As-tu quelque poème?
As-tu un poème de préférence recyclable
dédié n’importe quand n’importe où à n’importe qui ?
Un poème
qui soit seulement et seulement à toi ?
Le poème-pyjama, le poème-valse
la fée des premières dents jetées par-dessus le Mont Blanc.
Le poème-papyrus
assistant jaillit soudain du gros registre.
As-tu un numéro de série, un code ?
Le poème-sceau ?
As-tu un poème-sceau à ton effigie ?
As-tu un poème miroir dans lequel tu vois tantôt Dieu
tantôt le Diable ?
Un poème-parapluie
couvercle de cercueil ?
Le poème-plombage-bandage ?
Le poème-regard ?
Non, mais vraiment aucun poème ?
Oh !
(p. 89)
Hésychia
Parfois, tu sortais du décor :
voitures à la queue leu-leu,
inflation, des E, virus, attentats, guerres, pédophiles, pauvreté et luxe, botox, maladies diverses, la particule de Dieu, ovnis, missiles, tsunamis, gens mangés par les chiens, ouragans, débats, commémorations, assassinats, dettes, orgueils, territoires.
Tu entrais dans le livre :
les bras tendus
Croix ancestrale
entre Terre et Ciel.
(p. 143)
Le printemps à Prague
Le pas de la porte de Prague tu passes avec pragmatisme paradoxe
pris au piège par le patronat
jusqu’au point à partir duquel
tu palpes la plaisante crinière de la Vltava.
Prosim, Pane, pose ton panama !
Puits pétochants
sur la place les pattes des palefrois piétinent
pareillement aux pralines pleines de mon propre pollen !
(p. 87)