Joe Rockwell n'était pas très imaginatif. Il n'était pas très intelligent non plus, et c'étaient précisément ces deux lacunes qui l'avaient amené à foirer sa formation à l'académie de police. Comme l'avait noté dans un rapport confidentiel l'un de ses instructeurs, un lieutenant grisonnant d'une trentaine d'années : " Ce type est tellement abruti que même les autres aspirants s'en sont rendu compte. " Pourtant, il était doté d'une ténacité et d'une honnêteté qui faisaient de lui un gardien et un témoin oculaire on ne peut plus fiable, ne serait-ce que parce qu'il n'était ni assez imaginatif, ni assez intelligent pour ne pas l'être.