Homère

En fait notre image du destin doit presque tout à la pensée des Stoïciens, qui ne sont pas pour rien des logiciens redoutables. Les « arrêts » du destin ont l'âpreté des nécessités logiques ; on les dirait parents du déterminisme indispensable au développement des sciences classiques. Et il n'est sans doute pas indifférent que soit venue au secours de la pensée stoïcienne cette pseudoscience d'origine chaldéenne qu'est l'astrologie, supposée alors faire partie des mathématiques. Mais les esprits les plus exigeants ont été sensibles à cette grandeur de la divinité aveugle. Quand Virgile parle des destins, des « fata » (qui chez nous sont devenus les fées), il en fait les auteurs, ou l'auteur, d'une vision historique totalisante, selon laquelle Rome doit finir par dominer l'univers. La parenté de notre mot « destin » avec le verbe « destiner » et son dérivé « destination » nous suggère insidieusement l'idée d'un projet, d'un plan. Les Stoïciens laissent parfois apparaître ce qui nous semble une équivoque entre « destin » et « providence ».

2531 – [Folio n° 5522, p. 16] Jean-Louis Baklès