la Grèce fuiront en occident et beaucoup en Italie et ainsi ils rendront possible la renaissance italienne puis européenne.
L'empire et sa civilisation ne sont pas et de longue date au programme de l'enseignement historique (Lycée et Universités) en France.
Ce livre très agréable à lire permet donc de découvrir la religion, la civilation et l'histoire politique de l'empire romain qui dura donc du début de l'ère chrétienne jusque la toute fin du XVe siècle.
Byzance connu l'épanouissement d'une civilisation brillante ,très raffinée . Les querelles orientales des débuts du christianisme continuèrent d'y être créatives même si dissidentes et l'architecture (religieuse , militaire et génie civil),la peinture, l'architecture et la littérature, y ont atteint des sommets encore visibles et lisibles aujourd'hui.
D'une certaine façon cet état romain grec, c'est une grande partie de la profondeur historique de la civilisation des grecs et c'est aussi l'ancêtre de l'état grec contemporain avec sa langue contemporaine. La Grèce contemporaine garde vivement en mémoire la perte et le contenu de cet héritage séculaire.
C'est sur de grandes pages d'histoire que ce travail historique de qualité et toujours pertinent,renseigne au cours d'une lecture agréable et profitable pour sortir de l'oubli une grande partie de l'histoire européenne.
L'empire romain d'occident se survivra dans la construction politique qu'est le Saint Empire Romain Germanique depuis Charlemagne et l'Empire Romain d'Orient se sublimera lui, dans la constitution de l'Empire Russe, son héritier politique et religieux.
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La lionne, tome 1

Le synopsis de cette nouvelle trilogie antique : alors que la peste sévit à Rome au 1er siècle avant JC, une courtisane est accusée du meurtre du consul. Nous sommes entraînés dans les bas fond de Rome où la luxure règne en maître dans une atmosphère fébrile entre baiser, boire et mourir.

C'est beaucoup trop cru pour moi car la grâce n'existe pas et ce n'est pas vraiment au service du récit qui aurait pu s'en passer. C'est libidineux et névrosé à souhait ! Bref, il faut le vouloir et s’infliger ce dévergondage !

Par ailleurs, les dessins minimalistes ne contribuent pas à nous montrer de la beauté et de la sensualité. C'est un style graphique que je n'avais déjà pas trop apprécié dans « L'île au poulailler » de la même dessinatrice.

En point positif, l'album se dévore vite grâce à une narration et une mise en image efficace. Cela peut sans doute plaire aux amateurs du genre. En ce qui me concerne, ce n'est pas mon style bien que j'aime parfois sortir des sentiers battus.

En effet, cette œuvre est d'une réelle vulgarité sans nom même si le contexte est celui d'un univers en pleine décadence. Le souci vient également du scénario qui part dans tous les sens.

Perso, je préfère vous déconseiller ce titre qui n'est pas une bonne pioche. Cependant, les plus téméraires pourront sans doute le découvrir.
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Croc-Blanc

C'est parce que je voulais faire connaître « Croc-Blanc » de Jack London à mes fils que j'ai farfouillé parmi les nombreuses adaptations qui en découlent et sélectionné celles qui paraissaient les plus pertinentes et le mieux adaptées à leur âge. Parmi elles, ce petit album de Quelle Histoire avait l'air plutôt intéressant pour mon 7 ans. Mais c'est plutôt sereine que j'étais en le choisissant, car on a déjà eu affaire à cette série de livres plusieurs fois, notamment dans la collection des personnalités qui ont marqué l'Histoire, comme Simone Veil et Anne Frank qu'on a lu tout récemment et dont je vous parlerai sûrement bientôt (un jour ou l'autre) (ou pas). La collection « La Littérature racontée aux enfants », qui nous intéresse aujourd'hui, reprend des classiques en en faisant un résumé, dans l'optique de donner aux jeunes lecteurs l'envie de lire un jour l'œuvre originale. « Croc-Blanc » en fait partie et je dois dire que c'est plutôt une réussite.

Pour commencer, je vais parler de la forme. De petite taille avec une couverture souple, il est léger et facilement maniable pour des petites mains, et ne prend pas beaucoup de place dans une bibliothèque (et quand cette dernière est déjà archi pleine, ça compte énormément !). Il y a pas mal de texte (pages de gauche) mais pas trop non plus, c'est donc parfaitement adapté pour les premières lectures en autonomie. Le tout s'accompagne de jolies illustrations (pages de droite), très enfantines, et d'un petit explicatif et un jeu de mots croisés en fin d'ouvrage.

Côté fond, on dira que c'est succinct pour qui connaît bien l'histoire originale, mais suffisant pour permettre aux jeunes lecteurs de découvrir cette histoire avant l'âge. À chaque fois qu'on tourne une page, c'est une nouvelle étape dans le parcours de Croc-Blanc qui est racontée. Et les thèmes principaux de son histoire ne sont pas oubliés : le Wild et les conditions de vie difficiles, la cruauté des hommes, la loi du plus fort, la méfiance et la confiance, l'amour de Croc-Blanc pour son dernier maître.

C'est gentillet sans trop l'être, mignon et douloureux à la fois. Mon fils a été très touché par cette histoire, Croc-Blanc a d'ailleurs eu droit à de nombreux câlins tout au long de sa lecture. Et maintenant que le loup est devenu sa nouvelle fixette, il veut en adopter un... Vous me direz que ça prend toujours moins de place qu'un ours et que c'est sans doute plus facile à entretenir qu'un phoque (ces deux dernières fixettes) ... Enfin, quoiqu'il en soit, vous l'aurez compris, cette lecture ne l'a pas laissé indifférent.

À conseiller dès 6-7 ans, voire même avant si accompagné.
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Billy Summers

Stephen King dans un autre registre que le fantastique !!!… j’ai totalement adhéré.

Le pitch : Billy Summers, marine tireur d’élite retraité, s’est reconverti en tueur à gages. Bien décidé à tourner la page, il signe néanmoins pour une dernière mission…

Billy, c’est un pur, il ne tue que les méchants.
Quand on lui propose ce contrat, il sent un coup fourré et se garantit une porte de sortie.

Billy, c’est un pur, quand il voit Alice jetée d’une camionnette sur le trottoir de son repère par trois hommes hilares et fortement alocoolises, il la transporte chez lui et la soigne.
Il va la venger parce que les trois gars qui l’ont voilée sont des méchants.

Billy, c’est un pur, il demande à Bucky, son ami de se mettre à l’abri. Les méchants sont à ses trousses.

Mais Billy, c’est un malin et il va remonter le fil pour retrouver les commanditaires qui veulent lui faire la peau. Mais ne risque-t-il pas d’entraîner avec lui Alice et Bucky ?

Un roman où seuls les sentiments humains sont décrits avec beaucoup d’acuité. Les méchants sont fourbes et sans scrupules et les gentils doivent faire preuve de beaucoup d’ingéniosité pour se sortir des différents pièges tendus.

Une histoire qui nous tient en haleine durant toutes les pages. Beaucoup d’intensité et beaucoup d’émotion dans les derniers chapitres.

Ce nouveau visage de l’auteur, que j’avais rencontré dans la trilogie « Mr Mercedes », me plait beaucoup et j’espère qu’il saura vous séduire autant que moi.
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La pouponnière d'Himmler

La Pouponnière d'Himmler met en scène dans un lebensborn un prisonnier de Dachau qui vient y travailler, une adolescente française séduite pour un jeune soldat allemand de la Waffen SS dont elle attend un enfant, et une infirmière allemande qui comprend peu à peu dans quoi elle est engagée…

Je ne doute pas que l'auteure ait fait quelques recherches pour écrire son livre, qui reste néanmoins dans la catégorie de ceux dont on se demande pourquoi ils sont publiés car il n'apporte rien à ce qui a déjà été dit et écrit. Un roman — presque dans l'air du temps assez malsain qui, pour faire vendre, consiste à écrire des livres ayant pour « décor » les camps — que je n'aurais pas fini si ce n'était une lecture commune.
Mais ce n’est que mon avis bien sûr.
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Client mystère

Autrefois, il y avait des cireurs de chaussures, des porteuses de pain, et même dans certains pays d’Europe, des réveilleurs, petits métiers et situations précaires, qui permettaient de se nourrir et se loger souvent misérablement, ou fournissaient de quoi augmenter quelque peu les revenus d’une famille. Aujourd’hui la précarité n’a pas disparu, bien au contraire, le narrateur de client mystère nous en fait une magnifique démonstration, avec un paramètre non négligeable à ajouter : le stress engendré par le devoir d’efficacité, la déshumanisation du monde du travail, l’obligation de rendement.

Notre héros, victime d’un accident alors qu’il livrait une pizza, on constatera d’ailleurs ce que l’on soupçonne quand on croise des livreurs de repas, que pour être rentable, il faut foncer, braver les dangers et risquer sa vie pour gagner trois fois rien. C’est ce qui se passe pour notre livreur : nez dans le portable par temps de pluie, tête baissée pour gagner un bonus, il se fracasse l’épaule contre une voiture. Et adieu les livraisons de pizza, il n’existe plus pour la plateforme… Il trouvera mieux, du moins le croit il, car l’agence PMGT est là, il devient « client mystère », on lui confie des missions : contrôle des normes dans les commerces, respect du client, conformité des affichages… Les missions pleuvent, what else ?

Ce roman est un brillant exposé de ce que peut devenir le monde du travail, il est pourtant déjà bien inhumain si on considère les rapport entre les individus au sein de la hiérarchie, mais dans ce récit extrêmement bien documenté, on atteint des summums : on oublie complètement le côté humain, notre narrateur n’a donc pas à se poser de question sur le devenir d’un employé lambda, sur la pérennité d’un commerce, il répondra aux questions, sans état d’âme, quitte à y laisser son bien-être, son moral, sa considération pour ses pairs, il devra se déshumaniser pour pouvoir continuer.

La hiérarchie, parlons en : une jeune femme aussi embrigadée que son subalterne, en plus inhumain, et une application qui dicte les missions, merci les intelligences artificielles ! Le plus dérangeant et tragique, c’est que si l’on pense à notre petite vie confortable, on se rend compte que l’on encourage ces façons de procéder en ayant recours à bien des services qui sont entrés dans nos habitudes.

Le côté stress aliénation est très bien rendu : un rythme de narration effréné, un auteur qui jongle avec les anglicismes, la description des faits et gestes de ce héros qui vit dans l’urgence constante, tout cela aboutit à un roman très efficace qui mérite d’être lu par le plus grand nombre afin d’éveiller les consciences.

Un roman original qui devrait devenir une référence en ce qui concerne l’aliénation par le travail.
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Sauver le feu

« Pourtant, quelque chose en nous est indomptable et se rebelle, et même si cela contrarie notre raison, nous nous précipitons dans l'inconnu, le dangereux, le mortel. le bon sens nous dicte d'arrêter, mais c'est impossible : l'adrénaline nous fouette intérieurement. Peu importe que nous risquions de tout perdre, peu importe que nous mettions en péril notre vie et celle de nos êtres chers, peu importe que nous frôlions la mort, nous fonçons. »

Comme Marina Longines, héroïne tragique en proie au doute, à la peur et à une culpabilité mortifère, mais plus que tout aiguillonnée par l'amour fou qu'elle voue à José Cuauhtémoc, prisonnier condamné à une lourde peine, nous fonçons. Comme elle et malgré nous, et bien que notre raison nous intime le contraire, nous nous précipitons vers l'inconnu, le dangereux, le mortel. Fouettés par l'adrénaline qui sourd de ces pages bourrées de phéromones, fascinés par le feu qui crépite dans chacun des mots de chacune des phrases de ce livre incandescent, nous fonçons. Impossible de s'arrêter, encore moins de renoncer. Les yeux nous brûlent, notre coeur bat plus vite, nos entrailles palpitent, la vie pulse, sauvage et rude, authentique.
« Ce qu'il y a de plus vivant est en même temps ce qu'il y a de plus sauvage », affirmait Thoreau.
C'est aussi, sans aucun doute, l'intime conviction de l'auteur mexicain Guillermo Arriaga. Sauvage est son livre empli de testostérone, de sang, d'humeurs et de sexe, de désir et de rage. Sauvage est son personnage principal José Cuauhtémoc, un enfant de la rue très tôt confronté à l'extrême violence, victime d'un système injuste, raciste et inégalitaire mais assumant pleinement ses actes, même les plus atroces, comme brûler vif son propre père. Un personnage fascinant, aussi effrayant qu'attirant, maniant le verbe non pas en virtuose accompli mais en garçon déchaîné épris de liberté :
« Vous, la douleur vous anéantit quand vous perdez l'un des vôtres. Vous vous chiez dessus rien qu'à entendre le mot « mort ». Pas nous. Nous sommes libres. Sans peur. Pleins de rage. Libres. »
Avec son physique de viking aztèque, son regard de félin indomptable, « un de ces regards capables de traverser les crânes, les neurones, les secrets, les résistances » et sa plume torrentielle, le détenu envoûte et subjugue la belle Marina, chorégraphe venue présenter bénévolement sa dernière création à la maison d'arrêt Oriente. L'amour le plus improbable naît entre ces deux êtres aux trajectoires antagonistes qui jamais, n'auraient dû se croiser : un amour subversif qui dépasse les clivages sociaux les plus solidement ancrés, bouscule les préjugés les plus tenaces et défie la raison, un amour idéal et romantique, radical et libre s'incarnant dans une sexualité explosive et animale.

De cet amour intense éclos dans un lieu impossible, la prison, de cet amour privé d'avenir, menacé de toutes parts avec pour toile de fond la corruption, la guerre des drogues, le ressentiment et la haine, naît une histoire magnifique servie par une plume avançant à grandes foulées, comme obéissant à une urgence vitale. Une plume caméléon qui, épousant les situations et les personnages qu'elle incarne, use d'une palette extrêmement variée. Incroyablement inventive et truculente quand elle met en scène le « bizness », les cartels et toute la gamme des « narcos » avec leurs surnoms éloquents (« Durite », « Vermicelle », « Viandard », « Terminator », « Menotte », « Rolex »…); féroce et abrupte, allant à l'essentiel lorsqu'elle couche sur le papier les mots des détenus expectorant leur désespoir, leur haine et leur peine; introspective et comminatoire quand elle s'adresse au père mort, assassiné par un frère enragé voulant les venger d'une enfance marquée par la pauvreté et la maltraitance; attentive, enfin, hésitante et puissante, et tellement juste lorsqu'elle entre dans la tête de José Cuauhtémoc et surtout et avant tout, dans celle de Marina, le personnage véritablement au centre du livre, celui qui en est le coeur palpitant.

Leurs voix alternées qui se succèdent en léger différé, qui se répondent et s'enlacent dans une danse hypnotique sont l'une des grandes forces du livre. Car si elles font avancer le récit dans une construction habilement menée, elles témoignent avant tout du cheminement intérieur des deux amants, de leur cheminement l'un vers l'autre avec, pour Marina qui a tout à perdre contrairement à José Cuauhtémoc qui a déjà tout perdu, les doutes, les peurs, la culpabilité et la conviction partagée que la vie l'un sans l'autre est inconcevable, que leur histoire est inébranlable :
Lui : « Quand tu reviendras en prison, regarde autour de toi. Observe les murs, les tours, les barbelés. Tu verras qu'il n'y a pas d'issue. Mets-le-toi dans le crâne, je n'ai aucun endroit où aller à part toi. »
Elle : « Chaque vibration, chaque fibre de plaisir, chaque recoin exploré par la bouche, la langue, les doigts de José Cuauhtémoc m'amenait au noyau même de la vie, de MA vie. »
Qu'y a-t-il au bout du chemin? La mort? La folie? Ou bien la plus belle des rencontres? La rencontre avec soi, avec son Moi authentique qui, enfoui sous les couches de conditionnements sédimentées depuis l'enfance, palpite, authentique et libre? Et si la seule, la vraie liberté, c'était ça : se jeter dans le brasier?

« Car le secret d'un homme, ce n'est pas son complexe d'Oedipe ou d'infériorité, c'est la limite même de sa liberté, c'est son pouvoir de résistance aux supplices et à la mort. »
Jean-Paul Sartre

Il me reste à remercier, ô combien, Chrystele dont le fabuleux billet m'a réveillée. Je me suis souvenue que j'avais Sauver le feu qui mijotait quelque part, un peu oublié. Le fidèle complice de mes lectures, Bernard (@Berni_29) a accepté d'en être. Qu'il en soit remercié une fois encore.
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L'ours qui ne voulait pas danser

C'est parce que nous avions adoré « Le royaume de Kensuké » que nous nous sommes penchés sur la bibliographie de Michael Morpurgo, plutôt conséquente. Rien que dans notre réseau de bibliothèques, il doit y avoir une bonne vingtaine de ses livres. Sans doute influencé par « L'Ours » (le film de Jean-Jacques Annaud), vu récemment, le fiston a d'abord jeté son dévolu sur « L'ours qui ne voulait pas danser », apparemment pas le livre le plus connu de l'auteur.

C'est dans un petit village isolé, au cœur de la montagne, que se déroulent les événements et c'est l'instituteur de ce village qui prête sa voix pour nous raconter l'histoire de Roxanne et de son ours. Elle a 7 ans lorsqu'elle trouve un ourson, qu'elle adopte en suivant et qu'elle appelle Bruno. Tous deux se lient très vite et deviennent inséparables. Bruno est un peu la mascotte du village et attire les touristes. Et il a beau grandir et devenir impressionnant, faire un peu peur de temps à autre également, il est un habitant à part entière dans ce village où les jours coulent paisiblement. Mais lorsqu'une équipe de tournage s'y installe pour quelques jours seulement, c'est la relation entre Roxanne et son ours qui en pâtira à jamais...

Ce petit roman d'à peine 80 pages, sans chapitres, se lit très très vite mais plaisamment. L'auteur a vraiment une belle écriture, qui coule toute seule, très douce.

L'idée de départ était appétente et la première grosse moitié de l'histoire est plutôt bien captivante. Elle prend un tournant que ni le fiston ni moi avons vu venir et qui nous a de plus en plus déçus au fur et à mesure qu'on s'approchait du dénouement. Mon fils n'a pas du tout aimé la fin, moi non plus. On était à fond dedans, le soufflé est tombé d'un coup. Quel dommage ! C'était si bien parti pourtant...

Cette histoire a néanmoins du potentiel. Elle est bien écrite déjà, mais là je me répète. La relation entre l'enfant et l'animal est touchante. L'ambiance montagnarde et solitaire est également bien dépeinte. L'histoire touche à des sujets qui parlent, comme le respect envers les animaux, l'appât du gain, le besoin de voler de ses propres ailes, la célébrité qui fait oublier d'où l'on vient, ou encore les choix de vie.

On n'a pas apprécié le choix de Roxanne, même si en y réfléchissant, il faut bien admettre que c'est typiquement humain... C'est un petit raté cette fois-ci, on se rattrapera sur le prochain (« Cheval de guerre » normalement).
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Haute démolition

Il y a une blague que j'ai l'impression d'avoir souvent vu passer dans les milieux littéraires : si vous hésitez entre écrire à la 3e personne du passé ou à la 1e personne du présent... optez pour la 2e personne du futur !

J'ignore si cette blague est devenue un vrai challenge d'écrivain·e, mais j'ai bien l'impression d'avoir rencontré plusieurs fois cette fameuse narration à la 2e personne du futur... parfois utilisée de manière très habile, comme ici, dans Haute démolition. Un jeune humoriste, Raph, rencontre lors d'une soirée une fille qui lui plaît, Laurie, laquelle lui dévoile (au "tu" et au futur donc) l'avenir qui l'attend s'iels commencent une relation.

C'est le point de départ d'une critique féroce du milieu de l'humour québécois, où règnent les faux-semblants, les coups bas et les jeux de pouvoir (pour le dire gentiment). Une critique sans doute transposable à d'autres milieux et à d'autres contextes que celui du Québec... L'auteur est toujours très incisif dans ses écrits, sans tomber dans la complaisance ni dans la facilité.

Et la narration à la 2e personne du futur dans tout ça? Eh bien, à la lecture, on réalise que quelque chose cloche : on ne sait quasiment rien de la narratrice, qui parle pourtant au "je", alors qu'on saura tout des moindres états d'âme de son copain (puis ex-copain), désigné au "tu". Une belle manière de montrer l'égocentrisme de Raph et son manque d'empathie envers sa compagne, qui aurait peut-être paru moins flagrant avec une narration plus classique.

Brillant !
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Et chaque fois, mourir un peu, tome 1 : Blast

Quelle déception ce nouveau Giebel !
Je l’attendais tellement après mon gros coup de coeur pour Glen affric.

Malheureusement, l’écrivaine s’est mutée en reporteur de guerre, piètre journaliste qui s’enlise à n’en plus finir dans toutes les guerres et génocides derniers sans nul intérêt romancier.

Fini le gore, le sordide et la surenchère de scènes immondes comme l’use et abuse si bien l’auteure. Dans ce premier livre, nous suivons Gregory infirmier humanitaire dans ses missions à travers le globe. Ces chapitres m’ont profondément ennuyée car ils manquent cruellement de panache littéraire. Puis ce Gregory malgré toute sa bravoure m’a semblé tellement peu crédible a se jeter corps et âme dans la guerre délaissant les siens en France. Il en paiera le prix une première fois. Puis une seconde avec ce fils arraché de l’enfer Tchétchène traumatisé à vie probablement. C’est encore insuffisant pour Gregory qui ne vit que pour l’adrénaline et sauver le plus de vie possible. Mais à quel prix ? Jamais il ne se demande pourquoi sauver des vies qui n’oublieront jamais et mourront probablement plus tard, des rescapés traumatisés dans leur corps ou leur tête. Suivre en filigrane l’évolution d’Anton, son fils me fait me poser ces questions.

Ce livre à mon sens manque cruellement de sentiments. La seconde femme de Gregory n’a que très peu de place dans cette histoire où l’on voit défiler des centaines de personnages d’ailleurs qui ne marquent pas tant ils ne font que passer.
Le style copié-collé d’articles de journaux est flagrant sans que je parvienne à comprendre l’intérêt de l’auteure si ce n’est à nous remettre en mémoire les dernières guerres passées.

Je ne retrouvais qu’un peu de confort de lecture lorsque Gregory retournait en France près des siens. Anton est un personnage intéressant qui aurait mérité plus de place dans ce premier livre beaucoup trop long à mon goût. Et dire qu’il y en a un deuxième en automne.

Grosse déception pour ce Et chaque fois mourir un peu qui manque cruellement de sentiments, de profondeur et d’une ligne conductrice intrigante bien ficelée. C’est plat beaucoup trop lisse et impersonnel pour moi.
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Continuez sans moi

En passant devant le cimetière de Perpignan, Jean-Michel arrête sa voiture.
Est-ce le hasard qui l'a conduit ici ou un besoin inconscient ?
Ce n'était pas la première fois qu'il passait à proximité et pourtant il n'avait pas franchi les portes depuis plusieurs décennies.
Le lieu lui est néanmoins familier, il n'a aucun mal à retrouver l'emplacement. Sur la stèle funéraire figurent les deux noms de famille de ses grands-parents maternels. Une intruse porte un nom différent Florence Mestre 1955-1984, la soeur de Jean-Michel plus âgée que lui, de quatorze mois. Dans la soudaineté et l'effarement devant cette disparition subite, son père avait demandé à son beau-frère et à sa belle-soeur, la permission d'inhumer le corps dans leur tombeau, ne serait-ce que provisoirement.

Quarante après, les choses sont restées en l'état, il faut dire que le choc a été rude. Pourquoi a-t-elle fait cela ? comme si elle avait dit continuez sans moi, elle ne se plaisait pas avec nous ? Un mélange singulier de tristesse, d'amertume, de honte, de remords, Jean-Michel a « glyphosater » les souvenirs qui le reliaient à sa soeur Flo.
A l'âge mûr, Jean-Michel est âgé aujourd'hui de 68 ans, est-ce son esprit d'archéologue, profession qu'il aurait aimé exercer, qui lui souffle l'envie de faire renaître les souvenirs de Flo? Très proche de lui, très complice, puisque seulement séparés de quelques mois, une presque jumelle.

Sans pathos, ni complaisance, Jean-Michel Mestres, nous esquisse les réminiscences de leur jeunesse. Une mère partie bien trop tôt, un père un peu dépassé soumis à la loi de sa nouvelle compagne, mal acceptée des enfants. Les notes plus gaies des vacances chez les grands-parents dans la région de Perpignan. Il ressort tous les supports disponibles, photos, lettres, disques pour essayer de sortir des brumes ses pensées.

Dans ce roman autobiographique « Continuez sans moi », Jean-Michel Mestres nous plonge dans son intime et dresse un constat teinté d'aigreur sur sa lâcheté du moment et son manque de discernement. Pourquoi est-il parti avec sa compagne Hamama chez une amie, ce fameux week-end, sentant pourtant Flo un peu dépressive et isolée ?

Qu'elles étaient les pensées de Flo au moment du passage à l'acte ? :
Il est cinq heures
Et j'erre dans les rues vides
Des pensées emplissent ma tête
Mais là encore
Personne ne me parle
Mon esprit me ramène
Aux années que j'ai laissées passer.
It's five o'clock, Aphrodite's child (Demis Roussos), 1969

Vraiment un bon livre qui nous force à réagir sur une telle situation, les autres, comment se comportent-ils, eux, devant le suicide d'un proche et nous-même aurions-nous su trouver une parade au mal-être de cet être cher ?

Au-delà, c'est une réflexion sur la mort de nos proches, la conservation de souvenirs, de leur image, de leur singularité contre l'effet érosif du temps, même s'ils restent, à jamais, une partie de nous comme un membre amputé.

Sortie du livre le 6 juin prochain

Mes remerciements à l'agence littéraire Trames et aux Editions la Manufacture de livres.

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