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Citation de MarcelineBodier


Au bout de la course, longue de dix-huit heures, s’étire le fleuve. À coups redoublés, il lèche les rives charnues, offertes à ses assauts. Il me semble que c’est moi que je regarde. Moi retournée comme un gant, le paysage à l’intérieur de moi, déployé à perte de vue. Voici l’influx qui traverse ma chair et m’entraîne là où peut s’accomplir ma jouissance. Je le contemple. Il court sous ma peau.
Sur la rive thaïlandaise, la foule afflue vers l’embarcadère. Quelle indécence, tous ces gens piétinant mon intimité. Une petite centaine de personnes s’agitent dans mon panorama secret. La cohue draine caisses, bagages, victuailles vers le prochain bateau. Cette effervescence foule en toute ignorance ma nudité. Une nudité plus grande que le dévoilement du corps. Je frémis d’une telle impudeur.
J’avance pourtant. Je quitte la gare portuaire de Mukdahan et emprunte à mon tour le sentier menant vers l’embarcadère. La clarté est sidérante, partout renvoyée vers ma peau accablée, ma peau d’hiver. Elle est comme un œil grand ouvert, braqué sur moi. Voilà mon visage d’aujourd’hui.
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