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Critiques les plus appréciées

La Double Vie de Dina Miller

Je découvre l’auteur a travers ce roman, totalement époustouflant bluffant captivant. Je viens de prendre une véritable claque, j’en reste encore bouche bée. Tout est excellent, aucune fausse note, un livre qui se dévore, pas le temps de se délecter ,le mot fin apparait rapidement , ce mot frustrant, que nous ne pouvons pas faire abstraction. Mais comme on dit “ Tout à une fin”. Une thématique, excellente, bien ficelée entrainant une lecture et une écriture fluide. Une histoire menée tambour battant , multiples rebondissements, une intrigue et un suspens palpitants, envoutants. L’auteur m’a immergé dans son monde dés les premiers mots, jusqu'au final explosif , à la hauteur du roman. Un livre qui est difficile à chroniquer pour moi tout est dans l’ excellence. Je vais de ce pas vous entrainer dans l’histoire de Dina, qui dégage une empathie extrême. Nous sommes dans les années 1960 dans une ville retirée Huntsville, en Alabama un lieu militaire ,un centre de la NASA, ayant pour but, être les premiers à envoyer les hommes dans l’espace. Pour mener à bien, cet exploit. IIs ont fait rentrer dans le pays des nazis pour les aider, dans cette expérience. Fiction ou réalité là est la question? Dina ,agent infiltré du Mossad, à pour rôle de traquer ces Nazies ,pour les faire juger pour les crimes atroces qu’ils ont commis durant la seconde guerre mondiale. Dina s’installe trouve un travail et fait tout son possible pour rentrer dans le cercle fermé, des femmes de ces monstres . Arrivera t’elle à mener à bien cette mission? Je m’arrête là , de peur de trop spoiler l’histoire. Un énorme, énorme, énorme coup de cœur. Un roman addictif, captivant un roman que l’on dévore, une pépite .A lire de toute urgence
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Maître des djinns

Quel plaisir de replonger dans cette Égypte alternative de 1912 !
Le roman Maître des Djinns est en quelque sorte la troisième histoire que nous livre Phenderson Djeli Clark dans ce monde parallèle.
Il y avait dans l’ordre l’étrange affaire du djinn du Caire, nouvelle issu du livre Les tambours du dieu noir, puis Le mystère du tramway hanté. Ces deux nouvelles, excellentes au demeurant, plantaient déjà le décor.
50 ans plus tôt, al-Jahiz, un puissant mystique a ouvert un porte qui a permis aux créatures magiques de se répandre dans notre monde. Si tous les pays en ont subi ou profité des conséquences, c’est en Égypte, que cela a pris le plus d’importance avec l’arrivée entre autres des djinns. Leur aide précieuse, leur sens de la magie et de la mécanique surnaturelle ont fait de l’Égypte un pays moderne à la mode steampunk-gaslamp et quasiment la première puissance du monde.
Or, al-Jahiz semble être revenu. Il a organisé le massacre d’une vingtaine de personnes appartenant à une secte à sa gloire et manœuvre plus ou moins ouvertement pour soulever la population du Caire contre le régime. Avec son pouvoir magique, il apparaît de plus en plus puissant. Mais est-ce bien al-Jahiz ou un imposteur qui se fait passer pour lui ?
L’enquêtrice Fatma el-Sha'arawi, héroïne de l’étrange affaire du djinn du Caire est chargée des investigations. Elle est aidée malgré elle par la jeune débutante Hadia mais aussi par son amante, la fougueuse Siri, aux capacités hors du commun.
L’intrigue prend toutefois une dimension internationale quand un congrès pour sauver la paix en Europe doit se tenir au Caire et que ce al-Jahiz de malheur semble vouloir faire de ses participants des cibles potentielles. Le temps est compté pour Fatma et ses partenaires.
Le passage au format du roman (plus de 460 pages) permet à l’auteur de développer le monde crée dans les nouvelles précédentes. On est réellement immergé dans cette ville du Caire grouillante de vie, de saveurs, de parfums, de cultures et de croyances différentes entremêlés. Et comme cette immersion se fait par petites touches, sans jamais nuire à l’enquête et à l’action, on y prend vraiment un plaisir jubilatoire.
L’intrigue policière en elle-même n’est pas follement originale. On a droit aux fausses pistes habituelles, à son lot de surprise, de déception, de découragement parfois, mais elle reste de qualité.
La résolution et la compréhension du pouvoir de l’ennemi, la découverte de son identité dans le dernier tiers du livre est toutefois particulièrement maîtrisée. Avec une mention pour le passage dans le domaine des anges et pour le rôle primordial des livres.
Les personnages sont une nouvelle fois soignés par l’auteur. Fatma, notamment, avec ses tenues excentriques (pour cette Égypte uchronique mais aussi je pense pour nous). Sa psychologie évolue en même temps que l’enquête et la résolution de cette dernière ne pourra se faire que par une prise en compte de ses propres démons intérieurs.
On remarquera encore une fois chez cet auteur, que les personnages principaux, ceux qui font avancer l’action, ceux qui réfléchissent à la résolution de l’énigme sont tous des femmes. Ce qui dans cette Égypte de 1912, même modernisée par la magie est tout de même une gageure.
Le style de l’auteur est vif et dynamique. L’humour est un peu (beaucoup !) moins présent que dans les nouvelles, mais reste tout de même un des atouts du livre, même s’il est plus léger et plus diffus. Les scènes d’action, de combats et de poursuite sont disséminés tout au long de l’histoire et apportent son lot d’émotions fortes et de suspense. L’utilisation de la magie dans ces moments là, très bien décrite permet d’en démultiplier les effets.
Un très bon roman mélangeant polar, magie orientale et uchronie dans une Égypte fantasmée parfaitement construite, au milieu des djinns et des pouvoirs surnaturels.
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La drôle de guerre de papi et Lucien, tome 3 :..

Reçu dans le cadre d’une mass critique, cette sympathique BD permet de faire connaître l’histoire de la Seconde Guerre mondiale aux jeunes et aux moins jeunes avec humour et légèreté.
Fabrice Erre, le scénariste est aussi professeur d’histoire et cela se voit. Les aventures de Papi et Lucien ont beau être totalement rocambolesques, le fond historique est lui plutôt rigoureux.
Janvier 1942. L’or de la France a été transféré à Dakar, au Sénégal, alors colonie française . Or Dakar est dans le camp de Vichy contre de Gaulle. Les Allemands étant fortement tentés de s’emparer de cet or pour financer leur guerre, la France libre envisage un casse monumental pour le ramener à Londres.
N’ayant plus d’hommes sous la main, la mission est confié à Papi Marcel et à Lucien son petits fils dont c’est la troisième aventure. Ils se retrouvent face à leur ennemi récurrent le leutnant Helmut H, nazi fanatique mais bête comme ses pieds (et ce n’est pas gentil pour ses pieds !).
L’opération comprend évidemment son lot de surprise. Mais voilà le jeune futé et son papi à devoir traverser le Sahel et le Sahara pour se rendre en Égypte. En chemin ils sont confrontés à la guerre du désert vu du côté de la France libre, traversant Tombouctou, rencontrant le général Leclerc à Koufra, le général Koenig à Bir Hakeim et se retrouvant face au général Rommel.
Ils utilisent aussi une citroën, vestige de la croisière noire, et croisent sur leur route le célèbre arbre du Ténéré.
L’histoire est très agréable à lire et se double de référence plus ou moins explicite à d’autres œuvres, comme Indiana Jones ou Tintin. Il est à noter aussi des passages très drôle (page 11 par exemple) permettant de façon simple et efficace de combattre les clichés racistes nazis, à la portée des enfants à qui est destiné en particulier cet album.
Toutefois, quand on commence à atteindre un âge vénérable, on apprécie aussi ce style d’histoire qui rappelle les BD de notre enfance. De l’aventure, de l’action, de l’exotisme, des références historiques et beaucoup d’humour.
Les dessins de Téhem sont à l’avenant et conviennent parfaitement à l’histoire. Il est léger, il est très expressif et participent à la bonne humeur que l’on ressent à la lecture.
A recommander si vous voulez initier des jeunes écoliers ou même des collégiens à la BD et à l’histoire.
Mais ce côté dédramatisé de la Seconde Guerre mondiale devrait plaire aussi à tous ceux qui aiment les Bandes dessinées humoristiques et légères, un peu naïves mais très agréables à lire.
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La Main gauche de la nuit

J'ai adoré...

... terminer ce livre et le refermer définitivement. Alors, oui, je sais, je sais, ce livre jouit d'un capital d'estime important, très important. Plusieurs personnes que j'apprécie beaucoup m'en ont fait grand cas et me l'ont vendu au prix fort, prétextant de la qualité, de l'originalité et de tout un tas d'autres choses, d'où le fait que je m'y plonge.

Mais voilà, les faits sont têtus et les sensations aussi. On a beau me dire qu'un parfum sent très bon, si je ne l'aime pas, je ne l'aime pas, un point c'est tout. D'autres l'aiment, très certainement, mais moi pas. Eh bien c'est un peu ça avec La Main gauche de la nuit.

Bien sûr j'aurais pu vous jouer le coup de la main gauche de l'ennui, mais j'ai déjà usé la formule avec le bouquin de Delphine de Vigan. J'avais aussi en tête le titre d'un vieux film avec Paul Newman , incarnant le personnage de Luke, un gars qui foire à peu près tout ce qu'il touche. Mais non, je vais essayer de me borner à vous restituer très exactement le POURQUOI ? je ne l'aime pas.

Première carence pour que j'apprécie ce roman, le manque d'empathie vis-à-vis des deux personnages principaux (les autres je n'en parle même pas, tant ils sont insignifiants). Rien, zéro, nada, empathogramme plat de bout en bout, qu'il pleuve, qu'il vente, qu'il neige, qu'ils souffrent, qu'ils geignent, qu'ils crèvent, je m'en fous éperdument car je ne ressens rien pour eux, ou disons, pour être précise, à peu près autant que pour chacun des insectes qui périssent éclatés sur mon pare-brise ou mon pare-choc lorsque je fais de la route.

C'est un problème, vous admettrez. L'art du roman, c'est l'art de nous faire nous glisser dans la peau des personnages, de vivre, de ressentir, de vibrer, de palpiter avec eux, et là, bah... guère plus qu'une mue de serpent abandonnée sur le bas côté. Il y a donc un certain Genly Aï (oui, aïe, en effet), émissaire d'un certain groupement de planètes ou de système, l'Ekumen, genre de gros amas fourre-tout vis-à-vis duquel l'usine à gaz de l'union européenne fait figure de haute limpidité.

Ce Genly Aï, donc, que les naturels de Gethen n'arrivent pas à prononcer autrement que Genry Aï, se pose un beau matin sur le territoire de la Karhaïde, royaume voisin de la commensalité d'Orgoreyn, deux des principales entités politiques de Gethen.

Vous voyez, je vous ai juste dit que Trucmuche se pose sur la planète Bidule et je vous ai déjà saoulé avec des tas de noms à la con, qui n'évoquent rien. Eh bien voici très exactement le deuxième gros problème en ce qui me concerne pour espérer ne serait-ce qu'une once d'adhésion à la recette romanesque.

L'auteure multiplie les noms barbares complètement creux, qui ne font, toujours selon moi, qu'éloigner le lecteur de l'histoire et du propos. C'est-à-peu près aussi intéressant à lire, pour moi, qu'un rapport médical de radiologue, qui vous explique que le valgus dysphasique de la plèvre du condyle externe se contracte au contact de l'épiphyse nodulaire tétra-ionique interne.

Vous trouvez que j'exagère ? Okay, des exemples. J'ouvre mon livre au hasard, je tombe page 161 de mon édition (on est au chapitre 11, à peu près au milieu du livre) : " Odgetheny Susmy " (ça c'est juste pour vous donner la date dans le journal d'Estraven, le second protagoniste important), " j'allais entrer en kemma le jour de Pothe ou de Tormenbod ". Vous voyez le genre ? Qu'est-ce que ça m'ennuie ce procédé, quelle inappétence cela développe, pour ne pas parler de rejet total.

Troisième point d'affliction, le rythme. C'est lent, lent, très, très lent. Un duel de limaces à la course, ça doit avoir quelque chose de plus intense et de plus captivant, je trouve. On se fait ch... euh, JE m'y fais ch... euh, non, c'est grossier, excusez-moi, je m'y endors, voulais-je écrire. Je me suis sentie constamment engluée dans de la mélasse, et ça n'avance pas, et ça n'avance pas, et de moins en moins au fil du roman. Quand arrive la dernière page, ouf ! la délivrance.

Quatrième point, la construction, l'équilibre des parties. Dans un premier temps, on suit l'émissaire dans ses tractations politiques difficiles avec les différents gouvernements, puis, à un moment, on ne sait pas trop pourquoi, il décide d'aller faire une espèce de voyage ethnographique auprès d'un groupe de devins professionnels, sortes de derviches voyeurs. Puis il repart, ça ne se goupille pas trop bien, puis... changement total, le roman bascule en expédition polaire.

On se dit que ce périple extrême ne va durer qu'un temps, qu'on va retrouver le cours de la narration et des tractations politiques, mais non, non, non vous allez en bouffer de l'expédition polaire, jusqu'à l'écoeurement, jusqu'à ce que vous soyez aussi épuisés en tant que lecteurs que les autres en tant qu'aventuriers des glaces. Enfin, un micro finale avorté qui ne tient aucune de ses pseudo-promesses du début. Bon bah...

Cinquième gravier sous la porte, le problème de l'imagination. Pourquoi diable Ursula le Guin est-elle allée nous assommer avec des planètes extraterrestres, des personnages bizarres et des mondes soit-disant imaginaires à deux balles, si c'est uniquement pour nous rejouer la planète Terre ? Sur Gethen, il y a une lune, qu'on voit la nuit, il y a la mer, qui est salée, il y a des créatures extraterrestres mais qui sont tellement humaines que c'en est affligeant, il y a des glaciers et des précipitations d'eau, qui ressemblent trait pour trait aux homologues de notre planète. Il y a des arbres aussi, et hormis le fait qu'ils possèdent des noms bizarres, ce sont des arbres, rien que des arbres, c'est-à-dire une forme typiquement terrestre du vivant.

Tu sais quoi Ursula ? Dans un millilitre d'eau croupie observée à la loupe binoculaire ou au microscope il y a plus d'imagination et d'exotisme surprenant que dans tout ton machin pseudo imaginatif et extraterrestre mais qui est tellement terrestre que je peux t'affirmer que tu as perdu ton temps. Quant au calendrier (dont je n'ai vu qu'à la fin qu'il y avait un mémento), les révolutionnaires français avaient déjà fait le boulot, pas la peine de réinventer un calendrier qui ne sert à rien.

Au passage je signale que sur cette planète incroyablement imaginative il y a bien entendu quatre saisons, or on sait que c'est typique de la Terre en particulier, eu égard à son inclinaison sur son axe, mais passons, c'est de la littérature de l'imaginaire, il paraît. Si vous lisez La Vie est belle de Stephen Jay Gould, qui ne parle que d'êtres vivants ayant réellement existé sur Terre aux époques géologiques, vous vivrez un dépaysement dix mille fois plus total qu'avec cette espèce de fiction soit-disant " imaginaire ".

Sixième point faible : le propos. J'en lis des tonnes, sur le soit-disant " propos " qui serait hyper osé, hyper novateur, hyper puissant, hyper tout. Moi je dirais hyper creux. Alors voilà, les habitants de la Karhaïde sont hermaphrodites. C'est hyper nouveau, n'est-ce pas, car je vous rappelle que le terme même d'hermaphrodite est une concaténation des dieux Hermès et Aphrodite, et qu'il date donc de... la Grèce antique ! Ah oui, c'est nouveau, effectivement.

Et cet hermaphrodisme, là encore, je crois qu'il est plus intéressant chez les limaces déjà citées que dans ce livre. En effet, l'auteure nous explique que ces hermaphrodites ne sont pas réceptifs sexuellement une bonne partie du temps, mais qu'ils entrent en " kemma " périodiquement de manière prévisible et cyclique. Là, ils sont prêts à sauter sur n'importe qui ou quoi. On comprend alors que la vision de l'auteure sur l'hermaphrodisme est plus ou moins celle d'un cycle menstruel, tout ça pour ça. Lisez, je vous dis, une documentation sur l'hermaphrodisme des limaces, c'est plus étrange et plus intéressant comme processus. Où mieux encore, allez voir comment se reproduisent les crépidules (Crepidula fornicata — ça ne s'invente pas !) de nos bords de mer, c'est plus amusant et contre intuitif ou encore l'acquisition du sexe chez les alligators, tellement plus surprenante.

On sait que les parents d'Ursula K. Le Guin étaient d'éminents anthropologues (le K. fait référence à son nom de jeune fille Kroeber, si vous souhaitez consulter les travaux de ses parents). Et elle a sans doute voulu faire une sorte " d'expérience anthropologique extraterrestre ". Là encore, lisez d'authentiques livres d'anthropologie, par exemple ceux de ses parents, et vous serez mille fois plus intrigués, intéressés, remis en question que par la lecture de cette farce creuse.

Il y aurait aussi un soit-disant propos pro-homosexuel, trans-genre ou je ne sais quoi. Moi, personnellement, je ne l'ai pas vu, pas senti, pas compris, donc, pas retenu. En somme, de tout ceci, pour moi et avec ma sensibilité, avec les espoirs et les attentes que j'avais en entamant la lecture de ce bouquin, demeure une immense grosse et large déception. Vite, vite au suivant. Ceci dit, gardez à l'esprit que ce que j'exprime ici n'est que la main gauche de l'avis, c'est-à-dire pas grand-chose. Allez voir à droite si le coeur vous en dit, moi je n'aime pas la droite...
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L'affaire Zola

♫ J'accuse
J'accuse les hommes de crimes sans pardon
Au nom d'un homme ou d'une religion
𝒥'𝒶𝒸𝒸𝓊𝓈𝑒 𝓁𝑒𝓈 𝒽𝑜𝓂𝓂𝑒𝓈 𝒹𝑒 𝓈𝑒 𝒸𝓇𝑜𝒾𝓇𝑒 𝓈𝒶𝓃𝓈 𝓁𝒾𝓂𝒾𝓉𝑒
𝒥'𝒶𝒸𝒸𝓊𝓈𝑒 𝓁𝑒𝓈 𝒽𝑜𝓂𝓂𝑒𝓈 𝒹'𝑒𝓉𝓇𝑒 𝒹𝑒𝓈 𝒽𝓎𝓅𝑜𝒸𝓇𝒾𝓉𝑒𝓈
Qui jouent les durs pour enfoncer du beurre
Et s'agenouillent aussitôt qu'ils ont peur
J'accuse les hommes de se croire des surhommes
Alors qu'ils sont bêtes à croquer la pomme
J'accuse les hommes je veux qu'on les condamne
Au maximum qu'on arrache leur âme
Et qu'on la jette aux rats et aux cochons
Pour voir comment eux ils s'en serviront
J'accuse les hommes en un mot comme en cent
J'accuse les hommes d'être bêtes et méchants
Bêtes à marcher au pas des régiments
De n'être pas des hommes tout simplement ♫
- Michel Sardou - 1976 - 𝓇𝑒𝓋𝓊𝑒 𝑒𝓉 𝒸𝑜𝓇𝓇𝒾𝑔é𝑒 𝑒𝓃 1991 -
---♪----♫---⚖---L'AURORE---⚖---♫----♪---
- page 61 - "L'antisémitisme est un fléau,
ce sera le sujet de ma prochaine chronique pour le Figaro"
Pas de bol, il se fait virer
Esterhazy acquitté,
C'en est trop
Zonner chez l'redact Georges Clemenceau
C'est L'AURORE qui va publier son harangue
Rappel : Zola souffrait d'un cheveu sur la langue !
Extrait de la Une du 12 Janvier 1898 :
"[...] la vérité est en marche, et rien ne l'arrêtera.
C’est aujourd'hui seulement que l'affaire commence, puisque aujourd'hui seulement les positions sont nettes : d'une part, les coupables qui ne veulent pas que la lumière se fasse ; de l'autre, les justiciers qui donneront leur vie pour qu’elle soit faite. Quand on enferme la vérité sous terre, elle s’y amasse, elle y prend une force telle d’explosion, que, le jour où elle éclate, elle fait tout sauter avec elle. On verra bien si l’on ne vient pas de préparer, pour plus tard, le plus retentissant des désastres.
Mais cette lettre est longue, monsieur le Président, et il est temps de conclure.
J'accuse le lieutenant-colonel du Paty de Clam d'avoir été l'ouvrier diabolique de l’erreur judiciaire, en inconscient, je veux le croire, et d’avoir ensuite défendu son œuvre néfaste, depuis trois ans, par machinations les plus saugrenues et les plus coupables.
J’accuse le général Mercier de s’être rendu complice, tout au moins par faiblesse d’esprit, d’une des plus grandes iniquités du siècle.
J'accuse le général Billot d’avoir eu entre les mains les preuves certaines de l'innocence de Dreyfus et de les avoir étouffées, de s'être rendu coupable de ce crime de lèse-humanité et de lèse-justice, dans un but politique et pour compromis.
J’accuse le général de Boisdeffre et le général Gonse de s’être rendus complices du même crime, l’un sans doute par passion cléricale, l’autre peut-être par cet esprit de corps qui fait des bureaux de la guerre l’arche sainte, inattaquable.
J’accuse le général de Pellieux et le commandant Ravary d’avoir fait une enquête scélérate, j’entends par là une enquête de la plus monstrueuse partialité, dont nous avons, dans le rapport du second, un impérissable monument de naïve audace.
J’accuse les trois experts en écritures, les sieurs Belhomme, Varinard et Couard, d’avoir fait des rapports mensongers et frauduleux, à moins qu’un examen médical ne les déclare atteints d’une maladie de la vue et du jugement.
J’accuse les bureaux de la guerre d’avoir mené dans la presse, particulièrement dans L’Éclair et dans l’Écho de Paris, une campagne abominable, pour égarer l’opinion et couvrir leur faute.
J'accuse enfin le premier conseil de guerre d’avoir violé le droit, en condamnant un accusé sur une pièce restée secrète, et j’accuse le second conseil de guerre d’avoir couvert cette inégalité, par ordre, en commettant à son tour le crime juridique d’acquitter sciemment un coupable.
En portant ces accusations, je n'ignore pas que je me mets sous le coup des articles 30 et 31 de la loi sur la presse du 29 juillet 1881, qui punit les délits de diffamation. Et c’est volontairement que je m'expose.
Quant aux gens que j'accuse, je ne les connais pas, je ne les ai jamais vus, je n'ai contre eux ni rancune ni haine. Ils ne sont pour moi que des entités, des esprits de malfaisance sociale. Et l'acte que j'accomplis ici n'est qu'un moyen révolutionnaire pour hâter l'explosion de la vérité et de la justice.
Je n'ai qu'une passion, celle de la lumière, au nom de l'humanité qui a tant souffert et qui a droit au bonheur. Ma protestation enflammée n'est que le cri de mon âme. Qu'on ose donc me traduire en cour d'assises et que l’enquête ait lieu au grand jour !
J'attends.
Veuillez agréer monsieur le Président, l'assurance de mon profond respect."
-Copié- collé -
(L'article ne figure pas dans cette Bd)
Du bel Hommage à l'auteur des Misérables
Qui permit d'en épargner Un de l'ile du Diable
Pour tous ceux qui sans oriflamme
Et daltoniens de l'âme
Ignorent les couleurs
délivrez-nous du pire et gardez le meilleur...
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Aristophania, tome 3 : La source Aurore

Troisième épisode sur les quatre de l’excellente série Aristophania de Xavier Dorison et Joël Parnotte, la source Aurore nous plonge dans l’action dès l’ouverture de l’album avec ce combat entre membres de l’Azur et ceux de l’Azur noir.
Basile, Calixte et Victor semblent bien avoir le don d’Azur. La jeune fille, Calixte, le découvre en premier et disparaît. Elle va devoir retrouver sa fratrie restée avec Aristophania qui essaye de mobiliser la reine d’Azur contre le roi banni de plus en plus puissant. Il a, en effet, ouvert une usine qui fabrique du Calamyrh, substance magique qui les rend encore plus puissant.
Mais alors qu’Aristophania reste un des derniers espoirs d’Azur, voilà que Basile, par amour pour une jeune fille, entre en contact avec Gédéon, le roi banni aux allures du Jean Valjean de Victor Hugo et semble de plus en plus attiré par le côté obscur.
On est alors dans une sorte d’adaptation du Star Wars de George Lucas à la sauce Urban Fantasy. Mâtiné de Pagnol et de Victor Hugo comme l’a déjà bien dit Alfaric. Et c’est plutôt très bien fait.
C’est aussi beaucoup moins manichéen que la version spatiale.
Le roi banni est-il d’ailleurs réellement le grand méchant de l’histoire ? Si ses méthodes sont violentes, ses motivations ont l’air, de premier abord, plus qu’honorables. Il a vécu la Commune de Paris et le massacre de la Semaine sanglante. Il a vu la souffrance du petit peuple contre les nantis et contrairement à la reine d’Azur, il ne veut pus rester neutre. Il veut modifier l’histoire. Il a donc basculé du côté noir de l’Azur et pour le bien du peuple doit d’abord se débarrasser des seuls qui pourraient l’en empêcher, les « chevaliers jedi » de l’Azur.
Le bien et le mal n’ont pas de frontière bien claires, mais en plus de la mythologie Star Wars, cela m’a fait aussi penser à l’évolution du communisme français qui s’est radicalisé sur les décombres de la Commune mais aussi aux nombreux attentats anarchistes qui ont ensanglantés la France de cette époque là. La motivation des terroristes était louable mais leurs méthodes pour le moins contestables. Gédéon, le roi banni ressemble de plus en plus à un leader révolutionnaire qui défend une cause juste et qui, une fois au pouvoir, peut devenir le pire des tyrans.
Dans ce déluge d’action, de batailles magiques, le fond de cette troisième aventure est beaucoup plus intéressant encore que celui des deux premières.
Au dessin, Joël Parnotte réalise une composition parfaite avec cette opposition entre couleurs sombres et lumière éclatante, avec ces cadrages particulièrement audacieux lors des combats entre Azur et Azur noir, page21 à 26 par exemple.
Les personnages possèdent un charisme incroyable et on n’arrive même pas à détester les méchants de service.
Un troisième opus très réussi qui fait avancer l’histoire vers son climax. Un vrai plaisir de lecture.
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Comme si de rien n'était

Adèle Moreau vit dans une banlieue assez cossue avec son mari Bertrand et leur petit garçon de huit ans prénommé Lucas. Un jour, en allant chercher son fils au cours de solfège, elle rencontre Hugues Lionel, son professeur de musique. Lorsque ce dernier croît la reconnaître, mais en l’appelant Marie, le léger malaise qui s’installe devient très vite l’élément déclencheur d’un avenir qui part totalement en vrille… la fausse note qui va transformer leur petite vie tranquille en véritable cauchemar !

Dès les premières pages du roman, Barbara Abel annonce le drame domestique qui ponctuera le récit, prenant ainsi immédiatement le lecteur par la main, l’invitant à découvrir ce qui a pu mener au drame, ainsi que l’identité du coupable. S’en suit en roman choral qui passe d’un personnage à l’autre au fil des chapitres, tout en disséquant leur psychologie avec cette précision chirurgicale qui caractérise l’autrice bruxelloise.

Le résultat est à nouveau un thriller psychologique redoutable qui démarre en compagnie de gens ordinaires, mais qui lève progressivement le voile sur leurs secrets et sur leurs défauts. Ce petit garçon un peu trop lunatique par rapport à la moyenne cache-t-il d’autres problèmes ? Et ce père qui ne supporte pas le mensonge, au point d’en faire une véritable obsession, pourrait peut-être réagir violemment s’il en découvrait un gros, non ? Quant à Adèle… quel est donc son lien avec cette Marie, s’il y en a bien un ? À moins que le professeur de solfège ait un sérieux problème ?

Barbara Abel nous invite donc à rentrer dans la tête des personnages, révélant progressivement leurs failles, faisant tomber les masques et dévoilant ce qui se déroule vraiment derrière les portes de leurs domiciles. Un procédé efficace et parfaitement maîtrisé, qui n’épargne aucun de ses personnages et qui ouvre du coup suffisamment de pistes pour tenir le lecteur en haleine tout en le menant en bateau jusqu’à ce final particulièrement habile.

Je ne le dirai jamais assez aux amateurs de thrillers psychologiques: lisez Barbara Abel !
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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Ceci n'est pas un fait divers

Cela fait plusieurs années que le narrateur, dix-neuf ans, a quitté la Gironde et le domicile familial pour ses études à Paris, lorsqu’un coup de téléphone affolé de sa petite sœur Léa, treize ans, le foudroie en quelques mots soufflés d’une voix blanche : « Papa vient de tuer maman. » Alors qu’il accourt aussitôt sur place, l’atroce réalité lui explose au visage : dans la maison investie par les gendarmes, le corps sans vie de sa mère, lardé de dix-sept coups de couteau, gît sur le sol de la cuisine ; son père en fuite est recherché pour meurtre ; sa sœur, témoin de l’agression, s’est réfugiée dans un mutisme traumatisé.


Depuis le premier récit de Léa jusqu’à l’épreuve du procès, en passant par les obsèques, le calvaire des dépositions et la confrontation au père qu’ils culpabilisent de ne pas parvenir à haïr tout à fait, les deux adolescents ne sortent de la sidération que pour se retrouver perdus dans un enfer sans fond, les menant peu à peu, brisés, à l’effondrement psychique. Tout d’abord incapable de mesurer combien le traumatisme est en train de dévorer sa cadette repliée sur son silence et ses cauchemars, le jeune homme s’absorbe, entre mauvaise conscience et ressentiment, dans sa réminiscence des signes avant-coureurs de la tragédie, ceux que personne, et pas même lui, n’a su regarder en face.


Déni de l’entourage, omerta familiale, incurie policière – la victime s’était vue refuser un dépôt de plainte pour violence conjugale –, ont définitivement enfermé le couple dans une spirale mortifère, chaque velléité d’indépendance de l’épouse maltraitée accroissant la fureur et la violence d’un homme narcissique et dominateur, persuadé de son droit de possession. Même si longtemps considéré comme passionnel et bénéficiant de circonstances atténuantes, le féminicide est un « crime de propriétaire », qui dit beaucoup des mentalités patriarcales héritées d’une longue tradition de domination masculine.


Inspiré de faits réels, le récit coule avec sobriété, dans une concision simplement efficace qui n’évite pas les poncifs, mais adopte le point de vue inédit des enfants. Et même si l’on ne peut se défendre totalement d’un vague sentiment de creux, voire d’opportunisme sur un sujet à la mode, l’on ne reste pas indifférent à cette fratrie, expulsée de chez elle et soudain privée de tout repère, qui doit affronter, bientôt rattrapée par la culpabilité, le deuil d’une mère en même temps que la monstruosité d’un père. Un père qui n’a d’ailleurs pas perdu son autorité parentale...


Enfin, et peut-être surtout, ce fait divers qui n’en est pas un nous interpelle sur notre responsabilité collective, parfois de témoins trop volontiers sourds et muets, plus largement pour ce qui peut bien autoriser certains hommes à penser posséder un tel droit de propriété sur leurs femmes qu’il leur donne sur elles pouvoir de vie et de mort. « Nous ne devions pas juger seulement un fait divers, mais un fait social. Nous ne devions pas parler d’une dispute conjugale qui aurait mal tourné, mais bien de l’aboutissement d’un continuum de violence et de terreur. Nous ne devions pas parler d’un meurtre, mais de la volonté d’un homme d’affirmer son pouvoir, d’asseoir sa domination. Et de l’aveuglement de la société. Et de la peur de nommer. »

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L'Affaire Emmett Till

J'aime beaucoup le concept de la collection « True Crime » de 10/18, qui promet une cartographie des crimes aux Etats-Unis en explorant une affaire criminelle par État, ici le Mississippi, soit une histoire vraie racontée avec les techniques du roman. Après la lecture enthousiasmante de Châtiment, j'ai ressenti le besoin d'en savoir plus sur l'affaire Emmett Till qui au centre du scénario de Percival Everett, tragédie emblématique de la violence raciale qui n'a jamais cessé de hanter les Etats-Unis.

En seulement 240 pages, le journaliste Jean-Marie Pottier propose un radioscopie panoramique passionnante, aussi dense que précise, avec une clarté et une lisibilité qui permettent de s'y retrouver dans les très nombreux personnages présentés ( les protagonistes directs et indirects de l'affaire mais aussi d'autres plus célèbres comme Faulkner, Rosa Parks, Martha Luther King, Mohamed Ali ou Obama ) et de ne jamais se perdre dans des rebondissements et ramifications qui courent de 1955 à 2023.

Dans la première partie « Un rideau de coton », il relate précisément les événements de 1966 : le fait initial ( une commerçante blanche Carolyn Bryant prétend qu'Emmett lui aurait fait une allusion salace ) ; trois jours après, l'enlèvement du jeune homme par Roy Bryant ( le mari de Carolyn ) et son beau-frère J.W.Milam puis le torture, le tue d'une balle dans la tête et se débarrasse du corps dans la rivière Tallahatchie ; les funérailles ; et le procès de Bryant et Milam.

La sobriété narrative est pertinemment menée, et permet, derrière sa volonté objective, de laisser affleurer l'émotion grâce à sa focalisation sur certains personnages marquants. Je retiens tout particulièrement la mère, Mamie Till, à la dignité bouleversante et la détermination surprenante. Elle dont l'élégance de bourgeoise de classe moyenne afro-américaine tranche avec l'image que les Blancs du Mississippi se font d'une Noire. Elle qui demande à ce que le cercueil de son fils soit descellé pour montrer aux yeux de tous ce que Bryant et Milam ont fait à son fils au visage affreusement mutilé.

Les deuxième et troisième parties permettent d'appréhender l'affaire Emmett Till sur le temps long, car elle ne s'achève pas avec le scandaleux procès qui acquitte les deux bourreaux, mais rebondit à mesure que le contexte socio-politique évolue, de la ségrégation à la déségrégation, de la lutte pour les droits civiques jusqu'au mouvement Black Lives Matter suite à la mort de George Floyd.

C'est dans ces parties que j'ai le plus appris, avec encore une fois au centre du récit, la détermination d'hommes bien décidés à faire éclater la vérité. Jean-Marie Pottier met particulièrement bien en lumière ce réseau de passeurs qui prennent le relai de la mère pour ne pas oublier Emmett : le reporter William Bradford Huie qui obtient les aveux des tueurs contre un chèque ; le réalisateur Keith Beauchamp dont le documentaire apporte de nouveaux éléments que l'enquête initiale bâclée n'avait pas déniché ; ou encore le procureur général des Etats-Unis R.Alexander Acosta qui réouvre l'enquête sur le meurtre d'Emmett Till, soulevant l'urgence des questions : comment obtenir justice quand on est noir aux Etats-Unis ? Qu'est-ce que la justice quand on est un Afro-américain dans ce pays ?

Des quatre volumes de la collection True Crime que j'ai lus, celui-ci me semble le plus réussi.




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Mordre

Il était une fois, des missionnaires qui allèrent dans certains pays, pour apporter la bonne parole de Dieu. Ils prirent les Terres, les richesses, et même les personnes, et en échange ils leur donnèrent La Bible et ils firent de leur culture, une consommation. Parfois, ils violaient les femmes et les enfants, en leur disant que c'était approuvé par le Bon Dieu…

Il était une fois

Est-ce bien un conte ?

***

Ceci est « Mordre » mais c'est une autre histoire qui lui ressemble.
Il était une fois, des chamans qui allèrent voir une horde dans une grotte et ils leur dirent : « Nous sommes en Guerre contre la Nature, nous devons la dominer. »

Ils vendaient de la peur.

Alors, ils donnèrent un nom à chaque personne de la Horde car ils semblaient croire que l'individu était plus fort contre la Nature que le groupe. Ils éloignèrent la horde de la Nature, qu'ils considéraient très hostile.

Ils vendaient de la peur.

Il était une fois, des Hommes que l'on appelait des Kaijus. Ils étaient de Superprédateurs, plus forts que tout. Ils étaient les soldats des chamans, luttant contre les alligators et les crocodiles, symboles d'une Nature hostile et dévastatrice. Les kaijus étaient les monstres humains, ils possédaient la Nature et devaient la maîtriser.

Et les chamans vendaient toujours de la peur, car la Guerre contre la Nature était longue et que les Dieux pouvaient se lasser...

Un jour, Yaoru, fils du meilleur Kaiju, décida qu'il ne voulait plus servir les chamans avec des histoires de peur, et il décida d'élever les sauriens. Il avait ainsi la maîtrise totale sur cette Nature hostile et dévastatrice.

Il n'avait pas peur… "Ondule Fluide Sans peur Ne sois pas proie Mais prédateur."

***

Quelle est cette histoire ?
C'est l'histoire de Kaiju en guerre contre les sauriens au service de manipulateurs chamans. C'est l'histoire de pouvoir religieux. C'est l'histoire d'une nature indomptable que l'on croit pouvoir élever et dominer. C'est l'histoire du Bayou. C'est l'histoire de Phusis. C'est l'histoire d'une révolte contre un père arrogant, puis un autre père arrogant : deux pères qui croyaient asservir la Nature tandis qu'elle pouvait les dévorer avec facilité. C'est l'histoire de femmes, trop proches de la Nature, que l'on considérait comme folles, qu'il fallait corrompre et dominer également. C'est l'histoire des Z, des gens qui refusaient de se laisser pervertir par les Chamans et qui furent graver d'un Z pour qu'on puisse les reconnaitre. C'est l'histoire du consumérisme.
C'est l'histoire d'Asram, un lieu de retraite spirituelle hindoue ou une quête de guérison et de rédemption ou une recherche de la Nature telle qu'elle était avant les Chamans, pour le bien commun…
C'est l'histoire d'un virus parasitaire.
C'est l'histoire de Lucy, un crocodile rouge, très dominatrice.
C'est l'histoire d'autres crocodiles, élevés par Bianca et Yaoru, qui s'appellent Andrea, Michonne, Negan, (oui des prénoms qui vous parlent et ne sont pas anodins).
C'est l'histoire d'un homme qui raconte sa vie tandis qu'il lutte pour la préserver dans le coffre de la voiture de son fils.
C'est l'histoire d'une guerre. Celle contre la Nature.
D'abord, Kaiju vs Phusis.

***

C'est un roman d'horreur, c'est un roman post-apocalyptique.

Si vous êtes en Guerre contre la Nature, alors que l'être humain est une partie intégrante de celle-ci, qui gagnera à la fin?

Le symbole du zombie n'a jamais été aussi intelligemment traité que dans ce roman.
Qui est le monstre?
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Crains le pire

Un jour ou l'autre, je reviens vers mes auteurs fétiches.
Cette fois, c'est Linwood Barclay qui s'y colle.

Père d'une ado, Syd, qu'il couve comme le lait sur le feu, Tim, divorcé, a un petit accrochage avec sa fille au moment oú elle part travailler.
Il culpabilise et a hâte de voir le soir arriver pour discuter avec Syd.

Seulement ce soir-là, elle ne rentre pas.

L'affolement le gagne, il appelle son ex-femme avec laquelle il est resté en très bons termes, malgré l'animosité de Bob, son nouveau mari.

Les heures passent, puis les jours, et toujours aucune nouvelle de Syd.
Alors il va se mettre à sa recherche.

C'est du Linwood Barclay, et je savais que le sort s'acharnerait sur le héros.

Et en effet, ça bouge pas mal, entre fausses pistes, tueurs â ses trousses...
Les balles volent bas. La police est plutôt molle, hormis pour l'enquiquiner...

Tim est l'unique narrateur de cette histoire, et c'était un peu longuet.
Il m'a fallu un moment pour lire le bouquin, même compte tenu de mon absence la semaine dernière.

La chute est surprenante. Je n'ai rien vu venir.

Un roman sympa, pas prise de tête, à lire sur la plage ou en squattant une terrasse quelconque en sirotant un verre d'eau du robinet. :)

J'en lirai d'autres, bien entendu, mais quand ? Les paris sont ouverts.

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La maison de jeu

« Vraiment, Antoine, vous allez encore vous plonger dans le jeu ? Quand donc cesserez-vous cette fuite en avant ? Si au moins vous aviez l'audace d'aller à fond dans la démesure... C'est ce dernier grief qui vous pique, car il réveille le véritable parieur qui sommeille en vous. Le joueur total, prêt à miser sa montre et sa chemise, les clés de sa bagnole, enclin à signer n'importe quel papier pourvu que l'adrénaline soit au bout. »

Antoine décide de jouer le tout pour le tout, l'entièreté de sa vie pour tenter de se défaire de ses addictions, les unes après les autres. All in ! Un ultime face-à-face avec le sort qui le plonge dans un monde parallèle, fantastique où tout est possible, où tous les possibles peuvent s'exprimer. On le suit dans un labyrinthe sans fil d'Ariane où s'enchaînent ses démons intérieurs comme autant de cercles de l'enfer pour une errance qui semble éternelle entre addictions au jeu, au fric, à la nourriture, au sexe, à l'alcool.

Le récit est audacieux. Il n'y a pas vraiment d'histoire de type romanesque, juste un personnage que l'on suit d'une scène à une autre, de Charybde et Scylla, avec un narrateur omniscient et acerbe qui s'adresse continuellement à lui à la deuxième personne du pluriel. Ce « vous »envahit le récit, houspille, sermonne, fustige, tance, raille Antoine tel un procureur intransigeant. Peut-être ce « vous » inquiétant s'adresse-t-il au lecteur en le prenant au collet ? Mais les addictions décrites sont tellement poussées à l'extrême qu'il est difficile de se sentir visé si on n'y a jamais succombé à s'en noyer.

Charles Roux ne cherche jamais à rendre son personnage sympathique ou a développé chez le lecteur une quelconque empathie à son égard. En fait, durant toute la lecture, je me suis demandé quelles étaient les intentions de l'auteur, je n'ai toujours pas de réponse. Choquer ? Certaines scènes le sont, notamment toute la partie orgiaco-sexuelle. Déranger ? Le lecteur passe par beaucoup d'émotions et de sensations allant jusqu'au dégoût et la nausée. Dénoncer la société capitaliste, société du trop dévorée par l'excès ? Assurément un peu tout cela. Ce qui est sûr, c'est que je pense que pour que la charge soit d'intensité maximale comme l'auteur semble le vouloir, il faut lire ce court récit cul sec.

Est-ce que j'ai aimé ? Bonne question. Les Monstres, précédent roman de l'auteur, sur une thématique « morale » finalement assez proche, m'avait impressionnée par sa mise en scène et sa capacité à pousser le lecteur dans ses retranchements et à se questionner sur le monstre qu'on a en nous : qui est le monstre ? Celui qui affiche sa monstruosité par ses actes ou celui qui masque ses turpitudes pour conserver un vernis civilisé ?

La Maison de jeu m'a semblé être un exercice de style plus « gratuit » dans le sens où je me suis sentie en total surplomb sans me sentir vraiment concernée, et donc moins perturbant. Je le regrette parce que finalement, je referme La Maison de jeu plus fatiguée que dérangée dans mon confort intérieur. D'autant que le filtre fantastique devait permettre de transfigurer le sujet pour aller plus loin.

Malgré ces réserves, ce texte imprime des images assez dingues, stupéfiantes et marquantes, comme lors de la scène de submersion alimentaire ou celle de la fellation par une mendiante dans la rue. Surtout, Charles Roux a le style flamboyant, son écriture aux phrases polies mais aux arêtes saillantes, donne tout à voir tout en laissant la place à l'imagination du lecteur. Vraiment un tour de force qui vaut pour la qualité de l'écriture. Je lirai donc le prochain avec grand intérêt.
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L'Olympe des infortunes

Après Dieu n’habite pas la Havane et surtout Les hirondelles de Kaboul qui m’avait chamboulée par son réalisme bouleversant, L’Olympe des infortunes est le troisième roman que je lis de Yasmina Khadra.
Ils sont nombreux ces laissés-pour-compte à tenter de survivre sur une bande de terre délaissée proche d’une décharge publique bordée d’un côté par la mer et de l’autre par une ville qui à la fois attire et terrorise ces réprouvés. On y trouve Le Pacha, ce briscard tonitruant, qui ne peut vivre sans la présence à ses côtés de son amant Pipo, Mama et son vieux compagnon Mimosa, mais aussi Négus, Clovis, Bliss, Haroun le Sourd, Aït Cétéra, Les frères Zouj, Einstein, sorte d’alchimiste s’évertuant à créer des élixirs à partir des médicaments périmés trouvés dans les poubelles, Dib et puis les Autres, les clodos de passage…
Parmi ces marginaux, sur ce terrain vague, vit aussi un duo : Ach le Borgne et Junior le Simplet. Ach, musicien, poète, philosophe, s’est pris d’affection et protège Junior l’innocent qui l’accompagne, extatique. Il s’évertue à le mettre en garde contre les dangers de la ville voisine, ce lieu de perdition, lui interdit de s’y rendre et lui fait l’apologie de ce qu’est leur vie : une vie de liberté sur cette terre des Horr, le Horr étant un clodo qui se respecte, où tout est permis, où rien n’est interdit.
L’arrivée d’un géant, Ben Adam, envoyé par la providence selon ses dires et se déclarant la voix de leur salut, va semer le doute dans les esprits et finir même par ébranler les convictions du vieil Ach.
Cet homme affirme qu’ils sont les seuls artisans de leur malheur, qu’il faut lutter, ne jamais renoncer, garder l’espoir de se reconstruire, tant la vie vaut le coup d’être vécue.
Cette vie que Ach qualifie de meilleur des mondes, Ben Adam la nomme un mouroir. En choisissant de ne rien devoir aux autres et de ne rien en attendre, on cesse de vivre, telle est sa pensée.
L’Olympe des infortunes s’apparente à un conte philosophique sur la marginalité et l’exclusion dont la lecture laisse abasourdi.
Les différences, les inégalités, la pauvreté, l’alcool, la violence, la folie, l’emprise sont quelques-uns des thèmes évoqués dans ce court roman.
Est-il possible de faire table rase de son vécu et de repartir à zéro est aussi une des questions soulevée par Yasmina Khadra ?
Ce roman est là pour nous ouvrir les yeux sur la vie de ces exclus de la société, qui, où qu’ils aillent sont toujours rejetés et bannis.
Si j’ai été révulsée par la scène de la noyade de Haroun le Sourd, consternée par les crises de despotisme du Pacha, j’ai été profondément émue par l’affection et la tendresse que Ach porte à Junior pour le protéger et réciproquement.
Yasmina Khadra sait à merveille nous faire découvrir les pensées de cet innocent qu’est Junior tout comme il sait manier avec dextérité l’humour pour restituer les exploits hélas, pas souvent couronnés de réussite, de l’inventif Einstein.
Dans L’Olympe des infortunes, Yasmina Khadra raconte avec talent et non sans ironie la rudesse du monde qui nous entoure. Poésie et tendresse émaillent ce récit sur la cruauté et la terrible réalité de la vie de ces laissés-pour-compte que personne ne veut voir.

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Un drôle de gout !

Du benzène découvert dans l’eau minérale en 1990 a permis à Nestlé d’acquérir en 1992 la source Périer qui devra patienter 20 ans avant de retrouver en 2009 les volumes vendus en 1989.

Un drôle de gout dans les fromages du groupe Jonquart en 2024 pénalise les ventes de l’industriel agroalimentaire et ébranle sa valorisation boursière, au moment où un investisseur américain et un conglomérat chinois envisagent d’en prendre le contrôle.

Le port franc de Genève camoufle une eau trouble et attire bien des convoitises. Hackers russes, trafiquants colombiens, triades chinoises, autant de menaces pour Werner Jonquart dans ce western financier qui promène le lecteur dans les lieux chics et sexys fréquentés par le gotha et reprend ainsi les recettes des meilleurs Paul-Loup Sulitzer (Cartel, Cash, Fortune, Money, Le roi vert).

Ce page turner n’est pas qu’une agréable distraction puisqu’il décrypte les arcanes des « ports francs », ces zones hors douanes et hors polices, refuges pour trafiquer ou blanchir des capitaux douteux.

L’auteur prend le temps de planter le décor et de camper ses personnages, puis imbrique astucieusement les menaces, avant de conclure par un twist aussi révolutionnaire que moral … puisque dans un western le héros s’en sort toujours et les méchants finissent au bout d’une corde.

Merci à Alain Schmoll de m’avoir adressé son nouveau roman qui prolonge « La tentation de la vague » sorti en 2019, mais qui peut être lu indépendamment.
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Vies mêlées: Le Géorgien d'Alexandre Dumas

Claude SCHOPP est le plus grand expert contemporain d'Alexandre Dumas et nous lui devons d'avoir achevé la trilogie des Saint-Hermine dont la mort du romancier nous privait.

Il nous offre aujourd'hui de revivre les 12 dernières années de l'écrivain en nous menant en 1858 vers la Russie, le Caucase et la Géorgie où Alexandre Dumas rencontre Vazili Mirianof, qu'il engage sur le champ comme majordome. le géorgien réussit à rejoindre Paris, sans dépenser un sou, muni d'une simple lettre de recommandation du romancier. Sa débrouillardise lui permet de tenir la place de cuisinier et d'émerveiller ses hôtes par sa maitrise des recettes françaises et géorgiennes.

Il accompagne Dumas quand celui-ci rejoint Garibaldi et vit quatre ans à Naples où il parade avec son uniforme exotique qui tranche parmi les chemises rouges.
En 1870, Alexandre Dumas et Vazili quittent Paris avant le début du siège prussien et se réfugient près de Dieppe dans la villa de Puys. C'est là que le père des trois mousquetaires décède le 5 décembre et est inhumé provisoirement le 8 décembre.

Claude Schopp a l'excellente idée de poursuivre son essai en l'orientant vers le Géorgien. Vazili prend souche à Puys, le horsain se marie et devient ainsi normand, restaurateur et secouriste. Il meurt vingt ans plus tard en tentant de secourir deux noyés.

Son fils disparait en novembre 1914 à Dixmude comme tant de nos fusiliers-marins.
Son petit-fils, francise son nom et devient le peintre Georges Mirianon (1910-1986).

Le géorgien d'Alexandre Dumas aura connu une vie aussi romanesque que les héros de son maitre !
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La encomienda

Colombienne vivant désormais à Buenos Aires, Margarita Garcia Robayo a sans doute mis beaucoup d’elle-même dans le personnage de son dernier roman.


Cette jeune femme dont on ne connaît pas le nom habite un petit appartement de la capitale argentine, à plus de cinq mille kilomètres de sa famille restée en Colombie. Aspirant écrivain gagnant pour l’heure fort ennuyeusement sa vie comme rédactrice en agence de publicité, elle envisage de postuler à une bourse d’écriture en Hollande. Rien ni personne ne la retenant vraiment ici, malgré les années toujours vaguement intruse dans ce quartier aux voisins acrimonieux et aux vagabonds agressifs où ses maigres affinités se résument à sa seule amie Marah en tout point son contraire, à Axel le jeune homme qu’elle fréquente depuis peu sans oser s’engager, à León le petit garçon qu’elle garde quand sa nourrice fait défaut et à Ágata la chatte de gouttière dont on ne sait jamais si et quand elle reviendra, pourquoi ne pas tenter d’aller se poser ailleurs, elle qui depuis si longtemps a rompu les amarres ? Des siens en Colombie, elle n’a plus de nouvelles, si ce n’est de loin en loin les « encomiendas », ces colis contenant nourriture, dessins de ses neveux et parfois quelque vieille photo, qu’à son grand agacement sa sœur s’obstine à lui envoyer.


C’est en cette période d’indécision qu’une caisse en bois particulièrement volumineuse lui parvient de Colombie et que, presque au même moment, sa mère totalement perdue de vue se matérialise mystérieusement dans l’appartement. Avec cette présence qui, étrangement narrée comme tangible, se devine bientôt la projection d’une psyché cédant soudain aux fantômes du passé, une irrépressible marée de souvenirs envahit la routine de la narratrice, si vivides qu’ils se mêlent à la réalité sans s’en différencier. Pendant qu’odeurs de cuisine, images de l’enfance et sentiments d’autrefois viennent revendiquer leurs droits sur un présent qui les avait gommés, se recompose un paysage intime indissociable des origines, de la famille, du vécu et de ses non-dits, en un effet boomerang d’autant plus puissant que ces ingrédients identitaires profonds s’étaient vus refoulés, relégués à un autre temps, à un autre lieu.


Comment se construire sans se souvenir de soi-même et se réconcilier avec sa mémoire originelle ? Comment s’enraciner lorsque l’on n’est plus rien qu’une fleur coupée ? Notre apprentie écrivain n’aura d’autres choix que sa propre réécriture et l’acceptation des ombres au fond d’elle-même pour reprendre en main son rapport au monde et, peut-être, enfin y trouver sa place.


Audacieux dans son mélange de différents niveaux de réalités au sein d'un récit pourtant réaliste, mené d’une plume tendre capable de passages d’un mordant confondant, ce roman nous bouscule le temps d'une réflexion sur ce qui nous constitue et conditionne notre capacité à devenir. Sans racines, pas de nouvelles pousses. Sans passé, pas d’avenir.

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L'Enragé

Comme promis, j'ai laissé passer la vague déferlante des critiques sur ce livre pour m'en emparer à mon tour.

Le 11 octobre 1932, nous faisons cnonaissance avec le narrateur, surnommé La Teigne.

C'est l'heure de la cantine dans la colonie pénitentiaire pour mineurs de Belle-Ïle-en-mer.

"Tous sont tête basse, le nez dans leur écuelle à chien. Ils bouffent, ils lapent, ils saucent leur pâtée sans un bruit. Interdit à table, le bruit. Le réfectoire doit être silencieux".

Ces enfants sont emprisonnés pour menus larcins, ou pour avoir commis le crime d'être orphelins.
La Teigne par exemple, mère partie voir si l'herbe était plus verte ailleurs, père démissionnaire, grands-parents qui s'en fichent.

Le jour où il a été traîné au tribunal pour une bêtise dont il a été reconnu innocent, la "Justice" l'a libéré.
Mais comme personne n'a voulu de lui, on l'a envoyé se refaire une santé entre ces quatre murs où le soleil ne pénètre jamais.

Les matons, enfin gardiens ou moniteurs, sont impitoyables.
Brimades, coups, isolement, privations, cachot, toutes formes de maltraitance sont au menu du jour, même hors cantine.

Les plus petits sont dominés par les plus grands qui les soumettent sexuellement sous le regard impassible des gardiens.
Quand ils ne sont pas à l'intérieur de la prison, on les envoie travailler. De lourdes tâches pour ces petits bouts de choux.

Jusqu'au jour où n'en pouvant plus de plier sous le joug, les enfants se révoltent.

Tout ça m'a rappelé beaucoup d'orphelinats, tel celui de Jersey, ainsi que d'autres, sur lesquels je me suis documentée.

Cependant, je suis mitigée sur cette lecture.
Bien sûr, les descriptions sont particulièrement horribles, mais elles ne m'ont pas émotionnellement touchée.

L'auteur n'engage pas son ressenti dans le récit. Le style est froid, désincarné.
Alors je n'ai rien ressenti non plus pendant la permière moitié du livre.

Ensuite, une touche d'émotion pendant une trentaine de pages. J'ai bien accroché, j'étais contente, et puis le soufflé est retombé.
C'est dommage, parce que tous les ingrédients étaient réunis, mais contrairement à la majorité de mes babelpotes, je n'ai pas embarqué comme je l'aurais voulu.

Je ne déconseille cependant pas ce livre que j'ai apprécié quand même.
C'est juste qu'il m'a manqué ce petit quelque chose qui en aurait fait un coup de coeur.

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Camerone, 30 avril 1863

C'est en visionnant un énième reportage sur l'anniversaire de la bataille de Camerone le 30 avril, que l'envie m'a enfin titillé de me documenter sérieusement, c'est à dire en lisant un travail d'historien documenté.
Mon choix s'est porté sur cet excellent livre de André-Paul Comor, un ouvrage très bien structuré et documenté. Camarón, car c'est ainsi que cela s'écrit exactement, c'était pour moi de vagues souvenirs, la campagne du Mexique, le destin funeste de l'Empereur Maximilien et ... le fameux combat livré par la 3e compagnie de la Légion Etrangère dont on a tous entendu parler un jour.
J'ai aimé cette lecture car elle est instructive, l'auteur nous parle du contexte avec précision, Napoléon III et le Second Empire, l'Impératrice Eugénie et son influence sur la décision d'envoyer des troupes au Mexique et offrir un titre d'Empereur à Maximilien. Mais surtout l'auteur va nous instruire sur la Légion Etrangère, ses origines et sa situation d'alors au moment d'envoyer les premières troupes au Mexique, figurez vous que les légionnaires, boudés par le haut commandement militaire, feront "des pieds et des mains" pour faire partie de l'expédition et aller "au feu", ce qui finira par être entendu pour leur plus grande fierté.
Une autre partie du livre est consacrée aux hommes qui sont entrés dans l'histoire à Camarón, on sait peu de choses les concernant, leur parcours est celui de soldats de métier, de gens en quête d'aventures et de danger, n'oublions pas que la Légion Etrangère, comme son nom le laisse deviner, est pour les deux tiers composée d'étrangers, seul l'encadrement est essentiellement français.
Il sera aussi et bien sûr question de la fameuse bataille du jeudi 30 avril 1863, où les 63 hommes du capitaine Danjou retranchés dans une hacienda vont résister pendant onze heures à 2 000 ennemis, accablés par la chaleur et la soif. A la fin, le bilan sera d'environ 300 tués et autant de blessés côté mexicain. Sur les 64 combattants français, 24 seront finalement faits prisonniers, tous sont blessés et la plupart mourront en captivité.
La dernière partie du livre nous parle de la légende de Camerone, elle mettra près d'un un siècle à se ritualiser et a être célébrée chaque année désormais dans tous les casernements de la Légion à travers le monde. C'est à Aubagne que la main articulée du capitaine Danjou est conservée dans sa chasse telle une relique et sortie à chaque commémoration, le tout étant expliqué par l'auteur qui s'est remarquablement documenté.
Je livre ici une citation du général Olié : "On peut même se demander si c'est la Légion qui a idéalisé Camerone ou si c'est Camerone qui a fécondé la Légion, quelle est la part de légende ajoutée à cette lutte épique et quelle est la part d'héroïsme issue au fil des ans de cet exemple exaltant."
Si j'aime L Histoire, je dois concéder de nombreuses lacunes à tout ce qui vient après 1816 et Waterloo, pour Camerone, c'est désormais réparé, j'ai été passionné par cette lecture.
J'ai tout de même un petit bémol à exprimer, l'auteur s'est de façon évidente un peu enflammé en racontant les combats. A le lire, on se demande si les légionnaires étaient vraiment au nombre d'une soixantaine tant le ton mélodramatique les mettait en situation désespérée dès la première heure des combats face à une marée d'adversaires braves et ivres de rage...
Pour conclure, il s'agit d'un bon livre sur le sujet et son contexte.
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La cité des nuages et des oiseaux

Les écrits restent et pourtant certains livres meurent.
Prenez Diogène, pas le naturiste dans son tonneau qui n'est pas le saint patron des fées du logis. Anthony Doerr évoque l'autre, Antoine De son prénom, tout aussi grec, plus écrivain à l'époque romaine que philosophe, auteur d'un récit en 24 livres, qui doit être très bien puisqu'on en parle encore mais que personne n'a pu lire depuis que la mode des toges est dépassée. Même Amazon ne peut pas vous le livrer en 48 heures.
A défaut de textes qui datent des calendes Grecs, Anthony Doerr sur ses deux oreilles, invente un mythe qu'il attribue à ce Diogène, qui va donner son titre au roman et qui va servir de pont, digne de ce mois de mai, entre les 5 personnages principaux du récit, répartis sur trois époques et 800 pages.
Anna et Omeir vont vivre en direct la prise de Constantinople en 1453 après un siège à la Turque. Les Ottomans, avec leur nom de super-héros signent ainsi la fin de l'Empire Bysantin sans une bise. Ces derniers n'avaient pas encore inventé la poudre alors que les Turcs étaient déjà fans du made in China.
Occupés à essayer de survivre à la fin officielle du Moyen âge, les morts ne vont pas profiter de la Renaissance. Passionnée de lecture, Anna va essayer de sauver ses fesses et un vieux manuscrit aux pages mélangées par le vol de piafs masqués par des cumulonimbus.
De nos jours, Zéno, un vétéran de la guerre de Corée se retrouve piégé dans une bibliothèque municipale de Lakeport dans l'Idaho pendant la répétition d'une pièce de théâtre tirée de « La cité des nuages et des oiseaux », par l'arrivée de Seymour, un jeune garçon hypersensible et armé, dont le seul ami est un hibou qui en fait était très chouette.
Konstance vit dans le futur dans un vaisseau spatial, l'Argos (une référence peut-être au toutou d'Ulysse dans l'Odyssée ou à un géant doté de cent yeux , fantasme d'opticien) à destination d'une nouvelle planète d'accueil pour l'espèce humaine. C'est Star Trek sans les oreilles en pointe. Comme les sorties en plein air pour des séances de Paddle yoga sont exclues dans l'espace, la jeune fille se passionne pour la bibliothèque virtuelle du vaisseau.
Ces personnages sont tous des prisonniers : d'une forteresse assiégée, d'un handicap, d'un vaisseau, d'une sexualité non assumée ou d'une bibliothèque cernée par la police. Des bagnards de l'existence qui ne découvrent le chemin de la liberté qu'à travers le Livre.
J'ai adoré ce roman qui est un extraordinaire hommage aux gardiens de la littérature, aux passeurs d'histoire, aux traducteurs et bibliothécaires. L'un d'entre eux avait dit « Lire n'est pas se retirer du monde. C'est entrer dans le monde par d'autres portes ». Cette citation de Bernard Pivot résume idéalement ce roman. Une occasion de lui rendre hommage.
Dans les récits parallèles, n'étant qu'un homme monotâche, pléonasme selon ma moitié, j'ai en général du mal à me passionner pour plusieurs histoires en même temps et j'avoue qu'il m'arrive de m'exercer à la lecture rapide et au saut de page (épreuve olympique ?) quand je détecte certains déséquilibres dans la force narrative. Dans cette « Cité des nuages et des oiseaux », je serais incapable de désigner un personnage préféré et de promettre les autres aux oubliettes de ma mémoire. J'ai été hameçonné comme un piranha après une période de jeûne intermittent conseillé par une diététicienne au teint vert et j'ai dévoré chaque aventure avec un égal appétit. Bon, on me précise à côté que désormais le piranha ressemble davantage à un cachalot.
Lisez et Offrez ce livre. Pour plagier Bernard Pivot, je vais écrire qu'il s'ouvre comme une boîte de chocolat et se referme comme un coffret à bijoux. Traduit en ODP31 : Entre les Mon chéri de tata qui pique et une odyssée de littérature offerte par une sirène du bord d'Homère qui chante les adverbes, j'ai préféré l'utopie aux calories.
Envie de relire des auteurs classiques. Aristo ne fane pas.
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L'Odyssée

L'odyssée, en grec signifie littéralement "propre à Ulysse" et homére est l'auteur peut-être légendaire de ce texte. Ulysse est le roi d'Ithaque qui mit fin à la guerre de Troie grâce à sa ruse du cheval de Troie, dont le récit appartient aux12000 vers de l'odyssée.
Homére est un aède (poète et chantre dans la tradition orale) et L'odyssée est un ensemble de poèmes euphoniques qui bien que ordonnés ,constituent un cycle où la mémoire et l'improvisation durent jouer un grand rôle initialement.
L'auteur fût peut-être une convention et homérique renverrait donc à une confrérie d'aédes.
La langue pose cependant quelques certitudes. On est dans le nord de l'Ionie,environ au VIII ème siècle avant l'ère commune. A une époque où les cités étaient déjà des états mais gouvernés par des royautés (Basileus-rois) et des dynasties. Les navires, les palais, le bronze et des armes posent ce monde qui n'est pas le monde grec classique.
L'odyssée n'est pas un roman mais pourtant elle réclame de se soumettre à l'ordre du texte. Car sous sa forme actuelle il est un tout bien ordonné.
Je pense que cette lecture est gratifiante et accessible. Il y a de belles descriptions, de l'élégance, de belles couleurs et beaucoup d'affects variés.
Les dieux et surtout les déesses sont partout et elles composent la destinée d'Ulysse dont la ruse est le point fort.
Le propos du texte est de poser les facettes de la nature humaine et les ressorts du destin qui dépend des actes de chacun, des dieux qui ne sont jamais lointains et du hasard.
Le texte anime de nombreuses institutions et valeurs : l'honneur, le roi, le palais,les mentalités divines, les serments, les rituels variés, la guerre, l'hospitalité, la mere, l'épouse, la fille, la filiation, le mariage, la pudeur, le charme,le commerce, les sacrifices, les oracles,la divination et la mer qui est finalement aussi abordable et praticable que la terre.
Ce texte est un texte central pour le monde grec et on y apprend en Grèce pendant toute l'antiquité à lire et à vivre et il est largement acteur dans la vie courante des cités et des citoyens.
L'odyssée est aussi un récit politique , le roi tente et réussit à retrouver son royaume et à le reconquérir. Son fils Télémaque mène lui sa quête d'informations et il s'efforce de trouver des appuis et de solidifier sa légitimité dynastique, au foyer et hors de sa patrie.
Pénélope,source de légitimité également temporise pour donner une chance à la survie de la dynastie de son époux.
Les dieux sont très actifs et incarnés dans ce texte où les femmes et les déesses sont loin d'être confinées au gynécée.
C'est une constante du monde grec la femme de Socrate avait un fort caractère et l'assemblée des femmes de Aristophane dépeint des dames aussi épanouies que entreprenantes,sans parler des menades de Dyonisos qui sont redoutables presque autant que les Parques.
L'histoire des grecs a des racines partiellement minoennes et crétoises. La crête fut probablement une civilsation qui sans être une matriarchie était une société où la déesse ordonnait le monde .Elle trônait en majestée et elle se passait très bien des hommes car on ne lui connait pas de parédre.
Il semble que la vie et la mort ne se comprenaient où ne se "vivaient" que par elle.
Elle était la seule divinité connue en Crête et elle fut honorée dans un culte aux allures chtoniennes.
Sur la femme grecque des origines demandez à Arianne et à Thèsée, aux gymnastes feminins des tauromachies crétoises ,et à toutes les statuettes de cette déesse aux nombreux jupons ,les seins à l'air,les mains pleines de serpents dont les statuettes sont abondantes en Crête antérieurement au patriarcat myceniénien et à celui de leur successeurs archaïques et classiques et même byzantins . Cette déesse survécut en la personne de Perséphonne maîtresse des saisons et des récoltes et occupante à tour de rôle des mondes souterains et de la surface lors du cycle des saisons que le dieu de l'enfer a créé pour elle, pour lui donnerla responsabilité de créer la vie et de sortir des enfers sous-terrains une partie de l'année.
Enfin pour conclure il faut savoir que ces poèmes étaient destinés à être presque chantés ou à être récités, accompagnés par la harpe.
Le poème est coincé entre ciel et mers. Entre bleu et bleu donc mais le bleu n'existe pas en grec le même mot designe le bleu, le noir et le très sombre.
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