Garder la distance du félin
seul comme un jour ordinaire
avec la mélancolie des sortilèges
face au nouveau seuil qui va surgir
face à la balance de l’ondée des heures
face à la récolte mûre
face aux appels fervents
face aux bateliers de la perdition
face aux crécelles de la paix
et aux quignons de la promesse.
(p. 68)
Pénétrer dans le Lieu de la Célébration.
Franchir le seuil d’une ville et ouvrir ses portes. Contempler les vêtements, le sol, les arbres... Préparer le banquet de l’Amour ou renverser les tables!
Mon coeur s’illumine. Le feu me recouvre.
Le Devenir succède à l’Être comme les pierres à la terre. Je ne réclame qu’un lit profond dans le torrent.
Au loin des étraves respirent sous la mousse. Barques & sépultures de la Création. Le souffle coupé. Le sang monte sous la Lampe. Les brouillards se détachent. Les yeux sont là dans un grimoire de staff et de pyrite, boueux.
Je me tiens près d’Elle. Je me dirige vers le lac où se réfractent les ors du couchant. Les voix se mêlent au tombeau...
« ... Rejoins-moi. Passe de l’autre côté... Entends-tu ? Traverse ce pays debout... Car il est comme le vent celui qui ne reviendra pas... »
La Substance m’apparut dans la lumière de tous les yeux, me menant de cercle en cercle jusqu’à cette vallée, au centre de mon corps, où la matière est Amour.
Derrière chaque ligne, chaque ombre, chaque
visage, une lumière chimérique, infinie et fragile,
précède les voix errantes, blanchies qui vont se
perdre au milieu du galop des mirages
puis se dissoudre sur les pals d’une terre sans mémoire
Quelque chose s’est effondré.
La température soudain a diminué.
L’horloge biologique s’est déréglée…
La pensée s’est affolée.
Et le corps se redressa
dans sa texture atmosphérique
parmi les dynasties de l’eau, du métal, du feu
de la terre et du bois flotté.
*
Ceva s-a năruit.
Temperatura a scăzut deodată.
Ceasul biologic s-a dereglat...
Gândirea a luat-o razna.
Și corpul se îndreptă
în textura sa atmosferică
printre dinastiile de apă, de metal, de foc
al pământului și al lemnului plutitor
(pp. 64-65)
L'écriture déplante les rhizomes – ranime les souches.
(p. 9)
Cristal de roche enfoui
Au milieu des reptiles
Odeur de méthane et de feu
L’hémorragie des mondes
L’actualité déglinguée.
(p. 176)
Le noyau dans l’écorce
Les racines retournées
vers l’azur
Un lieu immobile démesuré
Au centre : la sphère du crâne
propulsée dans le vide
Nous y sommes parfois tolérés
C’est souvent
INSUPPORTABLE
(p. 58)
Granit empourpré
l’astre pendulaire brûle
dans une crypte de fougères.
(p. 70)
Pourquoi pas…
Je ferme mes paupières
déjà clouées
sur le papier de la dernière issue :
écrire encore :
« à quoi bon ! »
Et pourquoi pas ?
(p. 267)
La douleur des mots enterrés jusqu'aux racines. Arase, élague, élime.
(p. 279)