J’anticipe le mal qu’on peut me faire, et crains que l’odeur de ma peur n’agisse comme un excitant. La peur est mon pays. Peut-on l’écrire au titre du lieu de naissance sur la carte d’identité ? Ca me dédouanerait de mon incapacité à être courageux. J’envie ceux qui le sont. Mais la plupart le sont naturellement : leur courage n’est pas le fruit d’une lutte intérieur, il ne leur coûte rien. Je ne peux qu’avoir le cran d’accepter ma faiblesse, et d’en payer le prix, la peur, en espérant qu’elle suscite l’indulgence et que les autres me laissent "passer". (p31)