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Critiques de Louis Des Masures (1)
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Tragédie sainctes, David combattant / par Lou..

La deuxième moitié du XVIe siècle voit des bouleversements très rapides et radicaux dans le domaine du théâtre. Un nouvel art voit le jour, inspiré en grande partie du théâtre antique, essentiellement celui de Sénèque pour la tragédie, qui en sera le modèle absolu. Ce sera un théâtre savant, les premiers auteurs seront des lettrés, des érudits, des étudiants. Un grand rôle va être joué par les collèges, qui depuis longtemps ont intégré le théâtre dans leur pratique pédagogique et lui ont donné une place très importante. C’est dans ces collèges que seront souvent créées les pièces, même si les auteurs souhaitent élargir leur audience en les jouant à la cour. Ces pièces sont mal connues, beaucoup ont été perdues, elles ne sont pas facilement accessibles, peu ont été rééditées dans des éditions moderne. Elles ont mauvaises réputation : statiques, sans action, verbeuse. Elles n’auraient au final qu’un intérêt historique, et seraient réservées à quelques spécialistes, d’autant plus que la langue a bien changée et demande un effort à la lecture.



Un genre est encore plus méconnu que les autres : les pièces à sujet biblique, écrites par les auteurs protestants. Le premier d’entre eux est Théodore de Bèze, qui a donné Abraham sacrifiant en 1550 à Genève, présenté souvent dans les manuels comme la première tragédie en français. Bèze s’oppose au projet développé par les auteurs de la Pléiade de créer un théâtre à l’imitation du théâtre antique, projet bientôt concrétisé par Jodelle avec La Cléopâtre captive. Aux sujets historiques et mythologiques du théâtre humaniste, il oppose les seuls qui en valent la peine, ceux tirés de la Bible, tout en restant fidèle à l’ancienne dramaturgie, en particulier celle des mystères. Environ 17 pièces suivant ce modèle seront imprimées entre 1550 et 1589, ce qui est une production restreinte, mais non négligeable. Les Trois tragédies saintes de Louis Des Masures s’inscrivent dans cette production.



Louis Des Masures aurait été converti par Bèze lui-même lors d’un arrêt à Genève. Son passage à la foi protestante lui a valu de nombreuses avanies, dont un exil qu’il a mal supporté. Ses trois tragédies saintes auraient été joués à Metz en 1562 et édités en 1563 à Genève. Il s’agit de trois pièces avec David comme personnage principal : David combattant, David triomphant et David fugitif. La première d’entre elle, David combattant, s’attache à l’épisode sans doute le plus connu lié au personnage de David : sa victoire contre Goliath. Le récit suit de très près le récit biblique, avec juste quelques accommodements pour rendre l’ensemble adapté au théâtre. L’auteur reste proche du modèle proposé par Bèze, condamnant le genre à l’antique, considéré comme un divertissement fauteur de troubles moraux. A l’opposé, le modèle puisé dans le Bible de David, doit dispenser une consolation et donner courage dans des temps troublés, proposer un plaisir « sain ».



La pièce comporte un prologue et un épilogue ainsi que neuf épisodes de longueurs diverses, séparés par des pauses. La pièce comporte des cantiques, qui ne sont pas systématiquement chantés par un choeur, comme dans les pièces antiques ou la tragédie humaniste. La plupart d’entre elles sont interprétés par David. Il s’agit de louer Dieu, exprimer une grande intensité émotionnelle et spirituelle. Le chant fait donc partie de l’action, permet d’exprimer d’une manière plus forte. L’action se passe dans plusieurs lieux, il n’y a pas le soucis d’unité de lieu ni d’action.



Cela peut sembler très didactique et moralisateur, mais étrangement j’ai été touchée par ce texte, grâce sans doute à la poésie des vers de l’auteur. Cette pièce est à mon sens bien plus convaincante qu’Abraham sacrifiant sur le plan littéraire. Des Masures avec simplicité et sincérité, raconte une histoire connues de tous, en la rendant nouvelle grâce à ses mots. J’ai juste regretté de ne pas pouvoir entendre la musique, dont les partitions semblent avoir été conservées.



Au-delà du seul intérêt historique, c’est un texte qui je trouve agréable et que je suis heureuse d’avoir découvert. Je pense qu’il y a encore des belles découvertes à faire dans ce vieux théâtre oublié et peu valorisé.
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